Congres Mondial Amazigh Chez Kaddafi

Agrawal

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Source: Amazigh-net.

Ce matin (7/11/05)en sirotant mon café matinal en compagnie de
de mon journal préféré du matin, celui de BRTV,
j'étais trés surpris d'entendre l'invité du plateau du
jour, qui n'est autre que Belkacem Lounis, le
président du Congrés Mondiale Amazigh.

La surprise ne réside pas dans la personne elle même
mais surtout de la nouvelle qu'il a approrté toute
crue de Lybie. Figurez vous quoi:

En compagnie d'une délégation (CMA), ils ont été reçu
pendant une heure et demi par le Zaim Mouamar El
Kadaffi, et d'aprés Belkacem Lounis, c'est lui même
qui a cherché à les rencontrer pour se renseigner de
plus prêt sur l'état de Tamazight en Afrique du nord,
et qu'il n'st nullement insensible aux avancés
qu'aprés l'amazighité en Algérie et au Maroc. Et il
leur a demandé à l'aider pour intégrer Tamazight dans
l'enseignement en Lybie.

Photos à l'appui, la délégation CMA a remis à Kadafi
un grand cadre avec des transcriptions Tifinagh en
guise de remerciement pour les avoir reçu. À ce titre
Kadafi a dit que c'est le meilleur cadeau qui lui a
été offert y compris parmi tout les autres cadeaux
reçus de la main des nombreux chefs d'état. Le cadre
en question occupera une place certaine dans son musée
des cadeaux reçus pour cause des écritures Tifinagh
qui lui rappellent un épisode important dans sa vie. À
savoir quand il était en prison pendant la révolution,
un co-prisonier ami et militant touaregue écrivait ses
notes en Tifinagh.

Toujours d'aprés le président CMA, Kadafi a montré un
intérêt certain pour la promotion de Tamazight en
Lybie et que d'aprés lui, les erreurs idéologiques du
passé seront corrigés et les droits des imazighens
seront dorénavant respectés en Lybie dont le nom
évoque l'histoire profonde des berbères. À ce titre,
il demande au CMA de l'aider dans cette noble tache.
Il propose de commencer par l'organistation d'une
conférence internationale en Lybie sur l'histoire des
berbères. Conférence qui sera prise en charge par les
autorités libyennes.

Même si la personnalité de Kadafi est bien connue de
tous, mais il convient de saluer une telle initiative
et l'accompagner dans sa guérison idéologique. Il
restera le premier chef d'état de Tamazgha à
rencontrer le CMA, ce qui n'est pas rien tout de même.
 
Alors ne vous étonnez pas, si un jour on vous annonce la proclamation de la République Amazighe de Libye ! ;-)
 
Comme quoi le congrès mondial amazigh peut servir! Il ne faut jamais mésestimer une telle organisation. Il joue son rôle de porte drapeau du combat des Amazighs.
 
J'ai surtout l'impression qu'il se fait bien manipuler.

La Lybie a été terrible pour les Amazighes, il y était interdit de parler Tamazight. Quand on trouvait des Tifinaghs chez des gens, ils risquaient la mort.
Beaucoup d'Amazighes sont morts ou disparus du seul fait de parler leur langue et il veut nous faire croire qu'il a changé ?

Tous ces dirigeants arabes n'agissent que pour plaire à l'extérieure. Il faut utiliser cela de la bonne façon, c'est difficile de ne pas se faire manipuler...
 
azul,
il faut savoir déjà son fils sayfalislam a annoncé aux amazighs de lybie qu'ils avaient le feu vert de faire ce quel voule.
cadafie est un faut est capable de pire comme de milleur. à suivre
 
Kaddhafi est un fou et tu as tout à fait raison, Imal. Voilà un dirigeant d'un vaste état sous peuplé qui rêve de grandeur et de jouer un rôle historique. A près bien des mésaventures, d'être allié avec l'Egypte, ensuite avec Malte, ensuite avec la tunisie et avoir toujours rompu ces unions, après avoir flirté avec les mouvements indépendantistes d'afrique et d'ailleurs, et s'être calmé après la raclée administrée par les USA, ne croyant plus au mythe grotesque du Maghreb arabe uni, après avoir été l'un des champions du panarabisme et être déçu par l'égoîsme et l'incompétence des dirigeants arabes, il ne sait plus à quelle idéologie se vouer...
Vous avez raison de rappeler que Kaddhafi a été un ennemi déclaré de l'identité et de la culture amazighe, qu'il a essayé d'éradiquer chez lui, au nom du panarabisme. C'est un personnage hors du commun, lunatique, imprévisible, qui essaye de redorer son blason à peu de frais. Peut- être a t-il vu dans le Mouvement amazigh une nouvelle opportunité pour rêver, car c'est un grand romantique du style de Néron, mais il n'en demeure pas moins un dictateur, un criminel, bref un aventurier en quête de gloire et de reconnaissance.

Si le mouvement amazighe commet la folie de s'allier à ce terroriste c'est sa réputation et sa crédibilité qui est en jeu, et pour longtemps.
 
Avec les politiciens faut pas se leurer ya toujours des intérêts...

quelque part pour essayer d'effacer l'histoire du passé ,
un passé douloureux pour nos amis amazigh de toute l'Afrique du Nord....

kadafi essai de se faire racheter par tous les moyens ....
 
depuis des siècles la lybie était une capitale de tout tamazgha (nord africain) depuis la guerre de chachnaq contre les faraouns et son tréomphe historique qui a marqué le début de la premiere année c'était 950 avant jésus crist et malgré tout le temps qui a passé un fou comme kadafi ne peut jamais effacer l'histoire car il ne va pas vivre pour l'éternité .amaniss hamun
Taboudrart94 a écrit :
Avec les politiciens faut pas se leurer ya toujours des intérêts...

quelque part pour essayer d'effacer l'histoire du passé ,
un passé douloureux pour nos amis amazigh de toute l'Afrique du Nord....

kadafi essai de se faire racheter par tous les moyens ....
:p
 
moi je dis que si kadafi fait appel a goldorak et bien il pourra se faire racheter mais cett parole n engage que moi :-D
 
http://en.ljbc.net/online/news_details.php?id=1183

Chairman of the World Organization for Amazigh praises Leader’s efforts
2005-11-07/ Chairman of the International Organization for Amazigh, Dr.Bilqasim Wannas, praised the firm stands of the Leader of the Revolution and his continuous struggle against colonialism, expressing his profound appreciation to have the honor of meeting the Leader Saturday night.

