Mythique Atlantique
LE Maroc est bordé sur plus de 2.600 kilomètres de ses côtes occidentales, par un des cinq océans de la Terre, l’Atlantique. Surnommé «Mer des Ténèbres» par ceux qui ne pouvaient en aborder l’audacieuse traversée, il a nourri les mythes les plus fabuleux.
L’un des plus communément associé est le mythe de l’Atlantide sur lequel versèrent leur encre des savants, artistes et poètes à travers les siècles. Le chef de file est le philosophe Platon qui évoque une île engloutie à l’ouest du détroit d’Hercule, soit l’actuel Gibraltar.
Dans son dialogue, «Le Timée», Critias affirme en effet détenir de son arrière-grand-père, qui s’est vu confier par le législateur Solon au VIe siècle avant J.C, une confidence que lui-même tenait d’un prêtre égyptien qu’il y avait en ces lieux une île «plus grande que la Libye et l’Asie réunies. De cette île on pouvait alors passer dans les autres îles et de celles-ci gagner tout le continent…».
Le mythe de l’Atlantide continue jusqu’à l’ère moderne à animer l’imagination des hommes et les explorations scientifiques qui ont situé récemment le pays des Atlantes au large des côtes marocaines.
Revenons alors à Platon qui relate les combats des Hellènes contre les Atlantes, fils de Poséidon. Certains chercheurs n’hésitent pas à ce propos, à établir des liens entre ce nom du dieu de la mer, Poséidon et les Sidi Bouzid de la Côte dont ils constitueraient le vestige du culte à ses temples et symboles de syncrétisme avec la forme arabe contractée d’Abou Zayd.
Quant aux noms Atlantique et Atlantide, ils relèvent, tous les deux, du même univers. Selon la légende hellénistique, ils seraient liés à Atlas, fils de Poséidon. Identifié au titan Atlas, celui-ci avait pour filles les Hespérides, nymphes du Couchant, gardiennes d’un fabuleux jardin aux pommes d’or, situé entre Tanger et Larache. Un des douze travaux de Hercule était d’ailleurs de dérober un de ses fruits.
Il nous vient alors le souvenir de ces contes marocains (comme «Le jardin d’el-Ghalya bent Mansour») qui perpétuent le souvenir d’un mythique jardin gardé par un dragon, serpent à sept têtes, rappelant étrangement le Ladon.
Le titan Atlas a aussi laissé son nom au massif de l’Atlas, son lieu de résidence et dont les habitants sont dits Atlantes par Hérodote.
Après les invérifiables confrontations antiques entre les Orientaux Hellènes et les Occidentaux Atlantes, passons à des combats plus avérés qui opposèrent depuis le XVIe siècle, les populations des villes côtières atlantiques marocaines aux non moins Atlantes, espagnols et portugais.
Qsar Sghir est en effet occupé en 1462, Casablanca en 1468, Asilah et Tanger en 1471, Agadir en 1505, Mazagan en 1506, Safi en 1507, Agadir en 1508…
Dans un contexte général marqué ainsi par l’occupation, par la déliquescence du pouvoir wattasside, par la menace ottomane et par les épidémies, la conséquence sociale la plus frappante fut la floraison de toutes sortes de mystiques et d’extatiques, comme en témoignent des historiens renommés comme Naciri. Beaucoup étaient animés par un souffle guerrier, dans la mouvance de l’immense toile Jazouliya, mobilisatrice au combat. C’est ce qui explique la présence de certains des innombrables sanctuaires qui égrènent la côte atlantique, dans des sites stratégiques servant de lieux de ralliement.
Mais combien d’autres, n’étaient que des spectateurs privilégiés de l’Elément dans sa puissance et dans son déchaînement, symbole de l’Essence divine, invitant comme un appel incessant, à l’humilité et à l’apaisement devant le spectacle de ses sublimes et éternelles fluctuations.
Pour conclure dans cette optique, je ne résiste pas au souvenir de cette belle sagesse taoïste, signée par le philosophe chinois Tchouang-Tseu (mort vers 280 avant notre ère): «Toutes les eaux y confluent sans la remplir; toutes les eaux en sortent sans la vider. Comme les êtres sortent du Principe et y retournent. Voilà pourquoi je vais à la mer»...
