Tamazight Et Imazighn Dans La Presse

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Journal Al Bayane (Maroc

Les Imazighens, un peuple fier (2/23/2007)


Les Imazighens sont les habitants historiques du Nord de l¹Afrique et du Sahara depuis au moins 10.000ans (Voir l¹ouvrage de G.Camps «Les Berbères aux marges de l¹Histoire »). C¹est l¹étendue de l¹espace et leur organisation sociale, axée sur le tribalisme, source de leur division, qui ont été les principaux obstacles à leur union stable et durable et qui ont facilité les diverses invasions subies quoique farouchement combattues. Même sous l¹occupation, Imazighen ont rarement baissé la tête. Leur bravoure et leur fierté excessives n¹ont pas toujours arrangé leur sort et leur ont coûté souvent pas mal de déboires. Ce peuple fier a toujours su exprimer une irréductible et vibrante identité et une conception exigeante de l¹honneur. Ce que l¹Histoire écrite par les autres a essayé souvent d¹occulter.

Je veux livrer ici aux lecteurs et à nos enfants trois petites histoires sur le courage et la fierté de certains de leurs ancêtres Imazighens. La 1ère remonte au début de la conquête islamique du Maghreb (vers 680 après JC) et concerne le grand guerrier et chef militaire amazigh Koçeila.
E. F.Gautier écrit dans son livre « le passé de l¹Afrique du Nord»: «Le célèbre Okba, émir de l¹armée arabe, représentant du Khalife, tint Koçeila prisonnier et le traîna à sa suite dans sa grande randonnée à travers le Maghreb. Il le traita très mal:». Parmi les traits insultants qu¹il se permit envers lui, on raconte le suivant: il venait de recevoir des moutons et, voulant en faire égorger un, il ordonna à Koçeila de l¹écorcher. Que Dieu dirige l¹émir vers le bien! lui dit ce chef berbère, j¹ai ici mes jeunes gens et mes serviteurs qui pourront m¹éviter cette peine. Okba lui répondit par des paroles offensantes. Koçeila se retira en colère et ayant égorgé le mouton; il essuya sa main encore sanglante sur sa barbe. Quelques arabes s¹approchèrent alors et lui dirent:
Que fais-tu Berbère? A quoi il répondit: Cela est bon pour les poils. Mais un vieillard d¹entre les Arabes passa et s¹écria: Ce n¹est pas pour cela: C¹est une menace que ce Berbère vous fait.
«Koçeila finit par mettre sa menace à exécution vers 682 en éliminant Okba et devint le chef de l¹Ifriqiya et du Maghreb entier.
La morale de cette histoire: ce geste de tirer sur sa barbe ou sur son menton face à quelqu¹un signifie jurer vengeance (ouakha, haat dik!). Geste solennel chez Imazighen à nos jours, comme raser la barbe à un Berbère, c¹est l¹humilier.
-La 2e se passait en pays Ait Yafelmann dans le Haut-Ghériss au Haut Atlas, quand le général français et son équipe se livraient à une partie de chasse au mouflon sous la conduite de l¹ancien chef guerrier et résistant devenu caïd de la tribu des Ait Marghad. Au cours de l¹opération, l¹Amghar qui escaladait une falaise glissa sur un rocher et se cassa une dent. Cet incident sema la désolation au sein des invités et faillit gâcher la fête. Le chef militaire entoura notre Amghar de tous les égards et lui proposa un voyage en France pour lui apporter les soins nécessaires et remplacer la dent perdue. Après traduction, la réponse du lion blessé ne se fit pas attendre. Elle fut sèche et sans détour: - dites-lui que je n¹ai perdu là qu¹une dent (une incisive) qui n¹a d¹intérêt que pour le rire et le sourire. Et tant que nous sommes sous votre domination (Traduisez «sous votre main»), le rire et le sourire n¹ont aucun goût, répondit le grand guerrier blessé dans son âme et gardant néanmoins sa bravoure et sa fierté.
-La 3ème histoire elle aussi se passait à l¹époque du Protectorat français, dans le Moyen Atlas. Le caïd du lieu organisait une fête à laquelle il invita le chef militaire de la région de Meknès et sa suite ainsi que les caïds et les notables des tribus voisines. Sous les tentes caïdales ornées avec faste et élégance, les invités savouraient des moments de plaisir et de bonheur: musique, danses, fantasia. La nature est verdoyante et fleurie, un cadre de rêve. Au cours du repas, autour d¹un méchoui succulent, le commandant de la région militaire, voulait plaisanter avec son hôte et lui fit dire:
- Dites-moi Caïd, il parait que vous, les Berbères, vous mangez la viande du chacal, animal sauvage. Pourquoi vous moquez-vous des Français qui mangent du porc?
La réponse du caïd berbère ne se fit pas attendre:
-Vous voulez savoir pourquoi? Eh bien! Avant votre débarquement dans nos régions, le chacal vivait à nos côtés, près de nos tentes. Depuis votre arrivée, il s¹est révolté et il a pris le maquis. C¹est un animal libre et noble (Lhorr).Voilà pourquoi nous l¹aimons et chérissons sa chair. Ce n¹est pas comme le chien qui rôde toujours aux alentours des tentes, répondit le chef berbère.
Ces deux dernières histoires sont assez récentes et véridiques. Elles m¹ont été racontées et je les rapporte à mon tour à tous ceux qui aiment ce peuple, en particulier les jeunes. J¹estime qu¹elles ont valeur de symbole et que nous avons pour devoir de maintenir cette flamme que les adversaires de notre culture n¹ont pas réussi à étouffer à travers des siècles: notre fierté, notre âme.

Moha Oustouh
 
Re : Tamazight Et Imazighn Dans La Presse

Article sympathique.

Parenthèse : 'Imazighen' est déjà un pluriel, il ne sert à rien d'y mettre un 's', ou alors emploeyr les règles du français : Amazighes, Amazighes.
Parenthèse fermée.
 
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