Wannas said in a statement to Jana reporter:" I am very happy to be in Libya for the first time, it is an honor for me to meet the Leader of the Revolution and this is the first time that the Leader meets and welcomes a chairman of the World Organization for Amazigh and this is a great honor for us".

The meeting was a historical one since the Leader is the example, because he is the man who stands against colonialism and imperialism and he has firm stances .

The Leader who has these firm stances for freedom and anti-colonialism, we support all his ideas that he has suggested to us because he is a truthful man .

We talked with the Leader openly and we found him a man who receives people with simplicity and make them feel at home to say what they want, our discussions were useful .

The Leader is not like other leaders, where he himself opened the door for us and hosted us, this meeting was of great benefit. We hope that we can have such meeting with the leader more than once."

The Chairman of the World Organization for Amazigh condemned in his statement those attempts of disintegration, rejecting in the meantime, any outside attempts to use the Amazigh as a tool to destabilize the countries of the region, stressing that the organization believes that the Amazigh are citizens of this region and they are keen to maintain brotherly ties among its people, especially the Libyan people who are one family united hand in hand for the sake of development, progress and prosperity for all, pointing out that the Organization calls for peace and renouncing violence.

Dr.Wannas expressed the support of his Organization to the Leader's efforts to unite Africa and enhance the Maghrib Unity, asserting the Leader's analysis that borders are created by western colonialism which must be removed to realize unity that we have its elements, some thing that the Europeans do not have, nevertheless, they were able to establish the European Union.


[ Edité par Agrawal le 9/11/2005 17:54 ]
 
Aqeddaf yera ad yeg "Ameghar".

Awa bazz... Kcement ayi ger idtudan...

http://en.ljbc.net/online/news_details.php?id=1183
 
hati iwis lHram aynna. Izikr, anzzammu, adiktatur, afaci, anazi lli ur ittajjan Imazighen ad akw sawalen tamazight gh téléphne ur ar sis ttiriren.

Kra n Iàzray skeren yat trabbut n uZawan Libya 2000, iskcement akw s tbnniqt.

Yan kra yyiren ay ad inna unafal a-n:" Tamghart lli isawaln s trwa nes tamazight ar asen takka asteci (poison)". Izd ghwa-d i Rebbi agh ra sul nfls ?
 
Le président du congrès mondial amazigh fait des yeux de chimène à Qaddafi. Écoutez ces propos à la radio libyenne:

http://www.tawalt.com/letter_display.cfm?lg=_TZ&ID=3421
 
Azul.

Sul ar netteqqel ese CMA ede umezwar enes ad sawlen f t'ghawsa yade. Aneghmis ade yega zund ZZENZAL gh eddu idtaren ene imeghnasen ene MCA gh Tamazgha akw.

Ma menk as yemnaggar Belkacen ede Kaddafi?
Maxx?
 
Le Président du CMA rencontre le chef de l'Etat libyen à Tripoli



Invités officiellement par les plus hautes autorités libyennes, Belkacem Lounes, Président du CMA et Cheikna Hamate vice-président chargé de la région " pays Touareg-Libye ", ont séjourné à Tripoli du 4 au 7 novembre 2005. Le principal objet de cette visite était la rencontre entre le Président du CMA et Maamar Kadhafi, leader de la Jamahirya libyenne. Cette rencontre a eu lieu le 5 novembre 2005, dans la résidence du chef de l'Etat libyen à Tripoli.


Maamar Kadhafi a accueilli le président du CMA à l'entrée de la tente où s'est déroulé l'entretien, avec un grand sourire et beaucoup de chaleur dans l'accolade qu'ils ont échangée. Le leader libyen a dit qu'il était heureux de recevoir Belkacem Lounes, président du CMA et lui a dit : " bienvenue dans ton pays ". Ce à quoi le président du CMA a répondu en disant qu'il était heureux d'être en Libye, pour la première fois et il a remercié le chef de l'Etat libyen de l'avoir invité. Ensuite, il lui a remis un tableau représentant l'alphabet Tifinagh, ce qui a ravi M. Kadhafi qui a affirmé que pour lui, c'est un cadeau d'une valeur inestimable, qu'il en prendrait le plus grand soin et qu'il le mettrait en très bonne place dans son musée personnel où sont exposés les objets qu'il a déjà reçus des chefs d'Etats du monde. Il a affirmé qu'un ami Touareg l'avait initié à cette écriture amazighe dans les années 1960 et que Tifinagh faisait partie de son identité et qu'il fallait absolument préserver ce patrimoine. Ensuite, il a invité ses hôtes à prendre, comme cela est de tradition, un verre de lait de chamelle.


