Aarafat entre l'agonie et la mort!

chico a écrit :
de toute façon on va tous mourir, seul bémol dans cette affaire, Arafat n'a pas su transmettre le témoin aux palestiniens (c'est bien connu le despotisme chez nous frères arabes)

Apres moi le deluge,telle est la devise des despotes.
 
oultouarzazate a écrit :
tant vos pas la paine ces occidentaux ton EGARÉ!!!

Je suis méditerranéen, africain...

Je croierais entendre un afghan, un chamelier avec les termes : occidentaux, c'est les méchants...

Y'a des Berbères ici ou pas ?
 
Waryac a écrit :
Y'a des Berbères ici ou pas ?

étais-ce la question du topic ???

NOOOOOOOOONNNNNNNNNNN

tu es qui tu es à toi d'assumer ton personnage.

Yen a vraiment qui ont le don pour détourner les sujets, aie aie aie le narcissisme..... :-D
 
Taboudrart94 a écrit :
étais-ce la question du topic ???

Ca ne sert à rien de répondre aux sujets de ce site si celui-ci est pollué par des idées arabes...

Je pensais que le Souss était une région amazighe.
 
ba tu participes a quel sujet là ??

désolé je m'y perd un peu du coup...

on parle de qui alor ici ??

ah oui joubliais de Waryac biensur
 
Taboudrart94 a écrit :
ah oui joubliais de Waryac biensur

Mademoiselle, *************************************************** (Censuré)

[ Edité par Takfarinas le 5/11/2004 21:02 ]
 
Waryac, tu peux t'adresser quant il s'agit d'avances personnelles en MP, et non sur le forum. Merci de revenir sur le theme principal.
 
toufitri a écrit :
Takfarinas, je te souhaite bon courage en publiant ce sujet sur souss.
Takfarinas a écrit :
Le leader palestinien a peut être rendu son dernier souffle, du moins pour ce qui est de certaines de ses responsabilités qui ont été transférées à Ahmed Qoreî.
Le premier des soucis, qui risquerait de causer d'extrêmes affronts, serait la confirmation du décès de Arafat, mais surtout du maintien du refus Israélien à son inhumation à Jérusalem, ce qui était son dernier souhait:
Selon le monde "Le bureau du premier ministre (Israélien ) a [..] réaffirmé l'opposition d'Israël à ce que celui-ci soit inhumé à Jérusalem.
Le deuxième soucis, et qui sera de taille, sera la succession à Arafat, qui des figures de proue sera en mesure de maintenir un gouvernement fragilisé par la politique israélienne, l’insouciance américaine, et le penchement vers un extrémisme qui ne serait peut être pas la meilleur des solutions?
Ahmed Qorei, semble être le successeur désigné, mais les palestiniens reconnaîtront ils en lui, une figure emblématique et un leader à suivre?
Qu'en est il des conflits palestiniens internes?
Quelles seront l'implication, et surtout la réaction, du Hamas?
Que pensez vous, de la situation vers laquelle se dirige la Palestine?
Faut il voir en la mort de Arafat un semblant de calme après la tempête de son décès, de son inhumation? Faut il s'attendre à ce que Israël, ayant toujours refuser de converser avec un leader jugé parrain de l'extrémisme, change de politique et adopte une approche plus diplomate?
Qu'en est il des états unis, la réélection de Bush, ne vient elle pas à point pour re-ouvrir la feuille de route avec un nouveau leader palestinien?
Quelle sera la marge laissée à Sharon, surtout après sa trahison à Bush au sujet de la colonisation promise?
Enfin quelle sera la position du gouvernement Bush II ?
toufitri a écrit a Takfarinas
Je t'ai bien dit bon courage, ces salopards ne respectent même pas les agonisants, en fait ils doivent se detester eux mêmes, je ne vois pas qui peut échapper à leur mauvaise haleine.
Vous ne pouvez pas arriver à la cheville de ce Grand Monsieur, car la paix pour lui ne veux pas dire capitulation totale. Je vais mettre la puce à l'oreille des sionistes de ce site, le déterminisme de l'histoire est un aspect ineluctable de la déstinée des peuples.
Vive la lutte du peuple palestinien. Arafat est un leader, comme l'a été Mandella pendant des années. L'état palestinien n'étant pas encore proclamé on ne peut pas dire qu'il a abusé d'un pouvoir qu'il a jamais eu vu qu'il a été enfermé pendant presque 3 ans dans un rudiment.
Mandella le fut aussi. Ce sont des prix nobel aller parler de Driss Basri ça vaudra mieux la peine.
Votre mauvaise haleine ne dépasse pas votre nez, il y aura du boulot si vous voulez liberer souss de cette manière. Il faut d'abord vous libérervous même ( de la haine gratuite, arafat n'a rien fait aux berbères, seul les sionistes du site l'insultent)
Je t'ai prévenu Takfarinas, que ce sujet que tu as publié avec de bonnes intentention allait etre balayé par les sionistes du site.
Ce n'est pas le cas sur l'autre site. Ben laissons les gamins s'amuser et se défouler.
 
Attention Takfarinas ce n'est pas de toi que je parle, car j'apprécie énorméments tes écrits.
Je m'adresse aux médiocres.
Pourquoi, ne pas ouvrir, un forum Junior, sur souss.
Au moins ces pauvres mômes peuvent se défouler entre eux et laisser les adultes discuter.
 
VU PAR UN JOURNALISTE ISRAÉLIEN

Arafat l’irréductible

« Le président Arafat restera à jamais un symbole d’héroïsme pour tous les peuples du monde qui luttent pour la justice et la liberté », écrit Nelson Mandela dans la préface de la biographie Arafat, l’irréductible que publie Amnon Kapeliouk, collaborateur du Monde diplomatique (1). L’hommage s’adresse sans doute à celui que la communauté internationale – à l’exception d’Israël et des Etats-Unis – reconnaît comme étant le dirigeant légitime du peuple palestinien, sans tenir compte de l’image négative de l’homme que projette depuis des décennies la droite annexionniste en Israël. D’autres dirigeants qui l’estimaient tout autant que Mandela – entre autres Indira Gandhi, Bruno Kreisky, Olof Palme, Fidel Castro, Léopold Sedar Senghor, Houari Boumediene – savaient à quoi s’en tenir des campagnes de diabolisation que lancent des puissances coloniales pour récuser toute négociation avec des mouvements de libération nationale.
« Ni diable ni ange » aurait pu servir de sous-titre au livre d’Amnon Kapeliouk. L’auteur fait état, sans insister, des fautes commises par Arafat tout au long de sa carrière – ses illusions de jeune révolutionnaire, ses erreurs de jugement, ses comportements empreints d’arrogance à l’égard des régimes arabes, qu’il méprise. Sans réduire les mérites de la biographie – l’une des meilleures parues à ce jour –, on pourrait reprocher à Kapeliouk d’avoir parfois ménagé le président de l’Autorité palestinienne ; de n’avoir pas fait état des conséquences néfastes du pouvoir personnel qu’il exerce ou du clientélisme qu’il entretient ; de la corruption dont il est accusé, à tort ou à raison ; de son incapacité de « communiquer » avec l’opinion, la sienne et celle d’Israël.
Amnon Kapeliouk attache davantage d’importance aux qualités du leader palestinien, en particulier son pragmatisme, qui l’a conduit à abandonner son rêve de « libérer toute la Palestine », à lancer son projet de deux Etats en Palestine, de consentir nombre de concessions sans contrepartie pour arracher à Israël une « paix des braves ». En 1973, il ne pose aucune condition à sa participation à la conférence de la paix qui se tient à Genève, mais Israël, les Etats-Unis et la Jordanie opposent leur veto. En 1976, il inaugure – grâce à Pierre Mendès France et au communiste Henri Curiel – les premiers contacts secrets entre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et des personnalités israéliennes de toutes tendances, y compris du Likoud, dont la nouvelle édition du livre de Charles Enderlin offre l’histoire la plus détaillée (2).
Déjà, Arafat plaide en faveur d’un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza. En 1988, sous son impulsion, l’OLP reconnaît le droit d’Israël à l’existence en se ralliant à la résolution 242 du Conseil de sécurité, alors que celle-ci ne mentionne pas l’existence du peuple palestinien, ni à fortiori ses droits. En 1993, il souscrit à l’accord d’Oslo, que nombre de responsables et d’intellectuels palestiniens considèrent comme une sorte de trahison. Entre autres, le document ne reconnaît pas le droit des Palestiniens à un Etat souverain et ne prévoit pas le gel de la colonisation. Conscient de ces lacunes, mais aussi du rapport de forces favorable à Israël, Arafat avait choisi de s’en remettre à la « dynamique de la paix ».
Kapeliouk explique bien pourquoi « l’irréductible » ne cédera pas sur l’essentiel des aspirations de son peuple : un Etat souverain sur la quasi-totalité de la Cisjordanie et de Gaza, dont la capitale se situerait à Jérusalem ; la reconnaissance, pour le principe, du droit au retour des réfugiés, quitte à s’entendre sur l’étalement d’un nombre limité de rapatriés qui n’accroîtrait pas la proportion des Palestiniens citoyens de l’Etat juif. Le « pacte de Genève » conclu par des personnalités proches de M. Yasser Arafat confirme l’opinion répandue dans les chancelleries que le leader palestinien est le seul qui ait suffisamment d’autorité pour faire adopter par son peuple un compromis acceptable au « camp de la paix » israélien.
ERIC ROULEAU.
 
Comité des Nations Unies pour les Droits de l’Homme

82ème session, Genève, 18 octobre – 5 novembre 2004








Communiqué





Au cours de sa 82ème session qui s’est déroulée du 18 octobre au 5 novembre 2004 au siège du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme à Genève, le Comité des Droits de l’Homme a examiné, conformément à l’article 40 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le 5ème rapport périodique présenté par l’Etat du Maroc.

De son côté, en sa qualité d’ONG, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) a présenté au même Comité, un rapport alternatif sur les atteintes aux droits de l’homme dans ce pays.

De prime abord on note dans le rapport du Maroc que la question amazighe n’est abordée qu’au chapitre du " droit des minorités ", affirmant de manière surprenante que " la politique gouvernementale tend à reconnaître aux groupes ethniques (…) le droit de gérer leur patrimoine collectif (terres collectives, patrimoine culturel) " mais sans préciser de quelles " ethnies " il s’agit ?

Par ailleurs le rapport tente de faire croire que la culture amazighe est une " préoccupation majeure du gouvernement ". Il en veut pour preuve le dynamisme de la réalité culturelle amazighe et surtout la création de l’Ircam en 2001 ainsi que l’introduction de la langue amazighe dans l’enseignement scolaire.

Dans son rapport alternatif, le CMA a exposé par le détail, la situation de négation et d’exclusion des droits des Amazighs à la fois dans les textes législatifs et réglementaires et dans les pratiques institutionnelles. La Constitution marocaine néglige l’existence des Amazighs tandis que les autres dispositifs juridico-administratifs (loi sur l’état-civil, charte de l’enseignement et de la formation, falsification de l’histoire et de la toponymie amazighes, interdits et comportements arbitraires et discriminatoires des autorités administratives et policières, lois colonialistes autorisant les expropriations des terres collectives des Amazighs, etc) complètent l’arsenal des instruments et méthodes illégitimes utilisés pour éradiquer le fait amazigh au Maroc.

Le rapport du CMA relève également que la désignation des Amazighs par les termes " minorité " ou " groupe ethnique " est totalement inappropriée, fallacieuse et péjorative. Au nom de quelle évaluation ou de quelle logique un peuple autochtone ayant sa langue, sa culture et son espace territorial et qui représente 60% de la population du pays peut-il être considéré comme minoritaire ? Pourquoi les chiffres concernant l’appartenance " ethnique " des habitants du Maroc sont à ce jour gardés secrets ? Le gouvernement marocain est mis au défi de rendre publics les résultats des recensements de population montrant la proportion d’amazighophones dans ce pays. Mais le conflit entre les Amazighs et l’Etat marocain ne porte pas seulement sur un désaccord sur les chiffres, il concerne en vérité un différend conceptuel. L’Etat marocain préfère qualifier les Amazighs de " minorité " afin de minorer leurs droits. Il sait qu’en revanche, le concept " de peuple autochtone " renvoie au droit des Amazighs à l’autodétermination, dont le droit de disposer souverainement non seulement de leur langue et de leur culture mais aussi de leur terre, de leurs richesses et de leurs ressources naturelles. Plusieurs organisations amazighes sont d’ailleurs fortement impliquées dans ce combat pour la reconnaissance des droits universels des peuples autochtones. Doit-on rappeler au gouvernement marocain qui feint de l’ignorer, que c’est un Amazigh du Maroc qui préside actuellement l’organisation des peuples autochtones d’Afrique (IPACC) et qui représente ce continent au sein de l’Instance Permanente des Nations Unies pour les Peuples Autochtones ?

Concernant la prise en charge effective des revendications des Amazighs, l’Etat marocain n’a fait preuve que d’une pseudo-volonté, car en même temps que des signes d’ouverture semblaient être donnés, la politique de négation, d’exclusion, de répression et de discriminations anti-amazighes, est poursuivie sans relâche. C’est cette grossière contradiction entre la générosité apparente des intentions et la violence des actes anti-amazighs qui fait douter sérieusement de la sincérité de l’Etat marocain et donne aux défenseurs des droits des Amazighs et aux citoyens, des raisons légitimes de penser que derrière quelques concessions, se cachent au sein du gouvernement, de réelles arrières pensées politiques malsaines.

Les organisations de la société civile ne cessent de répéter que la seule manière de résoudre définitivement la question amazighe et de la mettre à l’abri de toute manipulation politicienne, c’est la reconnaissance par la Constitution de l’identité amazighe du Maroc, ce qui implique que Tamazight soit reconnue comme langue officielle de l’Etat et qu’elle bénéficie d’une prise en charge institutionnelle mobilisant des ressources et des moyens de même niveau que ceux dont est dotée la langue arabe. De plus, l’histoire officielle du Maroc doit être " corrigée " en l’expurgeant des falsifications qui portent gravement atteinte à la vérité, aux droits et aux intérêts moraux des Amazighs.

