peut-on se réconcilier avec les années du plomb en niant le

LOUZIMIME a écrit :
Salam,

Même les gamins et les gamines (type talalite) veulent de faire de la politique.
C'est le monde à l'envers.

Pour les makhsenistes "la politique" est une affaire bien trop fructieuse pour etre autorisée au peuple...
"laissez ces affaires là ,elles ne vous regardent pas,laissez sa majesté faire son travail" disent-ils en substance....
drole de democratie où toute voix dissendante est excommuniée,insultée...la democratie louzimimienne n'accepte pas la contradiction,pour elle point de pluralité ,il ne peut y avoir d'autre voix que celle de maitre....c'est ce qu'il appelle la "democratia";attention la "democratia" n'est pas la traduction de ce qu'on appelle ici "democratie".Entre "democratia" et "democratie" il n'y a pas que la derniere lettre qui change;ces deux mots renvoient à des concept totalement opposée;l'un est d'essence occidental ,l'autre d'essence oriental...en d'autre terme democratia signifie "democrature" c'est à dire une dictature qui se donne l'apparence institutionelle d'une democratie.
 
Exact !

Jettons un voile pudique sur les regimes du Golfe ,monarchie absolue dans lequel le citoyen n'a evidemment pas son mot a dire...Prenons la Syrie republique que l'on dit revolutionnaire mais qui se traduit par un nepotisme flagrant,des elections absentes et des droits de l'homme bafoues...Le president egyptien est elu par plebiscite...on connait le sens democratique de ce genre de consultation...Il y'a un certain temps egalement qu'on n'a pas vu Kadhafi remporter une election...à 99% de votant evidemment favorable ..... enfin le cas de pays dont les elections ne sont que pure hypocrisie comme l'Iran ! pire ce regime cense etre revolutionnaire vehicule des principes retrogrades indignes des valeurs d'une gauche progressiste visant a l'epanouissement des esprits
Une certaine vision de la démocratie effectivement :-(

Merci pr le hors sujet tassolt: De Rien c'etait avec plaisir :-D
 
faut repondre cher ami au lieu de se réfugier derrière je suis intello vous etes gamins... le niveau d'études ne conditionne pas la culture politique d'une personne, et encore moins pour toi louzimime qui a fait toutes tes études au maroc.
LOUZIMIME a écrit :


Salam,

Vous ne pouvez pas comprendre ce genre de débats. je connais votre niveau intellectuel, allez y terminer vos études primaires, et on en discutera si vous voulez.
 
chico a écrit :
faut repondre cher ami au lieu de se réfugier derrière je suis intello vous etes gamins... le niveau d'études ne conditionne pas la culture politique d'une personne, et encore moins pour toi louzimime qui a fait toutes tes études au maroc.

Louzimeme un intello?
Mon dieu.
Avec des intellos de ce niveau on est vraiment mal barré,pauvre maroc que j'aime.
 
agoram a écrit :
Louzimeme un intello?
Mon dieu.
Avec des intellos de ce niveau on est vraiment mal barré,pauvre maroc que j'aime.

il croit qu'il est intelo comme Toufitrit
 
LOUZIMIME a écrit :


Salam,

Vous ne pouvez pas comprendre ce genre de débats. je connais votre niveau intellectuel, allez y terminer vos études primaires, et on en discutera si vous voulez.

MDR La science infuse ........ c'est le thé en sachet elephant, comme dans la pub !

Jouer la grosse tête n'a jamais reussit à personne et je genre de consideration n'apporte rien à part s'afficher dans le top ten du ridicul .... et heureusement qu'il ne tue pas lol



[ Edité par tassolt le 29/11/2004 15:37 ]
 
louz ourimimn n'est qu'un makhzaniste et un traitre de la nation Amazighe .
 
Les séances d'audition et l'histoire orale : un facteur déterminant dans la guérison des maux psychologiques



Les défis soulevés par le récit oral et les limites de l'histoire écrite dans l'appréhension objective des mutations historiques et des événements politiques qu'a connus le Maroc depuis l'indépendance ont été au centre du colloque organisé, mardi à Rabat, sous le thème "Les séances d'audition et l'histoire orale".
Plusieurs académiciens et universitaires ont souligné, lors de cette rencontre initiée par l'Instance Equité et Réconciliation (IER) et l'Institut Royal de la culture amazigh (IRCAM), l'importance de l'histoire orale à travers les auditions publiques, qui se tiendront prochainement, pour combler les lacunes en matière de documentation et afin de relever les défis posés par le récit oral en vue d'une appréhension objective des événements politiques qui ont eu lieu depuis l'indépendance.


