Les experts des Nations Unies plaident pour l’officialisation de tamazight par l’Etat marocain !
dimanche 21 mai 2006
Les membres du Comité des droits économiques, sociaux et culturels du Haut Commissariat aux droits de l’Homme (OHCHR) des Nations Unies invitent l’Etat marocain à consacrer dans sa constitution la langue amazighe comme langue officielle.
Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels achève les travaux de sa trente-sixième session, le 19 mai 2006, et rend public ses observations finales concernant Monaco, le Liechtenstein, le Canada, le Mexique et le Maroc. Cette session du CESCR s’est tenue au Palais des Nations à Genève du 1er au 19 mai 2006.
Concernant l’Etat marocain, si le Comité accueille avec satisfaction certaines initiatives et mesures prises, il reste inquiet quant à d’autres questions qui montrent la non application du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels par l’Etat marocain.
Il faut noter que le Comité "invite le Maroc à considérer la possibilité de consacrer dans la constitution la langue amazighe comme une des langues officielles et l’encourage à prendre les mesures nécessaires pour permettre aux parents de donner un nom amazigh à leurs enfants". Les experts des Nations Unies n’ont pas manqué également d’exhorter l’Etat marocain à "prendre les mesures nécessaires pour garantir pleinement à la communauté amazighe son droit à exercer sa propre identité culturelle, en conformité avec le paragraphe 15 du Pacte, établissant le droit de participer à la vie culturelle".
En effet, les experts des Nations Unies ne comprennent pas pourquoi un Etat qui reconnaît que la majorité de ses citoyens sont locuteurs de la langue amazighe ne réserve aucune place dans les textes officiels de l’Etat à cette langue qui est pourtant majoritaire.
L’existence d’une circulaire imposant une liste de prénoms jugés "corrects" aux parents de nouveaux, interdisant ainsi de fait les prénoms amazighs, n’a pas du tout été appréciée par les membres du CESCR qui ont bien noté que l’Etat marocain, par la voix de son ministre de la justice, a affirmé sa volonté de retirer la dite circulaire. Les membres du Comité rappellent, tout de même, à l’Etat marocain la nécessité de garantir aux parents la liberté et le droit de donner des prénoms amazighs à leurs enfants.
L’on peut dire que les membres du CESCR ont mis le doigt sur le fond du problème et ont suggéré à l’Etat marocain de faire preuve de responsabilité et surtout de bonne volonté en procédant à la reconnaissance officielle et institutionnelle de la langue amazighe. En effet, ce n’est que de cette manière que l’on peut aspirer à une protection minimale de tamazight. Cette protection législative doit, bien entendu, être suivie de mesures concrets : là, ç’en est une autre paire de manche.
Cette position des experts des Nations Unies dont on se réjouit est le fruit d’un important travail d’explication et de documentation que Tamazgha a effectué. Un travail entamé déjà depuis 1999. En effet, pour que les experts aboutissent à cette position, il a fallu que suffisamment d’éléments d’information et de faits concrets soient mis à leur disposition, ce que Tamazgha a fait et s’atèle d’ailleurs à faire à propos de l’ensemble des Etats que le peuple amazigh subit en Afrique du Nord.
Dans son rapport "L’Etat marocain et la question amazighe" remis aux membres du CESCR, Tamazgha a insisté sur la nécessité de l’officialisation de la langue amazighe. Il a été ainsi exprimé dans le rapport : "[...]Nous demandons à l’Etat marocain la reconnaissance de tamazight comme langue officielle pour que, à terme, le fait amazigh regagne toute la souveraineté qui est la sienne." Et an conclusion des propositions, Tamazgha rajoute : "Enfin l’Etat marocain doit prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre aux amazighophones leur dignité et que cesse la discrimination dont ils sont victimes. Il doit engager tous les moyens nécessaires pour assurer la protection de la langue et la culture amazighes. Encore une fois, cela passe nécessairement par la reconnaissance, dans la Constitution, de la langue amazighe comme langue officielle."
Ainsi les experts des Nations Unies n’ont pas été indifférents à cette demande de Tamazgha laquelle proposition, nous pouvons l’affirmer, a été suivie. L’ensemble des éléments pertinents fournis dans le rapport ont certainement su convaincre les 18 experts qui ont plaidé pour la nécessité d’officialisation de la langue amazighe par l’Etat marocain.
