Berbère et amer

Anamir_n_bariz

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Hier, alors que la belle salle de la mairie du 16ème arrondissement était pleine de Kabyles qui sont venus discuter auprès de grands décideurs politiques et hauts responsables associatifs de ce pays sur la discrimination et sur l'avenir des berbères en France, j'ai noté avec tristesse que peu de gens de notre côté ont fait le déplacement.

Je trouve cela franchement à la limite de l'irresponsabilité pour ne pas dire, de la médiocrité.

Sommes-nous vraiment existents en dehors d'Ahwach, des manuels scolaires et de quelques pieuses revendications qui mangent pas de pain sur le net? Je me le demande...

Nous méritons vraiment la misère culturelle, politique et sociale dans laquelle nous pataugeons là-bas comme ici.

Ali, très amer.

[ Edité par Anamir_n_bariz le 14/11/2005 11:56 ]
 
Anamir, je partage le même sentiment d'amertume que toi et je pense qu'on n'est pas les seuls à ressentir ce découragement et colère contre ceux de notre propre communauté, très peu concernés par le devenir de leur identité et culture, peu engagés dans le combat démocratique pour l'amélioration de notre condition et celle des notres et des générations futures.

Si beaucoup d'entre nous n'habitent pas la région parisienne où a eu lieu cette rencontre entre responsables associatifs et militants d'une part et les décideurs politiques français d'autre part, à cause de l'éloignement, je pense que beaucoup d'autres qui sont sur les lieux auraient pu faire un effort, nous représenter et nous tenir au courant de ce qui se passe.

Mais cela est bien spécifique à notre génération d'Ichelhiyins, l'auto effacement, voire la dissolution tatale de notre spécificité, pour le bénéfice d'autres causes ou autres centres d'intérêt qui nuisent à notre propre devenir.

L'exemple patent se trouve ici même sur ce site où la moinde défense de la culture berbère ou la dénonciation des dangers, des mensonges et alliénations qui nous détruisent est considéré comme une trahison, dénoncé comme une dangereuse déviation, voire parfois être livré aux insultes et menaces des ignares, quand la liberté d'expression et le courage de nommer le mal est vu comme une insupportable subversion.

On est malheureusement encore très en retard, comme avait essayé de le justifier - à juste raison - Anamir n bariz par rapport à d'autres communautés, conscientes de leur unité et de leur force, kabyles, arméniens, juifs, ou autres...

On est handicapés par un esprit de soumission et de crainte, conservateurs jusqu'à la caricature et repliés sur nos habitudes et complexes, timides à l'excès de toute nouveauté et face à tout changement; notre situation d'éternels seconds est agravée par un monde d'ouverture sur le monde et sur les connaissances, voire un manque de culture, comme si nous préférons toujours rester dans notre condition de marginalisés, respectueux de l'ordre et de la morale dominante.

Même ceux d'entre nous qui ont eu la chance d'accéder à un peu d'études, de savoir lire, écrire et comprendre, déconder le monde, préfèrent stagner dans la médiocrité et l'imitation du plus grand nombre, incapable de prendre position et d'apporter du nouveau.

Tout ceci nous pousse à nous décourager, à renoncer ou à aller voir ailleurs, et à abandonner l'une des plus belles causes qui puissent exister.

Non à cause du Makhzen, ou des pan arabistes ou islamistes ou autres éradicateurs de l'identité amazighe: non, à cause des notres en premier lieu, qui se plaisent à se moquer, à insulter et à tourner en dérision tout ce qui leur fait peur et vient les déranger dans leur train train habituel.

Les pires ennemis des Imazighens sont les Imazighens eux- mêmes: et les Soussis sont les plus endurcis à ne jamais rien changer à leur état, incapables de se remettre en question et d'ouvrir les yeux, mais prompts à dégainer et à abattre leurs propres frères qui essayent de les secouer.
 
Je le redis ici mais l'info est passée beaucoup trop tard pour que je puisse m'organiser.

Tant pis pour moi ou pour nous :-(
 
Indéniablement, le discrétion est une très bonne qualité. Mais à terme cela devient tout simplement une tare. C'est le cas des nôtres qui sont tout à fait conscients de leur situation catastrophique, mais n'usent pas malheureusement de toutes possibilités qui leur sont offertes à l'étranger pour changer les choses. Il faut participer à toutes les rencontres politiques de nature à avoir un impact sur notre combat.

Même si je sais qu'avec les politiques français, il ne faut pas trop s'illlusionner. On sait tous à qui ils sont acquis ! Pour rien au monde, ils ne vont changer...

Quant aux nôtres qui jouent le plus souvent aux "tontons flingeurs", il faut les partager en deux. Il y a un groupe qui est mandaté, ou parfois qui vient volontairement, par le Makhzen pour venir jouer des coudes, ici, et pilonner tous ceux qui ont la bonne volonté de changer les choses. Il faut casser à tout va. Et cela porte bien évidemment des résultats: certains, au moins coup de vent, parlent déjà de jeter l'éponge et de s'en aller à jamais. Alors qu'il faut tenir contre vent et marée, car la cause amazighe et juste, noble...

Il y a un deuxième groupe qui fait dans la critique constructive. De celui-là, franchement, j'ai beaucoup appris. Je me suis remis en question à plusieurs reprises. Je ne pense pas que c'est décourageant. Car, je trouve que c'est sain de mettre au pilori ce qui ne fonctionne pas, qui ne tourne pas rond, dans le mouvement amazigh. Cela, à coup sûr, va nous permettre de consolider un mouvement qui, malgré toutes ses faiblesses, fait beauoup peur et a été à l'origine d'énormément de réalisations. Il ne faut pas mésestimer le chemin parcouru jusqu'à aujourd'hui.

