La revanche de la darija

Darija tega el-aafit (timessi),
Tamazight tega y-as ikeccudten.

Yeqqan ed ad nemmagh ad tege Tamazight tutlayt tunsibt gh-ass-a urta yelkem usekka.
Igh neqqel s usekka, tezedtar Darija ad tecc Tamazight.

Munet agh akw f yat t'ghawsa:
"Tamazight tutlayt tunsibt gh-ass-a"
 
darija une langue? Quoiqu'on dise ce dialecte reste une déformation de la langue arabe classique, langue déjà agonisante, sinon morte et maintenue en survie artificielle par l'idéologie panarabiste et les pétrodollars du Moyen orient.

Darija est une " langue " batarde", hybride, c'est un compromis linguistique entre les différentes communautés du Maroc où il n' y a pas de langue réellement autochtone, hormis la langue tamazighte, la seule vraie langue des Africains du Nord.

Les marocains le savent et ils vivent intimement cette carence linguistique comme un gros handicap au développement, à l'essor culturel, à l'expression de leur être. Darija n'est pas une langue noble, car elle n'a pas de références culturelles fortes, ni de prestige littéraire, ni de fondement hitorique: c'est un argot populaire, né justement de l'absence de véritable langue identitaire commune aux Maghrébins: elle est le résultat " monstrueux" de l'absence d'une vraie langue officielle, car la vraie langue arabe orientale n'a jamais réussi à s'affirmer dans les esprits: c'est un compromis, un pis aller, qui restera toujours incapable de fonder une vraie civilisation culturelle, car elle n'a jamais été reconnue ni officialisée, ni aidée par les instances politiques et intellectuelles à progresser, à s'affirmer en tant que langue nationale: d'ailleurs elle n'est jamais reconnue en tant que telle: elle demeure toujours un simple outil de communication, usuel et populaire, mais toujours méprisé et déconsidéré.

D'ailleurs dès qu'une personne veut montrer qu'elle est cultivée, bien que parlant darija, elle fera autant que possible recours à la langue arabe classique: c'est le cas des intellectuels maghrébins, des hommes politiques, l'administration, etc... Il y a en fait différentes façons de parler " darija": d'une façon " aristocratique", en faisant recours instinctivement à l'arabe littéraire et d'une façon triviale, comme c'est le cas pour le plus grand nombre, en ayant recours à d'autres langues, tamazighte, français, un peu d'espagnol, des mots inventés ( néologismes ), inventés pour la circonstance, à partir d'argots régionaux ( casablancais, merrakchi, etc...)

c'est le darija citadin qui l'emporte: celui de fes/ Rabat / Salé, qui imite le plus l'arabe classique, lui empruntant ses formes syntaxiques et son vocabulaire, et celui de casablanca, plus populaire et plus argotique : les autres régions du maroc suivent, en adoptant ces formes de darija standardisés par les médias, radio et télévision:

en définitive, l'arabisation du maroc se poursuit de façon sournoise, car le darija institutionnalisé par les médias et les autorités, quand elles se veulent plus proches du peuple, n'est qu'une forme de l'arabe classique: l'efffet psychologique est plus efficace sur les masses, car elles se sentent instinctivement arabes, appartenant à l'aire linguistique et culturelle orientale; si darija n'offre aucun prestige culturel, si il ne sert pas d'outil de promotion sociale comme l'arabe classique ou le français, qu'il est incapable de produire une civilisation et une culture dignes de ce nom, il fonctionne également comme un instrument éradicateur de toutes les différences ethniques et linguistiques:

comme vous l'avez remarqué Darija est le principal danger pour la langue tamazighte: plus facile à parler, plus proche du peuple et partagé par le plus grand nombre, il menace partout Tamazighte, dans les villes, les campagnes, il se substitue même dans les familles amazighophones à la langue tamazighte: ainsi tout le monde se sent plus ou moins arabe, même si on sait qu'on ne demeure qu'un arabe de seconde zone.

Les marocains d'ailleurs le savent bien, ils méprisent cette langue argotique, batarde, apte à véhiculer des vulgarités, remplie de ces mots français,espagnols, berbères, langues que l'on rejette car considérées soit comme colonisatrices ou étrangères, langues ennemies:

Darija est l'expression orale, matérielle du désastre linguistique, psychologique de l'être maghrébin, sans véritable identité culturelle forte: c'est l'expression de l'éternel colonisé mental, d'un citoyen schizophrène, écartelé entre ocident et orient, entre modernité et tradition: darija c'est l'éclatement de la personnalité maghrébine, la manifestation la plus évidente de son alliénation et de son malaise, le mépris oralisé pour sa propre condition.

Iln' y aura pas de civilisation à proprement parler nord africaine, ni de possibilité de progrès cuturel, ni de réconciliation/ guérison des peuples maghrébins traumatisés et destructurés par tant de colonialismes, sans un retour vers une langue originelle authentique, une langue du terroir qui soit apte à exprimer leur être profond et vrai: la seule langue qui soit capable de réaliser cette émanciation profonde et cette reconnaissance de soi est Tamazighte, qu'on le veuille ou non, car c'est la seule vraie langue nord africaine, une langue résistante et persistante, libérée de tut complexe d'infériorité ou de sujétion à l'étanger, qu'il soit d'Orient ou d'Occident.
 