C’est à l’aune de telles décisions que nous mesurerons l’effectivité de la volonté des autorités marocaines de bâtir un avenir de paix, de liberté, de fraternité et de prospérité pour tous les citoyens de ce pays.





Paris, le 5/11/2004

Le Bureau du CMA












Congrès Mondial Amazigh

BP 60 – 75861 Paris cedex 18, France

Tel/fax : 00 33 476 25 85 86

Email : congres.mondial.amazigh@wanadoo.fr

Web : www.congres-mondial-amazigh.org






Pacte international relatif aux droits civils et politiques


Comité des Nations Unies pour les Droits de l’Homme

82ème session, Genève, 18 octobre – 5 novembre 2004






Rapport alternatif du CMA


Les Amazighs du Maroc : un peuple minorisé












Préambule

Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) est une ONG internationale de défense des droits du peuple amazigh créée en 1995. Afin de préparer ce rapport parallèle au rapport périodique présenté par l’Etat du Maroc, le CMA s’est appuyé essentiellement sur les compte-rendus de ses membres ainsi que sur les plaintes et les informations qui lui sont directement transmises par les individus et les organisations de la société civile amazighe. Ces informations et plaintes individuelles sont vérifiées par les membres du CMA dans chaque pays.



Introduction

Les Amazighs (berbères) sont le peuple autochtone de l'Afrique du nord, disposant d’une langue, d’une culture, et d’une histoires propres. " Amazigh " est le nom que se donnent les berbères et qui signifie " homme libre ". Le mot berbère vient du latin " barbarus ", utilisé par les Romains pour désigner les populations qui ne parlaient leur langue. Les arabes l’ont repris et transformé en " barbar " avant que les français ne le traduisent en " berbère ". Les Amazighs constituent un des peuples les plus anciens de l’humanité. Leur présence en Tamazgha (Afrique du Nord) remonte à plus de 12.000 ans. C'est le premier peuple à s'être établi dans cette vaste et riche région. Au cours des siècles, il a affronté d'innombrables invasions : Phéniciens, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Espagnols, Italiens, Ottomans, Français qui se sont succédé sur le sol nord-africain depuis le 10ème siècle avant J.C. Les périodes d'occupation furent plus ou moins longues: De 5 siècles pour les Romains à 130 ans pour les Français. Arrivés dans le sillage des phéniciens 10 siècles avant l’ère chrétienne, les juifs sont le seul peuple à s’être introduit et installé dans cette région sans violence.

Sur le plan des croyances religieuses, les Amazighs ont successivement connu l’animisme, le paganisme, le judaïsme, le christianisme et l’islam. Mais quelle que soit la religion adoptée, celle-ci n’est jamais pratiquée de manière dogmatique mais toujours adaptée aux valeurs de liberté, de tolérance et de non-violence qui caractérisent ce peuple.

Tamazight, la langue amazighe (langue berbère), existe depuis la plus haute antiquité. Elle dispose d'un système d'écriture original, tifinagh, utilisé et préservé à ce jour. Depuis quelques décennies, tous les groupes amazighs se sont réapproprié cette écriture ancestrale. Actuellement la langue amazighe est parlée par environ 30 millions de locuteurs en Afrique du Nord (de l'oasis de Siwa en Egypte, au Maroc en passant par la Libye, la Tunisie, l'Algérie, le Niger, le Mali, la Mauritanie) et dans la diaspora.

A l'origine, les amazighs occupaient un immense territoire allant de l'Egypte aux Iles Canaries et des rives de la Méditerranée jusqu'à celles du fleuve Niger. Depuis, l'espace amazighophone s'est inexorablement rétréci au fur et à mesure qu’ont été imposées les langues des envahisseurs. L'arabisation de l’Afrique du Nord entamée au 7ème siècle, se poursuit aujourd'hui avec toujours autant de force et d'agressivité. Cependant, même lorsqu'ils ont perdu l'usage de la langue comme aux Canaries, les Amazighs restent fermement attachés à leur identité ancestrale.

Le peuple Amazigh est aujourd'hui réparti principalement entre le Maroc (environ la moitié de la population totale amazighe) et l'Algérie (le tiers). Les 20% restants se répartissent entre la Tunisie, la Libye, Siwa (Egypte), les Canaries et les populations touaregs (Niger, Mali, Mauritanie). En rapport à la population des Etats, les amazighophones représentent au moins 60% au Maroc et 30% en Algérie. La diaspora amazighe est également forte d’environ 3 millions de personnes vivant principalement en Europe et dont les premières générations sont arrivées il y a plus d’un siècle.

Au Maroc il y a 3 principales régions amazighophones: Le Rif au nord, la chaîne montagneuse de l'Atlas et le Souss au sud. Les amazighophones représentent également une forte proportion des populations des grandes villes telles que Casablanca, Rabat, Meknes, etc.



Négation des Amazighs au Maroc

Les populations amazighes du Maroc sont conscientes de leur appartenance au peuple Amazigh qui habite toute Tamazgha (Afrique du Nord) depuis la nuit des temps. Elles font également le constat des politiques menées à l’encontre de leur langue, culture et civilisation millénaires par tous les Etats nord africains. Sous les pouvoirs coloniaux ou post-coloniaux, Tamazight (identité, langue et culture) a toujours été l’objet de déni, de dénigrement et de rejet. Les Etats-nations obéissant à l’idéologie arabo-baathiste, ont été bâtis sur le principe du jacobinisme le plus strict légué par l’ancien colonisateur français, ce qui s’est traduit par une définition officielle de l’identité nationale exclusivement arabe et islamique, excluant Tamazight, principal fondement sociolinguistique et culturel de l’identité des pays de cette région. Sans reconnaissance politique ni statut juridique, exclue des institutions, l’identité amazighe affaiblie subit en toute " légalité ", des violences incessantes qui visent son anéantissement total et définitif.

Il est par conséquent clair et établi que ces Etats n’ont fait preuve à ce jour, d’aucune volonté réelle et sincère d’adopter une démarche démocratique, plurielle et respectant les droits humains tels qu’ils sont universellement reconnus.

Au Maroc, bien qu’ils soient numériquement majoritaires et que leur identité constitue le substrat social et culturel fondamental du pays, les Amazighs ont été jusqu'à présent victimes de politiques de discrimination menées par un Etat-Nation fondé sur le dogme de l'arabo-islamisme. La première phrase du préambule de la Constitution stipule que " le royaume du Maroc, Etat musulman souverain, dont la langue officielle est l'arabe, constitue une partie du Grand Maghreb Arabe ", officialisant de fait, la négation du peuple Amazigh, son histoire, sa langue et ses valeurs civilisationnelles plurimillénaires. Cela est contraire à toutes les chartes, conventions et pactes internationaux auxquels l’Etat marocain a souscrit.

La revendication de la pluralité culturelle et linguistique du Maroc portée par les organisations de la société civile amazighe, s’est toujours confrontée à une approche institutionnelle demeurée raciste rejetant cette réalité inscrite dans le paysage marocain du nord au sud et de l’est à l’ouest. En conséquence, chaque jour les Amazighs sont victimes de divers aspects de l’exclusion, de la ségrégation et de la violence institutionnalisées.

La mobilisation permanente du mouvement citoyen amazigh du Maroc a cependant fini par décider le roi Mohamed-VI à déclarer en juillet 2001, que l’identité amazighe était une " richesse nationale " et qu’un institut royal de la culture amazighe (Ircam) serait créé afin d’assurer " la promotion de la culture amazighe (…), la conception, la préparation et le suivi du processus d'intégration de l'Amazigh dans le système de l'enseignement (…), et de proposer les politiques appropriées qui sont de nature à renforcer la place de l'Amazigh dans l'espace socio-culturel et médiatique national, ainsi que dans les affaires locales et régionales ". Si ce discours pouvait légitimement susciter à l’époque un espoir de réconciliation du Maroc avec son histoire et son identité amazighes, quatre ans après on constate que le référentiel idéologique de l'Etat demeure inchangé et les discriminations anti-amazighes demeurent la règle à tous les niveaux institutionnels. Le pays demeure soumis exclusivement à une langue unique, une religion unique, une culture unique et finalement une identité arabo-islamique unique. Ce qui laisse en situation de conflit et de déséquilibre permanents la composante amazighe du Maroc.

De ce fait, les implications de ce déséquilibre apparaissent directement sur le plan de la définition juridique et politique de la vie publique.

La Constitution, ainsi que les autres textes du droit national, ignorent totalement la valeur historique et sociologique de la langue et culture amazighes. Ce qui explique et " légalise " l'absence de la dimension amazighe dans toutes les institutions politiques, sociales, culturelles et économiques publiques et privées telles que l’école, l’université, les tribunaux, les chaînes de télévision publiques, l’administration territoriale, etc.

Le phénomène de détérioration des acquis civilisationnels amazighs est incroyablement accéléré à cause de l’arabisation : cela va des interdits frappant l’expression culturelle amazighe, la falsification des faits historiques, l’arabisation de la toponymie, de l’administration, de la justice, de l’enseignement et des grands médias audio-visuels, etc. La domination de l'espace public par l'arabe, langue officielle, renforcée par le dahir sur l’arabisation du 26/01/1965, a créé des situations gravement préjudiciables pour les Amazighs dans leur vie sociale et a contribué à l'amplification de ce sentiment d'infériorité vis-à-vis de la langue arabe, langue de la religion et des institutions.

De fait, Tamazight est mise hors du Droit, confinée dans l'espace privé et présentée de manière à la fois fausse, folklorique et raciste, comme un obstacle au développement du pays.



Le gouvernement marocain face à ses obligations internationales en matière de respect des droits humains

Notons tout d’abord les récentes observations et recommandations du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD), réuni à l’occasion de sa 62ème session, du 3 au 21 mars 2003 à Genève :

1- Le Comité invite l'Etat partie à lui fournir dans son prochain rapport des renseignements sur la mise en œuvre des nouvelles dispositions du Code des Libertés Publiques relatives au droit d'association prévoyant le caractère illégal de toute association incitant à la discrimination raciale, et du Code de la Presse sanctionnant l'incitation à la discrimination raciale, conformément aux dispositions de l'article 4.

2- Le Comité demande à l'Etat-partie d'inclure dans son prochain rapport des informations statistiques sur les poursuites judiciaires intentées, et sur les peines infligées dans les cas d'infractions relatives à la discrimination raciale pour lesquels les dispositions pertinentes de la législation nationale ont été appliquées. Le Comité rappelle à l'Etat-partie que l'absence de plaintes ou d'actions judiciaires intentées par des victimes de discrimination raciale peut être principalement l'indication d'une absence de législation spécifique ou d'une connaissance insuffisante des voies de recours existantes ou d'une insuffisante volonté des autorités de poursuivre de telles infractions. Le Comité demande à l'Etat partie d'assurer l'existence de dispositions appropriées dans la législation nationale et d'informer le public de toutes les voies de recours existantes dans le domaine de la discrimination raciale.

3- Le Comité invite l'Etat-partie à reconsidérer la situation de la composante amazighe de la population en accord avec les instruments internationaux en matière de droits de l'homme, en vue de garantir aux membres de cette communauté l'exercice de leurs droits à leur propre culture, à l'usage de leur langue maternelle et de préserver et développer leur identité.

4- Tout en tenant compte des réponses fournies par la délégation, le Comité souhaite que l'Etat-partie prenne les mesures appropriées afin que la pratique administrative interdisant l'inscription au registre de l'état-civil des prénoms amazighs soit abandonnée.

5- Le Comité exprime son inquiétude au regard d'informations selon lesquelles certains membres d'associations amazighes seraient victimes d'atteintes à l'exercice de leur liberté de réunion et d'association.

6- Le Comité recommande également que des émissions plus nombreuses en langue amazighe figurent dans les programmes des médias publics.

7- Le Comité prend note de la volonté exprimée par l'Etat-partie de fournir des renseignements sur les indicateurs socio-économiques relatifs à la situation des Amazighs, des Noirs, des Sahraouis, et souhaite voir figurer de tels renseignements dans le prochain rapport de l'Etat partie.



Le non respect du Pacte International relatif aux Droits civils et politiques

- Droit à l’autodétermination (article 1)

Les Amazighs du Maroc n’ont pas de revendication territoriale spécifique dans la mesure où le Maroc est un pays entièrement amazigh, très largement peuplé d’amazighs. D’ailleurs à chaque fois que le pays a subi une agression étrangère, les Amazighs ont toujours été les premiers et les plus nombreux à défendre son intégrité territoriale et ont payé pour cela les sacrifices les plus lourds, particulièrement contre les colonialismes français et espagnol au siècle dernier.

Mais aujourd’hui, les amazighs chez eux, au Maroc, qui croyaient être indépendants, réalisent qu’ils sont privés de liberté et de leurs droits même les plus essentiels. Ils continuent donc d’être colonisés, cette fois-ci de l’intérieur, par leurs propres concitoyens, leurs " frères " panarabistes, ceux qui ne vilainçoivent le Maroc qu’exclusivement arabe et islamique. Profitant du sens de l’hospitalité légendaire des Amazighs et de leur relative naïveté, et manipulant la religion musulmane à des fins d’hégémonie politique, la petite minorité arabiste a fini par bâtir sa domination sur le pays et s’est donnée les instruments politiques, économiques, juridiques, institutionnels et idéologiques lui garantissant la pérennité de son pouvoir absolu.

Ainsi et à titre d’exemple, l'histoire officielle du Maroc telle qu’elle est enseignée, commence à l'arrivée des arabes au 7ème siècle. Tous les manuels scolaires, qu’ils soient d’histoire, de littérature ou même de technologie, font l’apologie de la civilisation arabo-islamique au détriment de la culture autochtone amazighe.

Aujourd’hui et plus que jamais, les Amazighs aspirent à vivre dans la liberté et la dignité. Tout en restant ouverts sur l’universel, ils souhaitent pouvoir jouir de leurs propres attributs identitaires. Leur droit à l’autodétermination, c’est pour eux le droit à l’émancipation dans le cadre d’un Etat marocain fédéral démocratique qui leur permettrait d’assurer librement leur développement économique, social et culturel.