Le militantisme amazigh n'est pas une sinécure. Il faut vraiment avoir les reins solides pour pouvoir continuer à croire en ses idéaux.
 
aksel a écrit :
Anamir, je partage le même sentiment d'amertume que toi et je pense qu'on n'est pas les seuls à ressentir ce découragement et colère contre ceux de notre propre communauté, très peu concernés par le devenir de leur identité et culture, peu engagés dans le combat démocratique pour l'amélioration de notre condition et celle des notres et des générations futures.


On peux comprendre cette amertume et cette colére car chacun voudrait que les autres s'engagent de la même maniére que lui, avec la même force et la même orientation...

Mais dire que ces "camarades" sont mediocres parcequ'ils n'ont pas assister à un debat politique (sans doute plein de beaux discours et de belles promesses...),je trouve ca un peu injuste, chacun peut contribuer à sa maniére à ce combat selon sa personnalité et ses priorités. Il y en a pour qui le combat amazigh et uniquement politique, d'autres pour qui il est culturel...L'essentiel et d'être conscient de cette belle cause et des chemins deja parcourus comme dis Waggag. Et bien sur que tout n'est pas encore parfait et qu'il n'a y pas encore de conscience politique des Ichelhiyins en France mais rien ne sert d'être amer et de se décourager car les choses ne peuvent se faire que petit à petit....
 
Tamaynut, la conscience ne suffit pas, c'est un pré-requis indiscutable.
Waggag, dire que le mouvement ne suffit dès lors que l'on voit pas où l'on va.

Un chemin, n'a de sens, à mon avis, que si nous savons le tracer par nos propres pas. Un chemin, c'est nous qui devons le créer, c'est pas à lui de faire de nous un cailloux ou une feuille morte qui se retrouve, par hasard, sur un bord.

Vous me parlez de chemin et de conscience, moi je vous parle de vision et d'urgence.

Oui, je suis dég que ma communauté ici en France n'investisse pas les espaces publics dans lesquels elle vit, travaille, fonde une famille et transmet à ses enfants. Oui, je suis dég, au titre d'homme libre qui a le sens de l'honneur, de voir qu'en désertant ces espaces, nous désertons l'Histoire. Oui, je suis dég car je vois qu'il y a des échéances électorales qui vont décider de l'avenir des communautés en France et que l'on en soit exclus par nos propres mains.

Aksel a raison de signaler que les autres communautés s'organisent et se préparent à occuper les espaces vacant d'un modèle républicain moribond. Déserter ces espaces et pour moi une erreur historique et stratégique extrêmement lourdes de conséquences.

Je vous parle d'une urgence wak wak réveillez-vous!!
Arrêtons d'être somnabules et d'avoir tout le temps les pieds ici les yeux là-bas!!!
Alors que les rapports de force s'organisent dans ce pays, soyons pour une fois dans l'enjeux et non pas spectateur de l'enjeu.

Je n'ai pas souvent l'habitude d'intervenir de la sorte dans ce forum, mais là, je ne peux me terrer dans ma réserve et regarder la caravane passer sans en avertir mes soeurs et mes frères de sang.

Fraternellement,
Ali.

PS : waggag avec tout le respect, il y a des passages dans ton post dont je ne comprends pas les insinuations..


[ Edité par Anamir_n_bariz le 15/11/2005 11:15 ]
 
Pour changer un peu des sujets maroco-marocains, je voudrais lancer ici un débat berbèro-français.

A moins que l'on soit autiste, vous avez pu voir et entendre ci et là depuis les émeutes que tout le monde parle de la nécessité d'une représentation dans les médias de la diversité ethnique, voire d'une discrimination positive qui "forçerait" l'ascenseur social en faveur de certaines communautés ou groupes d'individus dits - pour parler vite - défavorisés.

Alors, à la veille des dispositifs allant dans ce sens, quelle sera à votre avis la place de notre communauté dans cette équation?

A supposer que l'on attribue à la communauté nord-africaine une place dans les médias et la représentation politique, serons-nous condamnés de nouveau à une assimiliation (oui de nouveau assimilés)à la communauté arabe?

Autrement dit, selon vous, comment s'assurer que l'on va être représenté dans les espaces publics français par notre propre culture et non par une culture de substitution ni par une culture qui serait "commise d'office" comme on collerait d'office un avocat aux pauvres qui, au moment de la vérité, ne sauraient se défendre pas leurs propres soins?

Allez-y messieurs, dames, je vous écoute..dites-moi..
 
des émeutes??? Où ça? :-o

Blague à part, j'y avais pensé également; à chaque fois que le gouvernement français veut renvoyer l'ascenceur aux communautés maghrébines ou musulmanes, il ne trouve comme par hasard jamais d'interlocuteurs Imazighens, et de ce fait on se retrouve représentés ipso facto par des gens qui sont à l'opposé de nos aspirations! comme ce fut le cas lors de la création du conseil du culte musulman, que je n'arrive toujours pas à digérer, où l'UOIF s'est vu nommer représentante à part entière de la communauté musulmane, nord africaine.

Là se trouve une occasion unique de créer un espace citoyen amazighe soussi: nous avons pleins d'atouts pour concrétiser quelque chose de nouveau: le nombre, les qualités ( oui, des qualités citoyennes ), les compétences et la volonté d'aller de l'avant.

Je suis absolument pour saisir cette chance. Il faut en débattre sérieusement ici même.
 
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