Doucement mon cher!
ce n'est pas l'arabisation qui a causé de telles évolutions;
Si c'est le cas, est-ce que c'est l'arabisation qui a fait changer /r/ parisien en /r/ roulé du sud français?
est-ce que c'est l'arabisation qui a fait changer Ich allemand en Ikh au sud du pays?
Es-ce la même arabisation qui a fait changer I want to (Je veux, en anglais écrit) en I wanna (en darija américaine)?
il y a des phénomènes phonologiques qui donnent avec le temps des changements ou des évolutions dans toutes les langues. Bien sûr, chaque langue connaît des phénomènes plus ou moins complexes, et c'est le cas du Tarifit et précisement chez les Ait Touzine et Temsamane; pour les autres groupes amazighophones rifains ils ont gardé pas mal de similitudes avec les élements amazighs bien qu'éloignés et sans communication.
Le même phénomène se trouve dans notre Tachelhit; il y a des amazighophones qui prononcent /t/ emphatique au lieu d'un T simple comme dans Tagud'i (nostalgie) prononcé /TAGOD'I/ ou dans T'ujj'ut (puanteur) prononcé /TOJJOT/.
Là, il s'agit d'un phénomène phonologique appelé EMPHATISATION.
L'emphatisation est la situation dans laquelle la présence d'un son emphatique touche d'autres sons environnants.
Rd'el (prêter) contient un son emphatique qui est le /d/. Or la réalisation sonore donne l'emphatisation du /l/ et du /r/, ce qui fait penser que tout le mot est emphatique!
Un autre phénomène, présent dans des langues basées sur l'oralité, donne l'inversion des sons comme Al arbiâa'u (mercredi en arabe) qui donne chez certains amazighophones Lâerba.
D'autre part, on croit souvent que l'une des formes est juste, or voici un cas qui démontre que les deux versions sont toutes fausses:
Taqbaylit: Iz'ra-ts. (Il l'a vue)
Tachelhit: Iz'ra-st. (Il l'a vue)
La version juste est Iz'ra-tt (Il l'a vue) parce que le pronom complément masculin en Tachelhit et en Taqbaylit est T (Iz'ra-t); pour rendre le complément féminin, il suffit d'ajouter le T du féminin, ce qui donnera 2T.
Tout ça n'est pas causé par l'arabisation mais par l'absence allongée de l'écrit.