Soutien aux grévistes de la faim Mapuche ( lisez Maputche ).
Le 13 mars 2006, les prisonniers politiques mapuche (PPM) de la Prison d’Angol, située au Sud du Chili, ont commencé une grève de la faim pour une durée indéterminée. Leurs revendications principales sont la liberté immédiate de tous les PPM et la révision de leur accusation d’ “Incendie Terroriste Poluco Pidenco”.
Introduction
Un Comité de soutien aux grévistes de la faim Mapuche a été crée à Genéve et une campagne européenne de signatures d’une lettre adressée à la présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet, vient d’être lancée pour soutenir quatre prisonniers politiques Mapuche en grève de la faim, depuis le 13 mars, dans la prison de la ville d’Angol, au sud du Chili.
Les Mapuche, peuple nié
Historiquement, le peuple Mapuche a été discriminé et pour ainsi dire nié au sein de l’Etat chilien. On ne respecte ni ses traditions, ni son organisation sociale, ni sa culture, ni même sa langue. A cette situation s’ajoute le dépouillement systématique de ses terres et l’expansion forestière menée par des latifundistes et des compagnies forestières nationales et multinationales depuis déjà plusieurs décennies. Ceux-ci ont transformé et dégradé l’environnement naturel des territoires mapuche. Cette situation oblige ainsi plusieurs secteurs de la société à vivre dans des enclaves appauvries et discriminées dont les niveaux de vie sont bien au-dessous de ceux de la moyenne des Chiliens.
Face à cette triste réalité a surgi, dans les années’90, un mouvement mapuche revendiquant la récupération de ses terres, la préservation de sa culture et de son organisation sociale. Le but est, à terme, d’atteindre un niveau de vie meilleur et l’autonomie pour le peuple Mapuche. Des actions importantes ont été réalisées, destinées à la récupération des territoires ancestraux, aujourd’hui occupés par les compagnies forestières. Elles consistent aussi à la prise de conscience du peuple mapuche sur le degré d’abandon et de misère dans lequel il subsiste. Ces actions ont entraîné une recrudescence de la répression, qui est devenue systématique durant le mandat du dernier gouvernement.
La recherche d’activistes mapuche est accompagnée de perquisitions de domiciles, durant lesquelles la police, de plus en plus raciste à l’encontre des Mapuche, abuse de son pouvoir en recourant à une violence indiscriminante. Celle-ci se manifeste par la destruction d’habitations et de biens matériels, le vol d’ustensiles et d’outils, entre autre. La police a déjà frappé, agressé et insulté des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées, et même des personnes handicapées physiquement. Elle utilise des plombs de chasse, des bombes lacrymogènes, des armes de guerre, des véhicules blindés, des hélicoptères et des centaines d’effectifs policiers pour accomplir les perquisitions dans les communautés indigènes dont les habitants sont en nombre restreint. Dans les territoires en conflit, la présence des policiers et des forces spéciales est permanente et excessive. Ils contrôlent ainsi systématiquement la population et harcèlent constamment les habitants et visiteurs des zones rurales.
Le zèle de l’Etat contre le mouvement mapuche s’est intensifié avec les années. Le Président Frei (1994-2000) a mis en accusation des Comuneros mapuche en appliquant la Loi de Sécurité de l’Etat (une loi de 1958 destinée à combattre la “subversion, la rébellion et la violence politique”). D’un autre côté, la répression s’est renforcée contre le peuple Mapuche lors de l’adoption de la Loi Antiterroriste, appliquée afin de faire condamner les Comuneros mapuche. C’est sous le régime de cette loi que les Prisonniers politiques mapuche en grève de la faim ont été condamnés.
Il est important de rappeler que la Loi Antiterroriste a été introduite par le dictateur Augusto Pinochet pour affronter l’opposition croissante à la dictature militaire. Paradoxalement, cette loi dictatoriale a été modifiée par le premier gouvernement démocratique afin de renforcer son application en incorporant des délits communs, tels que l’“incendie ou menace terroriste”, figurant déjà dans le Code Pénal. Cette loi est la plus dure de l’ordre juridique chilien. En usant de cette loi, les autorités chargées d’appliquer le droit privent les accusés des garanties de procédure judiciaire et violent par là le Pacte International de droits civils et politiques et la Convention Américaine des droits de l’Homme, instruments ratifiés par le Chili. Elles nient le soutien qu’ont manifesté des organismes Internationaux de défense des droits de l’homme tels que Human Right Watch, Amnesty International, la FIDH, etc., contre l’application de cette loi arbitraire. L’une des violations graves des garanties de procédure judiciaire est l’utilisation de témoins sans visage, comparaissant au tribunal derrière des paravents et parlant à travers des micros distordant la voix. Il faut signaler en plus qu’à deux occasions où des juges avaient acquitté des accusés Mapuche, la Cour suprême est intervenue pour révoquer ces jugements et pour les condamner. Pour ces raisons, voyant leurs garanties de procédure violées, certains Mapuche accusés d’actes terroristes ou d’association illicite terroriste ont décidé de ne pas comparaître et ont ainsi opté pour la voie de la clandestinité. Ils sont aujourd’hui persécutés par l’Etat chilien.
