Anamir, je partage le même sentiment d'amertume que toi et je pense qu'on n'est pas les seuls à ressentir ce découragement et colère contre ceux de notre propre communauté, très peu concernés par le devenir de leur identité et culture, peu engagés dans le combat démocratique pour l'amélioration de notre condition et celle des notres et des générations futures.
Si beaucoup d'entre nous n'habitent pas la région parisienne où a eu lieu cette rencontre entre responsables associatifs et militants d'une part et les décideurs politiques français d'autre part, à cause de l'éloignement, je pense que beaucoup d'autres qui sont sur les lieux auraient pu faire un effort, nous représenter et nous tenir au courant de ce qui se passe.
Mais cela est bien spécifique à notre génération d'Ichelhiyins, l'auto effacement, voire la dissolution tatale de notre spécificité, pour le bénéfice d'autres causes ou autres centres d'intérêt qui nuisent à notre propre devenir.
L'exemple patent se trouve ici même sur ce site où la moinde défense de la culture berbère ou la dénonciation des dangers, des mensonges et alliénations qui nous détruisent est considéré comme une trahison, dénoncé comme une dangereuse déviation, voire parfois être livré aux insultes et menaces des ignares, quand la liberté d'expression et le courage de nommer le mal est vu comme une insupportable subversion.
On est malheureusement encore très en retard, comme avait essayé de le justifier - à juste raison - Anamir n bariz par rapport à d'autres communautés, conscientes de leur unité et de leur force, kabyles, arméniens, juifs, ou autres...
On est handicapés par un esprit de soumission et de crainte, conservateurs jusqu'à la caricature et repliés sur nos habitudes et complexes, timides à l'excès de toute nouveauté et face à tout changement; notre situation d'éternels seconds est agravée par un monde d'ouverture sur le monde et sur les connaissances, voire un manque de culture, comme si nous préférons toujours rester dans notre condition de marginalisés, respectueux de l'ordre et de la morale dominante.
Même ceux d'entre nous qui ont eu la chance d'accéder à un peu d'études, de savoir lire, écrire et comprendre, déconder le monde, préfèrent stagner dans la médiocrité et l'imitation du plus grand nombre, incapable de prendre position et d'apporter du nouveau.
Tout ceci nous pousse à nous décourager, à renoncer ou à aller voir ailleurs, et à abandonner l'une des plus belles causes qui puissent exister.
Non à cause du Makhzen, ou des pan arabistes ou islamistes ou autres éradicateurs de l'identité amazighe: non, à cause des notres en premier lieu, qui se plaisent à se moquer, à insulter et à tourner en dérision tout ce qui leur fait peur et vient les déranger dans leur train train habituel.
Les pires ennemis des Imazighens sont les Imazighens eux- mêmes: et les Soussis sont les plus endurcis à ne jamais rien changer à leur état, incapables de se remettre en question et d'ouvrir les yeux, mais prompts à dégainer et à abattre leurs propres frères qui essayent de les secouer.