Re : Aberhouche...taberhouchte
agerzam said:
agurdi, igurdan : puce (viens ici ma puce

)
Chaoui veut simplement dire Berger en arabe. La Chaouia marocaine s'appellait le Tamesna, domaine des Berghwata. Aujourd'hui c'est une région mélangée d'Arabes et d'Amazighes (qui se prennent pour des Arabes).
Cela m'étonne toujours que les Aurésiens aient adopté ce terme de Chaoui et même Tachaouit pour leur langue à partir d'une désignation étrangère. en effet, j'ai ou lire dans un texte français du 19ème siècle que les Aurésiens n'aimaient pas ce terme et préféraient Imazighen.
Azul fell-ak ay Agerzam,
C'est très interessant d'apprendre qu'en arabe marocain le mot "chawi" signifie "éleveur". Cependant, je pense que ce "chawi" arabe dériverait de l'ethnonyme "Chaoui" (utilisé pour la population amazighophone des Aurès ?).
Dans les Aurès, on pratique l'élevage plus que dans les autres régions amazighophones du Tell car, globalement, le terrain des Aurès est moins accidenté qu'en Kabylie et à l'Atlas tellien (centre et ouest de l'Algérie), en plus, vers le sud, il y a des steppes, endroit où l'on pratique beaucoup l'élevage des ovins et des caprins. C'est peut-être ceci qui a conduit les arabophones à utiliser le mot "chaoui" pour "éleveur" ?
Il existe des exemples d'ethnonymes qui sont devenus des noms de profession : en kabyle ainsi qu'en arabe dialectal d'Algérie (surtout à Alger), le mot "Amz'abi" ou "Mzabi" désigne un "Mozabite", mais également "un droguiste", car beaucoup de Mozabites sont des droguistes ou ont des boutiques très bien achalandées, et même lorsqu'on voit un droguiste qui n'est pas mozabite, on entend certains gens dire : "va chez le Mozabite pour acheter X ou Y". Aussi, dans la région de Djemâa Saharidj (Tizi-Ouzou), on utilise le mot "awad'i" pour celui qui vend les herbes de cuisine (persil, poireau, etc.). Awad'i désigne, à l'origine quelqu'un de la tribu des Iwad'iyen, mais puisque les gens qui vendent les herbes de cuisine sont généralement de cette région, alors, le nom de la profession est devenu "awad'i". Aussi, en Afrique noire, un commerçant ambulant est appelé "dioula" : le mot vient d'un peuple africain musulman qui vit au Burkina Faso et au nord de Côte d'Ivoire : les gens de ce peuple pratiquent le commerce ambulant, donc, tous les commerçants ambulants sont devenus des "dioulas".
Pour les autres étymologies de l'éthnonyme "chaoui", il y en a beaucoup. Moi, personnellement, je l'ai rapproché du mot "ccaw" (qui signifie "début" en kabyle, mais qui est peut-être emprunté à l'arabe). "Acawi" signifierait "celui du début", ou bien "le premier, l'autochtone, l'habitant original".
En tous cas, je pense que le mot "Chaoui", tout comme le mot "kabyle", ne seraient pas des autonymes (des noms que ces populations amazighophones se sont données à elles-memes à l'origine), mais au cours des siècles, ils ont fini par le devenir.
Selon Salem Chaker (Manuel de Linguistique berbère, tome II), le mot "amazigh" est inconnu (du moins, au XXe siècle) dans les régions amazighophones du nord de l'Algérie (Dahra et Algérie centrale, Kabylie, Aurès et Mzab). Les régions qui le connaissent en Algérie sont les oasis de Timimoun et l'aire touaregue (sous la forme d'Amahegh). Le nom a survécu chez les Amazighs de Tunisie, de Ghadames (sous la forme d'Amazi3) en Libye.
Aujourd'hui, tous les Chaouis aiment s'appeler "chaoui". Il y a une fierté très visible chez-eux de porter le nom de Chaoui et de montrer leur identité amazighe (même chez les Chaouis qui ne parlent pas l'amazigh). Il existe également une population arabophone qu'on appellé "Chaouis" et qui vivent dans la région de Mila (est de l'Algérie). En effet, il semble que cette région se soit arabisée récemment, car il existe encore beaucoup de toponymes amazighs dans cette région. Cependant, bien qu'on les appelle chaouis, ces gens ne parlent plus la langue amazighe.
En effet (et comme l'a souligné S. Chaker dans le livre "Imazighen Ass-a", bien que les amazighophones soient nombreux (dans les années passées), ils formaient également une communauté qui s'ignorait. Par exemple, dans toutes les montagnes de l'ouest de l'Algérie, on trouve des amazighophones (Tipaza, Aïn Defla, Tenes, Médéa, etc.). Les arabophones les appellent "kabyles" (mot qui vient de "qaba'il" = tribus), mais aujourd'hui, on tend à les appeler "Icenwiyen" (les chenouis). Ce qui est interessant dans ce nouveau nom c'est qu'à l'origine, "acenwi" désignait seulement un habitant de la région du mont "Chenoua", situé entre Tipaza et Cherchell (ouest d'Alger), mais aujourd'hui, tous les amazighophones de l'ouest algérien (excepté les Beni Snous) sont appelés "Icenwiyen". Ces amazighophones l'acceptent plus ou moins ... et voilà comment un nouvel "exonyme" devient progressivement un autonyme.
Ar timlilit ma yebgha R'ebbi
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