Les néologismes amazighs

Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
S teqbaylit tacerqit d tcawit n Wewras ttinin "fell-a" :

Yenna-d fell-a cr'a ?
Yud'a-d fell-a weblad'

Ablad' === Az'ru
Yud'a < ud'u === ddar (ghli, tomber)

S teqbaylit "tagherbit" ar nettini "fell-i" :

Yeghli-d fell-i wez'ru

Ghli == Ddar (tomber)


" Tut felli tafukt "
" Tut gi tafukt "
Les deux phrases peuvent être traduites par "Le soleil "frappe" sur moi"...

Est-ce que felli et gi ne sont pas issue de:
ff + iyi (sur moi)...
gh + iyi (dans moi)...
...?

Sinon pour le verbe monter: Ghwli, Gûz: descendre...
 
Re : Les néologismes amazighs

agerzam said:
En Tachelhit,

aider : aws (tiwizi)
secourir : je ne sais plus al forme exacte mais elel doit être proche du kabyle car le verbe à donné talilt, pl. tilila : le secours

ablad'
: existe aussi, mais il em semble que c'est plutôt une pierre ronde de rivière

ghli : grimper, monter (l'inverse !)

Azul fell-ak a Agerzam,
Tanemmirt bahra f yineghmisen-nnek,

Le verbe "awes" n'existe plus en kabyle, mais il a laissé un "vestige" : c'est le mot "tiwizi". Peut-être que la forme ancienne de "tiwisi" c'est "tiwisi". Ce mot est utilisé même en arabe dialectal "twiza". Je crois que la forme "twiza" est reprise à un dialecte zénète (car les dialectes zénètes étaient, jusqu'à un temps récent, les dialectes les plus dominants dans le nord de l'Algérie (centre et surtout ouest).

Le verbe "awes" signifie en touareg (Ahaggar) "payer". Là, on peut dire que la notion de "aider" et la notion de "payer" sont proches. Je pense que le sens ancien, original de "awes" c'est "aider".

Le verbe "alel" en kabyle est en voie de disparition (très rarement utilisé). On utilise l'expression "ad k-yalel R'ebbi" (que Dieu t'aide). En touareg on a la forme "ilal" :

Amis-waregh é k-yilal
Amis-waregh ad k-yilal (Alghem-a ad k-yalel === Ce chameau t'aidera).

Ablad' : ce mot est très utilisé en Kabylie orientale (Soummam et Babors). Il semble qu'il ou qu'il était utilisé dans l'Atlas blidéen (sud d'Alger, Algérie centrale), car il existe une ville qui s'appelle Tablad't (Tablat) au sud d'Alger. A l'ouest de cette ville, il y a encore des amazighophones (Atlas blidéen, région de Hammam Melouane).

Ghli : ce verbe est utilisé dans la Kabylie occidentale et une partie de la Kabylie orientale (Soummam). Dans les Babors, on utilise le verbe "ud'u", qui est également utilisé en touareg.

Il existe un autre verbe : "d'er". Il signifie "descendre" dans la Kabylie orientale. Dans les Babors on dit "ad'er" (emphatique), dans le Djurdjura on dit "ader" (le [d] n'est pas emphatique). Le mot "amd'ur" signifie "figue tombée sans qu'elle ne soit mûre", ce qui laisserait penser que le verbe "d'er" signifiait également "tomber". On peut le rapprocher à "ddar" en chleuh.

Le verbe "d'ru" (utilisé dans toute la Kabylie) signifie "se passer, arriver, avoir lieu (en parlant d'un événement) :

D acu yed'ran ?
Matta yed'ran ?
Qu'est-ce qui s'est passé ?

Je pense qu'on pourrait le rapprocher de "d'er" dans le sens de "tomber", car "ce qui arrive c'est comme ce qui tombe" ...

"Ghli" en touareg "violer". Ce verbe est également utilisé en kabyle dans ce sens : "Ghlin ghef tmett'ut-nni" (on a violé cette femme === litt. On lui a tombé dessus).

Il existe des verbes dont le sens dans un dialecte est exactement le contraire dans un autre dialecte.

Par exemple, en kabyle "ssimes" (salir) et en touareg "ssimes" (essuyer, nettoyer). Ici, on pourrait expliquer cette antonymie par ceci : lorsqu'on "salit quelque chose délibérément, on l'enduit de saleté, on l'essuie avec de la saleté". Je pense que le sens original de "ssimes" c'est cette action d'enduire, d'étaler une matière sur une surface, c'est ce geste fait soit pour nettoyer, soit pour salir.

