Agadir Blues, de Atanane Ayt Oulahyane
L'Abattoire, le quartier où tu es né
Familles berbères, enfants affamés
Années de misère, partout la pauvreté
Prison sans barrières, tu rêvais de liberté
T'en aller un jour, devenir immigré
Pour t'en sortir, il fallait t'exiler
De toutes façons tu vis comme un étranger
Dans le pays où tu es né
L'Abattoire, cité des tendres années
Quartier industriel, réservoir d'immigrés
Au cinéma Salam parfois tu t'évadais
Des films indiens, westernes et karaté
A l'école coranique le taleb t'assomait
A l'école publique le makhzen te programmait
De toutes façons tu vis comme un étranger
Dans le pays où tu es né
L'été à la plage, faire semblant de bronzer
Espérant qu'un jour un touriste allait t'emmener
L'Europe ou l'Amérique, loin de ta vie de damné
Tu faisais n'importe quoi dans l'espoir de t'en aller
Tu en avais marre de ton existence de paumé
Tu en avais assez d'être toujours baillonné
Maintenant que tu es loin tu rêves d'y retourner
Revoir le quartier que tu as abandonné
A l'Abattoire, cité des tendres années
Rien n'a changé, les jeunes sont dealers ou camés
Tu es devenu étranger, presque personne ne te connaît
Ici ou ailleurs tu seras toujours étranger
Tu es né Berbère, l'exil est ta destinée
Tes frères et tes soeurs mènent une vie d'alliénés
On efface la mémoire, la langue est enchaînée
On méprise leur Histoire, leur identité est gommée
A l'Abattoire, le quartier où tu es né
Tu sais bien qu'un jour il faudra y retourner
Tu ne seras jamais étranger au pays où tu es né
Là où sont tes racines, ta langue et tes aînés
Résiste et combats pour ton peuple opprimé
Ton jour jour viendra, Tamazgha bien aimée
Nation amazighe, tu ne plieras jamais
Plutôt briser qu'être soumis et condamné!
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