« LES BERBERES FACE A LEUR DESTIN » de Lahcen Brouksy.
Par Hha Oudadess (Rabat)
INTRODUCTION :
Voici donc le 4ième livre, de Mr. Lahcen Brouksy, intitulé « Les berbères face à leur destin » ; Editions et Impressions Bouregreg, Rabat, 2006. C’est après avoir entendu certaines de mes critiques, sur ses trois premiers livres, que l’auteur m’a appris qu’il allait en écrire un autre et qu’il me demandait d’être son premier lecteur et ce au fur à mesure de son écriture. J’ai accepté car j’avais apprécié son troisième livre « La mémoire du temps, Le Maroc pays de l’inachevé » ; et qu’il m’assurait que le quatrième serait plus profond. Et c’est ainsi que, durant deux années et demi environ, j’ai dû subir les caprices d’un cerveau bouillonnant, se cherchant, se perdant, se retrouvant, reconnaissant une erreur, par-ci, s’obstinant à avoir raison, par-là, … .
Le livre est dense. Il contient beaucoup d’informations. Il y est question d’histoire, de sociologie, de politique, … . On y trouve des analyses, des explications, des interprétations et, parfois même, des anticipations. C’est pour dire qu’il n’est pas du tout aisé d’en faire une présentation exhaustive. Dans ce qui suit, je vais seulement vous livrer quelques indications globales qui, je l’espère, vous donneront une idée du contenu.
Mr. Brouksy n’avait, au début, ni titre, ni plan. C’est au fur et à mesure que les chapitres naissaient et que le livre se structurait. Avec cette façon de faire, le titre est bien évidemment tombé tout à fait à la fin.
CHAPITRE I, L’aigle et le hibou :
C’est, en quelque sorte, une deuxième introduction. Y est présentée la manière de l’auteur de concevoir la civilisation. Il y est question du « Connais-toi, toi-même » de Socrate, du surhomme de Nietzsche, etc. Mais surtout, des idées maîtresses qui vont guider sa pensée. En voici trois
« Le pays dans son conscient et subconscient méprise la médiocrité, celle des hiboux pessimistes, oiseaux de lieux macabres, ne vivant que la nuit et volant bas ».
Et aussi
« On ne nous a pas appris à l’école la dignité, le refus des extrêmes. Ces qualités sont inscrites dans le livre de l’histoire, que nous allons ouvrir, sur des tables de marbre qui défient la rouille du temps ».
Et encore
« Dans notre existence de vieille nation, rien n’a été fortuit, tout a été agencement ».
« Le déclin du Maroc a toujours eu pour cause un Makhzen outrancier, les intrigues de cour et l’avènement de rois faibles et manipulables ».
« Comme dans Proust, il faut s’embarquer à la recherche du temps à retrouver suivant un fil d’Ariane qu’il faut dérouler par delà les ténèbres laissées par les historiens ».
CHAPITRE II, Les républiques populaires :
Il s’agit ici des tribus ou des dites tribus ; car l’on sait ce que sont les connotations, toutes péjoratives, de ce vocable ; qui est probablement importé. En tout cas, il y en a un autre qui est encore utilisé, au moins, chez Izîyyan et Ait Ouzemmour : C’est Asoun. J’avais déjà commencé à estimer à leur juste valeur certaines pratiques bien de chez nous. Ce chapitre m’a aidé à me réconcilier avec la notion de tribu. Ecoutez ce qu’en dit Brouksy
« Elles ne ressemblent ni aux tribus gauloises, germaniques, grecques, ni aux républiques de la Macédoine. Elles sont des cellules vivantes, comme celles du tissu humain. Elles se régénèrent très vite, se regroupent en fédérations quand la nécessité s’en ressent, s’individualisent quand disparaît le danger »
« La tribu a cette faculté d’absorber comme une éponge tout ce qui est extérieur à elle, quand elle n’est pas violentée. Elle rejette comme une mer en furie les éléments indésirables et réfractaires ».
Et sur Azerf qui est indissociable de la tribu, il écrit
« L’Azerf a singularisé les tribus berbères. C’est un corpus de règles, simples, qui organisent la vie civile et pénale de la société berbère. La tribu construit sa jurisprudence tirée du pragmatisme. Elle est évolutive au cas par cas, élaborée par le conseil des sages »
Et il ajoute que
« Il est aussi précis que le code romain ».
