C'est vrai que les Rifains sont restés beaucoup plus exclus et cela se reflette dans tous les domaines. Il faut espérer que cela s'améliore.
La SNRT veut produire trente films par an
Un premier pas dans la création d'une véritable industrie audiovisuelle
«Une véritable industrie de l'audiovisuel au Maroc!». C'est l'espoir du ministère de la Communication et de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT). L'ambition est grande. On aspire à avoir un secteur capable de créer des richesses. On vient, en effet, de lancer un vaste programme de production de 30 films en 2006-2007. Il s'agit d'un partenariat entre la SNRT et Ali N'Productions qui vont coproduire ces films avec le soutien du ministère de la Communication. «Nous adoptons une nouvelle approche. On traitait auparavant avec des sociétés de production étrangères. Dorénavant, nos projets sont beaucoup plus profonds», estime Nabil Benabdellah, ministre de la Communication.
L'actuel projet apportera une grande valeur ajoutée. On réalisera, en un temps record, des dizaines de films basés sur des méthodes cinématographiques modernes s'appuyant sur la Haute définition (HD). Une technique qui permet de produire des films avec les moindres coûts mais en obtenant une meilleure qualité.
Les trente films sont tournés en tachelhit et en arabe. Tous seront doublés en arabe ou en tachelhit, tarifit et tamazight. «Certes c'est un projet audiovisuel, économique et culturel. Mais, il est surtout identitaire. Nous sommes partis de l'idée que notre patrimoine est riche et doit être mis en avant. Il est temps de valoriser notre richesse culturelle», annonce Nabil Ayouch, président d'Ali N'Production.
Les tournages s'effectueront essentiellement dans la région d'Agadir pendant toute l'année de 2006. Chaque film nécessitera entre douze et seize jours. C'est essentiellement des films de genre : comédie, comédie musicale, action/policier, historique/ religieux, horreur/ fantastique et drame social.
Ces longs-métrages seront exploités pendant douze mois sur le marché national et international avant qu'on les diffuse sur l'antenne de la SNRT. Dans un premier temps, on les commercialisera sur les VCD et les DVD avec un prix qui répond aux attentes et au pouvoir d'achat des Marocains et ce, dans l'objectif de combattre le piratage. «Nous allons mettre les citoyens face à un choix : acheter un DVD piraté à 10 dirhams ou un DVD original à 20 ou 25 dirhams.
Nous ne pouvons pas nous permettre, comme c'est le cas en Europe, de vendre des DVD à 200 ou 300 dirhams», signale Faïçal Laraïchi, directeur général de la SNRT qui affiche clairement son optimisme. On s'attend à vendre des centaines de milliers de copies.
Par la suite, viendra le tour des salles de cinéma de diffuser ces films. Faïçal Laraïchi déclare qu'on a la ferme volonté de faire retourner le public marocain aux salles de cinéma.
Des contacts ont déjà été pris avec des distributeurs en Europe (France, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Italie, Espagne) et en Algérie. C'est vers la fin du premier semestre 2006 que les films commenceront à être distribués dans ces pays.
On a mis en place une structure spéciale pour superviser la distribution, l'exploitation et le marketing de l'ensemble des films. La promotion se fera via des bandes d'annonces et de spots publicitaires pour que le public soit prêt à accueillir cette production.
Tout semble, à l'heure actuelle, mis en place pour faire réussir ce grand projet : les moyens financiers, les talents et la volonté. L'écriture qui constitue la première étape a été déjà franchie. Une cellule d'écriture a été mise sur pied depuis octobre 2004. Elle est composée d'une quinzaine d'auteurs.
Et depuis février 2005, on est en train de préparer les tournages et la fabrication des films en se basant sur des méthodes qui ont réussi dans bon nombre de pays comme l'Inde. On a organisé un vaste casting de comédiens qui servira de base pour chaque rôle à distribuer.
Les aspirations des responsables du secteur sont très grandes. Ils n'ont pas l'intention de s'arrêter là. Le ministre de la Communication est clair sur ce point : toute autre société de production qui a un projet semblable peut le proposer. Le chemin vers la prospérité du cinéma et de l'audiovisuel au Maroc est ouvert. «Notre main est tendue à tous ceux qui veulent présenter des projets similaires. Il faut donner l'élan au secteur.»
Le directeur général de la SNRT est lui aussi totalement convaincu de cette idée : «Nous devons au moins produire une vingtaine de longs-métrages par an. Notre objectif est d'accéder à une nouvelle ère dans le domaine du cinéma». Espérons que la qualité des films sera à la hauteur de cet optimisme !
Jihane Gattioui | LE MATIN