Les participants ont évoqué les perspectives et défis politiques soulevés par ces séances publiques en tant que pratique inédite au Maroc et dans le monde arabe et islamique et leur influence prévisible sur la culture et l'exercice de la politique.
Ils ont également appelé à engager une réflexion sur les moyens à même de faire de cette pratique pionnière une étape pour donner une impulsion à la consolidation de la démocratie et de l'Etat de droit.

A cet égard, M. Abdelhaye El Moudden a précisé que l'objectif visé par la tenue des auditions publiques est de "donner l'occasion à la victime pour exprimer sa souffrance, ce qui contribuera à le réhabiliter, les psychologues étant quasi-unanimes sur le fait que ces auditions représentent des moments d'aveu indispensables."

Le passage de la phase du silence et de l'interdiction à celle de l'expression verbale de la souffrance, a-t-il dit, constitue un facteur déterminant dans la guérison des maux psychologiques ".


Pour sa part, M. Mohamed Berdouzi a indiqué que le Maroc a un "passé lourd alors que les auditions publiques ne représentent qu'un laps de temps pour faire passer un message modeste de nombre de victimes qui racontent leur souffrance".
M. Abdelaziz Bennani a, quant à lui, estimé que le référentiel de l'IER, dont la mission principale est la quête extra judiciaire de la vérité, se base sur la culture et les principes des droits de l'Homme et contribue par conséquent au renforcement du processus de l'édification de l'Etat de droit et de la démocratie.
De son côté, M. Brahim Boutaleb a souligné que l'histoire et la mémoire sont deux choses différentes, faisant état notamment de la difficulté dans l'écriture et l'analyse de l'histoire récente.

Mettant en garde contre l'amalgame entre l'histoire et l'anthropologie concernant les témoignages sur les violations passées, M. Edmond Amran El Maleh a précisé que l'une des meilleures disciplines scientifiques au Maroc reste la recherche historique, déplorant le manque d'intérêt pour le rôle de l'histoire dans l'édification de l'avenir du pays.

Cette rencontre a été l'occasion d'aborder les perspectives des auditions publiques dans l'élaboration du concept de la citoyenneté qui permet à l'individu d'interpeller l'Etat sur les violations survenues dans le passé.

Les participants ont également débattu de la manière d'approcher la multiplicité des récits oraux et les perspectives de la conception d'une culture de la différence comme l'une des bases de la culture démocratique moderne, ainsi que le renforcement des fondements de l'unité nationale dans le cadre de l'Etat de droit.




MAP
 
Années de plomb. Crimes d'état et auditions publiques


Sauf imprévu, les premières audiences publiques des victimes des années de plomb seront diffusées fin décembre sur l’une des deux chaînes publiques. Une lourde et complexe machine médiatique se met en branle. Tout le monde croise les doigts.


En attendant l’état, les victimes des années de plomb se réconcilient avec leurs écrans. Les même qui, jusqu’à un récent passé, leur étaient bannis car accessibles aux gens simples. à un petit peuple spontané, impulsif, émotionnel et pas forcément au courant de la chose "droit de l’hommiste". Il y a
quelques jours encore, une caméra éventrait un petit secret d’état en faisant sauter le cadenas du centre d’Agdz. Quelques jours plus tard, des responsables de l’IER évoquaient, en live, des noms et des lieux qu’on croyait maudits, et donc interdits. Jeudi, dans la soirée, une équipe de 2M rendait visite à la famille Ben Barka et pour la première fois, Ghita, épouse de l’opposant défunt, parlait de son mari et de son combat. Presque simultanément, une bande annonce sur la première chaîne annonçait la diffusion vendredi d’une émission spéciale sur la toute fraîche chaîne régionale de Laâyoune. Le nouveau-né de Dar Lbrihi fait déjà parler de lui. Vendredi soir, en décrochage dans la zone sud où la chaîne émet, un Sahraoui, ancien détenu de Qalaât M'gouna, racontera ses malheurs et livrera un témoignage, fort et vrai, en hassani et en arabe classique.
Des initiatives spontanées, si l’on en croit leurs auteurs. Elles n’ont pas attendu de feu vert ni répondu à une commande toute faite. "Tout est une question de courage éditorial et de bon timing. Il faut savoir pousser les portes au bon moment", explique ce journaliste de 2M. Même à Laâyoune, habituel territoire d’exception en matière de liberté d’expression, Laghdaf Eddah, directeur de la chaîne de télé régionale affirme "agir en toute liberté". Son interview de l’ex-bagnard sahraoui passe en intégralité sans que personne, sinon lui, ne valide aucune image. "Le contexte général s’y prête. Il y a une occasion à saisir. Le débat enclenché autour du passé rend toutes les parties (médias et victimes) disponibles pour collaborer", explique le patron de la chaîne du Sud.
"Il ne faut pas se tromper cependant, fait noter un observateur averti. Toutes ces initiatives, à quelques exceptions près, ne sont pas des premières. Ben Barka est déjà passé sur 2M à la fin des années 90, et des reportages sur et autour des bagnes secrets ont été tournés il y a plus de cinq ans. Le fait est qu’aujourd’hui, il y a une concentration dans le temps et un contexte qui nous font oublier le chemin parcouru depuis plusieurs années", poursuit-il.