Dans le cas de "ghli", je ne sais pas.

Je pense qu'il peut également y avoir des homonymes aux sens différents avec des racines complètement différentes, mais c'est l'évolution de la langue qui a fait qu'ils soient des homonymes :

Ani : monter (un cheval, un véhicule) en kabyle oriental, chaoui, touareg, chleuh.
Ani : épouiller, chercher les poux à qqn (kabyle).

Le premier verbe, "ani" (monter un animal, véhicule) viendrait d'une forme ancienne dont la racine c'est "NY" (car le nom d'agent du verbe c'est "amnay", mot qui se termine par un [y]). Je pense que cette racine pourrait même avoir un lien avec NG (qui donne "nnig" [dessus]).

Le deuxieme verbe, "ani" (épouiller) viendrait d'un ancien verbe qui n'est plus utilisé en kabyle, "ney" qui signifie "voir" (touareg). Selon Mohand Akli Haddadou (Dictionnaire des Prénoms Berbères, HCA), le prénom "Yanni" que l'on retrouve dans le nom de la tribu "Ayt Yanni" viendrait de ce verbe, ce qui signifie que le verbe "nney"(voir) était jadis utilisé même en Kabylie. Lorsqu'on épouille, on voir, on regarde attentivement et on cherche. Dans la langue amazighe, le verbe "chercher" et le verbe "voir" sont liés. En kabyle, le verbe "muqel" (voir, regarder) est également utilisé dans le sens de "chercher" :

Muqel-iyi-d tissegnit === Cherche-moi une aiguille.

Des homonymes avec deux sens différents et deux racines différentes.

Tanemmirt

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Re : Les néologismes amazighs

tamaynut said:
" Tut felli tafukt "
" Tut gi tafukt "
Les deux phrases peuvent être traduites par "Le soleil "frappe" sur moi"...

Est-ce que felli et gi ne sont pas issue de:
ff + iyi (sur moi)...
gh + iyi (dans moi)...
...?

Sinon pour le verbe monter: Ghwli, Gûz: descendre...


Azul fell-am a weltma,

S teqbaylit ad d-nini :

Twet deg-i tafukt
Iwet deg-i yit'ij (= tafukt)

Iwet fell-i ugeffur (= anz'ar)

Le mot "tafukt" existe en kabyle, mais c'est le mot "it'ij" qui est le plus utilisé dans cette région. Afin de rapprocher le kabyle des autres dialectes, nous encourageons, dans les textes de notre association (Imedyazen) l'utilisation de "tafukt". Ce dernier est largement utilisé dans pratiquement tous les dialectes amazighs. Il dériverait d'une racine "FK", qui est à rapprocher de celle de "tafat" (lumière) ou du verbe chleuh "sfiw" (éclairer), donc, "FK" et "FW" seraient proches.

Les prépositions avec affixes de personnes :

Fell-i :
Nous l'écrivons en séparant "fell" (préposition "sur") et le pronom affixe "i", afin de les distinguer.

C'est comme lorsqu'on sépare les pronoms affixes des verbes :
Yessen-iyi === Il me connait. "Yessen" (verbe) + "iyi" (pronom affixe de la permière personne du singulier : nekk).

Cette orthographe permet de mieux comprendre le sens et facilite l'enseignement de la langue amazighe (dans tous ses dialectes).

La préposition "fell" existe dans tous les dialectes amazighs, mais je crois qu'elle n'est jamais utilisée seule (elle est toujours accompagnée d'un pronom affixe) :

Yed'sa fell-as === litt. Il a ri sur lui.

Mais on ne dit pas :
Yed'sa fell gma-s === litt. Il a ri sur son frère
Mais :
Yed'sa ghef gma-s

Par contre, la préposition "ghef" peut être utilisée toute seule comme elle peut être combinée avec des pronoms affixes :

D acu tessned' ghef-sen ? === litt. Que connais-tu sur-eux ?

La préposition "f" en chleuh ne viendrait pas de "fell" mais de "ghef" (c'est à dire, l'ancienne forme de "f" c'est "ghef"). La forme "f" est une forme abrégée de "ghef", utilisée également dans certaines région de Kabylie :

F tqacuct n wedrar === F wafa n wedrar
Ghef tqacuct n wedrar

Gh :

La préposition "gh" utilisée en chleuh proviendrait de "dagh", utilisé en touareg, c'est à dire que "gh" est une évolution de "dagh" (dans, à).