- Application discriminatoire du Pacte (article 2)

L’engagement des autorités marocaines de respecter et de garantir à tous les citoyens les droits reconnus dans le Pacte n’est que formelle. En effet, bien qu’il est dit dans le préambule du texte constitutionnel que " le Royaume du Maroc souscrit aux principes, droits et obligations découlant des Chartes (…) et réaffirme son attachement aux droits de l'Homme tels qu'ils sont universellement reconnus ", il est matériellement avéré que les citoyens et les membres des organisations de la société civile amazighe, ne jouissent pas des garanties prévues par la Constitution, notamment celles prévues par l’article 9, comme " la liberté d’expression sous toutes ses formes, la liberté de réunion et la liberté d’association ". L’article 12 prévoit que " tous les citoyens peuvent accéder, dans les mêmes conditions, aux fonctions et emplois publics ", ce qui est vrai mais à condition pour le citoyen amazigh de taire totalement son identité amazighe. Il en est de même pour l’application de l’article 13 qui stipule que " tous les citoyens ont également droit à l'éducation " mais une éducation exclusivement arabisante qui dévalorise la culture et les valeurs autochtones amazighes. L’article 15 affirme qu’" il ne peut être procédé à l’expropriation que dans les cas et les formes prévus par la loi ". En même temps, et depuis des années, plusieurs centaines de paysans amazighs sont spoliés de leurs terres par la force militaire sur la base de lois coloniales.

Par ailleurs, la non indépendance du Conseil Consultatif des Droits de l’Homme vis-à-vis du pouvoir exécutif, réduit considérablement son rôle dans la protection des droits et des libertés démocratiques. Quant à l’Instance Equité et Réconciliation, créée en 2003, afin de réparer les préjudices subis par les victimes des violations des droits de l'homme pendant le règne de feu Hassan-II, son rôle ne peut se limiter à un simple dédommagement sous forme de distribution discrète de quelques subsides. Le pardon et la réconciliation passent nécessairement par la reconnaissance par l’Etat des actes de violations, la poursuite de leurs auteurs, la présentation d’excuses publiques aux victimes et l’engagement solennel des plus hautes autorités que de tels actes ne se reproduiront plus. La crédibilité et l’efficacité de cette instance nécessitent aussi que l’Etat –à tous les niveaux- cesse immédiatement et définitivement ses agissements actuels attentatoires aux plus élémentaires des droits humains. Sans le respect de ces considérations, ni l’équité, ni la sincérité de l’Etat ne sont établies. Cela a d’ailleurs déjà amené des militants du mouvement amazigh arbitrairement détenus en 1994 pour avoir publiquement revendiqué le droit à l’enseignement de leur langue, à refuser la compensation financière que leur a proposé l’Instance Equité et Réconciliation. La justice et la dignité ne sont pas toujours à vendre.

Par ailleurs, s'il y a réellement volonté de réconciliation nationale, celle-ci doit impliquer la recherche de la vérité sur tous les événements tels qu’ils se sont produits, sans omettre aucun cas d’abus, y compris les plus graves. Or, à ce jour et à notre connaissance, les événements sanglants dont ont été victimes des populations de la région du Rif (nord du Maroc) en 1958/59 et en 1984 ainsi que ceux du Moyen Atlas de 1973, demeurent frappés d’ostracisme.



- Egalité des hommes et des femmes (article 3)

Il est dans les traditions des Amazighs et dans leur droit coutumier, azref, que la femme soit l’égale de l’homme. Dans certaines communautés amazighes comme chez les Touaregs, la société est fondée sur le matriarcat. Le statut inférieur de la femme à l’égard de l’homme, le droit à la polygamie ont été introduits en Afrique du Nord par la charia islamique, officiellement en vigueur au Maroc. La société amazighe laïque se réjouit de la réforme de la Moudawana et des progrès dans la reconnaissance des droits de la femme au Maroc. Cependant, de nombreuses inégalités demeurent particulièrement au détriment de la femme amazighe doublement discriminée par rapport à son statut de femme et d’amazighe. C’est pourquoi notre souhait est l’accès de la femme à la pleine égalité des droits et à la citoyenneté exactement au même titre que l’homme.



- Torture (article 7)

Les témoignages des victimes, celles qui osent s'exprimer, font état de la persistance d'actes de torture.

Le militant amazigh Mbarek TAOUSS, membre de l'association Tilelli (Goulmima, province de (Errachidia) a été gravement agressé dans la soirée du 28/02/2003 à Tinghir (province de Ouarzazat) par 4 agents de la DST, en présence de policiers en uniforme. Il a ensuite été abandonné blessé tard dans la nuit, en dehors de la ville.

Le 21 avril 2004, les étudiants du mouvement culturel amazigh de l’Université d’Agadir, devaient célébrer comme chaque année, Tafsut imazighen, le printemps amazigh et comme de coutume, clôturer leurs activités culturelles par une marche devant les amener du Campus vers leur résidence universitaire. Pour cela, ils devaient emprunter sur quelques centaines de mètres, une voie publique, extérieure à l’université. C’est là où les attendaient plusieurs dizaines d’éléments des forces anti-émeutes fortement armés qui les ont attaqués violemment, les frappant et les jetant à terre. Plusieurs dizaines d’étudiants furent blessés plus ou moins gravement, tandis que sept d’entre eux furent arrêtés et transférés au commissariat central d’Agadir où ils ont subi pendant cinq heures un interrogatoire avec usage de coups, et d’insultes humiliantes. Ils sont sortis avec des blessures sur tout le corps et particulièrement aux mains, aux pieds, aux genoux et à la tête. Les victimes sont : Abdellah Bouchtart, Abdellah Ezzemouri, Mouloud Zemmour, Youssef Salhi, Ali Mourif, Med Bahmouch, Khadija Oufqir.

Dans la soirée du 24 juillet 2004 à Khenifra (Moyen Atlas), le journaliste Said Bajji, du journal " Le Monde Amazigh ", a été enlevé par 3 inconnus qui le rouent de coups sur le visage et la tête avant de le jeter inconscient dans un champ à 20 km de là. Connu pour son franc-parler et ses écrits sans concession contre les dérives du Makhzen, Said Bajji a subi ce jour-là sa 5ème agression sans que ses plaintes n’aient jamais abouti.

Ces faits prouvent que le Maroc ne respecte pas l’interdiction de la torture et des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.



- Droit à la liberté et à la sécurité (article 9)

Le 5/03/2003, les habitants de la localité rurale de Imilchil (Haut Atlas) ont protesté publiquement contre l’abandon de cette région montagneuse par l’Etat marocain (absence de routes, électricité, écoles…) et les conditions de vie indécentes dans lesquelles ils sont maintenus, qui n’offrent aux jeunes générations aucune autre perspective que le chômage, l’exode vers la ville où ils iront grossir les bidonvilles à la périphérie des grands centres urbains, ou l’exil à l’étranger. Au lieu de dialogue, les autorités ont choisi la manière forte en ordonnant l’intervention des gendarmes. Ceux-ci sont alors entrés en action violemment contre les manifestants pacifiques, en matraquant sans distinction hommes, femmes et enfants. Cette violence aussi injustifiée que disproportionnée, a eu pour effet de provoquer la colère des citoyens et la protestation symbolique s’est transformée en émeutes qui ont duré 3 jours. 24 personnes ont été arrêtées dont 4 furent condamnées à un mois et demi de prison pour " atteinte à la dignité de fonctionnaires ".

Le 16/03/2003, les nommés Mohamed Terbani, Abdella Mekfi et Lahcen Mekfi ont été arrêtés chez eux, au lieudit " Boutezdit " et poursuivis en justice au motif d’entraves à l’exercice de l’opération d’expropriation de leur propre terre, au profit de la société SNEC, promotrice de projets d’urbanisation.

Le 23/12/2003, à l’université des Sciences et Techniques de Imteghren (Errachidia), un groupe d’étudiants et d’individus extra-universitaires racistes, se réclamant de l’idéologie panarabiste, ont violemment attaqué à l’arme blanche et en utilisant des gourdins, des étudiants amazighs attablés à la cafétéria de l’université. Surpris et sans défense, ils ont subi la furie des assaillants. Une dizaine d’étudiants amazighs ont été blessés plus ou moins sévèrement. Plusieurs indices confortent l’idée que l’agression ait été organisée avec la complicité des services de sécurité. En tout cas, aucune intervention policière n’a eu lieu, pas plus qu’une suite judiciaire n’a été donnée à cette affaire de violence et de racisme.

A l’université de Marrakech, presque le même scénario s’est rejoué les 14 et 15 juin 2004. Les étudiants amazighs ont été violemment pris à partie par des groupes panarabistes, visant à leur interdire par la terreur, tout usage de la langue amazighe sur le campus. Plusieurs étudiants amazighs ont été blessés, sans que l’on ait constaté la moindre intervention ni des responsables de l’administration universitaire, ni de la police. Là aussi, l’affaire n’a connu aucune suite judiciaire.

Lors du sit-in organisé le 16 juillet 2004, Place Mohamed V à Al-Hoceima (région amazighe du Rif) par les victimes du tremblement de terre venus de Ait Kamra, Ait-Abdella, Rouadi, Imrabten … avec le soutien des organisations de la société civile, les forces de police sont intervenues pour empêcher le sit-in pacifique et ont présenté 31 noms (voir liste en annexe) au procureur près le tribunal de première instance de Al-Hocima. Ces personnes attendent à présent d’être convoquées par la justice.

Les autorités administratives et policières n’hésitent pas à arrêter arbitrairement des citoyens marocains et à les humilier, dès lors qu’ils manifestent d’une manière ou d’une autre leur appartenance à la communauté amazighe. Cela se produit très fréquemment et encore récemment (septembre 2004), deux membres de l’association Tamaynut, M. Afoulki et M. Mays, à Aït Abella (province de Taroudant), ont fait les frais de l’autoritarisme Makhzenien. A l’occasion d’un festival local, les 2 militants associatifs ont discuté avec le public de la situation des droits des Amazighs au Maroc, ce qui n’a pas été du goût du Caïd local qui a ordonné leur arrestation. Après leur avoir fait subir un interrogatoire pendant des heures, au cours duquel ils ont été insultés et menacés, le Caïd les a libérés en leur ordonnant de quitter immédiatement le territoire de la commune alors qu’ils y habitent.

Sans aucun motif valable, ces poursuites sont dénuées de toute légalité.



- L’inégalité des citoyens devant la justice (article 14)

C’est souvent au nom de la justice marocaine que les politiques de négation, de marginalisation, d’exclusion, de discriminations et même de racisme, sont appliquées.

Le premier projet de loi, dit de Constitution (1908), pratiquait déjà l’exclusion de la composante amazighe pourtant numériquement majoritaire. Son article 18 prévoyait que seuls les arabophones étaient aptes à accéder aux fonctions publiques de l’Etat : " Un alphabète ne doit pas occuper une fonction du Makhzen. Un fonctionnaire doit bien lire et écrire la langue arabe "…Du coup, un amazigh qui ne sait pas lire et écrire l’arabe est donc assimilé à un alphabète et se trouve par conséquent exclu de la gestion et de l’administration des affaires de sa propre commune et dans son propre territoire .

Bien que de forme différente, cette règle fondamentale fut adoptée par toutes les Constitutions ultérieures (de celle de 1962 à celle de 1996), ignorant totalement et illégitimement l’existence de la composante amazighe du Maroc. Il en résulte que les amazighs marocains sont traités avec encore moins d’égards que des étrangers et ce, dans leur propre pays. Ainsi, au sein des organes judiciaires, les citoyens amazighs ne comprenant pas et ne parlant pas l’arabe, ont besoin, pour assurer leur défense, d’un traducteur. En l’absence d’un traducteur officiel, le juge selon sa propre volonté, peut décider de désigner un citoyen parmi les présents dans la salle d’audience, pour assurer la traduction. Pourtant l’article 120 du code de procédure pénale prévoit que la traduction soit faite par un traducteur assermenté. Mais ce qui est valable pour les autres devient dérisoire lorsqu’il s’agit des Amazighs.

Devant une autorité administrative ou policière, la personne amazighe ne maîtrisant pas la langue arabe est totalement démunie, fragilisée, incapable de faire valoir ses arguments et son bon droit. L’article 5 de la Constitution qui stipule que " tous les marocains sont égaux devant la loi " est donc contredit par les pratiques qui négligent l’individu amazigh.

Cela constitue sans conteste, une infraction au présent Pacte.



- Le droit à une personnalité juridique (article 16)

La Haute commission de l’état-civil marocaine a dressé une liste de prénoms autorisés et où les prénoms amazighs sont frappés d’interdiction. Il est regrettable de constater que plusieurs enfants ont été nommés d’office avec des prénoms arabes et d’autres restent pendant des années sans prénom officiel. Leur seul tort est de vouloir porter un nom en souvenir de leurs ancêtres. Les auteurs de cette liste raciste et des pratiques discriminatoires à l’encontre des amazighs, n’ont jamais été inquiétés par la justice alors même qu’ils bafouent la loi qui prévoit (Article 6 du dahir de 8 mars 1950) que " le demandeur d’un enregistrement dans l’état civil, choisit un prénom convenable. Il ne faut pas qu’il soit un prénom étranger, un surnom risible, il ne faut pas qu’il touche à la bonne moralité ou à l’ordre public et finalement, il faut qu’il soit authentiquement marocain ".

La volonté assimilationniste des décideurs publics va être confortée par la nouvelle loi de l’état-civil 37/99, qui impose aux enfants amazighs d’être nommés cette fois-ci, conformément à "l'authenticité arabo-musulmane". Suite à cette inique loi, un enfant amazigh n'a pas le droit de porter un prénom amazigh, sauf par une décision d'un juge, ce qui est contraire à tous les principes qui régissent les droits humains. Les exemples abondent et se multiplient sur l'ensemble du territoire marocain: les prénoms Siman, Anir, Idir, Numidya …etc, ont été ainsi frappés d’interdits en 2001, 2002, 2003, 2004. Il faudra à leurs parents qu’ils soient suffisamment armés de courage et de patience et de disposer de moyens financiers suffisants pour affronter l’hostilité, les obstacles et les intimidations administratives, judiciaires et policières du Makhzen marocain. Les parents de la petite Numidya ont ainsi connu 5 années de procédures avant que le juge ne leur donne enfin gain de cause.

