Voici un article paru dans le Monde traitant ces accusations infondées:
LEMONDE.FR | 04.11.05 | 19h19 • Mis à jour le 04.11.05 | 20h22
Nicolas Sarkozy a affirmé dans une interview télévisée, jeudi 3 novembre, que les violences ayant eu lieu ces dernières nuits n'avaient "rien de spontané" et étaient "parfaitement organisées", reprenant ainsi l'argumentaire de certains syndicats de policiers. "Nous sommes en train de rechercher par qui et comment", a ajouté le ministre de l'intérieur.
Sollicité par l'AFP, le ministère de l'intérieur n'a pas fourni d'éléments à l'appui de cette déclaration. Vendredi, le sénateur Roger Karoutchi, un proche de M. Sarkozy, a exclu tout "coordination politique", mais a évoqué une "coordination technique" entre bandes qui se renseigneraient par portables. Le syndicaliste de Synergie (officiers de police) Bruno Beschizza est allé beaucoup plus loin, évoquant des "islamistes radicaux, connus des renseignements généraux (RG)" qui auraient "entraîné et manipulé des jeunes". Il a également qualifié les violences urbaines de "terrorisme".
Mais plusieurs responsables policiers ont fait part de leur "scepticisme" et de leur "réserve" sur de telles hypothèses. A la direction générale de la police nationale (DGPN), on se dit "formel" : "Evoquer l'influence islamiste n'est pas fondé" et "il n'y a rien pour étayer l'existence d'une organisation des émeutes, qu'elle soit nationale, départementale, ou quoi que ce soit de ressemblant". "Les RG n'ont recueilli aucun élément permettant pour l'heure d'accréditer la thèse selon laquelle des islamistes manipuleraient" les groupes qui, s'ils peuvent être "organisés en leur sein", ne sont "pas coordonnés" entre eux, confirme une autre source.
"IL N'Y A PAS DE MAIN INVISIBLE ISLAMISTE"
Des jeunes, vêtus à la manière salafiste, ont été vus à proximité des émeutes. Mais leur rôle a surtout été de "tenter de calmer le jeu", assure une source policière, qui ajoute : "Qu'on le regrette ou non, cela fait longtemps que les associations musulmanes sont des interlocuteurs incontournables pour régler un tas de problèmes dans ces villes. Que cela ait été le cas à cette occasion n'a rien d'anormal". "Il n'y a pas de main invisible islamiste" derrière ces émeutes, confirme un responsable. Un autre met en garde : "Attention à ne pas coller une connotation religieuse à des actes qui n'en ont aucune".
Le président de l'Union syndicale de la magistrature (USM, majoritaire), Dominique Barella, a jugé prématurées les déclarations sur l'intervention supposée de groupes organisés. "Ce sont des déclarations politiques et manipulatoires. Tout le monde parle à tort et à travers mais personne ne sait rien", a-t-il déclaré.
Le ministre de la justice, Pascal Clément, s'est lui voulu prudent, refusant d'accréditer la thèse d'une préméditation par des groupes organisés des violences dans la banlieue parisienne. "C'est une question à poser aux policiers, au procureur de la République, au juge qui les reçoit, plus qu'à moi-même qui ne les ai pas rencontrés", a-t-il lancé en marge d'un déplacement au tribunal de Bobigny. Les premiers procès ne permettent pas de dire si les auteurs des actes de violence ont agi de manière spontanée ou s'ils font partie de groupes organisés, a-t-on expliqué au cabinet du ministre. Le profil des prévenus est plutôt celui de jeunes ayant un casier judiciaire pour de petits délits et connaissant des problèmes sociaux.
Les policiers œuvrant sur le terrain constatent par contre un aguérissement : "En une semaine, ces petits groupes ont beaucoup appris : le moment où une grenade lacrymogène explose, la logique de progression des forces de l'ordre, qu'il est moins risqué et plus frappant de brûler une concession automobile que dix poubelles dans une rue, face à un cordon de CRS...", explique une source policière.
Avec AFP et Reuters