Le soubassement métaphysique du contrat de société est exprimé, par Brouksy, dans la trilogie Homme-Terre-Liberté. Celle-ci engendre, en particulier, la solidarité ; dont le signe politique est le consensus.
CHAPITRE III, Les pères fondateurs d’un nouvel ordre politico-religieux :
L’auteur commence par réfuter la politique de la terre brûlée prêtée à Teheyya (surnommée Kahina) vu la sacralité qui est celle de la Terre chez Imazighen. Il démystifie aussi l’invasion de l’Espagne. En citant des sources, il va jusqu’à faire de Taric –qu’il écrit avec un c- le fils d’une tribu berbéro-wisigothe. Cela n’est pas sans me rappeler une suggestion de l’historien feu A. Sidqi Azaykou concernant l’affiliation de Taric : Il pourrait être l’un des fils de Teheyya. C’et un débat qu’il appartient aux spécialistes de mener. Les deux hypothèses n’étant pas d’ailleurs nécessairement incompatibles. L’essentiel est ailleurs. L’invasion de l’Espagne serait un débarquement préparé conjointement des deux rives de la Méditerranée ; ce qui expliquerait que le succès ait été assuré grâce à une seule battaille.
Une certaine lumière est également jetée sur l’arrivée de Idris 1er. Selon Brouksy, ce dernier a dû demander « l’Amour » des sages de la tribu des Aureba. Et il précise que ce n’est pas seulement une protection, comme le pense Iben Khaldoun, mais un pacte fort, sacré, inviolable. Celui qui en bénéficie devient un membre à part entière de la communauté. Dans sa proclamation écrite (épître) Idris 1er s’exprime ainsi
« Je suis venu vers vous, mes frères les berbères, moi, l’opprimé, le fugitif, le stressé, l’esseulé, à qui on a tué ses frères, ses parents, ses grands parents et toute sa famille. Répondez à celui qui vous appelle à la voie de Dieu ».
« Il se pourrait que vous soyez les bras contre les oppresseurs, les dictateurs, et les justiciers pour rétablir la vérité du livre saint et de la Sunna ».
CHAPITRE IV, « Si l’Empire m’était conté » ou l’histoire d’une théologico-politique :
L’empire est au singulier car c’est le même souffle qui a animé toutes les dynasties. Celles-ci sont passées en revue, en mettant en relief leurs spécificités. Et il déclare, en ce qui concerne la période récente, que
« La parenthèse historique coloniale a été dissoute dans une vieille civilisation revenue en surface ».
Brouksy nous fait passer de la Tribu-Histoire à la Tribu-Empire, avec force analyse et détails. Il nous parle aussi de l’Islam berbère. Je n’aime pas cette expression. C’est à l’auteur de s’en expliquer. Par contre, la phrase suivante a retenu toute mon attention
« L’unité du Maghreb n’a pas été miraculeuse et n’a pas été l’aboutissement de la suprématie de la législation de Dieu unique. Le Maghreb a possédé deux stratèges militaires, l’un Sahraoui, Youssef Ibn Tachfin, l’autre, Zénète, Abdelmoumen ».
En parlant des Almoravides et des Almohades, l’auteur n’est pas tendre. Il écrit
« Les deux intégrismes, l’un doux, l’autre totalitaire, allaient obstruer les voies du savoir, de la science, … »
Et aussi
« Les Cadis Malékites en Espagne et au Maghreb en introduisant l’inquisition ont assassiné l’esprit créateur, l’innovation, la recherche scientifique, le juste milieu entre la foi et la raison ».
CHAPITRE V, De la théologico-politique à l’esquisse de l’Etat normatif à l’ombre du droit international :
Ce titre est très suggestif quant au contenu du chapitre. Dans le premier paragraphe, on apprend que le Maroc est resté égal à lui-même du Haut–Moyen-Âge à la renaissance et que il ‘‘n’y eut guère une mutation profonde et radicale’’ ; que ‘‘ l’empire était en fonction de la personnalité de l’empeureur’’. ‘‘Les tribus vivaient leur vie, avec leurs coutumes, leurs traditions multiséculaires. Elles étaient des ‘électrons libres’’.