Zedghegh gh Tmazirt n Leqbayel
Zzghegh dagh akal n Leqbayel (touareg)

Dans les autres dialectes amazighs, on dit "deg" :

Zedghegh deg taddart-nnegh (taddart = ighrem)

"Gh-i" (dans moi) est donc composé de cette préposition "gh" + pronom affixe de la première personne du singulier (nekk).

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

Merci Amastan13 pour ces longues et claires interventions...

Gh darngh:

"dagh" = encore
 
Re : Les néologismes amazighs

tamaynut said:
Merci Amastan13 pour ces longues et claires interventions...

Gh darngh:

"dagh" = encore

tanmmirt nnm a ultma Tamaynut

tukrt iyi t gh imi nnw

ulla dar (ghur) ar ntini "dagh" , iskr tt dagh wacc.

azul a gwma tnngh Amastan13, is ka righ ad ak inigh,

max gh dar Iqbaylin ar tinin i "l'association" : tiddukla

nkkni gh Lmrruk dar Iclh'in ar ntini "tamsmunt" (ar tsmun) ,

gh iz'r'i nnw wad igwran ays'h'an.

tiddukla = amitié

tanmmirt nnk bahra (at't'as)
 
Re : Les néologismes amazighs

"Ghli" en touareg "violer". Ce verbe est également utilisé en kabyle dans ce sens : "Ghlin ghef tmett'ut-nni" (on a violé cette femme === litt. On lui a tombé dessus).

Ou alors, on lui a motné dessus...:hum:

Il me semble que la taznagt a encore anig : monter à cheval

nney : voir est encore utilisé en tachelhit, amannay : celui qui voit

qel : attendre
smaqel : regarder (factitif + réciproque basé sur qel).

Il me semble avoir lu que Tafukt est plutôt la lumière du soleil à la base (chez les Kabyles en tout cas). It'ij viendrait de it' n ijenna : le gros oeil du ciel.

tiddukla
vient du verbe dukkel : aller ensemble, se lier d'amitié. Pour le premier sens cela convient à uen association.

Perso, je pense que tamsmunt est un calque du mot arabe pour 'association' (celle qui assemble).
 
Re : Les néologismes amazighs

agerzam said:
"Ghli" en touareg "violer". Ce verbe est également utilisé en kabyle dans ce sens : "Ghlin ghef tmett'ut-nni" (on a violé cette femme === litt. On lui a tombé dessus).

Ou alors, on lui a motné dessus...:hum:

Il me semble que la taznagt a encore anig : monter à cheval

nney : voir est encore utilisé en tachelhit, amannay : celui qui voit

qel : attendre
smaqel : regarder (factitif + réciproque basé sur qel).

Il me semble avoir lu que Tafukt est plutôt la lumière du soleil à la base (chez les Kabyles en tout cas). It'ij viendrait de it' n ijenna : le gros oeil du ciel.

tiddukla
vient du verbe dukkel : aller ensemble, se lier d'amitié. Pour le premier sens cela convient à uen association.

Perso, je pense que tamsmunt est un calque du mot arabe pour 'association' (celle qui assemble).

azul,

même en français dans le mot association y a le mot associer qui veut dire assembler

tamsmunt vient de mot tamunt , mun, asmun, igga yas asmun

Personnellement je préfère le mot "tamsmunt" qui rapproche plus.
que je trouve plus correcte que tiddukla qui y a son sens propre : amitié.

amddakkul = ami
 
Re : Les néologismes amazighs

tamaynut said:
Merci Amastan13 pour ces longues et claires interventions...

Gh darngh:

"dagh" = encore


Azul fell-am a weltma,

En kabyle nous utilisons "dagh-n" (aussi).

Il s'agit de cet élément "dagh" (le même utilisé en tachelhit) avec un démonstratif "-n" ou "-nni".

On dit "ass-a" (aujourd'hui) et "ass-n" (ce jour-là) ou "ass-nni" (ce jour-là). Ce "n" est une forme abrégée de "-nni".

En chleuh on dit "-lli" : Argaz-lli ssnegh-t (chleuh) === Argaz-nni ssnegh-t (kabyle).

Le variante "-nni" est utilisée dans d'autres dialectes du littoral méditerranéen comme le chaoui, le chenoui et même le mozabite.