Des auditions en décembre
Dans les couloirs de l’IER, cette frénésie médiatique fait sourire. Le gros est encore à venir. "Nous nous sommes mis à l’ouvrage depuis les premiers jours de l’installation de l’instance, surtout en nous taisant. Aujourd’hui, nous arrivons à un carrefour, celui des auditions publiques", note ce membre de l’IER. Les premières se tiendront au courant décembre, "juste avant les fêtes", à Rabat. Des rencontres élargies qui rassembleront, en plus des victimes des exactions du passé, des responsables de l’état, des hommes politiques, des représentants associatifs, etc. Des récits ininterrompus de personnes et de groupes qui ont souffert, à un moment ou à un autre, de 1956 à 1999, d’exactions, de tortures et de sévices divers.
Une lourde machine donc, qui devra se déplacer dans les quatre coins du pays, recueillir une vérité de première main et la partager avec le plus grand nombre. Notamment à travers la retransmission radio et télé. Normalement, les deux chaînes de télévision et les 10 stations régionales devront y être associés. Problème, on ne sait pas encore lesquels, ni dans quel ordre cela va se faire. Y aura-t-il du direct ? "Certainement, mais aussi du différé. Certains produits, comme les débats et les tables rondes, doivent être traités télévisuellement", explique ce responsable de la programmation à la première chaîne. à terme, l’intégralité des enregistrements sera mise en ligne sur le site Web de l’IER.
Jamal Eddine Naji, consultant en communication à l’IER ne se fait pas d’illusions. "Ce sera difficile, c’est évident. La chose est un précédent, autant pour l’instance que pour les médias. D’autres expériences de justice transitionnelle ont d’ailleurs préféré faire sans radio ni télévision". Aujourd’hui, même avant le lancement des auditions publiques, c’est à une véritable course à la "vérité" que se livrent les deux supposés partenaires. Une récréation de liberté d’expression sur les ondes publiques qui a ouvert l’appétit des rédactions. Sous l’œil bienveillant et jusque là passif des centres de pouvoir. "Tout le monde semble dépassé. On ne sait pas où on va. On laisse faire, on observe la réaction de la société et on attend", analyse un spécialiste en communication.

Quel message, finalement ?
Attendre quoi, et jusqu’à quand ? La fin de la mission de l’IER en avril ? Tout cela ne serait donc qu’une embellie conjoncturelle, destinée à accompagner le travail de l’instance et à le rendre plus visible ? "Non, tranche Salah El Ouadie, membre de l’IER. D’abord parce que les acquis en matière de liberté d’expression ne sont pas ceux de l’instance mais de tous ceux qui se sont battus pour cette cause. C’est à eux de les préserver et aux responsables de l’état de comprendre que l’évolution est nécessaire". "Rien n’est jamais acquis de toute façon. Il faut empêcher le retour en arrière, sans cesse capitaliser sur l’acquis et avancer. La dynamique de ces derniers mois a maintenant au moins servi à banaliser le droit à la parole pour une communauté jusqu'à hier, bannie et cachée", ajoute Naji.
Banalisation, le mot fait peur. D’accord pour banaliser le passage des victimes sur les ondes publiques (cela est même souhaitable), mais "gare au risque de la banalisation du discours sur les exactions et la déperdition du message", s’alarme un enseignant en stratégie de communication. Face au flot de témoignages et de "vérités", quel message gardera, au final, le simple téléspectateur ? Arrivera-t-il à dépasser le cadre fascinant de la première télévisuelle, à voir, à travers les témoignages et les émissions, autre chose que le côté divertissant de la chose ? Le risque existe, reconnaissent plusieurs membres de l’IER. "On fait ce qui relève de notre responsabilité. Aux autres de bien faire leur travail également", explique El Ouadie. "Il y aura certainement des mécanismes, des garde-fous, une réécriture des manuels, etc. Du moins, nous l’espérons, mais rien n’est plus fort ni plus durable qu’une conscience civique et citoyenne", note un responsable associatif. Comme le résume si bien Jamal Eddine Naji, "c’est la responsabilité de tous de transformer l’essai et de rester vigilants". De gagner sur notre histoire.