La peur de l’autorité, la lenteur et le coût de la procédure, les tracasseries administratives, etc, contraignent beaucoup de parents à renoncer à donner des prénoms amazighs à leurs enfants.

Cela contrarie très sérieusement le droit des Amazighs à la reconnaissance de leur personnalité juridique.



- Liberté de pensée, de conscience et de religion (article 18)

De par le texte constitutionnel qui fait de l’islam la religion d’Etat (article 6), les marocains sont d’autorité considérés comme étant de confession musulmane sans qu’il leur soit possible ni de choisir, ni de changer, ni de ne pas avoir de religion. Le " libre exercice des cultes " dont il est question dans le même article ne concerne donc pas tous les marocains.

Il n’y a donc pas de liberté de conscience ni de liberté religieuse au Maroc et cela est contraire aux dispositions du Pacte.



- Droit de réunion pacifique (article 21)

Théoriquement le droit de réunion est garanti par l’article 9 de la Constitution. Cependant la pratique montre que le prétexte d’" atteinte à l’ordre public " est invoqué à tout moment, de manière abusive, dans le seul but d’interdire une réunion pacifique. Les autorités usent et abusent de cette latitude jusqu’à remettre en cause ce droit.

Le refus d’octroi des salles de réunion appartenant aux collectivités locales, accordées pourtant à d’autres associations et organisations professionnelles, constitue une autre manière d’entraver la liberté de réunion des organisations de la société civile amazighe.



- Droit d’association (article 22)

Le mouvement associatif amazigh est particulièrement touché par les interdits et les entraves dans l’exercice d’activités pourtant purement à caractère culturel et/ou social.

Ainsi, depuis plus de 2 ans (15/07/2002), l’autorité administrative de Rabat refuse de délivrer le reçu du dépôt légal du dossier de l’association " Réseau amazigh pour la citoyenneté ". Sans ce reçu, les activités de l’association tombent sous le coup de l’illégalité, ce qui justifierait toutes mesures de répression à l’encontre de ses membres. Les sections locales du Réseau amazigh pour la citoyenneté à Khmisset, Lekbab, Oulmes, Bouizakarn, Ifri, Timulay…se voient également refuser le fameux reçu de dépôt du dossier. Il en de même pour les sections d’une autre association nationale " Tamaynut ", auxquelles les autorités concernées refusent la délivrance du reçu, comme à Ifni, Temara, Masst ainsi que les associations Addour à Sefrou, Andaz à Lhadjeb, etc.

Par ailleurs et contrairement aux prétentions des autorités, les associations amazighes sont exclues des soutiens financiers que l’Etat est censé accorder aux associations.

A notre connaissance, il n’existe pas d’association amazighe, sur tout le territoire marocain, bénéficiant d’un local appartenant à une collectivité publique.

Ces pratiques illégales limitent considérablement le droit d'association pour les Amazighs.



- Protection des droits de l’enfant (article 24)

A l’école, les enfants amazighs se trouvent encore une fois en déphasage par rapport aux connaissances acquises directement dans leur milieu linguistique et culturel familial ou communautaire. Par conséquent, ils ne se reconnaissent plus dans un système éducatif qui désoriente toutes leurs connaissances acquises au cours des six premières années de leur vie, avec comme support de communication Tamazight, leur langue maternelle.

Le statut de la langue amazighe est même davantage méprisé à l'occasion de chaque "réforme". La dernière charte de l'enseignement et de la formation (1999) a clairement recommandé d’introduire un enseignement de Tamazight mais " pour mieux comprendre les acquis de la civilisation arabe " (chapitres 115 et 116 de ladite charte), ce qui tente de perpétuer l’idée raciste de la supériorité d’une civilisation (arabe) sur une autre (amazighe). C’est dans cet esprit que le gouvernement marocain a initié des enseignements de la langue amazighe dans 300 classes depuis la rentrée scolaire 2003/2004. C’est aussi dans ce sens que les programmes scolaires fondés sur l'idéologie arabo-islamiste, passent totalement sous silence l’histoire et les valeurs culturelles amazighes.

Les manuels scolaires sont largement envahis par les référentiels religieux, même dans les disciplines scientifiques et techniques. Peu de place est laissée à l’objectivité, à l’éveil du sens critique et à l’universalité. Tout ce qui est arabo-islamique est sacralisé, et tout ce qui ne l’est pas est stigmatisé et violemment rejeté.

Plus grave encore et à titre d’exemple, le manuel d’histoire de la classe de 9ème année du cycle scolaire, distribué par le ministère de l’éducation nationale, comporte des allégations mensongères et falsificatrices et propage une idéologie haineuse et intolérante. Cela a motivé la plainte déposée au mois d’avril 2004 par une centaine de personnalités amazighes contre le ministre de l’éducation nationale. La justice marocaine a rejeté la plainte pour vice de forme, au motif que les plaignants n’ont pas le droit de parler au nom de tous les Amazighs du Maroc.

Ces faits graves et répétés bafouent totalement les intérêts et le droit de l’enfant à sa personnalité, à sa langue maternelle et à sa culture.

A cela s’ajoute le fait que les amazighs, très majoritaires en milieu rural, se voient davantage encore discriminés par le fait du déséquilibre ville/campagne (taux de scolarisation très bas, faible taux de mixité, absence d’équipements pédagogiques, etc).



- Interdiction de la discrimination (article 26)

La volonté de ceux qui maintiennent leurs privilèges économiques, sociaux et politiques, vise explicitement la reproduction et l'héritage de la connaissance et du pouvoir. Or il se trouve que les amazighs n’ont pas un accès équitable aux ressources nationales et aux emplois publics, notamment de niveau cadre, dès lors qu’ils se manifestent en tant qu’Amazighs, qu’ils sont soupçonnés de l’être ou qu’ils ne font pas montre d’une ardeur à défendre le caractère arabo-islamique du Maroc. Pour contredire les faits de discriminations, les autorités citent souvent des exemples d’amazighs occupant de hauts postes de responsabilité dans l’administration. Ils omettent cependant de préciser que l’accès et le maintien de quelques Amazighs à ces postes ont été obtenus au mieux, au prix d’un refoulement identitaire et d’un silence complice, au pire à l’assimilation, à la corruption et/ou aux menaces et intimidations exercées sur eux.

L’irrégularité récurrente des élections, les trafics d’influence et la pratique d’" achats de voix " donnent des parlements et des gouvernements unanimistes, où le " beni oui-ouisme " l’emporte largement sur la défense des intérêts collectifs, même sur les bancs de " l’opposition ". Au royaume du Maroc, les mandats électifs comme les portefeuilles ministériels se lèguent de père en fils. Alors qu’il y a nécessairement des députés amazighs, jamais une phrase en Tamazight n’a été prononcée au cours d’une assemblée de la chambre des représentants depuis l’indépendance du Maroc il y a près de 50 ans.

Par ailleurs, l’Etat du Maroc continue d’exploiter des lois datant de l’époque coloniale pour exproprier des paysans amazighs, particulièrement les lois de 1913, 1915 et 1919 portant sur l’exploitation des terres communes, l'expropriation des terres foncières et l’exploitation des eaux et forêts. Cette législation qui spolie des villageois Amazighs sous prétexte qu’ils ne possèdent pas de titre de propriété sur leurs terres collectives, est une violente attaque contre un mode de vie, une culture et une ressource de vie et par conséquent une grave atteinte au droit à la vie. Les surfaces arrachées à leurs propriétaires légitimes de manière illégale, par la force et souvent grâce à l’aide de l’armée, sont ensuite cédées à des familles marocaines ou étrangères fortunées, ou à des investisseurs privés, comme ce fut le cas pour le plateau d'Adarouch dans la région Khénifra, les terres de Tamllaste, Eksimen Emsguine, dans la région d’Agadir, Agmmad, Iguelmimen, Ighergher dans la région de Errachidia, la forêt et les eaux à Oulmés, les terres cultivables à Mrirt…etc.

Il est à noter que cette situation extrêmement préoccupante pour des milliers de paysans Amazighs est de fait encouragée par le silence de la majorité des composantes de la société civile marocaine, au grand étonnement des citoyens et des organisations de la société civile amazighs.

Dans le domaine de l’audio-visuel, les grands médias publics ne s’adressent aux marocains quasiment qu’en langue arabe. Le système audio-visuel d’information et de divertissement est donc totalement déconnecté de la réalité marocaine. Depuis quelques années, la chaîne de TV RTM diffuse quotidiennement 10 minutes d’informations en langue amazighe alors que la 2ème chaîne publique TV-2M reste totalement hermétique à la langue et à la culture amazighes. Pendant ce temps, les émissions en arabe bénéficient de 12 heures quotidiennes et celles en français de 5 heures.

La langue amazighe a connu particulièrement en 2003/2004, des actes discriminatoires au sein de la radio nationale des restrictions ont été apportées aux reportages en Tamazight et des créneaux horaires amazighs ont été autoritairement alloués à des émissions en arabe. Les journalistes amazighophones de la RTM ne bénéficient pas d’un cadre institutionnel adéquat (inexistence d’un département amazigh), leurs moyens d’action sont par conséquent limités. De même, au sein de l’Institut Supérieur de Journalisme, il n’existe pas de structure spécialisée en Tamazight, ce qui handicape les étudiants qui optent pour la filière amazighophone.

L’écriture Tifinagh ayant été officiellement adoptée comme l’alphabet de la langue amazighe, la municipalité de Nador (région du Rif) a entrepris le 29/04/2003, de réécrire les panneaux de signalisation routière en ajoutant, à côté de l’arabe, le Tifinagh. Quelques heures après et en pleine nuit, des agents du ministère de l’intérieur ont arraché les premiers panneaux installés, ont saisi dans les locaux de la municipalité tous les panneaux portant l’écriture Tifinagh et se sont ensuite employés à effacer le moindre caractère amazigh griffoné par les enfants sur les murs de Nador et des villages environnants. Les Amazighs se sont étonnés et indignés de cet acte d’une grande violence symbolique qui vise à la dézamazighisation de l’environnement marocain.

La presse et les publications amazighes, qu’elles soient associatives ou privées ne bénéficient d’aucune aide financière de la part de l’Etat, alors que l’édition en arabe profite largement des budgets publics. Pire, la presse amazighe matériellement fragile est confrontée à des obstacles d’impression et de distribution.

Au cours des dernières années, de nombreux appels à la haine anti-amazighe se sont fait entendre dans une certaine presse et dans les mosquées, notamment dans les localités de Ben-Tayeb, Imzouren, etc. Les auteurs de ces propos racistes n’ont jamais été inquiétés par la justice.

En dehors de l’expression folklorique, les artistes amazighs sont rarement programmés par les institutions culturelles publiques. Ainsi, au mois d’août 2004 à Agadir, l’humoriste amazighophone " Aslal " très populaire, a été exclu du programme d’une soirée au cours de laquelle se sont produits plusieurs de ses collègues arabophones.

Alors que de nombreuses activités culturelles et réunions pacifiques organisées par les associations amazighes sont interdites, le Maroc organise et finance régulièrement des manifestations culturelles et intellectuelles nationales et internationales afin de promouvoir la langue, la culture et le nationalisme arabes. Ainsi et par exemple, Rabat qui a été baptisée " capitale de la culture arabe ", s’apprête à accueillir en décembre prochain le " 3ème forum de la pensée arabe " et à cette occasion, le gouvernement a proposé une contribution marocaine de plus de 1000 penseurs et activités prônant l’idéologie panarabiste.

Tous ces actes de discrimination à l’encontre des Amazighs violent de manière flagrante les dispositions du Pacte international pour les droits civils et politiques.



- Droits des minorités (article 27)

Curieusement, c’est au seul chapitre de " minorité " que la problématique amazighe est évoquée dans le rapport périodique présenté par l’Etat du Maroc à la présente session du Comité des Droits de l’Homme.

Les autorités marocaines présentent les Amazighs comme une minorité sans jamais avoir publié le moindre résultat d’un recensement ayant permis de quantifier les composantes " ethniques " du Maroc. D'ailleurs cette assertion est contredite par le roi lui-même qui a déclaré lors du discours du trône en juillet 2001 que le Maroc ne connaît " ni majorité ni minorité ". En réalité les marocains sont dans leur écrasante majorité des Amazighs, peuple autochtone de l’Afrique du Nord, mais dont environ 40% ont été arabisés. La majorité reste donc encore à l’heure actuelle amazighophone. Mais le véritable enjeu n’est pas dans les chiffres. Présenter les Amazighs comme une minorité vise en réalité à minorer leurs droits. En effet, la non reconnaissance de l’autochtonie du peuple amazigh signifie le non respect des droits y afférent, notamment le droit des Amazighs à disposer d’eux-mêmes, le droit à leur terre, à leurs richesses et à leurs ressources naturelles.

Par ailleurs, en insistant longuement sur les objectifs et les prérogatives de l’Ircam, le rapport de l’Etat tend à faire admettre l’idée que toutes les revendications des Amazighs du Maroc ont trouvé leur débouché dans la création de cet organisme de recherche. Ce serait faire l’impasse sur les graves violations des droits que les Amazighs subissent au quotidien et tenter de faire oublier que l’essentiel réside dans la reconnaissance des droits civils et politiques du peuple amazigh du Maroc, qui ferait de l’individu amazigh un citoyen à part entière, jouissant pleinement de tous ses droits, dans un Etat démocratique, libre, pluriel et ouvert sur l’universel.