Je crois que les démonstratifs "-nni" et "-lli" sont tous les deux des variantes anciennes, car même en kabyle on retrouve "-lli" dans le mot "id'elli" (hier). Comme l'a expliqué Agerzam dans une autre page de ce forum, ce mot se compose de "id'" (nuit) + le démonstratif "lli" (litt. et à l'origine : cette nuit-là). A l'origine, "id'elli" aurait été utilisé pour parler de "la nuit dernière", puis il a vu son champ sémantique s'élargir légèrement pour désigner "hier" (c'est-à-dire "le jour passé"). Dans d'autres régions (comme dans certains villages de la Soummam), on dit "assennad'" ([hier] composé de "ass" et l'élément "nnad'" qui semble être proche de "nad'en" [autre], et qui aurait signifié à l'origine "l'autre jour"). On dit également "aseggas nad'" (l'année passée, qui aurait signifié à l'origine "l'autre année").

En kabyle, on dit "dagh-n" et "dagh-nni". Dans d'autres régions de la Kabylie, on dit "digh" et "digh-n".

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

imal said:
tanmmirt nnm a ultma Tamaynut

tukrt iyi t gh imi nnw

ulla dar (ghur) ar ntini "dagh" , iskr tt dagh wacc.

azul a gwma tnngh Amastan13, is ka righ ad ak inigh,

max gh dar Iqbaylin ar tinin i "l'association" : tiddukla

nkkni gh Lmrruk dar Iclh'in ar ntini "tamsmunt" (ar tsmun) ,

gh iz'r'i nnw wad igwran ays'h'an.

tiddukla = amitié

tanmmirt nnk bahra (at't'as)


Azul fell-ak a gma Imal,
Tanemmirt f tebrat-nnek a gma,

Awal "tiddukla" yella deg Amawal n Tmazight Tatrart (Lexique de Berbère Moderne). Amawal-ad yesker-t Mouloud Mammeri deg yiseggasen n 1970. "Tiddukla" iga awal ssnen Iqbayliyen d Yimazighen gh Ldzayer. Maca ass-a nessen dagh awal "tamesmunt" :)

Gh dar-negh "l'amitié" nettini-as "tadukli" :

Tadukli d wuccen ur tesserbah'

S tmaceght (iles n Yimucagh negh Itergiyen) ttinin-as "tammidwa". "Ameddakel" ttinin-as "amidi". Amyag (verbe) "idaw" anamek-nnes "ddukkel, ddu d kra n wemdan" (accompagner).

Ar timlilit a gma

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Re : Les néologismes amazighs

agerzam said:
"Ghli" en touareg "violer". Ce verbe est également utilisé en kabyle dans ce sens : "Ghlin ghef tmett'ut-nni" (on a violé cette femme === litt. On lui a tombé dessus).

Ou alors, on lui a motné dessus...:hum:

Il me semble que la taznagt a encore anig : monter à cheval

nney : voir est encore utilisé en tachelhit, amannay : celui qui voit

qel : attendre
smaqel : regarder (factitif + réciproque basé sur qel).

Il me semble avoir lu que Tafukt est plutôt la lumière du soleil à la base (chez les Kabyles en tout cas). It'ij viendrait de it' n ijenna : le gros oeil du ciel.


tiddukla
vient du verbe dukkel : aller ensemble, se lier d'amitié. Pour le premier sens cela convient à uen association.

Perso, je pense que tamsmunt est un calque du mot arabe pour 'association' (celle qui assemble).


Azul fell-ak a Agerzam,


Ghli : monter (en chleuh)

Salem Chaker, dans le Manuel de Linguistique Berbère Tome II, étudie la diachronie et l'histoire de la langue amazighe. Il y fait une étude, on ne peut plus encyclopédique. Dans un chapitre, il y aborde avec détail, l'apparentement de l'amazigh avec les langues afroasiatiques, et il donne quelques exemples de recoupements (identifiés par lui-même ou par d'autres linguistes) entre l'amazigh et le sémitique. Parmi les exemples, il rapproche "ali" (monter, kabyle, racine "L") à la racine sémitique de "âL" (comme dans le mot "âalaa" (s'élever, arabe). On retrouve la liquide [l] qui est en commun entre l'amazigh et le sémitique. Dans un tableau qu'il présente dans le même ouvrage, on peut voir que certains sons ne changent pas entre le sémitique et l'amazigh (telles que les bilabiales et [m] et la nasale [n]), par contre il y a des consonnes qui existent au sémitique et qui ont disparu en amazigh, comme parfois le "â". L'amazigh étant connu, dans toute la famille afroasiatique, pour sa forte tendance à l'usure phonétique, phénomène qui, comme le dit Chaker dans l'ouvrage sus-cité, continue de se faire jusqu'à nos jours.