Mais la géostratégie du 17ième est bouleversée par la découverte de l’or aux Amériques. Alors
« Le territoire marocain n’est plus un sentiment affectif. Il est devenu une donnée que L’Etat doit défendre pour garder sa souveraineté et son indépendance ».
« On verra s’esquisser une raison froide d’Etat sur une colonne vertébrale à mettre sur pied laborieusement sans toucher à la liberté légendaire des tribus. De toute façon elles étaient la source du pouvoir ».
L’auteur procède à une analyse détaillée de l’évolution de l’Etat. Il en arrive à déclarer, en ce qui concerne des réformes, notamment sur les impôts, que
« Les intérêts se liguèrent contre Moulay Abdelaziz, roi réformateur du 20ième siècle. Ces réformes soulevèrent une réprobation des hommes privilégiés, des oulémas notamment qui considéraient cette innovation comme un attentat contre le Coran. Les Caïdes et les Guich menacés par cette réforme d’Etat s’y opposèrent. Une vive agitation en résulta et cette réforme capitale échoua, faute d’exécutants et d’adhésion des élites urbaines. L’histoire a été injuste à l’égard de Moulay Abdelaziz ».
Je ne peux pas en dire plus vu le manque de temps, mais je ne peux pas m’empêcher de vous lire le dernier paragraphe, de ce chapitre. Il porte sur la tribu. Il est bien écrit et il est poignant.
« Là voici en 2006 plus vivante que jamais, car l’Amazigh est l’enfant de la terre. Et tant que la terre durera, l’Amazigh revendiquera son indépendance d’esprit, son autonomie, en un mot sa dignité et sa liberté qu’il porte en lui depuis la nuit des temps. Elle a pris conscience qu’il valait mieux périr dans l’honneur que de livrer la terre à l’étranger. L’homme, la terre, la liberté ont retenti dans les cœurs comme un chant mélodieux donnant des ailes à ces braves des Atlas pour affronter la formidable force mécanique des Espagnoles et des Français. Alors ce qui restait de la communauté s’est scindé. D’un côté, ceux pour qui la liberté est au bout du fusil, de l’autre l’esprit boutiquier et calculateur prompt à cajoler les nouveaux maîtres ».
A suivre ...
Par Hha Oudadess (Rabat)
INTRODUCTION :
Voici donc le 4ième livre, de Mr. Lahcen Brouksy, intitulé « Les berbères face à leur destin » ; Editions et Impressions Bouregreg, Rabat, 2006. C’est après avoir entendu certaines de mes critiques, sur ses trois premiers livres, que l’auteur m’a appris qu’il allait en écrire un autre et qu’il me demandait d’être son premier lecteur et ce au fur à mesure de son écriture. J’ai accepté car j’avais apprécié son troisième livre « La mémoire du temps, Le Maroc pays de l’inachevé » ; et qu’il m’assurait que le quatrième serait plus profond. Et c’est ainsi que, durant deux années et demi environ, j’ai dû subir les caprices d’un cerveau bouillonnant, se cherchant, se perdant, se retrouvant, reconnaissant une erreur, par-ci, s’obstinant à avoir raison, par-là, … .
Le livre est dense. Il contient beaucoup d’informations. Il y est question d’histoire, de sociologie, de politique, … . On y trouve des analyses, des explications, des interprétations et, parfois même, des anticipations. C’est pour dire qu’il n’est pas du tout aisé d’en faire une présentation exhaustive. Dans ce qui suit, je vais seulement vous livrer quelques indications globales qui, je l’espère, vous donneront une idée du contenu.
Mr. Brouksy n’avait, au début, ni titre, ni plan. C’est au fur et à mesure que les chapitres naissaient et que le livre se structurait. Avec cette façon de faire, le titre est bien évidemment tombé tout à fait à la fin.
CHAPITRE I, L’aigle et le hibou :
C’est, en quelque sorte, une deuxième introduction. Y est présentée la manière de l’auteur de concevoir la civilisation. Il y est question du « Connais-toi, toi-même » de Socrate, du surhomme de Nietzsche, etc. Mais surtout, des idées maîtresses qui vont guider sa pensée. En voici trois
« Le pays dans son conscient et subconscient méprise la médiocrité, celle des hiboux pessimistes, oiseaux de lieux macabres, ne vivant que la nuit et volant bas ».