© 2004 TelQuel Magazine. Maroc
 
LOUZIMIME a écrit :


Salam,

Vous ne pouvez pas comprendre ce genre de débats. je connais votre niveau intellectuel, allez y terminer vos études primaires, et on en discutera si vous voulez.

LOUZIMIME! La risée d’un système corrompu… tout le monde te connaît mais tu n’as jamais pris le temps de connaître toi-même! Alors je vais te dire ce que tu ES :

Tu es tout simplement : BERGUAGUE! Tu vis BERGUAGUE! Tu es payé en tant BERGAGUE! Tu prendras la retraite d’un BERGUAGUE et tu finiras tes jours en tant que BERGUAGUE! Voilà en quoi se résume TOUTE ta vie sur cette terre…..

En d’autres termes tu n’es RIEN…avec tout le sens pur de ce MOT!

Bonne soirée le BERGUAGUE.



[ Edité par Anchou le 19/2/2005 20:04 ]
 
La reconciliation avec le passé necessite de designer les coupables et les traduire dans la justice. Toute la hierarchie des tortionaires devarait remonté jusqu'au sommet
 
IER. Les martyrs de province


Après Rabat, c'était au tour de Figuig, Errachidia et Khénifra d'abriter le deuxième round des auditions publiques organisées par l'IER. Des auditions différentes, difficiles mais tout aussi douloureuses.


Il a suffi qu'elle entende dire son nom par le président de la séance -Assaïda Fatéma Ameziane- pour qu'elle se lance dans un flot interminable de mots en berbère, entrecoupés par de brefs moments où elle a repris son souffle ou bu une gorgée d'eau minérale, pour repartir de plus belle. Ce jour là, dans la salle de
la chambre de commerce de Khénifra, Fatema Ameziane ne témoignait pas. Elle criait, emplissant la salle de ses douleurs, encore vives. Elle criait son mal, sa vie gâchée, ses enfants perdus, son mari disparu, ses biens spoliés, et au delà de tout, sa dignité et celle de sa famille bafouée. Ses mots en berbère, portés par une émotion maternelle, n'avaient même plus besoin de traduction, très approximative du reste. Le mal était dans chaque syllabe prononcée par cette dame emmitouflée dans une banale djellaba bleu pâle, et coiffée par un foulard de la même couleur, tout aussi banal. Pendant plus d'un quart d'heure, cette dame, d'habitude réservée comme toute femme au foyer dans cette région montagneuse, a haussé la voix devant un auditoire nombreux, majoritairement masculin, silencieux et grave. Ses minutes étaient comptées (20 minutes pour chaque témoin, avait précisé le président de la séance), ce qui explique sans doute sa précipitation, son envie de dire le maximum, à défaut de tout dire.
L'histoire de cette dame commence en 1972 quand elle a été enlevée, une première fois, ainsi que ses enfants puis détenue au poste de police de Khénifra pendant quatre mois. Elle sera arrêtée une deuxième fois en 1973 après que son mari se soit réfugié en Algérie. Elle sera alors torturée, accouchera dans un centre de détention secret de Hafid pour être relâchée 19 mois plus tard. Dans son témoignage, Fatéma Ameziane a parlé des commissariats, bien sûr. Des tortures qui lui ont été infligées et surtout, semblait-elle insister, comment elle a été dénudée en cellule alors qu'elle était enceinte. Elle se rappelle encore du chiffon d'eau sale qui étouffait ses plaintes, des gendarmes et de la caserne. Puis elle revient à Hafid, son enfant aujourd'hui trentenaire. "J'aurais aimé qu'il soit ingénieur ou professeur. Maintenant, c'est un simple ouvrier qui se bat pour survivre. J'aimerais que l'instance Équité et Réconciliation fasse tout pour que d'autres vies ne soient pas gâchées de la même manière". Dans la salle, des yeux humides trahissent les traits durs et fiers des montagnards de ces régions. Fatema Ameziane criera encore quelques instants puis se taira comme elle a commencé. Brutalement. Elle arrachera quelques applaudissement à l'assistance, vite étouffés par les responsables de l'IER. Les consignes sont claires, les témoignages ne doivent être ni commentés, ni interrompus ni applaudis.
Maintenant qu'elle a dit ce qu'elle avait sur le coeur (enfin presque !), Fatema Ameziane se fige dans son fauteuil, le regard en berne, cédant la parole aux neuf autres victimes venues témoigner à leur tour.