Les discussions ont alors commencé par des questions adressées par le leader libyen au président du CMA, portant sur la nature du CMA comme organisation amazighe et ses objectifs. Il a justifié ses questions par le fait qu'il a lu ou entendu beaucoup de choses négatives sur le CMA et sur le mouvement amazigh en général. Belkacem Lounes a alors développé sa réponse en rappelant que la Libye est un berceau de l'amazighité, que les Amazighs sont les véritables patriotes, toujours premiers au front pour assurer la défense de leur pays mais toujours, rejetés, marginalisés une fois l'objectif atteint. Le président du CMA a ensuite fait brièvement état des violations des droits des Amazighs et des violences qu'ils subissent dans tous les pays où ils vivent, à commencer par la Libye. Parlant du CMA, il a expliqué que cette organisation a été créée par la volonté des Amazighs de se prendre en charge et de se défendre par eux-mêmes, notamment en mobilisant les solidarités et les instruments du droit international. " Les Amazighs n'ont aucun discours de haine, ils rejettent la violence et ils prônent la tolérance, l'amitié et la paix dans le respect mutuel " a précisé M. Lounes qui a par ailleurs fait remarquer que ce ne sont pas les Amazighs qui tuent leurs frères, comme par exemple en Algérie, mais ce sont eux qui meurent de manière injuste et insensée. Enchaînant sur ce point, le président du CMA a noté que ce qui est source de révoltes et de conflits, ce n'est point la diversité linguistique et culturelle mais bien refus de celle-ci. " Il est urgent de mettre fin à l'exclusion de l'identité amazighe et de restaurer les droits des Amazighs, pour pouvoir s'atteler à la construction de l'unité et de la paix dans cette région " a dit Belkacem Lounes. Il a ajouté que " Tamazight sera le ciment de l'union des peuples de l'Afrique du Nord et le CMA réclame l'abolition des frontières dans cette région. Il est aberrant que des frontières restent fermées chez nous alors que des pays aussi différents que le Portugal et l'Estonie soient unis au sein de l'UE ". Il a également fait observer que les Amazighs sont un peuple tolérant et n'ont jamais refusé le dialogue, à condition cependant qu'il soit accompagné de volonté et de sincérité. Le président du CMA a fait remarquer que c'est la première fois que le CMA est invité par un chef d'Etat nord-africain et il a salué le courage de M. Kadhafi d'avoir pris l'initiative de cette rencontre historique qui est un grand pas dans le sens d'une meilleure compréhension mutuelle et de l'entente entre les peuples de la région.


M. Kadhafi a assuré avoir bien entendu tout cela et s'est félicité d'apprendre et de comprendre que ni les Amazighs ni le CMA ne sont des facteurs de discorde dans les pays d'Afrique du Nord. Il s'est dit favorable aux droits des Amazighs car il a toujours défendu la liberté des personnes et des peuples et il est disposé à faire en sorte que les droits culturels et linguistiques des Amazighs de Libye soient reconnus et respectés. Il a affirmé qu'en tant que libyen, il était africain et que désormais c'était dans ce cadre géographique et seulement dans celui-là qu'il entendait inscrire l'avenir de son pays. Il a affirmé que les Amazighs de Libye peuvent jouir pleinement de leurs libertés et que la langue amazighe, langue de la Libye, sera reconnue et enseignée. Un décret a déjà été publié dans ce sens pour le parler Tamacheq, et un autre devrait suivre concernant l'amazigh des régions de Nefoussa et de Zwara. M. Kadhafi a souhaité que le dialogue puisse se poursuivre et qu'une coopération active puisse être instaurée afin de réaliser des projets concrets.


Le Président du CMA a dit sa satisfaction concernant ces prises de position très positives. Au sujet de l'africanité il a rappelé que les Amazighs se définissent depuis toujours par leur appartenance à l'espace géographique Méditerranéen et Africain et que par conséquent ils ne peuvent que soutenir l'orientation africaine de la Libye. Il a ensuite présenté les grandes lignes des propositions du CMA afin de concrétiser les orientations politiques en faveur de la promotion de l'amazighité en Libye. M. Kadhafi a accepté toutes les propositions émises par le CMA et a affirmé être satisfait de la rencontre et que la mauvaise image qu'il avait du CMA et du mouvement amazigh en général avait changé de manière positive. Il a souhaité que le contact soit maintenu en permanence au plus haut niveau et a nommé un diplomate Touareg qui assurera la mission de coordination de cette question. La prochaine étape est donc de réaliser un diagnostic concernant la situation de l'amazighité en Libye, chose qui sera faite au cours du mois de décembre prochain par une équipe du CMA. Un programme de travail détaillé sera ensuite proposé aux autorités libyennes.


Notons que la rencontre qui a duré près de deux heures, s'est déroulée dans un climat très détendu, la discussion a été franche et sans langue de bois, ce qui a grandement facilité la large convergence de vues sur les questions abordées et l'instauration de la confiance.






Tripoli, 7/11/2005


P/Le Bureau

Le secrétariat du CMA.
 
Moi, je dis que c'est une bonne chose. Convaincre ce fou de Qaddafi que les Amazighs sont plus libyens que lui est une bonne chose. C'est un point à l'actif de Belqacem Lounas !
 
Les Berbères en Libye

Rapport alternatif de Tamazgha au Comité pour l’Elimination de la Discrimination Raciale (CERD)
Nations Unies Conseil Economique et Social Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (ICERD)

64eme session du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale Genève, 23 février au 12 mars 2004

extraits



PARTIE 2

PRINCIPALES VIOLATIONS DE LA CONVENTION INTERNATIONALE SUR L’ELIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION RACIALE

1. La négation officielle et institutionnelle du fait amazigh (berbère).

La discrimination anti-berbère est un fait officiel délibéré et organisé, inscrit dans les textes et bénéficie du concours des institutions de l’Etat lesquelles sont instrumentées dans le but de nier l’identité ancestrale des Berbères en vue de les arabiser par la force et de les intégrer ainsi dans une conception politique arabo-islamique comme dominés.

Ainsi, la Proclamation constitutionnelle du 11 décembre 1969 illustre la discrimination officielle que subissent les Berbères.

L’article 1 de cette proclamation énonce que le peuple libyen est partie de la nation arabe. Et aucune allusion n’est faite à l’appartenance berbère de ce pays.

L’article 2 du même texte fait de l’Islam la religion de l’Etat. Le même article précise que l’arabe est la langue officielle. La langue berbère n’est pas mentionnée, donc pas reconnue. Et pourtant cette langue est réalité vivante en Libye. La langue berbère se trouve ainsi officiellement exclue.