Donc, le [â] (qui aurait existé dans le proto-afroasiatique) puisqu'il est connu en sémitique, ancien égyptien et les langues couchitiques (somalien par exemple), mais il disparaît en amazigh.

Mais je pense que le "â" aurait quand même un correspondant en amazigh : [gh]. L'exemple "ghezz'" (mordre) et "âad'd'a" (mordre, arabe) pourrait le confirmer, à moins que "ghezz'" est un emprunt très ancien au sémitique. Il est connu qu'en touareg, le [âin] est transformé en [gh] comme dans "ghemmer" (charger une arme) qui vient de "âemmer'" (remplir, charger, arabe dialectal), mais si on retrouve d'autres exemples attestés de recoupement lexical entre l'amazigh et le sémitique, dans lesquels le [âin] devient [gh] en amazigh, alors cela pourraît être confirmé.

Il se pourrait que "ghli" soit une forme ancienne de "ali" (notez la présence de la liquide [l] et la terminaison en ainsi que les sens qui se ressemblent).


Nney :

Dans l'Amawal (Lexique de Berbère Moderne de M. Mammeri) on retrouve des mots dérivés de ce verbe (forme "ani") :

Amanay (pl. imanayen) : observateur.

Annay (pl. annayen) : observation. Sur le même schème que "awi" (emporter, emmener) qui donne le nom d'action "awway".

Asanay (pl. isanayen) : observatoire. Composé du préfixe "s" (servant à la dérivation des noms de lieux, comme dans "asgen" [s + gen (dormir], lieu où dort un animal, terrier) + "ani" (observer).



Qqel :
qel : attendre
smaqel : regarder (factitif + réciproque basé sur qel).

Encore un homonyme amazigh (il est possible qu'il provienne de différentes racines) :

Qqel : attendre (en touareg, en chaoui, en chleuh, zénète de Timimoun (?), etc.). Dans ce cas, il est à rapprocher du verbe "ggani" en kabyle (racine QL et racine GN) (voir "Notes de Lexicographie Berbère" de René Basset).

Qqel : voir (en chaoui). Dans le kabyle de Amoucha (Babors), on dit "ttaqqel" (c'est la forme de l'aoriste intensif). En kabyle on dit "mmuqqel". En chleuh, "smaqel". Ce dernier a servi à Kamel Naït-Zerrad pour dériver le mot "tismaqalin" qui signifie "lunettes" (Imagerie Français-Kabyle, lexique pour enfants, publié en France).

Qqel : retourner, revenir, reculer (touareg, kabyle). Dans d'autres régions de Kabylie on dit "ughal". Cette dernière variante montre que la racine originale était "GhL" et non "QL" :

Qqel d'effer === litt. Recule en arrière (touareg)
Qqel gher deffir === litt. Recule en arrière (kabyle)

Le verbe "qqel" a servi à la dérivation de "ssuqqel" (traduire) et "tasuqilt" (traduction). D'ailleurs, ce dernier (tasuqilt) est dérivé selon un schème attesté en amazigh :

Les verbes au schème "ssuC1C1eC2" peuvent donner des noms au schème "asuC1iC2", comme :

"ssuref" (enjamber) === asurif (pas)
"ssusef" (cracher) ==== tasusift (crachat)

Et encore :

"ssugen" (imaginer, néologisme) === tasugint (imagination, néologisme)


Tafukt

"Tafukt", chez les vieilles femmes kabyles que j'ai interrogées (âgées entre 60 et 80 ans), signifie "soleil". "Lumière de soleil" c'est "tafat n yit'ij" ou "tafat n tafukt".

L'étymologie que tu donnes sur "it'ij" (soleil) est interessante. Moi je l'ai plutôt rapproché du mot "ifett'iwej" (étincelle) ou peut-être s'agit-il de l'opposé : c'est "ifett'iwej" qui dériverait de "it'ij" ? Je ne sais pas.

Mais en tous cas, si l'hypothèse que tu avances s'avère juste, alors, on pourrait dire que le mot "it'ij" est d'apparition relativement récente dans le dialecte kabyle, car si cette terminaison en "ij" viendrait de "ijenni" ou "ajenna", ce dernier serait un mot zénète (prononciation en [j], alors que la Kabylie n'a été que très faiblement pénétrée par des mots zénètes (iccer [ongle], ticcert [ail], etc.).