Reste maintenant que l’Etat marocain s’applique à mettre en œuvre ces observations des membres du CESCR. Pour cela, les citoyens, à travers notamment l’ensemble des acteurs qu œuvrent su le terrain en faveur de la cause amazighe, doivent faire pression sur la monarchie marocaine et son Etat afin que les recommandations des nations Unies à l’Etat marocain en matière de respect des droits des Imazighen soient mises en application. Et l’Etat marocain ne pourra se permettre d’ignorer cela. Si aujourd’hui les instances onusiennes n’admettent plus que la langue amazighe reste en marge, l’Etat marocain se doit d’être à leur écoute d’autant plus qu’il se dit (et se veut) un Etat qui déploie beaucoup d’efforts pour le respect des droits de l’Homme. Que l’Etat marocain donne également l’exemple en matière de respect de ses engagements et qu’il procède à la mise en œuvre des stipulations du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et cela à commencer par l’application, dans la meilleurs délais, des recommandations qui viennent de lui être faites par les membres du CESCR.
Imazighen qui subissent l’Etat marocain peuvent aujourd’hui prendre à témoin les instances onusiennes et doivent exiger de la monarchie marocaine qu’elle s’accomplisse de ses "devoirs" envers les langue et culture amazighes. Quoi de plus légitime que d’exiger un droit inaliénable reconnu par tous ?
Les mois à venir nous montreront à quel point la monarchie marocaine est prête à "poursuivre" son chemin sur la voie des droits de l’Homme !?
Association Tamazgha
"L’Etat marocain et la question amazighe" : rapport de Tamazgha
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Extrait du communiqué de presse du CESCR rendu public suite à la séance de clôture des travaux de la trente-sixième session du CESCR, le 19 mai 2006.
Par ailleurs, le Comité note que certaines traditions, coutumes et pratiques culturelles au Maroc continuent d’empêcher les femmes d’exercer pleinement les droits qui leur sont reconnus par le Pacte et observe que l’institution nationale de droits de l’homme marocaine est attachée au Ministère de la Justice, ce qui pourrait entraver son indépendance. De même, le Comité note avec inquiétude que la couverture accordée par le système social au Maroc demeure inadéquate et inégalement repartie. À cet égard, il recommande au Maroc de redoubler ses efforts pour que la couverture du système de sécurité sociale soit repartie en égalité entre les zones urbaines et rurales et entre les régions, notamment par les allocations de chômage, maladie, maternité et familiales. À ce propos, le Comité recommande au Maroc de considérer la possibilité de ratifier la convention n° 102, relative à la norme minimum de sécurité sociale et n° 118, sur l’égalité de traitement dans le domaine de la sécurité sociale. Le Comité reconnaît aussi les efforts du Maroc pour combattre la violence domestique ; cependant, il note avec préoccupation que le Code pénal ne contient aucune disposition spécifique criminalisant et réprimant la violence familiale. De même, si le Comité observe que le harcèlement sexuel dans les lieux de travail est considéré comme une faute grave dans le code du travail, il demeure cependant préoccupé par le fait que le Code pénal n’incrimine pas cette conduite. Le Comité réitère aussi son inquiétude par rapport au fait que, malgré les efforts consentis pour réduire la pauvreté, 17% de la population du Maroc vit toujours en situation de pauvreté, et que 70% des pauvres continuent à habiter dans les zones rurales. Le Comite réitère sa recommandation au Maroc d’intensifier ses efforts pour réduire le niveau de pauvreté, y compris dans les zones rurales, ainsi que d’améliorer ses stratégies de développement social, lesquelles doivent intégrer les droits économiques, sociaux et culturels. Enfin le Comité invite le Maroc à considérer la possibilité de consacrer dans la constitution la langue amazigh comme une des langues officielles. Il l’encourage à prendre les mesures nécessaires pour permettre aux parents de donner un nom amazigh à leurs enfants. En outre, il l’exhorte à prendre les mesures nécessaires pour garantir pleinement à la communauté amazigh son droit à exercer sa propre identité culturelle, en conformité avec le paragraphe 15 du Pacte, établissant le droit de participer à la vie culturelle. [...]
source : Tamazgha
dimanche 21 mai 2006
Les membres du Comité des droits économiques, sociaux et culturels du Haut Commissariat aux droits de l’Homme (OHCHR) des Nations Unies invitent l’Etat marocain à consacrer dans sa constitution la langue amazighe comme langue officielle.
Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels achève les travaux de sa trente-sixième session, le 19 mai 2006, et rend public ses observations finales concernant Monaco, le Liechtenstein, le Canada, le Mexique et le Maroc. Cette session du CESCR s’est tenue au Palais des Nations à Genève du 1er au 19 mai 2006.
Concernant l’Etat marocain, si le Comité accueille avec satisfaction certaines initiatives et mesures prises, il reste inquiet quant à d’autres questions qui montrent la non application du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels par l’Etat marocain.
Il faut noter que le Comité "invite le Maroc à considérer la possibilité de consacrer dans la constitution la langue amazighe comme une des langues officielles et l’encourage à prendre les mesures nécessaires pour permettre aux parents de donner un nom amazigh à leurs enfants". Les experts des Nations Unies n’ont pas manqué également d’exhorter l’Etat marocain à "prendre les mesures nécessaires pour garantir pleinement à la communauté amazighe son droit à exercer sa propre identité culturelle, en conformité avec le paragraphe 15 du Pacte, établissant le droit de participer à la vie culturelle".
En effet, les experts des Nations Unies ne comprennent pas pourquoi un Etat qui reconnaît que la majorité de ses citoyens sont locuteurs de la langue amazighe ne réserve aucune place dans les textes officiels de l’Etat à cette langue qui est pourtant majoritaire.
L’existence d’une circulaire imposant une liste de prénoms jugés "corrects" aux parents de nouveaux, interdisant ainsi de fait les prénoms amazighs, n’a pas du tout été appréciée par les membres du CESCR qui ont bien noté que l’Etat marocain, par la voix de son ministre de la justice, a affirmé sa volonté de retirer la dite circulaire. Les membres du Comité rappellent, tout de même, à l’Etat marocain la nécessité de garantir aux parents la liberté et le droit de donner des prénoms amazighs à leurs enfants.
L’on peut dire que les membres du CESCR ont mis le doigt sur le fond du problème et ont suggéré à l’Etat marocain de faire preuve de responsabilité et surtout de bonne volonté en procédant à la reconnaissance officielle et institutionnelle de la langue amazighe. En effet, ce n’est que de cette manière que l’on peut aspirer à une protection minimale de tamazight. Cette protection législative doit, bien entendu, être suivie de mesures concrets : là, ç’en est une autre paire de manche.
Cette position des experts des Nations Unies dont on se réjouit est le fruit d’un important travail d’explication et de documentation que Tamazgha a effectué. Un travail entamé déjà depuis 1999. En effet, pour que les experts aboutissent à cette position, il a fallu que suffisamment d’éléments d’information et de faits concrets soient mis à leur disposition, ce que Tamazgha a fait et s’atèle d’ailleurs à faire à propos de l’ensemble des Etats que le peuple amazigh subit en Afrique du Nord.
Dans son rapport "L’Etat marocain et la question amazighe" remis aux membres du CESCR, Tamazgha a insisté sur la nécessité de l’officialisation de la langue amazighe. Il a été ainsi exprimé dans le rapport : "[...]Nous demandons à l’Etat marocain la reconnaissance de tamazight comme langue officielle pour que, à terme, le fait amazigh regagne toute la souveraineté qui est la sienne." Et an conclusion des propositions, Tamazgha rajoute : "Enfin l’Etat marocain doit prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre aux amazighophones leur dignité et que cesse la discrimination dont ils sont victimes. Il doit engager tous les moyens nécessaires pour assurer la protection de la langue et la culture amazighes. Encore une fois, cela passe nécessairement par la reconnaissance, dans la Constitution, de la langue amazighe comme langue officielle."
Ainsi les experts des Nations Unies n’ont pas été indifférents à cette demande de Tamazgha laquelle proposition, nous pouvons l’affirmer, a été suivie. L’ensemble des éléments pertinents fournis dans le rapport ont certainement su convaincre les 18 experts qui ont plaidé pour la nécessité d’officialisation de la langue amazighe par l’Etat marocain.