L’article 5 qui déclare que tous les citoyens sont égaux devant la loi ne peu s’appliquer aux berbérophones qui se voient bien privés de leur langue non reconnue. Dans sa réforme des institutions, il était question de réformes de l’enseignement. La réforme est énoncée de la manière suivante : “[...] il s’agit de former de futurs citoyens croyant en leur religion islamique et fiers de leur arabité ” (Taoufik Monastiri, "Chronique sociale et culturelle", AAN 1974, p.479). Encore une mesure exclusive de l’élément berbère.

C’est sur ces divers textes, lois fondamentales de l’Etat, que se base la politique d’arabisation et de négation de l’identité amazighe de la Libye.

L’attitude officielle [Kadhafi] vis-à-vis des Berbères a été toujours hostile aux Berbères. Il est soutenu que “...la prétention à vouloir utiliser et maintenir le berbère est une prétention réactionnaire, inspirée par le colonialisme...”. (EBERT Gerlinde & EBERT Hans-Georg, Zu einigen Aspekten der Sprachsituation und politik un der SLAVJ (Libyen) unter besonderer Berücksichtigung des Italienischen, p. 386).

"L’anti-bérbérisme de Kadhafi est bien connu et atteint une virulence peu commune." (Salem Chaker, Une décennie d’études berbères : 1980-1990, Bouchène, Alger, 1991, p. 123).

Force est de constater qu’aucune place n’est accordée à la langue et la culture berbères dans les textes fondamentaux de l’Etat alors que le berbère est une langue vivante pratiquée par plus d’un million de Libyens.

Notons que le rapport de l’Etat libyen ne donne aucune précision quant la composition ethnique de la Libye, ni sur les langues en usage réel dans la société. Ainsi le rapport (CERD/C/431/Add.5) réduit les Libyens à la seule ethnie arabe et fait abstraction de tout ce qui peut être différent. Il ignore surtout la présence du peuple le plus ancien sur ce territoire ; un peuple dont la civilisation, la culture et la langue ont traversé des millénaires et sont toujours vivantes.

Et pourtant, le CERD dans ses conclusions suite à l’examen des 11eme, 12eme, 13eme et 14eme rapports présentés par la Libye en 1998 (CERD/C/299/Add.13), a souligné comme sujet de préoccupation "L’affirmation par l’Etat partie qu’i n’existe pas de minorités ethniques sur son territoire fait abstraction de l’existence, en particulier, de Berbères, de Touaregs, d’Africains noirs, etc., qui selon certaines informations, seraient victimes d’actes de discrimination en raison de leur origine ethnique." (CERD/C/304/Add.52, paragraphe 12). Dans le paragraphe 14 du même document, "le Comité recommande à l’Etat partie de fournir dans son prochain rapport des renseignements détaillés sur la composition démographique de sa population [...]".

La Libye persiste dans sa négation de l’existence de Berbères sur son territoire et refuse de donner la composition ethnique en Libye réduisant ainsi les Libyens à la seule ethnie arabe.

Le département d‘Etat (USA), dans son rapport sur la Libye, en 2001, note de "nombreuses allégations de discrimination basées sur le statut de la tribu, en particulier contre les Amazighs a l’intérieur et les Touareg au sud". Ce même rapport fait état de manipulations de tribus par le gouvernement libyen qui use de la corruption dans le but de se maintenir au pouvoir (voir le rapport ).

Les Berbères occupent plusieurs régions éparpillées à travers la Libye. Aujourd’hui, on estime le nombre de berbérphones en Libye à environ un million et demi. Ils sont principalement concentrés dans l’Adrar Nefoussa, toponyme arabisé et devenu Djebel Nefoussa. La ville de Zouara est l’un des foyers les plus importants des communautés berbérophones en Libye, Aoujila, la tribu des Aït-Meryem en Cyrènaïque (Barka). Au sud se trouve une autre communauté berbère, Touaregs, les Berbères de Ghadamès.

La langue arabe étant considérée comme la seule langue nationale et officielle de l’Etat libyen ; cela dénote une réelle volonté d’arabisation des populations berbérophones pour qui la langue n’a pas droit de cité. Quoi qu’il en soit, la langue berbère ne dispose d’aucun statut officiel. Ainsi, nous constatons non sans amertume que tout le fondement amazigh (berbère) de la Libye soit délibérément ignoré. Dès lors, c’est une partie non négligeable des Libyens qui se trouvent exclus de jure, de l’Histoire. Ce traitement contraire à la lettre et à l’esprit de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale constitue une atteinte inadmissible aux droits fondamentaux des Berbères libyens contraints à une arabisation maintes fois oppressive.

Les textes traitant de l’Histoire de la Libye ne font aucune allusion aux origines berbères de la Libye et de l’Afrique du Nord de manière générale. Ces textes sont une véritable falsification de l’Histoire puisqu’ils refusent de signaler que les premiers habitants connus du pays sont les Berbères, chose qu’il est pourtant difficile de nier vu que l’ensemble des Historiens reconnaissent la présence des Berbères sur cette Terre depuis la Préhistoire. Pour l’Etat libyen, les Berbères, leur Histoire, leur langue, leur culture et leur civilisation n’ont jamais existé puisqu’elles ne sont nulle part signalées.

Dans les manuels scolaires d’Histoire libyens, c’est l’expression "Arabes anciens" qui est utilisée lorsqu’il s’agit d’évoquer les premiers habitants de la Libye.

Il s’agit d’une volonté délibérée de ne pas faire allusion à la berbérité, une composante qui forme le socle de la civilisation nord-africaine, dans le but, à terme, par le fait notamment de l’arabisation forcée, de faire en sorte que le fait berbère disparaisse.

2. Une arabisation et une assimilation programmées.

Même si la langue berbère en Libye, comme partout en Afrique du Nord, a pu résister aux langues de presque tous les conquérants (Phyniciens, Byzantins, Vandales, Romains,...), l’arabe, langue du Coran, a réussi à la bousculer et à la menacer sérieusement puisque aujourd’hui plus des deux tiers des Libyens sont complètement arabisés et ont perdu l’usage de leur langue ancestrale qui est la langue berbère. Cette dernière s’est maintenue notamment dans les régions reculées (montagnes, désert, oasis,...).