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

On NG there is also a verb inag/inig with this root meaning searching and traveling. In a Demnat text collected by Said Boulifa these two explanations were given.

[not to forget the known nnig/nniy/nnag: au dessus de. dessus, en haut]

Back to the word 'monter' Agerzam gave an example used in Mauritania anig: monter à cheval
in Morocca next to NY there also exists NK for "monter" for example the nom d’action verbal "tanaka" (also tanaca/tanuyi/tanuki) monter sur un animal, dans un véhicule....
(g~k~c)

The Imucagh (tahaggart) use this verb also for some one who takes power, or trone in political field.

Further I want to add that the verbs aghul: to return and ggani: to wait , are also used in Morocco in particular the Atlas region and the last word in the Middle-Atlas to be exactly.
 
Re : Les néologismes amazighs

agerzam said:
"Ghli" en touareg "violer". Ce verbe est également utilisé en kabyle dans ce sens : "Ghlin ghef tmett'ut-nni" (on a violé cette femme === litt. On lui a tombé dessus).

Ou alors, on lui a motné dessus...:hum:

Il me semble que la taznagt a encore anig : monter à cheval

nney : voir est encore utilisé en tachelhit, amannay : celui qui voit

qel : attendre
smaqel : regarder (factitif + réciproque basé sur qel).

Il me semble avoir lu que Tafukt est plutôt la lumière du soleil à la base (chez les Kabyles en tout cas). It'ij viendrait de it' n ijenna : le gros oeil du ciel.

tiddukla
vient du verbe dukkel : aller ensemble, se lier d'amitié. Pour le premier sens cela convient à uen association.

Perso, je pense que tamsmunt est un calque du mot arabe pour 'association' (celle qui assemble).

voici un terme dans le nord du moyen atlas pour association: tamssert et ce n'est pas un néologisme.
ca vient du mot "ser" qui signifie mettre ensemble, on parle de tamssert lorsque des personnes se mettent ensemble pour acheter un bien.
 
Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
Azul fell-am a weltma,

En kabyle nous utilisons "dagh-n" (aussi).

Il s'agit de cet élément "dagh" (le même utilisé en tachelhit) avec un démonstratif "-n" ou "-nni".

On dit "ass-a" (aujourd'hui) et "ass-n" (ce jour-là) ou "ass-nni" (ce jour-là). Ce "n" est une forme abrégée de "-nni".

En chleuh on dit "-lli" : Argaz-lli ssnegh-t (chleuh) === Argaz-nni ssnegh-t (kabyle).

Le variante "-nni" est utilisée dans d'autres dialectes du littoral méditerranéen comme le chaoui, le chenoui et même le mozabite.

Je crois que les démonstratifs "-nni" et "-lli" sont tous les deux des variantes anciennes, car même en kabyle on retrouve "-lli" dans le mot "id'elli" (hier). Comme l'a expliqué Agerzam dans une autre page de ce forum, ce mot se compose de "id'" (nuit) + le démonstratif "lli" (litt. et à l'origine : cette nuit-là). A l'origine, "id'elli" aurait été utilisé pour parler de "la nuit dernière", puis il a vu son champ sémantique s'élargir légèrement pour désigner "hier" (c'est-à-dire "le jour passé"). Dans d'autres régions (comme dans certains villages de la Soummam), on dit "assennad'" ([hier] composé de "ass" et l'élément "nnad'" qui semble être proche de "nad'en" [autre], et qui aurait signifié à l'origine "l'autre jour"). On dit également "aseggas nad'" (l'année passée, qui aurait signifié à l'origine "l'autre année").

En kabyle, on dit "dagh-n" et "dagh-nni". Dans d'autres régions de la Kabylie, on dit "digh" et "digh-n".

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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azul,
ulla dar nngh illa dar nngh "lli"

id' lli = l'autre nuit
pour hier on dit : id'ggam

argaz lli, tamghart lli, taghawsa lli = l'autre chose

tanmmirt
 
Re : Les néologismes amazighs

idir said:
On NG there is also a verb inag/inig with this root meaning searching and traveling. In a Demnat text collected by Said Boulifa these two explanations were given.