:-( a naaari..lmalghigha nta3i katdandan..mon topic a depassé 2 pages..la3fou

:-o

C'est vrai que dans les grandes villes on s'expriment avec une darija plus au moins arabisé..et pourtant j'adore employer les mots typiquement "darija" (des la pluspart des cas ce sont des mots non arabes) de not' dialecte batard comme tu dit aksel
la darija c le plus bo dialecte ki existe au monde!! :-D surtt pour dire des gros mots (alors c trop violent),faire le souab (code des formules de politesse)..sans oublier l'humour et les anecdotes de notre campagne profonde (l3roubiya)

:roll: mais delà à l'enseigner je suis totaleemnt contre..pour moi elle demeure une expression orale très riche certes et qu'on s'doit sauvegarder à tt prix..mais bon vu que nos chers compatriotes louchent du coté du moyen orient..ce sera pas evident


[ Edité par nsummer le 21/10/2005 12:02 ]
 
Fadwa Miadi
(Babel)

Khbar Bladna est une petite maison d’édition pas comme les autres. Elle est la seule du monde arabe à ne publier que des titres en darija. Dialecte né d’un exotique mélange de mots issus de l’arabe, de l’amazigh, du français, de l’espagnol et même du grec, il est parlé par la quasi-totalité des Marocains, qu’ils aient été scolarisés ou pas et quelle que soit leur confession.

Le code de la route mis à part, peu d’écrits paraissent en darija. Son usage est généralement restreint à l’oral mais tout homme politique ou intellectuel, cherchant à être pris au sérieux, se sent dans l’obligation de manier la fosha (l’arabe classique)… quitte à ne pas être compris par ceux qui n’ont pas eu le privilège de fréquenter les bancs de l’école. Et dieu sait qu’ils sont encore nombreux.

Et justement c’est à ceux-là, ou ceux qui ont qui été précocement déscolarisés que s’adressent les publications de Khbar Bladna, une maison d’édition associative créée il y a moins de deux ans par Elena Prentice. A priori, rien ne prédisposait cette artiste peintre américaine élevée à Boston et qui vit à Tanger depuis trois ans à se lancer dans un tel projet.

«A l’origine je voulais apprendre à lire et parler la darija, la langue de la rue, et je me suis rendue compte qu’il y avait peu de matière», explique la petite-fille de Hooker Doolittle, ancien consul général en service à Tanger dans les années trente. C’est alors que lui vient l’idée de créer un journal, Khbar Bladna. Tiré à 6000 exemplaires, cet hebdomadaire darijaphone d’une vingtaine de pages imprimées en caractère arabe vocalisés est gratuitement distribué dans les kiosques et dans diverses associations aux quatre coins du Maroc. «Chaque exemplaire est lu en moyenne par cinq à dix personnes. Ils y trouvent une revue de presse, des recettes, etc.», s’enorgueillit sa fondatrice.

Pourquoi la darija? «Mon but est de faire de la langue dialectale une étape permettant d’alphabétiser plus rapidement les personnes peu ou non scolarisées. C’est très émouvant de voir qu’en à peine vingt minutes une personne arrive déjà à lire parce qu’il n’y a plus ce déphasage entre la langue écrite et la langue maternelle qui existe avec l’arabe classique», résume Elena Prentice. Et effectivement, il est plus simple d’apprendre à lire des mots familiers que de déchiffrer des termes dont le sens n’est pas forcément maîtrisé. La darija comme méthode rapide d’alphabétisation est une idée qui a déjà fait ses preuves.

La fondation Zakoura, qui publie également un journal darijaphone, l’a déjà expérimentée avec succès dans ses programmes de rattrapage scolaire destinés aux enfants non scolarisés. Et son fondateur, Noureddine Ayouch, par ailleurs dirigeant de l’agence de communication LoweShems, a même lancé une chaîne de télévision darijaphone, Moufida.

Pour Elena Prentice, les langues maternelles, dont les trois dialectes amazighs (berbères) doivent travailler ensemble à l’alphabétisation des Marocains. D’ailleurs «à compter de janvier prochain, nous publierons également des éditions amazighophones de notre hebdomadaire en caractère arabe», poursuit-elle.

Si Khbar Bladi a d’abord commencé par l’édition d’un journal, aujourd’hui la petite maison d’édition tangéroise qui emploie une dizaine de personnes compte une vingtaine de titres à son catalogue. Y figure en bonne place une traduction darijaphone de la moudawana, le code de la famille réformée en 2003 mais aussi des brochures de prévention contre le sida. «Parmi nos projets, figure la publication d’une anthologie des littératures du monde», affirme Elena Prentice, femme aux origines multiples qui compte tant des Russes, que des Ecossais et des Français parmi ses ancêtres.

Notons aussi la traduction en cours de Miniatures, un recueil de textes courts autant qu’incisifs initialement publié en français et traduit en arabe classique par les éditions hors champs. Interrogé à ce propos, leur jeune auteur, Youssouf Amine Elalamy explique: «J'ai la conviction que le jour où l'on commencera enfin à écrire de la fiction en darija, nous découvrirons les vrais talents de ce pays. Je ne vous cache pas que l'idée d'écrire un roman 100% darija me titille de plus en plus». Une littérature de proximité est probablement en train de naître.
 
Back
Top