La politique linguistique arabisante de l’Etat libyen menace sérieusement les berbérophones ainsi que leurs langue et culture et risque de conduire, à terme, à la mort lente de la langue berbère. La langue arabe jouit d’une grande puissance culturelle. Langue officielle de l’Etat, langue de la religion qui est elle-même religion officielle, langue obligatoire et unique de l’école, langue de la radio et de la Télévision, unique langue de l’administration, l’arabe occupe tous les espaces alors que la langue berbère se trouve interdite d’usage. La langue berbère est réduite au seul usage familial et dans les villages et oasis berbérophones.

La langue berbère en Libye se trouve ainsi sérieusement menacée. Cette menace est du fait du seul Etat libyen qui, par son attitude marginalisante à l’égard du berbère, viole l’un des principes fondamentaux de la Convention internationale pour la lutte contre toutes les formes de discrimination raciales.

S’obstiner dans cette politique d’arabisation et d’assimilation forcées des Berbères, l’Etat libyen commet l’un des crimes les plus horribles à savoir priver la Libye d’une composante essentielle de son Histoire, identité et culture. C’est par ailleurs le patrimoine de toute l’Humanité qui sera privée de cet apport millénaire qui représente une richesse aussi bien à la Libye qu’à l’Humanité entière.

L’Etat libyen se doit de déployer tous les moyens et efforts nécessaires pour protéger ce patrimoine de la Libye et faire en sorte que la langue et la culture berbères soient prises en charge. L’Etat doit leur assurer une protection réelle et conséquente en vue de leur promotion et développement.

3. Mépris des régions berbérophones.

Nous signalons deux faits qui montrent le mépris du régime libyen aux régions berbérophones et qui relèvent de la discrimination.

Le seul hôpital qui existe dans la région de Zouara et qui sert à tous les Berbères de la région (Nefoussa, Yafran, ...) fut fermé durant les années 1980. La seule explication à sa fermeture est le désir de priver la région de soins. Ainsi, les habitants de la région se trouvent de fait privés de soins. Pour accoucher, les femmes berbères de Zouara se trouvent très souvent contraintes à traverser la frontière libyenne pour aller dans des hôpitaux tunisiens. A ce jour, l’hôpital de Zouara demeure fermé et il n’y aucun projet de sa réouverture ou de construction d’un hôpital pourtant indispensable dans cette région.

L’Etat libyen a dépensé énormément d’argent pour faire venir de l’eau de l’Est du pays vers le nord et les régions les plus peuplées. Le régime libyen se vante de cette réalisation. Si cette rivière artificielle est venue alimenter une bonne partie des populations du nord en eau, il faut noter que les régions berbérophones (Nefoussa et Zouara en particulier) sont privées de cette eau. La rivière arrive jusqu’à Tripoli à l’ouest et va jusqu’à Benghazi à l’est. I y a évidemment le mépris de ces régions qui ont gardé leur spécificité berbère, mais l’autre stratégie du régime de Kadhafi est de contraindre les populations berbères à quitter leurs régions pour aller rejoindre les grandes métropoles arabophones où leur arabisation sera inéluctable.

Le moins que l’on puisse dire c’est que ces deux faits montrent la discrimination pratiquée par les autorités libyennes sur les régions berbérophones.

4. Exclusion des champs culturel et éducationnel officiels.

Bien entendu, la langue berbère ne bénéficie pas d’enseignement par le système éducatif libyen. Les manuels scolaires ne consacrent aucun espace à l’enseignement de l’Histoire des Berbères ni à leur civilisation.

Les projets de développement, de promotion et de soutien de la culture n’ont pas inscrit la culture berbère dans leur priorité. Seuls les arts d’expression arabe bénéficient des aides de l’Etat. Non seulement le patrimoine berbère n’est pas soutenu, mais il est interdit. Même s’il n’y a aucun texte qui interdit officiellement la pratique de la culture berbère, il est de notoriété qu’en Libye les Berbères n’osent même pas exprimer leur berbérité ni oser œuvrer pour la sauvegarde des langue et culture berbères dans des cadres organisés. La Libye étant connue pour être un Etat répressif et où les autorités pratiquent toutes les exactions imaginables envers les populations. Toute tentative individuelle ou collective d’exprimer la berbérité et une volonté de prise en charge de la culture berbère fut réprimée. L’expression de la berbérité est considérée comme une atteinte aux intérêts et à l’intégrité de l’Etat.

L’Etat libyen ne peut justifier cette situation et ne peut prétendre ignorer la situation inacceptable que vivent les berbérophones de Libye ainsi que leurs langue et culture. Tous ces faits montrent la discrimination linguistique et culturelle dont sont victimes au moins 30% de Libyens.

5. Une politique anti-berbère, autoritaire et répressive.

Selon des témoignages de Berbères libyens exilés en Europe et en Amérique depuis plusieurs années, on note la répression des Berbères même du fait qu’une famille ait refusé l’alliance de leur fille avec Kadhafi. Ce même témoignage, dont une partie existe en document tapuscrit (voir extrait en annexe 5), nous révèle les différentes formes de répression du fait berbère allant jusqu’à la liquidation physique d’opposants pour peu qu’ils aient manifesté et/ou exprimé une attache avec la berbérité.

Les toponymes berbères sont quasi-systématiquement arabisés. Les livres faisant référence au berbère sont brûlés sur les places publiques. L’usage du berbère dans les écoles est interdit. Il est interdit de traduire à un apprenant dans sa langue maternelle à l’école. Il est également interdit d’utiliser la langue berbère dans les lieux publics (administration, services publics,...) car langue non-arabe.

A une certaine période, les communications téléphoniques en berbère, une fois interceptées, sont systématiquement interrompues.

Une propagande est orchestrée pour inciter les Berbères à des mariages mixtes avec les arabophones dans le but de les arabiser.