[not to forget the known nnig/nniy/nnag: au dessus de. dessus, en haut]

Back to the word 'monter' Agerzam gave an example used in Mauritania anig: monter à cheval
in Morocca next to NY there also exists NK for "monter" for example the nom d’action verbal "tanaka" (also tanaca/tanuyi/tanuki) monter sur un animal, dans un véhicule....
(g~k~c)

The Imucagh (tahaggart) use this verb also for some one who takes power, or trone in political field.

Further I want to add that the verbs aghul: to return and ggani: to wait , are also used in Morocco in particular the Atlas region and the last word in the Middle-Atlas to be exactly.


Sslam n R'ebbi fell-awen,
Tifawin a gma Idir,

Agerzam gave us the verb "anig" used in Mauritanian amazigh, and I think that this confirms that the verb "ani" (or "aney") comes from the root "NG". In Amazigh, it is known that sometimes [g] becomes [y]. There are whole areas (like in Eastern Kabylie and in the Aures mountains) where [g] becomes almost systematically [y]. This is so frequent in some areas of the Aures mountains that it becomes difficult to understand the meaning of some words !!! For example, last year, when I started learning the shawi dialect (tacawit), I knew that "to come/go out" was said "erg", but I was surprised to hear some Shawis saying "eri" or "ari" (indeed it's "ery" with the original [g] transformed into [y]).

Concerning the word "nnig", I think that it's was originally composed of the preposition "n" (of) and the element "ig" or "agg" which has the vague meaning of "up, over, above". Look at this verb : "sigg" which means "to show your head" both in Tuareg and in Kabyle :

La d-yettsiggi seg weghrab === He's looking (by showing his head) from above the wall.

I think that this verb is composed of the prefix "s" used to derive the active form and the element "igg" or "agg" which has that meaning of "above, up, over".

The word "agg" is used in the Tamazight of Ayt Yezdeg, it means "to witness". In Kabyle we use the word "anagi" which means "the witness". In chleuh, there is the word "tagga" which means "testimony". I think that all these words have a relationship with that root "G" which has the meaning of "above, up". When you witness, you are "over something", "you are watching it from above", that's the vague meaning we should think about.

In Easter Kabylie (in the area of Bouandas, Algeria), the verb "sigg" means "to look, to see". We may also think that there is a relationship between the meaning of "witnessing" and the meaning of "seeing", in the same way as in Arabic, the verbs "caahada" (to watch, to see) and the verb "cahada" (to witness) are derived from the same root.

Tanaka :
I would like to thank you very much, Idir, for giving us the etymology of this word. M. Mammeri and his students gave the translation of this word in their Amawal as "équitation" (horse-riding). The change between [k] and [c] is due to the influence of "paleo-berber" and zenata pronunciations.

Tanemmirt-nnek a gma,
Ar timlilit

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Re : Parenté Chamito-sémitique de la langue Tamazight

bulughin said:
Sslam n Ṛebbi fell-awen ,

Merci pour vos discussions. Personnellement, j’apprends plein de choses.

Sur la parenté Chamito-sémitique de la langue Tamazight , voici l’article de S. Chaker .

http://www.inalco.fr/crb/pages_html/webdoc/comparatisme.pdf


Sslam n R'ebbi fell-ak a gma,

Le mot "chamito-sémitique" est aujourd'hui très critiqué par les jeunes linguistes amazighisants, et ce n'est pas des moindres :) Saïd Chemakh s'y oppose de façon très virulente.

Moi-même je le rejette et je en l'utilise presque jamais (excepté dans certaines recherches). On peut aujourd'hui utiliser sans crainte le mot "afroasiatique" (proposé par les linguistes américains dans les années 1950) pour désigner la grande famille de langues à laquelle appartient la langue amazighe ainsi qu'environ 350 autres langues.

Par contre, ce que je rejette avec force, personnellement, c'est le fait qu'aujourd'hui, ce sont les thèses anglo-saxonnes qui voient que la langue amazighe est composée de plusieures langues différentes. C'est l'absurdité la plus inadmissible qui puisse être imaginée. Lorsqu'un Rifain, un Chenoui ou un Chaoui parlent, je les comprends, il suffit de quelques jours de pratique pour s'habituer au Tamazight de l'Atlas ou au Chleuh, mais certains, qui sont très loin de nous, et qui ne nous connaissent qu'à peine (voyez la documentation "misérable" qui existe sur certains de nos dialectes dans les plus riches bibliothèques du monde), ils veulent nous apprendre à nous diviser en "peuples" et "minorités" avec chacune sa langue et sa nationalité.

