Re : TOUJOURS...Dayman....bedda...
L'idée de " toujours", du temps éternel s' exprime par " kud", " akud" en tout cas en tachelhit; nos amis ici ont présenté d'autres équivalents usités: " assar"," sar" par exemple; ce qui prouve que ce moot commun existe.
Mais je pense que c' est un faux procès que vous intentez à tachelhit et à tamazight en général, en voulant absolument trouver le mot " purement" amazigh; et culpabiliser imazighens de l' absence de tel ou tel mot commun, comme si ils étaient incapables de conceptualiser le monde et les idées.
Comme toutes les langues vivantes tamazight vit, évolue, emprunte des mots aux langues étrangères et renouvelle son fonds de vocabulaire:
Ichelhiyines ont emprunté beaucoup de mots à l' arabe, forcément, après tant de siècles de fréquentation; et ils ne sont pas les seuls:
Même les langues latines ont emprunté des mots à l' arabe, au perse, et la liste est longue!
Le français moderne emprunte sans complexe et sans gêne des mots à l' anglais, parce qu'ils sont plus pratiques.
Les langues communiquent entre elles, s'échangent des mots, mais gardent leur structure originelle et leur règle de formation de nouveaux mots: c' est la caractéristique des langues vivantes: une langue morte ne bouge plus, n' évolue plus, n' invente plus de mots ni d'expressions!
Darija est une langue plus vivante, plus dynamique que l' arabe classique, par exemple!
Ichelhiyins ont peut être emprunté " bedda" pour exprimer l' idée de " toujours" , en dérivant ce mot de " abadan"; ( rien ne prouve d'ailleurs cet emprunt, comme le dit justement Agoram. ) et même si ce mot est dérivé de l' arabe ou du perse, et alors? Il est devenu authentiquement chleuh!!
Je dirai comme Kateb Yacine, au sujet de la langue française, et sans me culpabiliser: " la langue arabe est un patrimoine de guerre".
Si il nous manque un mot, si l' usage d' un mot d' origine étrangère est admis par l'ensemble des locuteurs, il n y a aucun complexe à l' adopter. " Bedda" est un mot amazigh.
De toutes façons ce sont les locuteurs qui font une langue vivante, pas les linguistes ni les décideurs politiques.
Bien sûr, il faudrait quand même veiller à ce que tachelhit et tamazight en général ne soit pas polluée de façon exagérée et irréversible par les langues dominantes, comme c'est le cas pour le kabyle, où plus de 20% du vocabulaire est arabe: là c' est critique!
On ne poura pas de toute façon protéger tamazight des emprunts étrangers, tant qu'elle n'est pas étudiée, enseignée à l' école, et ayant droit de cité dans les médias, journaux. Et tant que Imazighens ont un préjugé dévalorisant sur leur propre langue, ce que les idéologies en place et leurs moyens de propagande ( école, télé, religion) essayent de nous inculquer.