Et aussi
« On ne nous a pas appris à l’école la dignité, le refus des extrêmes. Ces qualités sont inscrites dans le livre de l’histoire, que nous allons ouvrir, sur des tables de marbre qui défient la rouille du temps ».
Et encore
« Dans notre existence de vieille nation, rien n’a été fortuit, tout a été agencement ».
« Le déclin du Maroc a toujours eu pour cause un Makhzen outrancier, les intrigues de cour et l’avènement de rois faibles et manipulables ».
« Comme dans Proust, il faut s’embarquer à la recherche du temps à retrouver suivant un fil d’Ariane qu’il faut dérouler par delà les ténèbres laissées par les historiens ».
CHAPITRE II, Les républiques populaires :
Il s’agit ici des tribus ou des dites tribus ; car l’on sait ce que sont les connotations, toutes péjoratives, de ce vocable ; qui est probablement importé. En tout cas, il y en a un autre qui est encore utilisé, au moins, chez Izîyyan et Ait Ouzemmour : C’est Asoun. J’avais déjà commencé à estimer à leur juste valeur certaines pratiques bien de chez nous. Ce chapitre m’a aidé à me réconcilier avec la notion de tribu. Ecoutez ce qu’en dit Brouksy
« Elles ne ressemblent ni aux tribus gauloises, germaniques, grecques, ni aux républiques de la Macédoine. Elles sont des cellules vivantes, comme celles du tissu humain. Elles se régénèrent très vite, se regroupent en fédérations quand la nécessité s’en ressent, s’individualisent quand disparaît le danger »
« La tribu a cette faculté d’absorber comme une éponge tout ce qui est extérieur à elle, quand elle n’est pas violentée. Elle rejette comme une mer en furie les éléments indésirables et réfractaires ».
Et sur Azerf qui est indissociable de la tribu, il écrit
« L’Azerf a singularisé les tribus berbères. C’est un corpus de règles, simples, qui organisent la vie civile et pénale de la société berbère. La tribu construit sa jurisprudence tirée du pragmatisme. Elle est évolutive au cas par cas, élaborée par le conseil des sages »
Et il ajoute que
« Il est aussi précis que le code romain ».
Le soubassement métaphysique du contrat de société est exprimé, par Brouksy, dans la trilogie Homme-Terre-Liberté. Celle-ci engendre, en particulier, la solidarité ; dont le signe politique est le consensus.
CHAPITRE III, Les pères fondateurs d’un nouvel ordre politico-religieux :
L’auteur commence par réfuter la politique de la terre brûlée prêtée à Teheyya (surnommée Kahina) vu la sacralité qui est celle de la Terre chez Imazighen. Il démystifie aussi l’invasion de l’Espagne. En citant des sources, il va jusqu’à faire de Taric –qu’il écrit avec un c- le fils d’une tribu berbéro-wisigothe. Cela n’est pas sans me rappeler une suggestion de l’historien feu A. Sidqi Azaykou concernant l’affiliation de Taric : Il pourrait être l’un des fils de Teheyya. C’et un débat qu’il appartient aux spécialistes de mener. Les deux hypothèses n’étant pas d’ailleurs nécessairement incompatibles. L’essentiel est ailleurs. L’invasion de l’Espagne serait un débarquement préparé conjointement des deux rives de la Méditerranée ; ce qui expliquerait que le succès ait été assuré grâce à une seule battaille.
Une certaine lumière est également jetée sur l’arrivée de Idris 1er. Selon Brouksy, ce dernier a dû demander « l’Amour » des sages de la tribu des Aureba. Et il précise que ce n’est pas seulement une protection, comme le pense Iben Khaldoun, mais un pacte fort, sacré, inviolable. Celui qui en bénéficie devient un membre à part entière de la communauté. Dans sa proclamation écrite (épître) Idris 1er s’exprime ainsi
« Je suis venu vers vous, mes frères les berbères, moi, l’opprimé, le fugitif, le stressé, l’esseulé, à qui on a tué ses frères, ses parents, ses grands parents et toute sa famille. Répondez à celui qui vous appelle à la voie de Dieu ».
« Il se pourrait que vous soyez les bras contre les oppresseurs, les dictateurs, et les justiciers pour rétablir la vérité du livre saint et de la Sunna ».