Partant de ces constats de déni des droits du peuple amazigh du Maroc, nous proposons au Comité pour les Droits de l’Homme d’exiger du gouvernement marocain la satisfaction des recommandations suivantes :

- La reconnaissance de la langue amazighe comme langue officielle, inscrite dans la Constitution marocaine ;

- L’enseignement obligatoire de la langue amazighe à l’échelle nationale et à tous les niveaux du système éducatif ;

- La création d’une chaîne de TV publique amazighe et l’octroi de moyens suffisants à la radio amazighe afin qu’elle puisse émettre 24h/24, sur tout le territoire national ;

- La création de structures de haut niveau pour la standardisation de la langue amazighe et la promotion de la culture amazighe ;

- L’abolition de toutes les formes d’injustices et de discriminations à l’encontre des Amazighs ;

- La restitution des terres aux paysans spoliés et leur dédommagement ;

- L’abolition de toutes les lois colonialistes portant notamment sur la spoliation des biens fonciers, forestiers et miniers des Amazighs ;

- Le respect effectif des droits et des libertés individuels et collectifs, tels qu’universellement admis.



Paris, octobre 2004













Réf. Bibliographiques

- Association Université d’Eté d’Agadir, Histoire des Amazighs, éditions Bouregreg, Rabat, 2002

- A. Boukous, Dominance et différence, Editions Le Fennec, Casablanca, 1999

- G. Camps, Les Berbères, mémoire et identité, éditions Errance, Paris, 2002

- M. Chafik, Pour un Maghreb d’abord maghrébin, Centre Ibn Zyad pour les Etudes et la Recherche, Rabat, 2000

- M. Chafik, Manifeste amazigh, Rabat, mars 2000

- S. Chaker, Berbères aujourd’hui, éditions l’Harmattan, Paris, 1998

- CNRS, Encyclopédie berbère, Aix-en-Provence

- M. Hachid, Les Berbères, aux origines de l’histoire, Edisud-Inna yas, Aix-en-Provence, Alger, 2000

- MA. Haddadou, Le guide de la culture berbère, éditions Paris-Méditerranée (Paris), Inna yas (Alger), 2000

- Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, Berti-éditions, Alger 2003

- J. Servier, Les Berbères, collection Que sais-je ?, PUF, Paris, 1994

- JF Troin, Maroc : régions, pays, territoires, éditions Maisonneuve et Larose, Paris, 2002

- P. Vermeren, Histoire du Maroc depuis l’indépendance, Editions La découverte, Paris, 2002.



Rapports et correspondances des associations amazighes :

- Tamaynut et ses sections locales notamment de Ifni, Tiznit, Masst, Anfa, Agadir…

- Azetta (Réseau Amazigh pour la Citoyenneté ) et ses sections locales

- Tamunt n Ifus (Confédération des associations amazighes du sud)

- Associations Tanukra (Nador), Ussan (Midar), Buya (Ben-Tayeb), Timuzgha (El-Hocima), Ighboula (Mrirt), Tudert (Errachidia), Amenzu (Khenifra), Akal (Agadir)

- Mouvement Culturel Amazigh (MCA) du Maroc.



Presse :

Le Monde Amazigh (Rabat), Tawiza (Nador), Tifraz (El Hocima), Agraw Amazigh (Rabat)

sites web : www.amazighworld.org ; www.mondeberbere.com ; www.kabyle.com ; www.tamazgha.fr
 
Que veulent les Berbères ?
Le mouvement amazigh est entré dans une épreuve de force avec l’Etat marocain. Déçus par l’attitude du régime, les Berbères se radicalisent. Radioscopie d’un mouvement aux idées novatrices.

Par Younès ALAMI, Omar BROUKSY et Nadia HACHIMI ALAOUI

Le Journal Hébdomadaire, du 30 octobre au 4 novembre 2004.

www.lenjournal-hebdo.com



Le mouvement amazigh a-t-il été anesthésié par le régime ? La lune de miel engagée avec le Palais depuis l’avènement de Mohammed VI est-elle consommée ? Il semblerait bien que les relations ne soient plus au beau fixe entre un mouvement, laminé par l’Etat depuis 3 ans, et le Palais . Depuis quelques semaines, la diffusion d’un texte proposant une révision du texte constitutionnel et paraphé par plusieurs centaines d’associations nationales et celles de la diaspora sonne comme la consécration d’un divorce attendu. Le régime a toujours une attitude teintée de méfiance à l’égard d’un mouvement qui a su profiter du contexte international pour se renforcer. Depuis Hassan II, l’Etat a une attitude réactive liée essentiellement à l’attitude du pouvoir algérien avec « ses Berbères » ? Les Amazighs du Maroc n’ont pu exprimer leurs revendications de manière formelle que depuis une dizaine d’années. A partir du début des années 90, le mouvement berbère gagnera en lisibilité de manière
croissante jusqu’à ce texte de révision engageant la rupture. Auparavant, le Roi Hassan II, qui se méfiait des Berbères, ne faisait des concessions que contraint et forcé…
LE PECHE ORIGINEL
« Derrière les coups d’Etat de 71 et 72, la présence des Berbères est indiscutable » . Cette phrase résume le sentiment régnant du Palais au début des années 70 vis-à-vis des Amazighs. Une appréhension reposant essentiellement sur la présence massive des Berbères dans le corps de l’armée sur l’origine ethnique des principaux mutins, et sur l’afflux massif de militants soussis au sein de l’UNFP. Cette lecture ethnocentriste, quelque peu simpliste, conduira au recentrage de la politique identitaire du Maroc qui optera pour une « vision » arabe plus prononcée entre 1972 et 1974. Ceci se traduira aussi par une « purge » dans les rangs de l’administration.
Concomitamment à cette option, le régime réagira de manière réactive aux circonvolutions berbères dans le Maghreb. Les événements de Tizi Ouzou en Algérie en 1980, qui constituent ce que les historiens qualifieront de « Printemps berbère », seront suivis d’un regain de tension entre le Maroc et l’Algérie. Le Roi Hassan II réagira immédiatement en organisant un colloque à Ifrane sur la berbérité au Maroc qui abordera pour la première fois la possibilité d’enseigner le tamazight au Maroc. Des effets d’annonce sans lendemain. L’année suivante, le poète Ali Azeykou, dit « Dda Ali », exigera dans un article « une approche démocratique de notre culture et une réécriture plus juste de l’histoire du Maroc » . Emprisonné pendant un an pour cette phrase jugée attentatoire à la sécurité de l’Etat, le premier prisonnier d’opinion berbère engagera le mouvement berbère (le Mouvement berbère doit être entendu comme l’ensemble des faits qui s’inscrivent dans une démarche tendant à la reconnaissance
par les autorités marocaines de la chose berbère) auto-cantonnés jusque-là dans une diffusion de la culture, vers un engagement politique plus clair. La berbérité entrera alors en dissidence et les partis du mouvement national profiteront de la situation pour régler de vieux conflits.

LE MOUVEMENT ENTRE EN HIBERNATION
Au Palais, Abdelwahab Ben Mansour soutiendra cette croisade avec la complicité sécuritaire d’un Dlimi qui fera preuve d’un zèle soutenu. Les arrestations se succèdent. Jusqu’en 1988, le mouvement entrera dans une hibernation contrôlée et certaines de ses figures sont volontairement marginalisés. Le chercheur Mohamed Chafiq, l’une des figures de proue du mouvement sera limogée au Collège royal, où il prenait en charge l’éducation du futur Roi du Maroc et de ses principaux conseillers. Pendant cette période, même la production intellectuelle, base de repli du mouvement, sera extrêmement limitée si l’on excepte le dictionnaire arabe-berbère de Chafiq ou la pièce de théâtre « Oussen Samidden » ( les jours froids) de Safi Moumen. L’Etat marocain est alors au faîte de sa puissance. Le panarabisme baathien, qui trouve une écoute confortable au sein de l’USFP et l’Istiqlal, place au firmament « l’arabité unificatrice des Marocains » . Les mouvances populaires ( voir encadré) continuent
d’être des conglomérats de notables qui n’assument pas la revendication amazighe. Ces corporations chargées de fabriquer des élites politiques ne seront d’aucun soutien pour le mouvement.

L’INFLUENCE DU CONTEXTE INTERNATIONAL
Il faudra encore une fois attendre des événements internationaux pour que le mouvement amazigh retrouve un second souffle. Plus précisément la troisième vague de démocratisation en Europe de l’Est. Les revendications, les reconnaissances des diversitées culturelles en Hongrie, Tchécoslovaquie et bientôt en URSS trouveront un écho considérable dans le Maghreb. Le régime est obligée de lâcher du lest et le mouvement associatif culturel amazigh connaîtra alors un essor considérable. Un développement fulgurant couronné en 1991 par la charte d’Agadir. Six associations de la mouvance rendront public ce texte qui réclame la reconnaissance des langue et culture amazighes. Le train est lancé et le cahier revendicatif ira crescendo. Deux ans plus tard, en 1993, des associations amazighes rendent public un mémorandum à travers lequel elles soulignent « la politique d’assimilation forcée pratiquée à l’égard des Imazighen ainsi que leurs identité, culture et langue ». C’était à l’occasion de la
Conférence Internationale sur les Droits de l’Homme tenue à Genève. Mais le point d’inclinaison dans la radicalité aura sans conteste pour cadre la ville de Goulmima en 1994. Sept militants de l’association Tilelli (Liberté) sont arrêtés. Ils défilaient le 1er mai avec des banderoles écrites en tifinagh (écriture berbère) et demandaient l’enseignement de tamazight (langue berbère). Cet acte va être considéré par les autorités comme une atteinte aux valeurs de l’Etat ainsi qu’à l’ordre public. Ils devaient en effet répondre des chefs d’inculpation suivants : « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat », « incitation au dépassement des institutions » et « atteinte à la Constitution ». Le 9 mai 1994, ils sont présenté devant la Cour d’Errachidia. Le collectif de 74 avocats qui s’est spontanément formé demande leur libération sous caution. La demande est refusée, le procès est reporté au 17 mai 1994. Les sept détenus entament avec succès une grève de la faim afin que leur soit
accordée le statut de prisonniers politiques. Durant l’instance, les détenus refusent catégoriquement de s’exprimer en arabe. Le verdict, prononcé le 27 mai, est lourd. Il suscite une grande mobilisation à travers le Maroc, mais aussi en France et en Kabylie. Les associations rassemblées autour d’une structure de coordination appelée Conseil national de coordination (CNC) feront pression sur le régime qui les libérera le 3 juillet (amnistiés par la grève royale). Le journal "Al ittihad al Ichtiraki", hostile à la berbérité fendra alors, d’un éditorial accusateur assimilant ces événements à la manifestation de Tan-Tan en 1971 qui accouchera du Polisario.

PREMIERES CONCESSIONS DE HASSAN II
Le Roi se veut plus conciliant et, lors du discours du 20 août de la même année ( commémorant la révolution du Roi et du peuple), il annoncera que la berbérité fait partie intégrante de notre culture, mais ajoutera que ce qui rassemble les Marocains, c’est « loughatou dad » ( l’arabe). Il confirmait de manière formelle le rapport hiérarchique entre les deux langues. L’année suivante, la TVM diffusera les premiers journaux télévisés en amazigh, mais pour les militants, ces signes annonciateurs d’espoir ne seront que des effets de manche du Pouvoir. Il faut dire que le contexte algérien y était pour beaucoup. En France, le mouvement kabyle lobbyait ardemment pour obliger le pouvoir algérien à accéder à ses demandes et rencontrait beaucoup de sympathies dans les médias et groupes de pression. Hassan II, qui avait un œil rivé sur les Amazighs du Maroc, l’autre rivé sur les circonvolutions des Kabyles en Algérie cherchait comme à son habitude à gagner du temps. Et ce, d’autant plus que
le mouvement devient structurellement transnational. Le Premier congrès mondial amazigh tenu en octobre 95 en France( dans la petite localité de Saint Rome de Dolan) connaîtra la représentation de délégués marocains, lybiens, algériens, nigériens). Un congrès dont la sémantique fait peur aux partis marocains pétris de panarabisme. L’utilisation des mots, « congrès », « diaspora » résonne négativement dans des imaginaires traumatisés par le congrès de Bâle (initié par Hertzl, fondateur du sionisme). Le journaliste Ahmed Bahi (d’origine mauritanienne, il choisira d’être marocain. Il fut même pressenti pour être président de la RASD) couvrira ce congrès de manière remarquable dans un numéro « d’al Ittihad al Ichtiraki ». L’article suivant sera censuré par les dirigeants du journal qui craignent de participer à la diffusion d’un mouvement aux velléités séparatistes.

LES CONNEXIONS AVEC LE PALAIS
Un mouvement qui rayonne dans le milieu associatif, mais qui tarde à trouver un interlocuteur dans l’Etat pour « vulgariser »ses idées et rassurer le régime. C’est un jeune chercheur proche du prince héritier Sidi Mohammed qui leur tendra la perche. Hassan Aourid a fait ses études au Collège royal avec le futur Roi du Maroc. Dans son bureau, il rassemble trois militants reconnus du mouvement : Dgherni, Oussaden et Brahim Akhiyat. Nous sommes alors en 1996 et le Maroc est sur le point d’engager une réforme constitutionnelle. Ils décident d’envoyer une lettre au Cabinet royal demandant la reconnaissance institutionnelle de la langue amazighe. Le résultat sera décevant : l’Amazigh sera reconnu comme une langue nationale mais la primauté de l’arabe sera maintenue. Ce sera la seule concession de Hassan II à un mouvement qu’il n’appréciait guère. L’arrivée quasi concomitante de Bouteflika et du Roi Mohammed VI est annonciatrice d’espoir pour le mouvement. Au lendemain de l’intronisation du
jeune Roi, H. Aourid est nommé porte parole du Palais. Il pourra être la jonction du mouvement avec le Palais. Chargé du dossier amazigh, il planche avec son professeur Mohamed Chafiq sur le moyen adéquat de répondre aux revendications amazighes. Mais le Pouvoir tergiverse trop longuement pour les militants. Au mois de mars 2000, Aourid reçoit un coup de fil d’un vieux militant du mouvement, Mohamed Dghrani. Il souhaite le voir le plus tôt possible. Il lui remettra un document sous le sceau du secret qui surprendra le Palais : le manifeste amazigh. C’est un document explosif axé sur trois points : une revendication linguistique et culturelle, une justice sociale plus accrue, et une représentation des berbères plus équitable au sein de l’Etat. Et enfin le dernier point qui fâche, la séparation de la religion et de l’Etat, une laîcité qui ne veut pas dire son nom. Aourid fait part au Roi de ce « manifeste » secret et rencontre le lendemain son ancien professeur Mohamed Chafiq. Ce
dernier est l’initiateur du document et cherche à savoir si le porte-parole du Roi en a pris connaissance. Il répond par l’affirmative. Mohammed VI est déçu. Dans une logique de normalisation des rapports avec le mouvement, il ne comprend pas l’attitude d’un mouvement qui joue la carte de l’épreuve de force avec lui. S’engage alors un premier bras de fer entre la monarchie et le mouvement. Le Roi veut au plus vite régler la situation et mande Aourid, Meziane Belfqih et son directeur de cabinet Rochdi Chraîbi pour écouter des personnalités représentatives de la mouvance. La présence de ce dernier est significative : très méfiant vis-à-vis du mouvement amazigh, il n’est pas un gage d’ouverture dans cette négociation. Chafiq ouvre les débats, répertoriant les conditions précaires dans lesquel se débat la culture amazighe. La réponse des envoyés du Roi est simple : Mohammed VI n’est pas comptable des agissements passés. Hamid Azzemouri, représentant le mouvement amazigh, listera tribu
par tribu les conséquences néfastes de la politique de l’Etat. Tout cela sera écouté avec une certaine bienveillance. Mais c’est sur la question du statut de la langue que les divergences seront les plus profondes, Rochdi Chraîbi qualifiant l’amazigh de « dialecte ».

