Re : Inculte
massinissa1982 said:
Le matin devant ma glace, je ne me pose même pas la question. Je sais qui je suis et d'où je viens. mon identité est unique et me suffit largement, et je n'ai pas besoin de la compléter par une autre pour me sentir bien dans ma peau. Et comme tu as dit, chacun voit et vit les choses différemment.
massinissa1982 said:
Pour les amazighs, nous ne pouvons pas dire que l'islam en soit l'unificateur. Tout d'abord, je ne vois pas où en est l'unité. les amazighs du maroc n'ont aucun contact avec ceux de l'algérie, ni ceux de la lybie....on ne sait pratiquement rien de ces gens là. Meme au Maroc, nous ne pouvons pas parler d'unité. il y'a des marocains dans le sud qui sont bien musulmans et qui réclament l'indépendance.
En revanche, dans l'histoire, on retrouve des personnages qui ont réussi à unifier les amazighs, des rois du nom de massinissa, yughurta...
l'islam, nous le pratiquons en tant que religion, pas en tant qu'élément constituant notre identité. l'islam a été ramené en afrique du nord par la force du sabre. heureusement, l'islam est universel et dépasse l'habit que peut lui procurer une race ou une identité. les amazighs l'ont compris différemment et en ont embrassé les principes nobles, et jusqu à nos jours, dans nos montagnes, il est pratiqué de manière modérée loin de l'extremisme et de l'obscurantisme.
Nous savons nous adapter culturellement, mais nous préservons toujours notre identité des influences. la preuve est que depuis la nuit des temps, cette terre est toujours entrée en contact ou en conflit avec d'autres civilisations, et a sur résister à toutes les influences et préserver son identité, dont la langue est toujours parlée, et la culture toujours rayonnante.
Azul fellawn.
C'est une discussion interressante et approfondie et je vous remercie de l'occasion que vous nous donnez pour en débattre. Merci Anchou pour ton témoignage de sagesse et de courtoisie toutes amazighes. L'ami Warrayni a souvent fait preuve d'intolérance et d'arrogance partisane face à tous ceux qui n'approuvent pas sa défense de l'arabité ou de je ne sais quoi d'indéfinissable et il se plait à sortir facilement les sarcasmes et l'ironie, croyant être détenteur de la seule opinion valable.
Qu'il me pardonne si je me trompe mais son attitude agressive face à l'ami Adrar dans un autre post nous avait démontré son caractère obtus, malgré ses connaissances. Comme un bon fruit il s'est laissé avarier par des parasites allogènes qui le rendent indigeste.
J'approuve le point de vue de nombreux intervenants, conscient des enjeux de l'identité amazighe. Tu as raison Massinissa; moi non plus , en me levant le matin, je ne me pose pas de questions existencielles concernant mon identité, ( Quoique..., reconnaissons- le, nous sommes beaucoup attaqués de ce côté là ) car elle est ce que je suis, un Amazigh, conscient de son origine et de sa spécificité ethnique et culturelle. En dépit de tous les aléas historiques, mon identité remonte aux origines de l'Histoire, identique à elle même et inaltérable. Elle embrasse un vaste territoire et un peuple nombreux.
Je suis nord africain autochtone, natif de l'Atlas, de l'Atlantique et de la Mediterranée et non du Poitou ou du Hedjaz. Mon environnement naturel et campagnard a façonné mon caractère , mon expérience du monde et ma mentalité particulière, plus que des religions ou des idéologies étrangères qui m'ont été imposées par les circonstances ou que j'ai adoptées de plein gré; culturellement opportuniste je demeure profondément rattaché à mon peuple amazighe si vaste et si divers mais homogène et à ma terre singulière, que je le veuille ou non, par une langue particulière et unique, tamazight, qui résonne dans mes fibres avec son lexique, sa syntaxe, ses sonorités et sa représentation personelle du monde; bien que je parle parfaitement la langue arabe darija ou classique et que je pratique courrament la langue et la culture européenne je ne peux m'identifier ni à Al Mutanabbi ni à Ronsard ; en tant qu'Amazigh j'ai une histoire très ancienne, faut- il le rappeler encore aux sourds et aux falsificateurs, qui remonte aux débuts de l'humanité et où mon être amazigh fut constitué définitivement.