CHAPITRE IV, « Si l’Empire m’était conté » ou l’histoire d’une théologico-politique :
L’empire est au singulier car c’est le même souffle qui a animé toutes les dynasties. Celles-ci sont passées en revue, en mettant en relief leurs spécificités. Et il déclare, en ce qui concerne la période récente, que
« La parenthèse historique coloniale a été dissoute dans une vieille civilisation revenue en surface ».
Brouksy nous fait passer de la Tribu-Histoire à la Tribu-Empire, avec force analyse et détails. Il nous parle aussi de l’Islam berbère. Je n’aime pas cette expression. C’est à l’auteur de s’en expliquer. Par contre, la phrase suivante a retenu toute mon attention
« L’unité du Maghreb n’a pas été miraculeuse et n’a pas été l’aboutissement de la suprématie de la législation de Dieu unique. Le Maghreb a possédé deux stratèges militaires, l’un Sahraoui, Youssef Ibn Tachfin, l’autre, Zénète, Abdelmoumen ».
En parlant des Almoravides et des Almohades, l’auteur n’est pas tendre. Il écrit
« Les deux intégrismes, l’un doux, l’autre totalitaire, allaient obstruer les voies du savoir, de la science, … »
Et aussi
« Les Cadis Malékites en Espagne et au Maghreb en introduisant l’inquisition ont assassiné l’esprit créateur, l’innovation, la recherche scientifique, le juste milieu entre la foi et la raison ».
CHAPITRE V, De la théologico-politique à l’esquisse de l’Etat normatif à l’ombre du droit international :
Ce titre est très suggestif quant au contenu du chapitre. Dans le premier paragraphe, on apprend que le Maroc est resté égal à lui-même du Haut–Moyen-Âge à la renaissance et que il ‘‘n’y eut guère une mutation profonde et radicale’’ ; que ‘‘ l’empire était en fonction de la personnalité de l’empeureur’’. ‘‘Les tribus vivaient leur vie, avec leurs coutumes, leurs traditions multiséculaires. Elles étaient des ‘électrons libres’’.
Mais la géostratégie du 17ième est bouleversée par la découverte de l’or aux Amériques. Alors
« Le territoire marocain n’est plus un sentiment affectif. Il est devenu une donnée que L’Etat doit défendre pour garder sa souveraineté et son indépendance ».
« On verra s’esquisser une raison froide d’Etat sur une colonne vertébrale à mettre sur pied laborieusement sans toucher à la liberté légendaire des tribus. De toute façon elles étaient la source du pouvoir ».
L’auteur procède à une analyse détaillée de l’évolution de l’Etat. Il en arrive à déclarer, en ce qui concerne des réformes, notamment sur les impôts, que
« Les intérêts se liguèrent contre Moulay Abdelaziz, roi réformateur du 20ième siècle. Ces réformes soulevèrent une réprobation des hommes privilégiés, des oulémas notamment qui considéraient cette innovation comme un attentat contre le Coran. Les Caïdes et les Guich menacés par cette réforme d’Etat s’y opposèrent. Une vive agitation en résulta et cette réforme capitale échoua, faute d’exécutants et d’adhésion des élites urbaines. L’histoire a été injuste à l’égard de Moulay Abdelaziz ».
Je ne peux pas en dire plus vu le manque de temps, mais je ne peux pas m’empêcher de vous lire le dernier paragraphe, de ce chapitre. Il porte sur la tribu. Il est bien écrit et il est poignant.
« Là voici en 2006 plus vivante que jamais, car l’Amazigh est l’enfant de la terre. Et tant que la terre durera, l’Amazigh revendiquera son indépendance d’esprit, son autonomie, en un mot sa dignité et sa liberté qu’il porte en lui depuis la nuit des temps. Elle a pris conscience qu’il valait mieux périr dans l’honneur que de livrer la terre à l’étranger. L’homme, la terre, la liberté ont retenti dans les cœurs comme un chant mélodieux donnant des ailes à ces braves des Atlas pour affronter la formidable force mécanique des Espagnoles et des Français. Alors ce qui restait de la communauté s’est scindé. D’un côté, ceux pour qui la liberté est au bout du fusil, de l’autre l’esprit boutiquier et calculateur prompt à cajoler les nouveaux maîtres ».
A suivre ...