AOURID EVINCE
De retour au palais, le Roi écoute une seule personne, Rochdi Chraïbi, et met de côté Hassan Aourid. Chargé du dossier amazigh depuis l’intronisation, sa mise à l’écart révèle une crispation entre le Palais et le mouvement. On le suspecte de connivence avec Chafiq... respecté pour son érudition par les militants qui n’hésitent pourtant pas à le qualifier de makhzénien. C’est l’actualité internationale qui se chargera d’accélérer le train des réformes. En avril 2001, un jeune militant kabyle, Massinissa Guermah, est assassiné par les forces de l’ordre algériennes. Les manifestations monstres qui s’en suivront tombent très mal. Le mouvement amazigh marocain doit tenir un congrès à Bouznika au mois de juin. Le Pouvoir décide de l’interdire. Les manifestations du 1er mai ont rendu lisibles les griefs du mouvement. Midaoui, à l’époque ministre de l’Intérieur, est avec les membres du gouvernement à Agadir. La sortie des Amazighs s’annonce comme une épreuve de force. Dans les cartons des
congressistes, un projet de parti politique, une mouture pour une association à caractère politique et enfin un comité chargé de recevoir les recommandations des congressistes. Les militants devront trancher entre ces trois projets. Le ministre de l’Intérieur est prêt à utiliser la force. Il faudra de longues négociations avec certains membres de l’entourage royal pour que l’option virile soit rejeté. Midaoui envoie le gouverneur Ouassou chez Mohamed Chafiq pour entamer des pourparlers. A Bouznika, les militants qui affluent de toutes les régions du Maroc sont renvoyés à leurs pénates. Les forces de l’ordre simulent un accident de la circulation sur l’autoroute pour bloquer les voies. Les militants qui arrivent à passer entre les mailles du filet sont désmparés. Mohamed Chafiq les convie alors dans sa maison pour contrer les forces de l’ordre. Ce qui apparaîtra alors comme un repli stratégique est en fait un geste parfaitement calculé .Le matin même, Midaoui, Aourid et Rochdi
Chraïbi s’étaient réunis dans la villa de Mohamed Chafiq et avaient dessinés les contours de l’évolution du mouvement et en filigrane la création de l’Institut amazigh. Une carotte pour faire taire des militants qui pensaient que les rapports de force étaient en leur faveur. Toutes les tentatives ultérieures pour sortir des cartons un projet de parti politique s’avéreront vaines. Il faudra attendre l’année 2004 pour qu’une association à caractère politique soit fondée (elle attend d’ailleurs encore son récépissé. En juillet 2001, le Roi annoncera en grande pompe la création de l’Institut amazigh. La grande majorité des architectes du manifeste amazigh en fera partie. Paralysé par la bureaucratie et par l’indifférence du gouvernement, l’IRCAM cristallise à lui seul les frustrations des militants.

UNE RADICALISATION ATTENDUE
Une certaine grogne règne même parmi certains membres de l’IRCAM. C’est dans ce contexte d’immobilisme que six militants ont décidé de franchir un cap. Mohamed Aterguine, Mohamed Arrehal, Benasser Hammou Azday, Ahmed Arehmouch, Rachid Raha et le vétéran Ahmed Dgharni planchent sur une « charte des revendications amazighes à propos de la révision du texte constitutionnel » dés la fin de l’année 2003. La synthése de leur travail va trancher avec l’atonie du champ politique marocain. Ils demandent ni plus ni moins la constitutionnalisation de l’amazighité et du principe de laïcité, la consécration de l’égalité linguistique, des coutumes amazighes et la suprématie du traité international par rapport à la loi nationale et la régionalisation par une transition de l’Etat marocain « unitaire et centralisé » vers un Etat des régions. Les constituants d’un Etat moderne qu’ils ont décidé de porter sur la place publique au mois de juin dernier.
Quelques semaines auparavant, dans une intervention à l’occasion de la deuxième session du conseil d’administration de l’Union des Ecrivains du Maroc (UEM), le 10 avril 2004 à Béni Mellal, Hassan Aourid affirmera que l'impératif de l'unité exige que le pays soit doté d'une seule langue, l'arabe, et ce dans un cadre général défini par la loi suprême du pays. Une déclaration qui sonnera comme un divorce entre une mouvance qui se radicalise et un Palais qui pensait taire la contestation par la cooptation. L’échec de l’IRCAM est le reflet de la faillite de cette stratégie. Les refuzniks, quant à eux, avec ce projet de révision constitutionnelle, ont entamé une lutte dont un certain nombre de revendications peuvent être entendues par le régime, notamment la constitutionnalisation de la région. Il restera cependant un point qui paraît difficile à résoudre, même à long terme : la question de la laïcité. Sans l’appui d’autres mouvements dans la société marocaine, elle restera une
revendication ethnique sans lendemain.
 
IRCAM, un projet mort-né ?
A l’intérieur ou à l’extérieur de l’institut, les critiques sont quasi-unanimes.
Que se passe-t-il au sein de l’Institut royal pour la culture amazighe (IRCAM), cette sorte d’académie dont la dimension politique ne peut être occultée ? Trois ans après sa mise en place par le Roi Mohammed VI, l’IRCAM est aujourd’hui une structure contestée, aussi bien par ceux qui l’avaient toujours critiquée que par certains de ses membres actifs.
Un cadeau pour calmer la fronde
L’installation de cet Institut est intervenue au lendemain de l’interdiction par les autorités marocaines du deuxième congrès du mouvement amazigh à Bouznika, ce qui avait abouti au morcellement de ce dernier. L’IRCAM était alors considéré par les contestataires comme le résultat d’une stratégie de cooptation, menée essentiellement par Hassan Aourid et Mohamed Chafik. Objectif : dépolitiser le mouvement amazigh et l’« expurger » de ses composantes les plus contestataires. Le principal reproche fait à l’IRCAM est qu’il s’agit d’une institution consultative, et que le processus de décision se situe au niveau du Palais.
Le choix du tifinagh
Après avoir « proposé » le tifinagh (accepté par le Roi) et mis en place dans les manuels scolaires pour l’enseignement de la langue berbère, l’IRCAM fait face aujourd’hui à une crise que même certains de ses membres n’osent plus renier. « La majorité des membres sont atterrés par le comportement du gouvernement à l’égard de l’IRCAM. Nous avons mis en place un guide pédagogique. Les responsables du ministère de l’Education nous ont promis qu’il sera distribué gratuitement. Aujourd’hui, il n’a même pas encore été imprimé », affirme un membre de l’Institut royal. Pour Mohamed Assid, également membre de l’IRCAM, « l’USFP et l’Istiqlal sont les formations les plus fortes au sein du gouvernement. Force est de constater qu’à l’instar de tout le gouvernement, ces deux partis n’ont jamais pris au sérieux notre travail ». « Et ce en dépit de l’intérêt que lui porte le Roi », conclut M. Assid.
 
toufitri a écrit :


VU PAR UN JOURNALISTE ISRAÉLIEN

Arafat l’irréductible

« Le président Arafat restera à jamais un symbole d’héroïsme pour tous les peuples du monde qui luttent pour la justice et la liberté », écrit Nelson Mandela dans la préface de la biographie Arafat, l’irréductible que publie Amnon Kapeliouk, collaborateur du Monde diplomatique (1). L’hommage s’adresse sans doute à celui que la communauté internationale – à l’exception d’Israël et des Etats-Unis – reconnaît comme étant le dirigeant légitime du peuple palestinien, sans tenir compte de l’image négative de l’homme que projette depuis des décennies la droite annexionniste en Israël. D’autres dirigeants qui l’estimaient tout autant que Mandela – entre autres Indira Gandhi, Bruno Kreisky, Olof Palme, Fidel Castro, Léopold Sedar Senghor, Houari Boumediene – savaient à quoi s’en tenir des campagnes de diabolisation que lancent des puissances coloniales pour récuser toute négociation avec des mouvements de libération nationale.
« Ni diable ni ange » aurait pu servir de sous-titre au livre d’Amnon Kapeliouk. L’auteur fait état, sans insister, des fautes commises par Arafat tout au long de sa carrière – ses illusions de jeune révolutionnaire, ses erreurs de jugement, ses comportements empreints d’arrogance à l’égard des régimes arabes, qu’il méprise. Sans réduire les mérites de la biographie – l’une des meilleures parues à ce jour –, on pourrait reprocher à Kapeliouk d’avoir parfois ménagé le président de l’Autorité palestinienne ; de n’avoir pas fait état des conséquences néfastes du pouvoir personnel qu’il exerce ou du clientélisme qu’il entretient ; de la corruption dont il est accusé, à tort ou à raison ; de son incapacité de « communiquer » avec l’opinion, la sienne et celle d’Israël.
Amnon Kapeliouk attache davantage d’importance aux qualités du leader palestinien, en particulier son pragmatisme, qui l’a conduit à abandonner son rêve de « libérer toute la Palestine », à lancer son projet de deux Etats en Palestine, de consentir nombre de concessions sans contrepartie pour arracher à Israël une « paix des braves ». En 1973, il ne pose aucune condition à sa participation à la conférence de la paix qui se tient à Genève, mais Israël, les Etats-Unis et la Jordanie opposent leur veto. En 1976, il inaugure – grâce à Pierre Mendès France et au communiste Henri Curiel – les premiers contacts secrets entre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et des personnalités israéliennes de toutes tendances, y compris du Likoud, dont la nouvelle édition du livre de Charles Enderlin offre l’histoire la plus détaillée (2).
Déjà, Arafat plaide en faveur d’un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza. En 1988, sous son impulsion, l’OLP reconnaît le droit d’Israël à l’existence en se ralliant à la résolution 242 du Conseil de sécurité, alors que celle-ci ne mentionne pas l’existence du peuple palestinien, ni à fortiori ses droits. En 1993, il souscrit à l’accord d’Oslo, que nombre de responsables et d’intellectuels palestiniens considèrent comme une sorte de trahison. Entre autres, le document ne reconnaît pas le droit des Palestiniens à un Etat souverain et ne prévoit pas le gel de la colonisation. Conscient de ces lacunes, mais aussi du rapport de forces favorable à Israël, Arafat avait choisi de s’en remettre à la « dynamique de la paix ».
Kapeliouk explique bien pourquoi « l’irréductible » ne cédera pas sur l’essentiel des aspirations de son peuple : un Etat souverain sur la quasi-totalité de la Cisjordanie et de Gaza, dont la capitale se situerait à Jérusalem ; la reconnaissance, pour le principe, du droit au retour des réfugiés, quitte à s’entendre sur l’étalement d’un nombre limité de rapatriés qui n’accroîtrait pas la proportion des Palestiniens citoyens de l’Etat juif. Le « pacte de Genève » conclu par des personnalités proches de M. Yasser Arafat confirme l’opinion répandue dans les chancelleries que le leader palestinien est le seul qui ait suffisamment d’autorité pour faire adopter par son peuple un compromis acceptable au « camp de la paix » israélien.
ERIC ROULEAU.
 
