Re : Les néologismes amazighs
Amastan13 said:
Azul fell-awen, tanemmirt-nwen
Imal :
Le chleuh est un dialecte qui est à la fois proche des dialectes du Nord et de ceux du Sud (les dialectes touaregs) et dans son vocabulaire, et dans sa structure.
Le verbe "ekk" est polysémique en langue amazighe. Dans les parlers du littoral méditerranéen (kabyle, chaoui, etc.) il signifie généralement "passer" :
Kkigh-d fell-asen (Je suis passé par eux/chez-eux)
Kkigh-d seg webrid n ufella (Je suis passé par le chemin du dessus).
En touareg, sa variante à l'impératif c'est "aki"qui signifie "aller chez qqn" :
Ur tent-kkigh === Je ne les ai pas visitées (femmes)
Ahel-waregh ad yekk ti-s === Aujourd'hui, il ira chez son père.
Yad (dans le sens de "déjà") :
En kabyle, on dit "ya" ou "yagi" :
Kkigh-t-id yad, j'ai déjà été (en chleuh).
Kkigh-d yagi seg webrid-a === Je suis déjà passé par cette route
Uznegh-ak yagi tabrat === Je t'ai déjà envoyé une lettre.
Ar timlilit a gma
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Azul fell-ak a gma Imal,
Les mots "yad" (en chleuh) et "ya/yagi" en kabyle (déjà) sont interessants du point de vue étymologique. Je crois qu'ils viennent des démonstratifs affixes "-ad" et "-a/-agi".
Agharas-ad (ce chemin) ===> -ad ===> yad
Abrid-a/abrid-agi (ce chemin) ===> -a/-agi ====> ya/yagi
Attention, je ne parle pas du sens, je parle de l'origine probable du mot "yad/ya/yagi".
La prononciation "yad/ya/yagi" (avec [y]) est sans doute dûe au fait que les démonstratifs affixes, lorsqu'ils viennent après des mots se terminant par des voyelles, on les prononce avec un [y] :
Agayyu-ad (cette tête, chleuh) === prononcé [aggayuyad]
Abandu-a (cette enclave, kabyle) === prononcé [abanduya]
Le pronom démonstratif "ad" n'est pas spécifique qu'au chleuh. Il a laissé des traces dans les dialectes du centre et de l'est algérien (Atlas blidéen et Kabylie) :
Dans l'Atlas blidéen, le kabyle qu'on y parte (appelé "taqbaylit") est assez proche dans beaucoup d'aspects aux dialectes amazighs du Maroc. D'ailleurs, plus on va vers l'ouest de la Kabylie, plus on s'approche des dialectes marocains.
Dans le kabyle de l'Atlas blidéen, on utilise les démonstratifs :
Wadi (celui-ci)
Tadi (celle-ci)
"Wadi" et "tadi" sont prononcés avec un [d] occulisif (ils seraient, étymologiquemet, de la même origine que "ad" utilisé en chleuh).
En Kabylie, dans les tribus des Ayt âisi (région de Beni-Douala) et des Iwad'iyen (région des Ouadhias) nous avons :
Wadi (celui-là, là-bas, au loin)
Tadi (celle-là, là-bas, au loin)
Ex.
Wadi d abrid n Weqbu === Celui-là (là-bas) c'est le chemin d'Akbou.
Tadi d jida === Celle-là (là-bas) c'est ma grand-mère
Dans la plupart des régions de Kabylie, on utilise les variantes :
Wihin (ex. Wihin d asif ==== Celle-là est une rivière)
Tihin (ex. Tihin d nanna === Celle-là est ma tante paternelle)
Les pronoms démonstratifs "wadi" et "tadi" dans les Iwad'iyen et les Ayt âisi semblent avoir changé de sens, car ils n'expriment plus une notion de proximité, mais c'est le contraire -notion d'éloignement (mais ils auraient en efffet la même origine que "wadi" et "tadi" de l'Atlas blidéen ou "ad" du chleuh).
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