MINA (Arabie) (AFP) - La fête musulmane de l'Aïd Al-Adha a été endeuillée dimanche par une bousculade qui a fait 244 tués à Mina, près de La Mecque, le bilan le plus meurtrier en sept ans des drames qui émaillent le pèlerinage musulman annuel.
Cette fête célébrée dans l'ensemble du monde musulman a également pris un tour tragique au Kurdistan irakien où 56 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées dans un double attentat suicide perpétré dimanche à Erbil (nord de l'Irak).
Deux kamikazes, qui portaient des explosifs sur eux, sont entrés dans les locaux de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK, de Jalal Talabani) et du Parti démocratique du Kurdistan (PDK, de Massoud Barzani) où se déroulaient des cérémonies et se sont fait exploser à cinq minutes d'intervalle à Erbil, fief du PDK.
En Arabie saoudite, outre les 244 tués, dont les nationalités ne sont pas encore connues, plus de 200 pèlerins ont été blessés dans la bousculade, dont 8 dans un état grave, a indiqué le ministre saoudien du Pèlerinage, Iyad ben Amine Madani, dans une conférence de presse.
La bousculade a eu lieu lors de la lapidation d'une stèle symbolisant Satan, un rite à haut risque en raison de la cohue.
Le drame s'est produit à 09h00 (06h00 GMT) et a duré 27 minutes. La lapidation, à laquelle participent des centaines de milliers de personnes, s'est poursuivie après une interruption de près de deux heures et demie.
Selon le ministre, la bousculade est due essentiellement à la densité des groupes de pèlerins qui empruntaient le niveau supérieur du pont en se rendant vers la stèle.
"Nous pensons que la majorité des morts sont des pèlerins illégaux" ne disposant pas d'autorisation pour le pèlerinage, a affirmé le ministre en précisant que "les pèlerins illégaux sont les musulmans venus pour la omra (petit pèlerinage, effectué toute l'année) et qui sont restés, ainsi que des Saoudiens ou des résidents (dans le royaume) infiltrés" parmi les pèlerins.
Au cours des 12 derniers mois, 2,3 millions de musulmans ont effectué la omra, dont 12% sont restés dans le royaume pour accomplir le Haj.
Le ministre a également expliqué le drame par l'entrave causée aux pèlerins par les effets personnels des "pèlerins illégaux". Il a mentionné des matelas qui ont géné la marche des fidèles.
Un officier de la police, le commandant Nasser Al-Ajmi, a indiqué à l'AFP que 10.000 policiers étaient déployés dans la région de Mina pour canaliser des pélerins évalués cette année à près de 1,9 million de personnes. Après le drame, 2.000 autres membres de la Garde nationale ont été dépêchés sur les lieux en renforts.
En 2003, 14 pèlerins avaient péri lors d'une bousculade au premier jour de la lapidation. En 2001, 35 fidèles avaient trouvé la mort, étouffés ou piétinés, lors d'une bousculade dans la vallée de Mina. En 1998, au moins 118 pèlerins avaient péri et plus de 180 avaient été blessés dans une bousculade dans le même secteur, au troisième jour du rituel.
Mais le drame le plus meurtrier du pèlerinage s'était produit en juillet 1990 quand 1.426 pèlerins étaient morts asphyxiés lors d'une gigantesque bousculade dans un tunnel de Mina.
Le ministre a par ailleurs indiqué que depuis le début du pèlerinage, 272 autres pèlerins étaient décédés de mort naturelle, due à la fatigue ou à la maladie, un chiffre qui n'a rien d'alarmant en regard des quelque 1,9 million de fidèles participant aux rites.
Selon la tradition, c'est à Mina que Satan surgit à trois reprises, d'abord devant Abraham, puis devant sa femme Hagar et ensuite devant leur fils Ismaël. Pour lui signifier leur mépris, Abraham et sa famille lui lancèrent chaque fois sept cailloux. Ce geste a été perpétué et les musulmans doivent effectuer cette dernière étape pour accomplir le Hadj.
Le rite est étalé sur trois jours. Les pèlerins se rendent ensuite à la Grande mosquée de La Mecque pour un tour d'adieu à la Kaaba, le sanctuaire le plus sacré de l'islam.