L’Etat libyen procède à la mutation de fonctionnaires berbérophones de leurs régions natales dans des régions arabophones et l’affectation de fonctionnaires arabophones dans les régions berbérophones en vue de la stricte utilisation de la seule langue arabe.

L’Etat libyen procède au regroupement des populations de communautés différentes (arabophones - berbérophones) dans de mêmes municipalités en vue d’un contrôle sur les berbérophones.

Répression des pratiques religieuses de berbérophones : rite Ibadhite (rite islamique minoritaire non orthodoxe n’existant que chez les Berbères, en Libye. Le même rite se retrouve chez les Berbères du Sud de la Tunisie et les Berbères mozabites en Algérie).

6. Répression, torture et exécutions sommaires de militants berbères.

La répression et la torture ainsi que les exécutions sommaires sont des pratiques courantes chez les autorités libyennes. Toute opposition ou toute voix tentant d’exprimer des points de vue différents de ceux dictés par le régime de Kadhafi sont réprimées. Les berbérophones sont l’une des cibles de ce régime qui n’admet pas que l’arabité de la Libye soit remise en cause. Ainsi, les Berbères qui refusent l’assimilation et qui tiennent à leur langue et à leur culture se trouvent ainsi quotidiennement menacés par le régime libyen.

Pour illustrer la difficile vie que mènent les Berbères en Libye, nous donnerons quelques exemples de répressions subies par les populations.

Durant les années 1970, Ali Yaya Maa Mar, un berbère de confession ibadhite, écrivain a été assassiné dans des conditions mystérieuses. Ses positions et notamment l’un de ses livres "Les Ibadhites au marges de l’Histoire" (en 3 volumes) semblent gêner le régime libyen qui a recours à l’élimination physique pour faire taire des voix libres.

Durant la même période, années 1970, Dr. Omar Nami, Professeur à l’Université de Tripoli, berbère originaire de Nefoussa, fut assassiné dans les mêmes conditions qu’Ali Yahia Maamar. Parmi les ouvrages qu’il avait écrit "La culture en Libye" ; dans cet ouvrage il a traité de la culture berbère (poésie, chant, ...) et de l’ibadhisme.

Fin 1978, une exposition de peinture à Zouara à été saccagée par le Comité révolutionnaire local.

En février 1979 : tentative d’assassinat de l’avocat et poète berbérophone opposant, Saïd El Mahroug, dit Sifaw. En effet, victime d’un accident grave de circulation que l’on ne peut attribuer qu’aux services du régime libyen, Saïd El Mahroug a été handicapé à vie. Malgré tous les soins dont il avait bénéficié à l’étranger, il meurt en 1994 à Djerba en Tunisie.

En 1980 : arrestation de berbérophones accusés de création de parti politique d’opposition. Cette arrestation est survenue suite aux évènements du Printemps Berbère en Kabylie dont l’écho s’est propagé dans toutes les régions berbérophones à travers l’Afrique du Nord.

En 1982 : les étudiantes du Lycée de Zouara, toutes berbérophones, ont été réprimées parce qu’elles avaient refusé de se rendre à une manifestation en l’honneur de Kadhafi. S’en suivirent des arrestations et interrogatoires sous la torture.

Avril 1984 : arrestation de Berbères suite à une manifestation à Zouara et à Jadou.

16 avril 1984 : pendaison d’étudiants berbérophones dans le campus universitaire de Tripoli.

Le 10 juin 1985, fut assassiné Ferhat Ammar Hleb. Il a été pendu sur la place publique dans sa ville natale, Zouara. Ce jeune berbère venait de terminer ses études aux Etats Unis d’Amérique et il est connu pour ses positions favorables à la cause berbère. Le régime libyen l’accuse d’avoir des contacts avec des opposants libyens aux Etats-Unis et le condamne à a pendaison.

Avril 1986 : certains militants berbères venus assister aux festivités du Printemps berbère à Tizi-Ouzou en Kabylie (Algérie), furent interceptés aux frontières libyennes et depuis disparus et leurs familles n’en ont eu aucune nouvelle à ce jour.

Les militants berbères, comme tous les opposants, sont poursuivis jusque dans l’exil où ils se font assassinés par les agents des services secrets du régime libyen. Ainsi, le 26 juin 1987 fut assassiné à Rome (Italie) Youssef Salah Kherbiche, un berbère originaire de Nefoussa.

7. Les interdictions.

a) Interdiction de l’usage d’autres langues que la langue arabe.

Cette interdiction vise, bien entendu, en priorité, la langue berbère puisque l’on sait qu’en Libye, la seule langue utilisée par les citoyens en dehors de la langue arabe est la langue berbère qui est langue maternelle de plus d’un million de Libyens.

Comme l’illustre la circulaire du Bureau de liaison des Comités Révolutionnaires - Section Action intérieure, destinée aux responsables des sections des activités révolutionnaires régionales et, pour information, aux différents membres des Comités révolutionnaires dont l’objet est l’information, datée du 18 juin 1995 (voir annexe 1 : document en arabe) ; il est dite qu’il est “interdit d’utiliser une langue autre que la langue arabe dans les diverses relations administratives locales... ”. La circulaire exige des Comités révolutionnaires et des groupes de travail révolutionnaires régionaux d’examiner ce genre de phénomène [inobservation de l’utilisation de la seule langue arabe] et de prendre les mesures appropriées de sorte à obtenir des résultats “concrets”.

Cette circulaire précise que les langues utilisées dans “les relations extérieurs ou avec les partenaires étrangers” ne sont pas concernées. Ceci montre, une fois de plus, que de telles mesures répressives ne sont destinées qu’aux langues locales différentes de la langue arabe, donc la langue berbère.

Il faut penser aux conséquences d’une telle circulaire et de son application dans les régions berbérophones. En effet, plusieurs personnes furent sanctionnées voir arrêtées et emprisonnées. D’autres même torturées tout simplement parce qu’elles ont eu à utiliser leur langue naturelle dans leur vie quotidienne.