Le faux départ
Les auditions publiques de Khénifra ne pouvaient ainsi mieux commencer. Les responsables de l'IER en étaient tous conscients : l'étape Atlas, la première après les auditions de Rabat, s'annonçait chaude. "Khénifra, plus particulièrement, précise ce responsable, est une ville meurtrie. Tout le monde y a subi d'une manière ou d'une autre les foudres de la répression. Tout le monde a quelque chose à dire, estime qu'il a été plus lésé que les autres. Mais voilà, cette audition est essentiellement consacrée aux événements de Dar Bouazza" (voir encadré en page 8). Depuis les premières heures de ce dimanche 6 février, des centaines de personnes, venus de Mrirt, d'Azrou, de Khénifra et des régions avoisinantes, se sont regroupées devant l'entrée de la chambre de commerce et d'industrie de Khénifra. Certains ont leur dossier sous le bras, beaucoup espèrent être indemnisés, à nouveau. Mohamed Mellali vient de Mrirt, une bourgade à 30 Km de Khénifra, sur la route d'Azrou. Sans préciser son âge, il dit avoir été membre de l'armée de libération, pris part aux événements de 1973 puis détenu et torturé à Casablanca, Azrou, Fès et Khénifra. Ce qu'il fait là ? "J'ai été contacté par Al Assatida (les professeurs) qui nous ont invités". C'est tout. À aucun moment, le vieil homme, ni son collègue, ne prononcera les mots :équité, réconciliation, responsabilité individuelle ou collective, tortionnaires, constitution, etc.. Pour Mohamed Mellali, comme pour la plupart des personnes qui ont fait le déplacement, le moment est à la catharsis. C'est tout simple, ils répondent à un appel. Ils viennent raconter une histoire, comme on le leur a demandé. "w makrahnach chi taâwid" (un dédommagement ne serait pas de refus), ajoutent-ils, presque unanimes, en fin de discussion.
En milieu de journée, la Chambre de commerce se transforme en une véritable forteresse. Impossible de s'en approcher en voiture, interdit de stationner à proximité, une ambulance est stationnée en face de l'entrée et quelques agents en uniforme surveillent de loin cette foule compacte et bavarde. "C'est tout de même impressionnant. Il n y a eu aucune banderole dans la ville, aucune annonce", se surprend à affirmer un policier sur place.
Il est 15 heures, et l'audition commence normalement à 17 heures. La RTM qui ne transmet plus les auditions en direct, a déjà installé ses caméras et quelques membres de l'IER font les derniers réglages de son et de "mise en scène". Tout semble prêt … sauf la salle, à contenir les centaines de personnes qui attendent dehors. C'était prévisible. Les responsables de l'instance ne cachent plus leur craintes. "Allah ydewez hadchi âla kheir w safi" (pourvu que tout se passe bien), les entendait-on chuchoter. Vers le coup de 16 h30, les portes sont ouvertes et la salle est littéralement prise d'assaut par une véritable marée humaine. On se bouscule à travers l'étroite porte de la salle, on se piétine, "comme à l'entrée d'un stade de foot gratuit", ironisera un journaliste sur place. Bientôt, les portes sont fermées laissant des centaines de personnes dehors. Parmi elles, des victimes venues de loin. "Pourquoi avez-vous invité tous ces gens alors ?", "pourquoi n'avez-vous pas réservé la salle de la province ?"… les responsables de l'IER ne répondront pas aux protestations de ce genre mais s'emploieront à calmer les esprits. Vers 18 heures, seule une trentaine de personnes est encore debout et dehors, les équipes de la RTM ont installé des écrans qui retransmettent ce qui se passe dans la salle. L'IER s'en sort habilement.
"A Figuig, la situation était relativement calme. Mais les premiers problèmes d'organisation ont surgi à Errachidia. Puis il y a le montage fait par l'IER pour les retransmissions télé et où des passages entiers sont injustement supprimés", note un journaliste qui a accompagné l'IER depuis Figuig. Un responsable de l'instance semble lui répondre : "Nous nous réunissons la semaine prochaine à Rabat pour faire notre auto-critique et préparer les auditions suivantes au Sahara et dans le Rif. Se déplacer en région est plus compliqué qu'organiser des auditions à Rabat. C'est très instructif".
Quand l'audition commence, il règne un silence religieux sur la salle. La même qui, il y a quelques minutes seulement, était mise sens dessus-dessous.