Je me réclame même de l'amazighité militante, ce sentiment de fraternité et de fierté qui me rapproche plus d'un rifain, d'un zayani ou d'un kabyle que d'un arabe saoudien ou égyptien, en dépit des détracteurs et des génocidaires; je suis fier de ma rusticité amazighe, de mon caractère sage et rebelle à la fois, conservateur mais réceptif aux apports extérieurs, sans en être orgueilleux ni belliqueux : patient et têtu j'entends préserver et défendre mon patrimoine ethnique, culturel et historique contre tout risque de manipulation ou d'érosion. Même si Muhammad prétend autre chose dans son saint Coran.
Je suis conscient du drame de mon peuple, aggressé dans son identité justement, dans sa dignité outrageusement, par ceux- là même qui nous chantent les louanges de la foi ou de l'arabité; réfractaire toujours, que voulez- vous, c'est culturel et génétique, aux invasions et aux oppressions injustes, aux colonisations , qu'elles fussent militaires, religieuses, culturelles ou politiques, d'où qu'elles viennent, même de la Mecque. Et je me réclame de cette résistance pacifique et tranquille contre toutes les manipulations et les dominations qui croient pouvoir éradiquer ma mémoire et dominer mon être amazigh. Je rends hommage aux martyres de la reine Kahina et de Maatoub Lounes plutôt qu'à Oqba bnu nafiî ou au maréchal Lyautey. Plutôt le génie de Apulée et la folie créatrice de Mohammed Khayreddine que les mièvreries de Abu Nuwas ou Albert Camus.
Bien que je sois ouvert à tout ce qui est bon, juste et louable dans toutes les cultures du monde.
Il n y a pas plus tolérant et ouvert à toutes les influences qu'un Amazigh: apte à tout digérer, même le zabour, la scolastique chrétienne ou la phraséologie musulmane, sans jamais se donner entièrement ni se laisser dissoudre dans ce qu'il reconnaît et considère non constitutif de sa propre personne. Mouloud Mammeri écrit en français mais sa pensée est amazighe. Saint Augustin pond ses Confessions et sa Cité céleste en latin mais il reste imprégné de son génie amazighe. Notre cher Zalhoud présent parmi nous sur ce forum écrit aussi en un français impeccable, digne de Stéphane Mallarmé, mais tout son coeur rit, pleure et bat au pas de danse amazighe.
L'accent amazigh est inimitable et c' est ce qui fait notre identité et notre communion amazighe.
Je résiste pacifiquement à toute forme d' alliénation , qu'elle provienne des politiciens, des intellectuels ou des religieux; je suis et je demeure amazigh, et je me cultive comme je le désire, j'endosse toutes les cultures qui sont à ma portée, qu'elles fussent arabe, européenne, africaine, juive ou musulmane, marxiste ou autre, du moment qu'elles ne tentent pas de m'oppresser; sinon je suis capable de colères terribles, d'une sainte révolte amazighe, à l'exemple de Jugurtha, de Tacfarinas ou de abdelkrim khattabi, qui sont mes héros éternels.
Je m'exprime dans la diversité universelle mais je reste moi même, un Amazigh conscient de sa différence, de ses besoins et de ses faiblesses, capable de reconnaître mes alliés de mes agresseurs ; et de ce que je peux apporter selon le génie propre de mon peuple comme contribution aux autres cultures, car je ne suis pas un parasite ni inapte à la modernité. Bien au contraire.
Je fais l'inventaire de ce que je suis; je constate avec lucidité l'état de délabrement et de retard de notre civilisation amazighe, patrimoine de l'humanité, menacée d'extinction et je me réjouis de ce qui reste debout de l'édifice amazigh. Je suis heureux que des manifestations culturelles de cette ampleur en l'honneur de notre culture soient tenues à Fes, lors de ce festival. Encore faut- il que cela ne soit pas un voeu pieux! Mais nous avons toujours tendance à critiquer les bonnes initiatives et à minimiser ce qui se fait de bien.
L'appelation " Maghreb arabe " est infâmante et raciste à l'égard de notre peuple et nous la condamnerons toujours car elle n'est qu'un artifice de l'Histoire et une manipulation criminelle. Je vais faire usage d'un proverbe arabe: " la caravane passe et les chiens aboient." ou mieux, comme l'évoque une chanson de Yuba: " Les neiges fondent, les tempêtes passent et l'Atlas demeure debout et inébranlable."
S timuzgha d tagmat.