Selon des témoignages recueillis auprès de berbérophones libyens en exil en Europe, tout un arsenal de directives, de circulaires, de lois,... officielles et officieuses allant dans le même sens que le document cité (annexe 1) a pour objectif l’usage unique de la langue arabe et la non utilisation -implicite et explicite - de la langue berbère.

En conséquence, les berbérophones libyens sont donc condamnés à une arabisation lente mais inéluctable.

b) Interdiction des prénoms berbères.

Les prénoms berbères sont interdits par l’administration libyenne. Ainsi, les parents se voient imposer une liste de prénoms arabes et ne peuvent choisir pour les nouveaux nés des prénoms berbères.

c) Interdiction de manifestation culturelles berbères.

Les activités culturelles berbères sont interdites et lorsque des citoyens tentent d’organiser une quelconque activité même dans un cadre restreint au sein des villages, les autorités interviennent pour arrêter l’activité et procéder à l’arrestation des acteurs.

d) Interdiction des associations à caractère culturelle berbère.

Les associations culturelles berbères sont interdites comme le sont d’ailleurs toute organisation indépendante et qui ne s’inscrivent pas dans le cadre imposé par le régime.

e) Interdiction d’organisation de fêtes et soirées musicales et artistiques berbères.

Même les soirées et les fêtes artistiques d’expression berbère sont interdites. Ne sont tolérées que les activités où la langue d’expression est le berbère.

8. Le rapport de la Libye : les contradictions

De l’appellation de l’Etat libyen. Dans l’introduction générale de son rapport (paragraphe 1), l’Etat libyen se définit comme “Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste”. Cette appellation, à elle seule, par ailleurs ethniciste, montre l’exclusion pure et simple de tout ce qui n’est pas arabe et donc de la berbérité de la Libye. La récurrence de la réaffirmation de l’ “ arabité ” de la Libye n’est qu’un symptôme du doute qu’ont les dirigeants du régime libyen quant à la véritable identité du peuple gouverné.

Dans le paragraphe 3 du rapport de l’Etat libyen (chapitre “population”), il est dit “Les Libyens, qui sont tous de même origine raciale, professent l’islam et parlent l’arabe.” La définition officielle sur une base raciale (et donc du rejet de l’Autre) ne sied pas aux Berbères qui se sont toujours définis sur des bases linguistiques et culturelles quelle que soit la couleur de leur peau, leurs croyances, religions, et mœurs. Une définition ethniciste et raciste d’un Etat est indigne des valeurs du XXIeme siècle.

On ne peut admettre qu’un peuple soit défini uniquement sur la base de la race (laquelle ?) lorsqu’on sait que l’Afrique du Nord a été et est le carrefour de multiples civilisations qui dans leur syncrétisme ont donné la civilisation actuelle. En effet, faudrait-il rappeler que sur les terres nord-africaines se sont succédées, à travers les siècles, les civilisations suivantes : Phéniciens, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Musulmans, Turcs, Anglais. Et comme religions, il est de notoriété que l’Afrique du Nord ait été traversée par les différentes religions monothéistes qu’a connue l’Humanité.

Une définition raciale (voire raciste) de l’identité de la Libye est pour le moins insensé et dénuée de toute crédibilité.

Dans son rapport, l’Etat libyen ignore superbement toute répartition ethnique et linguistique de la population libyenne. Toute une réalité est ainsi occultée.

Dans le paragraphe 11 de son rapport (chapitre “Religion”), l’Etat libyen affirme que “tous les Libyens professent la foi islamique,...”. Faut-il comprendre qu’un Libyen (citoyen de nationalité libyenne) ne peut avoir une autre confession autre que celle décrétée officiellement à savoir l’Islam ? Quelles protections et quelles garanties l’Etat libyen offre-t-il aux non croyants, athées, libres penseurs,... ?

Comment l’Etat libyen peut expliquer la répression des Ibadhites (rite musulman non orthodoxe différent du rite majoritaire, malikite, en usage en Libye) qui sont berbérophones ?

Dans le paragraphe 19 de son rapport, l’Etat libyen affirme catégoriquement qu’il n’y a aucune discrimination raciale de quelque sorte que ce soit en Libye. Il n’existe aucune communauté religieuse ou ethnique définie par sa religion, sa race, sa langue, son sexe, sa couleur de peau ou ses affiliations politiques,[...] Le fait que tous les citoyens libyens aient la même origine, la même religion et la même langue a sans aucun doute contribué de manière déterminante à l’absence de discrimination raciale dans le pays.”

Au delà de a confusion de ce paragraphe, il recèle une contradiction. En effet, comment un Etat peut prétendre user de tous les moyens pour combattre la discrimination sous toutes ses formes alors que par ailleurs il affirme de manière catégorique que la discrimination n’existe pas sur son territoire.

En supposant qu’il n’y ait aucune discrimination, devons-nous comprendre qu’un Libyen n’a pas le droit d’avoir une autre religion différente de celle choisie par l’Etat. Les berbérophones n’ont-ils pas le droit d’utiliser leur langue sous prétexte que l’Etat décrète que la langue officielle est la langue arabe ? Comme il y a aussi un déni identitaire et historique : les populations de la Libye sont pour la plupart d’origine berbère et l’arabisation d’une partie de ces populations ne peut justifier sa mutation identitaire. Les Berbères berbérophones revendiquent toujours leurs langue et culture qu’ils pratiquent jusqu’à nos jours.

Dans le paragraphe 22 du rapport de la Libye, il est dit "[...] tout citoyen a le droit d’exercer l’autorité et l’autodétermination aux congrès et aux comités populaires. Le droit d’être membre de ces organes ou d’être élu à leur secrétariat ne peut être dénié à aucun citoyen s’il remplit les conditions requises”.

Drôle de droits ! Devons-nous comprendre qu’un Libyen qui ne s’inscrit pas dans les “Congrès” et “Comités populaires” n’a pas le droit de s’organiser en parti politique ou en syndicat indépendant. Aucune loi ne permet la création de partis politiques.