Entretien : Moha Ouhassain« On ne peut compter que sur nous-même »
La réforme constitutionnelle est-elle une urgence pour le mouvement amazigh ?La réforme constitutionnelle n’est pas seulement une urgence, mais plutôt une nécessité, toutes les revendications amazighes n’ont de sens que si l’amazighité est constitutionnalisée et officialisée. Comment demander à l’exécutif de faire quelque choses alors que la Constitution stipule autre chose ? Bouznika 2 ( NDLR, une rencontre du mouvement interdite par l’Etat en 2001) signe-t-elle la fin du mouvement amazigh ?Cet événement a été bénéfique pour le mouvement car il a permis aux militants de trier et de faire un choix entre deux tendances qui se sont matérialisées lors de cette phase, les pro-makhzaniens, en quête d’une place dans le cercle des protégés, et les militants purs et durs. Cette épreuve a permis aussi de bien connaître les parachutés dans le mouvement et les chasseurs de postes. Plusieurs « militants » qui s’opposaient catégoriquement au manifeste amazigh constituent la majorité des recrues de " l’Institut Royal pour la Culture Amazighe ", seul résultat palpable offert par l’Etat en réponse à ce texte. Quels sont les appuis possibles du mouvement pour faire triompher ses revendications ?Un proverbe amazigh disait : « Ur da ikmes i umejjoud xes askar ness » (rien ne peut aider le chauve à gratter que ses propres ongles). Déjà, le mouvement ne peut compter que sur le travail de ses militants au sein de la société civile. Le seul appui du mouvement réside dans sa capacité de mobilisation et de négociation pour amener l’Etat à satisfaire ses revendications. Par ailleurs, le mouvement doit continuer à travailler sur la scène internationale via le Congrès Mondial Amazigh et les associations dans les instances de la communauté internationale pour mettre la pression sur l’Etat marocain afin qu’il réponde aux exigences du mouvement.Réformer la constitution, acte 3
La constitutionnalisation de la langue amazighe, la consécration du principe de laïcité, la consécration des coutumes amazighes, l’évolution du « Maroc centralisé » vers un « Maroc des régions », la constitutionnalisation de la région … Telles sont les principales revendications du mouvement amazigh qui a refusé de s’intégrer aux structures mises en place par la monarchie. Pour les responsables de cette mouvance, il s’agit au préalable de constitutionnaliser la culture amazighe de faire en sorte, comme le précise le document revendicatif, que le texte constitutionnel soit enrichi « par une référence solennelle aux droits de l’Homme en reconnaissant les droits des peuples aux côtés des droits des individus ». L’article 19 encore et toujoursDes questions institutionnelles et politiques, notamment tout ce qui a trait à la question de séparation des pouvoirs, il n’en est rien. De ce fait, ils s’écartent de la typologie revendicative des mouvements d’extrême gauche et du courant Ramid au sein du PJD. Pour ceux-ci, un aménagement de fond des rapports institutionnels, de manière à ce que le Roi règne mais ne gouverne point, est le moyen le plus adéquat pour la démocratisation du régime politique. L’article 19 est perçu comme l’instrument juridique qui légitime une forte concentration des pouvoirs entre les mains du Roi. Mais pour les militants amazighs, il est surtout évalué sous une optique culturelle conditionnée par la diversité. « L’article 19 vide les notions de ‘’représentation’’, de ‘’Oumma ou nation’’ … de toute leur essence moderniste, et les présente sous une forme unanimiste qui exclut l’amazighité… », peut-on lire dans le document précité. Par ailleurs, celui-ci met l’accent sur le principe de laïcité et le considère comme un élément clé du projet berbère. « La laïcité est profondément liée à la culture amazighe. Ce n’est pas un concept importé d’Europe. Dans la tribu berbère, la séparation tranchée entre l’Amghar (l’autorité politique) et le fqih (l’autorité religieuse) est fortement enracinée dans le comportement sociopolitique amazigh », souligne un universitaire, militant du mouvement. Enfin, la régionalisation est un projet « berbère » dont la constitutionnalisation est également revendiquée par la mouvance amazihge. Et à ce niveau aussi, la régionalisation a une dimension culturelle et non territoriale, comme le souligne l’actuelle charte fondamentale. En somme, les militants amazighs préfèrent procéder par étapes : le culturel d’abord, le politique suivra.
 
Réformer la constitution, acte 3
La constitutionnalisation de la langue amazighe, la consécration du principe de laïcité, la consécration des coutumes amazighes, l’évolution du « Maroc centralisé » vers un « Maroc des régions », la constitutionnalisation de la région … Telles sont les principales revendications du mouvement amazigh qui a refusé de s’intégrer aux structures mises en place par la monarchie. Pour les responsables de cette mouvance, il s’agit au préalable de constitutionnaliser la culture amazighe de faire en sorte, comme le précise le document revendicatif, que le texte constitutionnel soit enrichi « par une référence solennelle aux droits de l’Homme en reconnaissant les droits des peuples aux côtés des droits des individus ». L’article 19 encore et toujoursDes questions institutionnelles et politiques, notamment tout ce qui a trait à la question de séparation des pouvoirs, il n’en est rien. De ce fait, ils s’écartent de la typologie revendicative des mouvements d’extrême gauche et du courant Ramid au sein du PJD. Pour ceux-ci, un aménagement de fond des rapports institutionnels, de manière à ce que le Roi règne mais ne gouverne point, est le moyen le plus adéquat pour la démocratisation du régime politique. L’article 19 est perçu comme l’instrument juridique qui légitime une forte concentration des pouvoirs entre les mains du Roi. Mais pour les militants amazighs, il est surtout évalué sous une optique culturelle conditionnée par la diversité. « L’article 19 vide les notions de ‘’représentation’’, de ‘’Oumma ou nation’’ … de toute leur essence moderniste, et les présente sous une forme unanimiste qui exclut l’amazighité… », peut-on lire dans le document précité. Par ailleurs, celui-ci met l’accent sur le principe de laïcité et le considère comme un élément clé du projet berbère. « La laïcité est profondément liée à la culture amazighe. Ce n’est pas un concept importé d’Europe. Dans la tribu berbère, la séparation tranchée entre l’Amghar (l’autorité politique) et le fqih (l’autorité religieuse) est fortement enracinée dans le comportement sociopolitique amazigh », souligne un universitaire, militant du mouvement. Enfin, la régionalisation est un projet « berbère » dont la constitutionnalisation est également revendiquée par la mouvance amazihge. Et à ce niveau aussi, la régionalisation a une dimension culturelle et non territoriale, comme le souligne l’actuelle charte fondamentale. En somme, les militants amazighs préfèrent procéder par étapes : le culturel d’abord, le politique suivra.
 
CHARTE DES REVENDICATIONS AMAZIGHES
A PROPOS
DE LA REVISION DU TEXTE CONSTITUTIONNEL.


Conscients de l’importance d’une protection constitutionnelle de la langue et de la culture amazighes,
Convaincus que l’équation constitutionnelle constitue un passage nécessaire pour la réconciliation du Maroc avec son amazighité,
Partant de la notion de démocratie dans sa dimension juridique, elle-même garantie par les pactes et conventions internationales,
Nous inspirant des expériences constitutionnelles qui ont accompagné les processus de changement politique, et qui ont joué un rôle institutionnel décisif dans les transitions démocratiques,
Prenant en compte le climat général régnant sur-le-champ politique marocain, et qui se caractérise par un foisonnement de projets et propositions ayant trait au changement politique,
Constatant que « la dynamique amazighe » ne cesse de participer à la consolidation de la conscience moderniste de la société civile au Maroc,
Vu que l’amazighité constitue un des chantiers clefs du projet démocratique moderniste, impliquant le principe d’une égalité de tous en droit, et un fondement incontournable de la citoyenneté totale et complète,
Et en raison de l’échec des tentatives de faire valoir les revendications amazighes par le truchement des canaux partisans, syndicaux, et autres ONG des droits de l’homme,