Par Mouna Hachim, écrivain-chercheur
L'Economiste
LE Maroc est bordé sur plus de 2.600 kilomètres de ses côtes occidentales, par un des cinq océans de la Terre, l’Atlantique. Surnommé «Mer des Ténèbres» par ceux qui ne pouvaient en aborder l’audacieuse traversée, il a nourri les mythes les plus fabuleux.
L’un des plus communément associé est le mythe de l’Atlantide sur lequel versèrent leur encre des savants, artistes et poètes à travers les siècles. Le chef de file est le philosophe Platon qui évoque une île engloutie à l’ouest du détroit d’Hercule, soit l’actuel Gibraltar.
Dans son dialogue, «Le Timée», Critias affirme en effet détenir de son arrière-grand-père, qui s’est vu confier par le législateur Solon au VIe siècle avant J.C, une confidence que lui-même tenait d’un prêtre égyptien qu’il y avait en ces lieux une île «plus grande que la Libye et l’Asie réunies. De cette île on pouvait alors passer dans les autres îles et de celles-ci gagner tout le continent…».
Le mythe de l’Atlantide continue jusqu’à l’ère moderne à animer l’imagination des hommes et les explorations scientifiques qui ont situé récemment le pays des Atlantes au large des côtes marocaines.
Revenons alors à Platon qui relate les combats des Hellènes contre les Atlantes, fils de Poséidon. Certains chercheurs n’hésitent pas à ce propos, à établir des liens entre ce nom du dieu de la mer, Poséidon et les Sidi Bouzid de la Côte dont ils constitueraient le vestige du culte à ses temples et symboles de syncrétisme avec la forme arabe contractée d’Abou Zayd.
Quant aux noms Atlantique et Atlantide, ils relèvent, tous les deux, du même univers. Selon la légende hellénistique, ils seraient liés à Atlas, fils de Poséidon. Identifié au titan Atlas, celui-ci avait pour filles les Hespérides, nymphes du Couchant, gardiennes d’un fabuleux jardin aux pommes d’or, situé entre Tanger et Larache. Un des douze travaux de Hercule était d’ailleurs de dérober un de ses fruits.
Il nous vient alors le souvenir de ces contes marocains (comme «Le jardin d’el-Ghalya bent Mansour») qui perpétuent le souvenir d’un mythique jardin gardé par un dragon, serpent à sept têtes, rappelant étrangement le Ladon.
Le titan Atlas a aussi laissé son nom au massif de l’Atlas, son lieu de résidence et dont les habitants sont dits Atlantes par Hérodote.
Après les invérifiables confrontations antiques entre les Orientaux Hellènes et les Occidentaux Atlantes, passons à des combats plus avérés qui opposèrent depuis le XVIe siècle, les populations des villes côtières atlantiques marocaines aux non moins Atlantes, espagnols et portugais.
Qsar Sghir est en effet occupé en 1462, Casablanca en 1468, Asilah et Tanger en 1471, Agadir en 1505, Mazagan en 1506, Safi en 1507, Agadir en 1508…
Dans un contexte général marqué ainsi par l’occupation, par la déliquescence du pouvoir wattasside, par la menace ottomane et par les épidémies, la conséquence sociale la plus frappante fut la floraison de toutes sortes de mystiques et d’extatiques, comme en témoignent des historiens renommés comme Naciri. Beaucoup étaient animés par un souffle guerrier, dans la mouvance de l’immense toile Jazouliya, mobilisatrice au combat. C’est ce qui explique la présence de certains des innombrables sanctuaires qui égrènent la côte atlantique, dans des sites stratégiques servant de lieux de ralliement.
Mais combien d’autres, n’étaient que des spectateurs privilégiés de l’Elément dans sa puissance et dans son déchaînement, symbole de l’Essence divine, invitant comme un appel incessant, à l’humilité et à l’apaisement devant le spectacle de ses sublimes et éternelles fluctuations.
Pour conclure dans cette optique, je ne résiste pas au souvenir de cette belle sagesse taoïste, signée par le philosophe chinois Tchouang-Tseu (mort vers 280 avant notre ère): «Toutes les eaux y confluent sans la remplir; toutes les eaux en sortent sans la vider. Comme les êtres sortent du Principe et y retournent. Voilà pourquoi je vais à la mer»...
Par Mouna Hachim, écrivain-chercheur
L'Economiste