En 1977 “sont condamnés au nom de la Hizbya (appartenance à des partis politiques) un nombre indéterminé de personnes arrêtés à partir de 1973 sans que qu’on sache exactement à quelle peine.” (Bessis, p. 15 . En avril 1980 “28 intellectuels sont arrêtés et traduits devant la Cour criminelle en vertu de la loi sur la Hizbiya...” (Bessis, p. 169). La Libye ne reconnaît pas les pluralismes politiques et syndicaux.

Dans le paragraphe 23, la Libye vante son adhésion aux différents pactes et conventions internationaux relatifs aux droits de l’Homme.

Nous pouvons affirmer avec certitude qu’aucune convention contenant des dispositions sur le pluralisme linguistique, culturel, religieux, syndical et politique n’est appliquée en Libye. La loi libyenne prime, donc, sur les conventions internationales. Pire encore, certaines dispositions de la Convention internationale contre toutes les formes de discrimination raciale sont violées par la Libye.

Dans le paragraphe 27, l’Etat libyen fait référence à l’article premier de la loi no 20 de 1991 qui "garantit" la liberté d’expression et d’association à tous les citoyens. La liberté d’association citée dans la loi 20 de 1991 n’est en réalité pas appliquée. Sinon comment expliquer la non existence d’associations culturelles berbères. Toutes les tentatives d’organisation en association ont été interdites voir réprimées. L’on sait le sort réservé aux personnes ayant tenté de mettre en place des partis d’opposition au régime en place. Au fait, la liberté de s’organiser n’est tolérée que dans le cadre défini par la loi qui inscrit tout dans une vision restrictive qui est celle de Kadhafi.

Commentaire du paragraphe 28. Ou bien des citoyens libyens ont des rites religieux autres que musulman, ce qui rend l’affirmation du paragraphe 11 (“tous les Libyens professent la foi islamique...”) caduque : ce qui montrerait que d’autres rites que l’islam sont présents en Libye. Ou alors l’affirmation du paragraphe 28 n’est que démagogie.

Dans le paragraphe 79, l’Etat libyen précise que "chacun a droit à l’éducation et à la connaissance et a aussi le droit de choisir l’éducation qui lui convient et les connaissances qu’il souhaite acquérir, sans subir ni pression ni contrainte".

Sauf qu’il faut noter que cette éducation se fait dans la seule langue arabe, imposée à tous les Libyens. En effet, la langue maternelle des berbérophones de Libye n’est pas enseignée et n’est pas tolérée. Les Libyens berbérophones qui souhaitent apprendre la langue berbère à l’école et dispenser à leurs enfants des cours d’Histoire et de civilisation berbères n’ont jamais accédé à ces vœux.

Le paragraphe 83 précise que "Le décret no 268 promulgué en 1985 par le Secrétaire du Comité général du peuple chargé de l’information et de la culture prévoit la présentation de programmes de spectacles familiaux et l’organisation d’excursions, d’activités sportives et de manifestations à l’intention des familles. Les médias audiovisuels diffusent des émissions pour les enfants et il existe également des magazines pour enfants".

Là aussi, le rapport oublie de préciser que tout cela se fait dans la seule langue arabe. Ainsi les enfants berbérophones sont victimes de discrimination puisque leur langue maternelle, le berbère, est exclue de ces programmes et activités.

9. La Libye : Etat de toutes les discriminations.

De par les éléments exposés, il apparaît que l’Etat libyen conduit une politique visant à assimiler les populations berbérophones au reste de leurs concitoyens afin qu’ils s’arabisent pour qu’à terme la langue berbère devienne une langue morte.

En se conduisant de la sorte, les autorités libyennes mettent en place une politique dont l’objet est la disparition pure et simple du fait berbère. Ainsi, la répression linguistique dont sont victimes les Berbères de Libye constitue une violation non équivoque des dispositions de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

Aussi, les éléments exposés précédemment montrent que l’Etat libyen est en violation de toutes les conventions internationales qui recommandent la protection des minorités et de leurs intérêts.

PARTIE 3.

NOS PROPOSITIONS POUR L’ELIMINATION DES DISCRIMINATIONS OFFICIELLES

Nous demandons à la Libye la reconnaissance de tamazight (langue berbère) comme langue nationale et officielle. En effet, la langue berbère doit être reconnue langue nationale et officielle par les textes officiels et institutions de l’Etat.

L’Etat libyen doit garantir aux citoyens le droit de créer des associations pour la sauvegarde et la promotion des langue et culture berbères.

Afin que le tiers de citoyens ne se sentent pas étrangers dans leur propre pays et qu’ils ne soient pas en marge de la vie du pays, l’Etat libyen doit consacrer ne serait-ce qu’une partie des programmes de ses médias (radio et télévision) à la langue et la culture berbères.

L’Etat libyen doit intégrer l’enseignement de la langue berbère dans les programmes de l’éducation et de formation. Dans les régions berbérophones, la langue berbère doit être une langue obligatoire à tous les niveaux de l’enseignement.

Permettre aux berbérophones d’utiliser leur langue dans leurs démarches au sein des différentes administrations et institutions (Administration, Justice, ...). Aussi est-il nécessaire que soient affectés dans ces différents établissements des corps d’interprètes qui permettront aux citoyens berbérophones d’effectuer leurs démarches dans les meilleurs conditions.

L’Etat libyen doit encourager l’art berbère dans toutes ses manifestations (théâtre, musique, danse, poésie,...).

L’Etat libyen doit procéder à la mise en place d’institutions ayant pour but la préservation et la promotion et le développement des patrimoines linguistiques et culturels berbères en Libye.

En somme, l’Etat libyen doit prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre aux berbérophones leur dignité et que cesse la discrimination dont ils sont victimes. Il doit engager tous les moyens nécessaires pour assurer la protection de la langue et la culture berbères.
 
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