Nous, militants de la cause amazighe, avons jugé utile de rédiger et rendre publique « Une charte des revendications amazighes en vue d’une révision du texte constitutionnel ».
Le mouvement amazighe, dés sa naissance, a fait de la question de la « constitutionnalisation de l’amazighité » l’une de ses priorités pour la réconciliation du Maroc avec son identité, sa culture, et sa langue amazighe. De même qu’il en a fait un leitmotiv de contestation contre la marginalisation de cette question par les dispositions de la Loi suprême de la Nation ; et par la même occasion, un leitmotiv de contestation contre les autres composantes du champ politique officiel qui avaient préféré, elles, passer sous silence le thème de l’amazighité des pactes tacites ou explicites avec le pouvoir, et des contenus de leurs revendications constitutionnalistes et politiques. L’échec des partis politiques à remplir leur fonction de canaux de médiation afin d’exprimer les revendications constitutionnalistes du mouvement amazighe, a été à l’origine du mémoire constitutionnel présenté au Roi défunt en 1996, et dans lequel ce mouvement a déployé ses points de vue concernant ce qui devait être révisé, ainsi que les propositions susceptibles de combler les silences du texte constitutionnel ayant trait à l’identité et à la langue amazighes.
La réduction de la crise constitutionnelle à une simple révision du texte de 1996 dans le sens d’une institutionnalisation du bicaméralisme au lieu et place du monocaméralisme, a été l’expression évidente de l’échec du constituant à réaliser la réconciliation du Maroc avec son amazighité ; et ce , à un moment où le régime était à la recherche d’une formule d’ouverture politique susceptible de faciliter l’intégration de l’opposition parlementaire à l’exercice du pouvoir gouvernemental qu’on voulait d’alternance, mais en oeuvrant dans le sens de dépasser les désaccords sur le texte constitutionnel à réviser, tout en s’activant pour préparer l’opération de dévolution du pouvoir royal !
Le changement intervenu au sommet de l’Etat par la dévolution du pouvoir suprême à un nouveau Roi, ayant été interprété à travers une logique de continuité certes, mais aussi sur la base d’une hypothèse de coupure qui suppose la fin d’une certaine ère politique avec toute sa panoplie de règles et de mécanismes de fonctionnement de la gouvernance. Aussi, un manifeste, mettant l’accent sur la nécessité d’une reconnaissance officielle de l’amazighité du Maroc, a-t-il réitéré la revendication d’une constitutionnalisation de l’Amazighité ainsi que son inscription dans le registre des projets de réformes visant à la modernisation de l’Etat et de la société.
Seulement la réponse de l’institution monarchique aux revendications amazighes, malgré un changement significatif du lexique utilisé, notamment dans le discours d’Ajdir, a préféré rester en retrait par rapport à l’aspiration institutionnelle et à ses garanties constitutionnelles, ce qui a débouché tout naturellement sur la création de « L’Institut Royal de la Culture Amazigh (IRCAM) ». L’initiative a consacré, tout aussi naturellement, la « déception » des Amazighes dans une phase politique pourtant marquée par le slogan de « la réconciliation politique » encadrée, idéologiquement au moins, par une redondance des notions de démocratie et de modernité.
Il est remarquable, en outre, que le retour sur la scène politique de l’argumentaire constitutionnel comme préalable à la démocratisation se fait uniquement à travers du paradigme de « la séparation des pouvoirs » c’est-à-dire à travers la recherche d’une architecture constitutionnelle supposée garantir une transition vers une parlementarisation du régime politique marocain ; démarche qui évacue, il faut bien le reconnaître, le paradigme des « droits et libertés », celui-là même qui fonde l’ensemble de la perception, par le mouvement amazighe, du texte constitutionnel et de l’opération visant la constitutionnalisation des droits culturels et linguistiques. De même que la réduction de l’idée des droits de l’homme exclusivement aux seuls individus, et non aux peuples, exprime une volonté manifeste d’ignorer ce qui sert de fondement philosophique à toutes les formes des législations conventionnelles internationales, à toutes les déclarations universelles des droits de l’homme, et à l’esprit même du préambule de la constitution marocaine qui y fait explicitement référence !
L’action du mouvement amazighe dans cette « bataille constitutionnelle » durant toute une décennie, en empruntant les canaux du dialogue et des colloques, en usant de la pratique des mémoires, en utilisant toutes les formes de concertation aux côtés des forces politiques aspirant à la transition par le truchement d’une constitution démocratique matériellement et formellement, n’a pas réussi à amener les élites partisanes, syndicales, et de la société civile, à faire sienne la revendication « de la constitutionnalisation officielle de la langue amazighe », ni à l’inscrire parmi ses revendications constitutionnalistes et ses projets demandant la révision de l’actuelle constitution. Il va de soi, donc, que le mouvement amazighe est désormais sommé d’observer un moment de réflexion sur lui-même, et d’interroger la nature de son action militante au niveau de la revendication constitutionnaliste, ainsi que toutes les questions qui s’y rattachent comme la méthodologie des initiatives revendicatives, la nature des alliances possibles du mouvement amazighe, et des mécanismes d’action et de fonctionnement de ses structures.
Le plafond des revendications du mouvement amazighe ne dépasse pas le seuil d’une révision de la constitution actuelle dans le sens d’une amazighisation de ses règles et de ses dispositions. Il s’agit d’une limite qui prend en considération les rapports de force existants, la nature revendicative des autres acteurs politiques et civils, ainsi que la situation « subjective » du mouvement amazighe en tant que force de contestation et de proposition civile. Seulement, la révision revendiquée tient à remettre en question « l’idée de droit » dominante, aussi bien politique que constitutionnelle, qui continue à évacuer la citoyenneté culturelle, l’identité, l’universalisme, et la laïcité de l’espace constitutionnel.
Le texte constitutionnel ayant déjà tranché la question de l’initiative de la révision au profit du seul couple : Roi/ Parlement, le mouvement amazighe est sommé de dépasser ce blocage des canaux formels en en agissant donc sur les autres acteurs de la vie politique et civile, en imaginant un système de communication totalement indépendant des institutions constitutionnelles qui ignorent ses revendications, et de faire preuve d’effort créatif pour sortir de son isolement institutionnel, le but final étant de gagner les détenteurs du pouvoir constituant de révision à leur cause.
Il est vrai que la pratique a démontré la difficulté pour les détenteurs du pouvoir constituant dérivé, ou institué, de « se représenter » les revendications des Amazighes, mais cela ne doit pas occulter un fait tout aussi indéniable, celui de l’influence qu’avait exercé le mémoire constitutionnel que le mouvement avait, par le passé, présenté au Roi défunt. Pour la première fois dans l’histoire du pays, « la question constitutionnelle » a été posée en dehors du « consensus historique » qui se limitait au couple : institution monarchique et les partis du Mouvement National ; et a intégré l’acteur amazighe dans le processus des réformes constitutionnelles.
D’un autre côté, la pratique du boycott des élections législatives par les acteurs du mouvement amazighe, a été l’expression de sa réaction négative à l’égard d’institutions qui avaient toujours édulcoré l’amazighité de leurs préoccupations et de leur agenda, ce qui est l’expression manifeste de la crise profonde que connaît le principe de la représentation politique des Amazighes.
C’est dire que notre appel à une révision constitutionnelle, dépasse la simple revendication d’un « ré ornement » juridique découlant d’un émerveillement quelconque par l’idée de juridisation, et considère le document constitutionnel comme un espace où se traduit institutionnellement la volonté des acteurs politiques, ainsi que leur capacité à exprimer juridiquement les valeurs de modernité, de rationalité, et de tolérance. Le tout inscrit dans un texte qui exprime le respect de la légitimité nationale et internationale.
Nous ne considérons pas le document constitutionnel comme un simple espace d’agencement des pouvoirs ; ou comme un texte garantissant l’équation des équilibres institutionnels conformément au principe de la séparation des pouvoirs, mais plutôt comme la Loi Suprême traduisant le principe de la citoyenneté dans ses dimensions politiques, civiles, culturelles, et linguistiques. Un texte ouvert sur le droit international conventionnel, garantissant les droits de l’homme et des peuples, et intégrant en même temps la dimension de « l’individu ».
Notre référentiel en matière de constitutionnalisme est la vague des constitutions qui sont venues encadrer les phases de transitions démocratiques de par le monde, et ont concilié entre les trois dimensions fondamentales de toute vie politique, à savoir la citoyenneté, l’autorité, et l’organisation. Or, cette même équation a été ignorée par le texte constitutionnel marocain qui est resté prisonnier de la conception constitutionnaliste française, notamment dans son aspect présidentialiste, en lui adjoignant le principe de l’hérédité ; et ce par la grâce de certains constitutionnalistes français ! De ce fait, notre texte s’est éloigné des modèles du « constitutionnalisme juridique » devenu en vogue à la suite de l’effondrement des dictatures méditerranéennes, et en pleine efflorescence du printemps africain. Grâce à ce principe, en effet, les peuples d’Afrique ont fait de leur constitution un espace pour la réconciliation nationale et pour la reconnaissance du pluralisme culturel et linguistique.
Nous abandonnons la notion classique de constitution, et nous embrassons celle qui fait du texte suprême « un Bill des droits et libertés », celle qui considère la démocratie comme la conséquence de celui-ci. Mais nous tenons, en même temps, à soutenir tout projet constitutionnel qui vise à garantir l’institutionnalisation et la rationalisation de l’action politique ; qui fait du formalisme juridique le fondement du jeu politique .
Dans notre conception, le texte constitutionnel est une « charte nationale des droits », qui s’abreuve de la déclaration Universelle des Droits de l’Homme, des deux Pactes Internationaux, et de la troisième génération des droits ; celle-là même qui exprime la fin de l’attachement à la spécificité, et notre engagement envers la notion de citoyenneté universelle. Ceci signifie que tout processus de démocratisation du régime politique passera non seulement à travers des révisions constitutionnelles qui toucheraient les mécanismes juridiques régissant les trois pouvoirs, mais passera surtout par un élargissement de la place constitutionnelle dévolue aux droits et libertés, et par l’engagement de l’Etat à respecter ceux-ci et à leur donner la priorité dans ses programmes d’action, quel que soit le gouvernement en place eu égard à sa nature ou à sa forme.
Notre action se fonde sur l’idée d’Auto Représentation comme mécanisme de fonctionnement permettant aux Amazighes de se constituer en force de revendication constitutionnaliste, et de ne plus compter, comme par le passé, sur les protagonistes traditionnels du jeu politique en les chargeant de transmettre nos revendications au sommet de l’Etat. L’Auto Représentation se fonde sur l’appropriation par l’acteur de ses propres revendications au lieu de les confier à d’autres. Il s’agit d’une démarche qui a été payante pour le mouvement féminin marocain et pour les mouvements des droits de l’homme. Il s’agit de dépasser les canaux partisans, présentés traditionnellement comme un passage obligé. Le mouvement Amazighe est, depuis longtemps, convaincu de cette démarche d’Auto Représentation, même s’il ne l’avait adoptée qu’une seule fois, notamment lorsqu’il a présenté, au même titre que les partis dits du Bloc Démocratique, son mémoire constitutionnel au chef de l’Etat. Et ce, après avoir échoué à convaincre ce même « Bloc » à faire siennes les revendications amazighes dans le cadre de la révision constitutionnelle.
On le voit bien, la fonction et l’instrumentation de Auto Représentation étaient une nécessité politique, dans la mesure où le mouvement amazighe était incapable d’ébranler la vision étriquée des partis politiques eu égard à la question de la constitutionnalisation de la langue amazighe. Cela se comprend du fait que les positions de ces partis étaient dominées soit par la thèse nationaliste de la langue, soit par un comportement attentiste.
Le comportement attentiste se trouve aujourd’hui réaffirmé dans la pratique politique de « Rassemblement Pour Une Constitution Démocratique ». Car, malgré la présence de certaines mouvances amazighes au sein de ce « Rassemblement », et malgré leur participation dans ses travaux notamment par la présentation d’un document commun à toutes ces mouvances concernant la question constitutionnelle, le rapport final de ces travaux est totalement vide de toute référence à la question de l’amazighité.
Que ce comportement soit la conséquence de la composition politique du « Rassemblement » où domine une vision « nationalitaire arabe », c’est-à-dire amazighophobe, ou la conséquence d’un manque de maturité dans le traitement de la question constitutionnelle qui considère encore et toujours l’amazighité, comme constitutionnellement « impensable » ; la stratégie de l’Auto Représentation déjà expérimentée avec succès, nous permettra d’outrepasser le blocage que costituent, pour nous, les organisations partisanes traditionnelles. Elle nous permettra à coup sûr de briser les limites que nous impose le cadre associatif, afin d’instrumenter nous-mêmes les modes de fonctionnement des partis et des groupes de pression pour faire aboutir nos revendications constitutionnelles.
Celles-ci se fondent sur la reconnaissance linguistique et identitaire comme préalable et passage obligé à une « interrogation » des dispositions du texte constitutionnel ; texte qui exclut encore et toujours toute référence à l’identité de la Nation concernée par ses dispositions, qui reconnaît encore et toujours l’officialité de la langue arabe au mépris du pluralisme linguistique séculaire, un pluralisme que le constituant a tenu à édulcorer dans un espace géographique « idéologisé » qu’il a baptisé « Maghreb Arabe » !
Ce processus continu d’exclusion de l’amazighité du texte constitutionnel, va encore perdurer tant qu’il évitera la référence aux droits culturels et linguistiques, et tant qu’il se contentera de ne reconnaître qu’une liste très limitative des principes constitutionnels des droits de l’homme. De ce fait, le texte constitutionnel marocain se trouve totalement fermé à la « référence internationale », et ce, dans la mesure où il ne permet pas encore de faire valoir le droit conventionnel et transnational ; dans la mesure où il n’arrive pas encore à trancher la question du statut de la convention internationale face à la loi nationale; dans la mesure enfin, où il ne permet pas aux individus d’interpeller le conseil constitutionnel pour faire respecter l’esprit de la constitution par les lois nationales.
De même que l'article 19 vide les notions de « représentation », de « Oumma ou Nation ! », de « suprématie » de toute leur essence moderniste, et les présente sous une forme unanimiste qui exclut l’amazighité comme projet de modernité assise sur le respect et la gestion du pluralisme conformément au mécanisme de la laicité. Le leitmotiv unanimiste et unitaire, on le voit bien, constitue aussi la philosophie qui préside à la gestion de l’espace territorial à travers l’adoption d’une régionalisation qui reproduit une déconcentration du pouvoir en donnant la priorité à la nomination par en haut, et marginalise l’élément électif.
Par tous ces motifs, nous revendiquons :
*La constitutionnalisation de l’amazighité du Maroc, ainsi que le fait que le Royaume du Maroc soit une partie de l’Afrique du Nord dans son appartenance méditerranéenne et ses prolongements africains.
*Consécration de l’égalité linguistique de l’amazighe et de l’arabe à travers la reconnaissance de leur caractère officiel, et de l’obligation faite à l’Etat d’assurer leur évolution et leur introduction dans les rouages officiels de l’Etat marocain.
*Constitutionnalisation du principe de laïcité.
*Enrichir le texte constitutionnel par une référence solennelle aux Droits de l’Homme en constitutionnalisant les droits culturels et linguistiques, et en reconnaissant les droits des peuples aux côtés des droits des individus.
*Consécration des « coutumes amazighes » comme l’une des sources de législation, et un espace d’inspiration pour le législateur.
*Consécration de la suprématie du traité international par rapport à la loi nationale, suprématie qui ne doit en aucun cas être conditionnée par la ratification ou non des pouvoirs publics, ainsi que la reconnaissance de la possibilité pour le citoyen de la faire valoir auprès de la justice.
*Constitutionnalisation de la régionalisation par une transition de l’Etat marocain « unitaire et centralisé » vers un « Etat des régions » , conformément au principe du respect de l’unité territoriale qui ne doit souffrir d’aucune atteinte sauf pour la Nation le décider autrement par référendum populaire.

Traduit de l’arabe par Mr. Abdellatif AGNOUCHE

Les premiers signataires : Mohamed Ouhssain, Rachid Raha, Benaceur Hammou Azday, Mohamed Atarguine, Ahmed Arrehmouch et Ahmed Adghirni.

NOTA IMPORTANTE : Si vous êtes de nationalité marocaine et vous êtes intéressé à adjoindre votre accord et signature à cette charte, il suffit de nous envoyer votre nom complet, plus le numéro de votre carte nationale (ou du passeport) ainsi que vos coordonnées de contact (Tél. et /ou e-mail et/ou adresse postale) au :
E-mail : pacteamazigh@yahoo.fr
Adresse : B.P. n° 9162
Rabat-Océan/ Maroc.
 
En l'isolant, l'Etat hébreu avait ressuscité pour son peuple le héros de la résistance
Trois ans dans la «prison» de la Moukatta

Un poster géant du raïs coiffé de son keffieh flotte au-dessus des ruines de la Moukatta, où sont aussi suspendus une multitude de petits drapeaux palestiniens. En l'enfermant dans cette prison, où il a été assiégé et bombardé, le gouvernement israélien avait ressuscité le héros de la lutte palestinienne aux yeux de son peuple, au moment où il accusait une usure du pouvoir. Mais Israël avait aussi réussi à le mettre hors-jeu en l'isolant sur la scène internationale. Et les conditions de vie misérables dans son QG de Ramallah ont contribué à fragiliser la santé du président palestinien.


Jusqu'en décembre 2001, lorsque la Moukatta a été encerclée pour la première fois par les forces israéliennes, la popularité du raïs auprès du peuple dont il incarnait la cause, s'était émoussée. Après son retour triomphal d'exil, en 1994, ses premières années à la tête de l'Autorité palestinienne avaient été marquées par la corruption de son entourage, contrastant avec les sacrifices des Palestiniens et par la frustration face au blocage du processus de paix. La Moukatta assiégée est alors devenue le haut lieu de la résistance palestinienne, faisant passer au second plan les griefs faits au «Vieux».


Toute une génération de jeunes combattants aura été marquée par ces trois années à la Moukatta avec Abou Ammar, déjà auréolé par ses actions militaires contre les forces israéliennes en Jordanie et au Liban. «Il n'existe pas de résistant plus valeureux que lui au monde, assure Mohammed, 24 ans, membre de la garde présidentielle. Abou Ammar nous enseignait la patience et la bravoure. Rien que de le regarder nous rendait plus fort. Il restait avec ses hommes jour et nuit. On se demandait s'il lui arrivait de dormir.»


Chacun se souvient de ses conseils. «Un jour il s'est approché de moi en me donnant une tape sur l'épaule, raconte Yazan Omar, un responsable des renseignements militaires. Il m'a dit : «Ecarte-toi un peu de cette fenêtre, c'est trop dangereux». Le vieux avait ajouté que personne ne doit mourir avant que son heure ne soit arrivée mais que nous faisions tous partie du «programme des martyrs».


En mars 2002, après que deux attentats palestiniens eurent tué sept personnes en Israël, les soldats de Tsahal s'arrêtent à quelques centimètres du bureau de Yasser Arafat. Israël l'accuse de soutenir le terrorisme. Abou Ammar est retranché revolver à la main avec 250 hommes dans son bureau et dort par terre. L'eau et l'électricité sont coupées. Arafat organisait la résistance au sein de la Moukatta jusque dans le moindre détail. L'eau était rationnée. Arafat partageait ses conserves de hoummos, la purée de pois chiche, avec ses hommes, ainsi que ses réserves de soupe de lentilles.


«Un jour, au pire moment du siège, quelqu'un lui a donné une pomme, raconte Mohammed le garde du corps. Il a refusé de la manger parce que nous n'en avions pas. Puis des tirs ont éclaté. Nous étions dans le corridor devant son bureau. Nous nous sommes jetés sur lui pour lui servir de bouclier humain. Personne n'a mangé la pomme.» «Nous souffrions tous d'une faim mortelle, nous étions à bout de force, se souvient Yazan Omar. Arafat s'est assis avec nous à la lumière de la bougie. Il nous a dit : «C'est comme en Jordanie, comme au Liban, et nous avons survécu.» Il était notre force.»


Les hommes ont vu la santé de leur chef décliner au fil des mois. «Il a passé trois ans enfermé ici sans voir un rayon de soleil, sans respirer l'air frais à l'extérieur, s'insurge Yazan Omar, qui ne l'a pas quitté pendant toute cette période. Sa santé s'était détériorée ces derniers mois. Et les Israéliens, qui le maintenaient dans cette prison, sont responsables de cela. Mais le raïs ne le montrait jamais quand ça n'allait pas.» Les hommes refusent d'évoquer les signes physiques de son affaiblissement. Par pudeur, par refus d'amoindrir celui qu'ils respectent par-dessus tout. «C'était devenu un vieil homme, raconte le docteur Moustapha Barghouti, qui le rencontrait régulièrement. Il souffrait physiquement et psychologiquement de cet enfermement. Son système immunitaire s'était détérioré au point que le moindre rhume pouvait le terrasser.»


A la Moukatta, Yasser Arafat a connu ses moments de grandeur : les visites des envoyés spéciaux du président américain et des ministres européens, le siège israélien, la résistance avec ses hommes... Il avait retrouvé l'admiration de son peuple. Puis il a souffert de l'isolement et de la maladie dans la plus grande indifférence. «C'est comme une prison, avait-il confié lors de sa dernière interview, accordée à un journal arabe il y a quelques semaines. Cela fait quarante et un mois que je suis enfermé ici. J'espère que je pourrais sortir bientôt.» Quelques jours plus tard, il s'est échappé, pour toujours.

Attention certains sionistes essayent de saboter le sujet.
 
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