Témoignages, témoignages…
Après Fatéma Ameziane, Souhail Idriss livrera plus posément son témoignage. "J'entends encore les cris des enfants entassés comme de la marchandise à bord de camions qui nous emmenaient, enchaînés les uns aux autres, vers une destinations inconnue". Le vieil homme décrit comment il a été torturé, il ne se gêne pas pour mimer les positions et les méthodes par lesquelles il est passé. Puis il reprend : "Je ne savais pas qui a distribué les tracts, j'ai donc menti. J'ai reconnu les faits pour sauver ma peau. Et ils m'ont cru". Il est ensuite passé par l'électricité, les brûlures, etc. "J'ai entendu des hommes crier comme des enfants. Je sais qu'une Berbère enceinte de huit mois a été rouée de coups jusqu'à la mort dans sa tente parce qu'elle a refusé de céder aux envies d'un soldat. Une autre berbère de neuf ans, celle-là, a été violée par les deux orifices parce que son père a fui en Algérie. Elle a ensuite été relâchée dans la nature pour mourir quelques instants plus tard. Tout cela n'est pas arrivé au Chili, ni sous Pinochet", conclut le vieil homme.
Puis c'était au tour d'Ahmed Bouyekba. Ce sexagénaire a vécu deux ans en pleine forêt. "Je suis devenu sauvage. Je puais tellement que les animaux ne se rendaient plus compte de ma présence ou de mon passage à côté d'eux", raconte-t-il. Puis il poursuit : "Notre révolution était contre une situation intenable, et non contre une personne. Ils ont détruit nos maisons et spolié nos biens et nos troupeaux. Après un exil de plusieurs années, je suis rentré en 1995 pour me retrouver seul et dépossédé de tout jusqu'à ce jour". Puis les témoignages ont coulé. Simples, spontanés, presque semblables. Chacun mettant simplement ses mots sur une souffrance qui semblait commune.
21 heures passées, la salle se vide à moitié. Dans le tohu-bohu de la fin, un homme, debout au milieu de la foule, se met à crier de manière hystérique, brandissant quelques imprimés. Latifa Jbabdi, à bout de forces, s'assied à ses côtés, et patiemment, écoute son histoire. Encore une, et certainement pas la dernière.




Quid. … des événements de 1973 ?

C'est aussi ce qu'on appelle "l'opposition armée" de l'organisation secrète ittihadie, le "Tanzim". Des éléments de cette organisation, infiltrés depuis l'Algérie ou la Libye, s'attèleront à la fabrication de bombes et au trafic d'armes à feu avant de se disséminer en groupuscules à Khénifra, Guelmim, Figuig ou Tinghir.
Dans la nuit du 2 au 3 mars 1973, le groupe de Khénifra attaque le Caîdat de Moulay Bouazza, tue le gardien et coupe les lignes téléphoniques. Une véritable chasse à l'homme commence. Toutes les forces armées y seront impliquées.
Le 30 août 1973, le tribunal militaire permanent des FAR prononce des peines de mort contre 19 inculpés, de prison à perpétuité à l'encontre de 15 autres et de peines de 30 ans de prison pour les quatre inculpés restants. Leurs familles (en grande partie, ce sont elles qui témoignent aujourd'hui) n'échapperont pas aux foudres du système. Disparitions forcées, détentions arbitraires et tortures en tous genres n'épargneront ni femmes ni enfants

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