Le Maroc et le Front Polisario ouvrent des négociations directes à New York
LE MONDE | 18.06.07 | 11h16
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-924952,0.html
Pour la première fois depuis dix ans, le Maroc et le Front Polisario se retrouvent face à face à une table de négociations, lundi 18 et mardi 19 juin, près de New York, pour discuter de l'épineuse question du Sahara-Occidental, une ancienne colonie espagnole annexée par le royaume chérifien en 1975.
C'est l'ONU qui a convié les deux protagonistes à reprendre des discussions officielles, alors que la situation est bloquée depuis plusieurs années. La rencontre doit se dérouler dans une résidence luxueuse de Manhassat, à Long Island, pour donner "le maximum d'intimité à ces discussions très sensibles", souligne-t-on au siège des Nations unies. Ont également été conviés les deux pays limitrophes, l'Algérie et la Mauritanie, ainsi que le "Groupe des amis du Sahara-Occidental" (France, Grande-Bretagne, Espagne, Etats-Unis et Russie), mais ceux-ci ne prendront pas part aux pourparlers menés par l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara-Occidental, Peter Van Walsum.
La délégation marocaine est conduite par le ministre de l'intérieur, Chakib Benmoussa, et celle du Front Polisario par Mahfoud Ali Beiba, président du Parlement sahraoui.
Le Conseil de sécurité avait appelé, le 30 avril, dans la résolution 1754 – un texte assez ambigu – les deux parties à négocier, "de bonne foi, sans condition préalable, en tenant compte des développements survenus ces derniers mois", pour parvenir à une solution politique, "juste, durable, et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental". De cette résolution, le Front Polisario n'a retenu qu'une chose : la référence à son droit à l'autodétermination, déjà affirmé par les résolutions antérieures de l'ONU. Soutenu par la France, le Maroc, quant à lui, n'a vu dans le texte onusien qu'un satisfecit décerné à son nouveau plan de règlement et une victoire de sa diplomatie.
Le plan marocain, présenté officiellement en avril aux Nations unies, propose une large autonomie. Les Sahraouis se voient offrir un gouvernement local, un Parlement et une juridiction autonomes, le tout placé sous souveraineté marocaine. Si référendum il y a, il ne porterait, en l'état actuel du projet marocain, que sur l'autonomie, non sur une éventuelle indépendance.
A la veille de l'ouverture des négociations de New York, le Maroc et le Front Polisario ont alterné déclarations de bonne volonté et propos va-t-en-guerre. Le Maroc a ainsi indiqué, jeudi, qu'il allait aux négociations "avec un grand optimisme". En privé, les responsables marocains ne cachent pas leur scepticisme "face à la capacité de nuisance de l'Algérie", rappelant qu'à leurs yeux Alger "a toujours tiré les ficelles" du conflit du Sahara-Occidental.
Le mouvement indépendantiste sahraoui a affirmé, quant à lui, qu'il arrivait à New York avec "la volonté sincère" d'aboutir, mais a prévenu qu'un échec des négociations "pourrait provoquer le retour des hostilités". Jeudi à Alger, Salem Ould Salek, le responsable de la diplomatie sahraouie, a appelé la France et les Etats-Unis "à équilibrer" leur position. M. Ould Salek espère voir le président Sarkozy renoncer à "l'appui inconditionnel" apporté, selon lui, par l'ex-président Jacques Chirac au Maroc dans ce conflit.
Florence Beaugé (avec Philippe Bolopion à New York)
LE MONDE | 18.06.07 | 11h16
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-924952,0.html
Pour la première fois depuis dix ans, le Maroc et le Front Polisario se retrouvent face à face à une table de négociations, lundi 18 et mardi 19 juin, près de New York, pour discuter de l'épineuse question du Sahara-Occidental, une ancienne colonie espagnole annexée par le royaume chérifien en 1975.
C'est l'ONU qui a convié les deux protagonistes à reprendre des discussions officielles, alors que la situation est bloquée depuis plusieurs années. La rencontre doit se dérouler dans une résidence luxueuse de Manhassat, à Long Island, pour donner "le maximum d'intimité à ces discussions très sensibles", souligne-t-on au siège des Nations unies. Ont également été conviés les deux pays limitrophes, l'Algérie et la Mauritanie, ainsi que le "Groupe des amis du Sahara-Occidental" (France, Grande-Bretagne, Espagne, Etats-Unis et Russie), mais ceux-ci ne prendront pas part aux pourparlers menés par l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara-Occidental, Peter Van Walsum.
La délégation marocaine est conduite par le ministre de l'intérieur, Chakib Benmoussa, et celle du Front Polisario par Mahfoud Ali Beiba, président du Parlement sahraoui.
Le Conseil de sécurité avait appelé, le 30 avril, dans la résolution 1754 – un texte assez ambigu – les deux parties à négocier, "de bonne foi, sans condition préalable, en tenant compte des développements survenus ces derniers mois", pour parvenir à une solution politique, "juste, durable, et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental". De cette résolution, le Front Polisario n'a retenu qu'une chose : la référence à son droit à l'autodétermination, déjà affirmé par les résolutions antérieures de l'ONU. Soutenu par la France, le Maroc, quant à lui, n'a vu dans le texte onusien qu'un satisfecit décerné à son nouveau plan de règlement et une victoire de sa diplomatie.
Le plan marocain, présenté officiellement en avril aux Nations unies, propose une large autonomie. Les Sahraouis se voient offrir un gouvernement local, un Parlement et une juridiction autonomes, le tout placé sous souveraineté marocaine. Si référendum il y a, il ne porterait, en l'état actuel du projet marocain, que sur l'autonomie, non sur une éventuelle indépendance.
A la veille de l'ouverture des négociations de New York, le Maroc et le Front Polisario ont alterné déclarations de bonne volonté et propos va-t-en-guerre. Le Maroc a ainsi indiqué, jeudi, qu'il allait aux négociations "avec un grand optimisme". En privé, les responsables marocains ne cachent pas leur scepticisme "face à la capacité de nuisance de l'Algérie", rappelant qu'à leurs yeux Alger "a toujours tiré les ficelles" du conflit du Sahara-Occidental.
Le mouvement indépendantiste sahraoui a affirmé, quant à lui, qu'il arrivait à New York avec "la volonté sincère" d'aboutir, mais a prévenu qu'un échec des négociations "pourrait provoquer le retour des hostilités". Jeudi à Alger, Salem Ould Salek, le responsable de la diplomatie sahraouie, a appelé la France et les Etats-Unis "à équilibrer" leur position. M. Ould Salek espère voir le président Sarkozy renoncer à "l'appui inconditionnel" apporté, selon lui, par l'ex-président Jacques Chirac au Maroc dans ce conflit.
Florence Beaugé (avec Philippe Bolopion à New York)