L'absurdité la plus récente c'est celle de la langue kabyle. Donc, s'il existe une langue kabyle, donc il devrait y exister une langue chaouie (alors que le chaoui est un prolongement du kabyle dans les Aures et le kabyle est un prolongement du chaoui dans la Kabylie, c'est la même langue, compréhensible pour peu qu'on fasse quelques efforts). Je me demande alors si, la langue qui est parlée dans l'Atlas blidéen mérite d'être une langue à part entière, car dans cette région, on y parle un kabyle qui est à la fois proche de celui de Kabylie, du chaoui et du chenoui. Si nos chers partisans de la langue kabyle ont du mal à comprendre certains mots de l'amazigh de l'Atlas blidéen, alors, ils n'ont qu'à le considérer comme une autre langue ... mais comment ils l'appeleraient alors ? L'Atlassique ?

Dire que chaque dialecte amazigh est une langue à part entière c'est détruire plus d'un siècle de recherches sérieuses faites dans le sens du panamazighisme (pas militant mais scientifique, dans ce cas).

Je ne connais pas de Français qui comprennent l'espagnol sans avoir à l'apprendre, mais des Kabyles qui comprennent le chaoui, le chenoui, des rifains qui comprennent (et qui m'écrivent) le kabyle, et des Amazighs de l'Atlas qui écoutent Idir et Aït Menguellet, j'en connais.

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Re : Les néologismes amazighs

imal said:
azul,
ulla dar nngh illa dar nngh "lli"

id' lli = l'autre nuit
pour hier on dit : id'ggam

argaz lli, tamghart lli, taghawsa lli = l'autre chose

tanmmirt

je ne pense pas que lli et enni soit le meme mot

en effet
id'lli = hier
ass ennin = apres demain !
 
Re : Les néologismes amazighs

Amastan13 said:
Azul fell-am a weltma,

En kabyle nous utilisons "dagh-n" (aussi).

Il s'agit de cet élément "dagh" (le même utilisé en tachelhit) avec un démonstratif "-n" ou "-nni".

On dit "ass-a" (aujourd'hui) et "ass-n" (ce jour-là) ou "ass-nni" (ce jour-là). Ce "n" est une forme abrégée de "-nni".

En chleuh on dit "-lli" : Argaz-lli ssnegh-t (chleuh) === Argaz-nni ssnegh-t (kabyle).

Le variante "-nni" est utilisée dans d'autres dialectes du littoral méditerranéen comme le chaoui, le chenoui et même le mozabite.

Je crois que les démonstratifs "-nni" et "-lli" sont tous les deux des variantes anciennes, car même en kabyle on retrouve "-lli" dans le mot "id'elli" (hier). Comme l'a expliqué Agerzam dans une autre page de ce forum, ce mot se compose de "id'" (nuit) + le démonstratif "lli" (litt. et à l'origine : cette nuit-là). A l'origine, "id'elli" aurait été utilisé pour parler de "la nuit dernière", puis il a vu son champ sémantique s'élargir légèrement pour désigner "hier" (c'est-à-dire "le jour passé"). Dans d'autres régions (comme dans certains villages de la Soummam), on dit "assennad'" ([hier] composé de "ass" et l'élément "nnad'" qui semble être proche de "nad'en" [autre], et qui aurait signifié à l'origine "l'autre jour"). On dit également "aseggas nad'" (l'année passée, qui aurait signifié à l'origine "l'autre année").

En kabyle, on dit "dagh-n" et "dagh-nni". Dans d'autres régions de la Kabylie, on dit "digh" et "digh-n".

Ar timlilit ma yebgha R'ebbi

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Comme Imal:

Id'elli pour nous voudrais dire "l'autre jour"...
Idgâm = hier
On dit aussi "gamina" tout à l'heure, parlant du passé...

Argaz lli ssneght , mais on peut aussi dire ardaz da sseneght...
Ass da, ass lli = l'autre jour...
Wada, walli = l'autre...

Je n'en suis pas sure mais je pense qu'entre 'lli" et "da" il y'a une notion d'antériorité...le 'lli' évoquant un passée antérieur au "da", peut-être même quelque chose de révolu ...

Par exemple souvent quand quelqu'un parle de toi comme si tu étais une chose
"-Mad a iga ghaya d...C'est quoi ça...
on lui répond...
"Ima kiyin a ghaya lli"...Et toi alors, qui n'est plus"....


(Je ne sais pas si j'ai été claire dans mes propos...)
 
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