Re : Etudiants Imazighen persécutés
Agression des militants amazighs : la main occulte du pouvoir...
Le pouvoir marocain et ses supplétifs arabistes ont mené récemment des expéditions punitives d’une rare violence dans plusieurs universités. Ces opérations tragiques ont été soldées par l’interpellation de dizaines de militants et par des dizaines d’autres blessés graves. Certains militants du MCA estudiantin ont été condamnés à des peines de prison : c’est le cas à Agadir et à Imteghren. A Meknès également la police royale a procédé à des arrestations de militants amazighs.
Le bilan de ces opérations criminelles est lourd en termes de dégâts causés par le pouvoir et ses supplétifs ainsi qu’en termes d’enseignements que chacun de nous doit tirer de ces événements qui viennent dénuder la réalité autoritaire de l’Etat marocain.
Manipulation :
La multiplication des attaques, leur violence, leur ponctualité et leur portée (plusieurs universités à la fois) vise, en fait, à affaiblir le mouvement amazigh estudiantin et à couper chaque université de l’appui stratégique de l’autre. Le mouvement estudiantin, radical et œuvrant sur le terrain, étant déjà coupé des "élites" amazighes corrompues et dociles (notamment celles ayant rejoint l’Ircam). Les militants amazighs, attaqués dans leurs chambres et dans les campus universitaires, ont été amenés à se défendre contre les agresseurs pour protéger leur intégrité physique. Dans la confusion totale provoquée par les attaques, des actes les plus désespérés et les plus irréfléchis ont été commis. Des jeunes militants ont été arrêtés, torturés, interrogés, humiliés, frappés, blessés et jugés pour vol et atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat.
Si la méthode reste, toutefois la même, ces opérations sont différentes de ce qui s’est passé à Imtghren en 2003, en terme d’ampleur et d’organisation. Le schéma est rodé et s’est "amélioré". Les bandes arabistes agressent les militants avec préméditation. Les forces policières couvrent la fuite des assaillants qu’elles protègent et procèdent, par la suite, au "nettoyage", un mot fréquemment utilisé par ces forces répressives notamment à Agadir et à Imtghren pour désigner l’arrestation des militants berbéristes. Le soir, des rafles conjointes sont organisées par les deux parties (la police et les "milices" arabistes) dans des lieux publics pour intimider et menacer les militants.
L’Etat raciste et schizophrène s’est ainsi appuyé sur des étudiants arabistes qu’il a armé et encouragé, en leur assurant notamment l’impunité, pour traquer les jeunes militants amazighs. On a tous en mémoire les tristes événements de 2003 à Imtghren. Les services secrets (DST), désespérés par l’activisme des jeunes berbéristes à l’université et dans leurs villages et villes respectives, avaient payé des étudiants acquis à l’idéologie arabiste pour liquider physiquement deux militants berbéristes. Plusieurs étudiants ont été gravement blessés. Certains gardent toujours les séquelles de cette attaque barbare. Les assaillants, au lieu d’être traduits devant un tribunal, ont empoché 6.000 dirhams (600 Euros) chacun. Payés pour avoir "cassé du berbère".
Aucun étudiant arabiste n’a été inquiété suite à cette agression. Vigilantes, plusieurs associations amazighes, dont Tilelli de Tizi n Imnayen, avaient expliqué dans des communiqués la volonté du pouvoir de semer les graines de la violence dans les campus universitaires, un subterfuge qui lui permettra d’intervenir pour en finir avec les étudiants berbéristes. La vigilance l’avait emporté. Le plan des services était partiellement tombé à l’eau.
Le même scénario sera mis en route trois ans après cette attaque. Le feu a été même étendu à la quasi-totalité des universités pour réduire au silence un mouvement jeune, dynamique, radical, autonome et rejetant la politique raciste de l’Etat marocain.
Agressés par des assaillants armés de machettes, de barres de fer et des sabres, les militants amazighs ont été contraints à se défendre. Ce qui est légitime et naturel. Les étudiants arabistes ont, par la suite, laissé le terrain aux policiers qui ont auparavant couvert leur fuite.
Questions en suspens :
Comment expliquer qu’aucun étudiant arabiste n’ait été inquiété à ce jour, alors que les forces de répression ont arrêté des dizaines de militants berbéristes ?
Comment expliquer qu’aucun des membres de ces bandes criminelles n’ait été arrêté ni différé devant un tribunal ?
Comment expliquer le fait que ces étudiants, forts de leur insolence, organisent des rafles conjointes et paradent avec la police dans les rues des villes pour interpeller et intimider des militantes et des militants amazighs ?
Qui a pu financer ces opérations menées sur tout le territoire ? Lorsqu’on se rend compte de la faiblesse des moyens dont disposent des étudiants, généralement sans bourses, la situation semble s’éclaircir. La main des services n’est sûrement pas loin.
Avant de passer à l’attaque ces bandes arabistes proféraient publiquement des menaces de mort à l’égard des militants berbéristes. Ils n’avaient pas peur d’être arrêtés ou d’être inquiétés par la police. En fin de compte, quelle est la différence entre la police et ces bandes criminelles ?
Les étudiants arabistes, isolés et minoritaires au sein des universités, pourront-ils à eux seuls orchestrer des opérations d’une rare sauvagerie dans plusieurs universités à la fois au su et au vu de la police. Selon des communiqués rendus public par la coordination nationale du MCA, des étudiants arabistes avaient brûlé des chambres d’étudiants militants amazighs à Agadir sous les yeux amusés de la police et des fonctionnaires de la cité universitaire. Ils avaient même volé des ordinateurs, des livres et des effets personnels appartenants aux étudiants berbéristes avec la complicité des gueux en treillis.
Lhoussain Azergui
http://www.tamazgha.fr/article.php3?id_article=1967