agoram said:
On dit aussi et majoritairement :
mamenk
Tu as raison Agoram, “mamenk” est également usité.
On peut donc le considérer comme un synonyme de « manik », comme peut l’être « manchta » pour « manchek » ( combien ), « ma3 » ou « ma3na » pour « max » ( pour quoi ), « manza-t » pour le composé « mani gh illa » ( où est-il ) …
Mais lorsqu’on ne s’intéresse qu’à la syntaxe, le lexique n’est là que pour illustrer la règle.
Le choix du synonyme devient donc secondaire.
L’avantage de « manik », c’est qu’il adhère à la structure générale de l’énoncé interrogatif amazigh ( Chleuh ) :
La question « ma-nik a iga ? » (comment est-il ? ), aurait comme réponse générique :
« gh-ik-ad » ( comme ceci ) ou gh-ik-ann ( comme cela ).
Son équivalent « ma-menk a iga » :
« gh-mek-ad » ( comme ceci ) ou « gh-mek-ann » ( comme cela ).
En décortiquant les morphèmes « man-ik », « gh-ik-ad » et « gh-ik-ann » on s’aperçoit que « man » est une particule interrogative comme la particule « quel » du Français, que « gh » est une particule démonstrative comme le « ce » français, que « ik » est une particule qui représente la catégorie logique de la qualité, comme le font les particules françaises « comme » et « comment », que la particule de rapprochement « ad » serait l’équivalent de la particule française « ci » du composé « ceci » et que la particule d’éloignement « ann », l’équivalent de la particule française « là ».
Littéralement,
- « man-ik » donnerait, en Français, « quel comment »
- « gh-ik-ad » donnerait « comme ceci »
- « Gh-ik-ann » donnerait « comme cela »
En revanche, si l’on prend « ma-menk », le synonyme de « man-ik », on ne retrouvera plus la même cohérence entre les structures des phrases interrogatives et affirmatives :
Si la particule « menk » du composé interrogatif « man-menk » devait tenir lieu, comme le fait son équivalent « ik » de catégorie logique de la qualité, on devrait normalement la retrouver intacte dans les réponses génériques « gh-mek-ad » et « gh-mek-ann ».
Or ce que l’on retrouve, c’est « mek » et non « menk ».
Car cette cohérence est inhérente à tous les autres types d’énoncé interrogatifs :
- « man-wa ? » ( qui, litt : quel sujet ) --> « gh-w-ad » ( celui-ci ) ou gh-w-ann » celui-là ) :
la particule « w » représente la catégorie logique de substance ou de sujet ).
- « man-i ?» ( où, litt : quel lieu ) --> « gh-i-d » ( ici ) ou « gh-i-nn» ( là-bas ) :
la particule « i » représente la catégorie logique de lieu.
- « man-anchek ?» contracté en « man-chek ?» ( combien, litt : quelle quantitié ) --> « gh-anchek-ad » ( autant que ceci ) ou « gh-anchek-ann » ( autant que cela ) :
La particule « anchek » représente la catégorie logique de quantité.