Reste maintenant que l’Etat marocain s’applique à mettre en œuvre ces observations des membres du CESCR. Pour cela, les citoyens, à travers notamment l’ensemble des acteurs qu œuvrent su le terrain en faveur de la cause amazighe, doivent faire pression sur la monarchie marocaine et son Etat afin que les recommandations des nations Unies à l’Etat marocain en matière de respect des droits des Imazighen soient mises en application. Et l’Etat marocain ne pourra se permettre d’ignorer cela. Si aujourd’hui les instances onusiennes n’admettent plus que la langue amazighe reste en marge, l’Etat marocain se doit d’être à leur écoute d’autant plus qu’il se dit (et se veut) un Etat qui déploie beaucoup d’efforts pour le respect des droits de l’Homme. Que l’Etat marocain donne également l’exemple en matière de respect de ses engagements et qu’il procède à la mise en œuvre des stipulations du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et cela à commencer par l’application, dans la meilleurs délais, des recommandations qui viennent de lui être faites par les membres du CESCR.
Imazighen qui subissent l’Etat marocain peuvent aujourd’hui prendre à témoin les instances onusiennes et doivent exiger de la monarchie marocaine qu’elle s’accomplisse de ses "devoirs" envers les langue et culture amazighes. Quoi de plus légitime que d’exiger un droit inaliénable reconnu par tous ?
Les mois à venir nous montreront à quel point la monarchie marocaine est prête à "poursuivre" son chemin sur la voie des droits de l’Homme !?
Association Tamazgha
"L’Etat marocain et la question amazighe" : rapport de Tamazgha
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Extrait du communiqué de presse du CESCR rendu public suite à la séance de clôture des travaux de la trente-sixième session du CESCR, le 19 mai 2006.
Par ailleurs, le Comité note que certaines traditions, coutumes et pratiques culturelles au Maroc continuent d’empêcher les femmes d’exercer pleinement les droits qui leur sont reconnus par le Pacte et observe que l’institution nationale de droits de l’homme marocaine est attachée au Ministère de la Justice, ce qui pourrait entraver son indépendance. De même, le Comité note avec inquiétude que la couverture accordée par le système social au Maroc demeure inadéquate et inégalement repartie. À cet égard, il recommande au Maroc de redoubler ses efforts pour que la couverture du système de sécurité sociale soit repartie en égalité entre les zones urbaines et rurales et entre les régions, notamment par les allocations de chômage, maladie, maternité et familiales. À ce propos, le Comité recommande au Maroc de considérer la possibilité de ratifier la convention n° 102, relative à la norme minimum de sécurité sociale et n° 118, sur l’égalité de traitement dans le domaine de la sécurité sociale. Le Comité reconnaît aussi les efforts du Maroc pour combattre la violence domestique ; cependant, il note avec préoccupation que le Code pénal ne contient aucune disposition spécifique criminalisant et réprimant la violence familiale. De même, si le Comité observe que le harcèlement sexuel dans les lieux de travail est considéré comme une faute grave dans le code du travail, il demeure cependant préoccupé par le fait que le Code pénal n’incrimine pas cette conduite. Le Comité réitère aussi son inquiétude par rapport au fait que, malgré les efforts consentis pour réduire la pauvreté, 17% de la population du Maroc vit toujours en situation de pauvreté, et que 70% des pauvres continuent à habiter dans les zones rurales. Le Comite réitère sa recommandation au Maroc d’intensifier ses efforts pour réduire le niveau de pauvreté, y compris dans les zones rurales, ainsi que d’améliorer ses stratégies de développement social, lesquelles doivent intégrer les droits économiques, sociaux et culturels. Enfin le Comité invite le Maroc à considérer la possibilité de consacrer dans la constitution la langue amazigh comme une des langues officielles. Il l’encourage à prendre les mesures nécessaires pour permettre aux parents de donner un nom amazigh à leurs enfants. En outre, il l’exhorte à prendre les mesures nécessaires pour garantir pleinement à la communauté amazigh son droit à exercer sa propre identité culturelle, en conformité avec le paragraphe 15 du Pacte, établissant le droit de participer à la vie culturelle. [...]
source : Tamazgha