Les déclarations des PPM en grève de la faim, (Jaime Marileo Saravia, Patricia Troncoso Robles, Juan Marileo Saravia, Juan Huenulao Lienmil, Juan Colihuinca Ancaluan et Jose Cariqueo Saravia), nous sont parvenues et avec eux nous :
dénonçons la politique répressive déployée par l’Etat chilien, telle que nous l’avons décrite auparavant, et nous exigeons le respect du rapport de Rodolfo Stavenhagen, rapporteur des Nations Unies pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales des indigènes, rendu en novembre 2003, selon lequel les légitimes revendications venant des organisations et des communautés indigènes ne doivent être criminalisées ou pénalisées sous aucun prétexte. Les accusations de délits (“ menaces terroriste” ou “association illicite”) prises dans un autre contexte ne doivent pas être appliquées à la lutte pour la terre et aux légitimes demandes indigènes
exigeons la révision par un tribunal indépendant et impartial de toutes les inculpations faites à l’encontre des PPM, en particulier de l’accusation de Poluco-Pidenco. A cause de celle-ci, les grévistes sont accusés d’avoir incendié cent hectares de la Compagnie Forestière Mininco SA et ainsi condamnés à dix ans et un jour d’emprisonnement et à payer 400’000’000 pesos (environ un million de SFR) à titre d’indemnités. Tout cela en vertu de la fameuse Loi Antiterroriste.
dénonçons l’aberration que commet la justice chilienne en réalisant un procès à huis clos. L’Etat dans son désespoir d’arrêter le mouvement mapuche et d’emprisonner des innocents, effectue ce procès sans la présence des imputés en leur imposant d’office des avocats qui ne leur inspirent guère confiance. Les témoins sans visage ne suffisent-ils pas ?
rappelons à Madame la Présidente Michelle Bachelet qu’elle s’est engagée à cesser d’appliquer cette loi. Nous exigeons donc qu’elle respecte ses engagements.
à suivre ...
Le 13 mars 2006, les prisonniers politiques mapuche (PPM) de la Prison d’Angol, située au Sud du Chili, ont commencé une grève de la faim pour une durée indéterminée. Leurs revendications principales sont la liberté immédiate de tous les PPM et la révision de leur accusation d’ “Incendie Terroriste Poluco Pidenco”.
Introduction
Un Comité de soutien aux grévistes de la faim Mapuche a été crée à Genéve et une campagne européenne de signatures d’une lettre adressée à la présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet, vient d’être lancée pour soutenir quatre prisonniers politiques Mapuche en grève de la faim, depuis le 13 mars, dans la prison de la ville d’Angol, au sud du Chili.
Les Mapuche, peuple nié
Historiquement, le peuple Mapuche a été discriminé et pour ainsi dire nié au sein de l’Etat chilien. On ne respecte ni ses traditions, ni son organisation sociale, ni sa culture, ni même sa langue. A cette situation s’ajoute le dépouillement systématique de ses terres et l’expansion forestière menée par des latifundistes et des compagnies forestières nationales et multinationales depuis déjà plusieurs décennies. Ceux-ci ont transformé et dégradé l’environnement naturel des territoires mapuche. Cette situation oblige ainsi plusieurs secteurs de la société à vivre dans des enclaves appauvries et discriminées dont les niveaux de vie sont bien au-dessous de ceux de la moyenne des Chiliens.
Face à cette triste réalité a surgi, dans les années’90, un mouvement mapuche revendiquant la récupération de ses terres, la préservation de sa culture et de son organisation sociale. Le but est, à terme, d’atteindre un niveau de vie meilleur et l’autonomie pour le peuple Mapuche. Des actions importantes ont été réalisées, destinées à la récupération des territoires ancestraux, aujourd’hui occupés par les compagnies forestières. Elles consistent aussi à la prise de conscience du peuple mapuche sur le degré d’abandon et de misère dans lequel il subsiste. Ces actions ont entraîné une recrudescence de la répression, qui est devenue systématique durant le mandat du dernier gouvernement.
La recherche d’activistes mapuche est accompagnée de perquisitions de domiciles, durant lesquelles la police, de plus en plus raciste à l’encontre des Mapuche, abuse de son pouvoir en recourant à une violence indiscriminante. Celle-ci se manifeste par la destruction d’habitations et de biens matériels, le vol d’ustensiles et d’outils, entre autre. La police a déjà frappé, agressé et insulté des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées, et même des personnes handicapées physiquement. Elle utilise des plombs de chasse, des bombes lacrymogènes, des armes de guerre, des véhicules blindés, des hélicoptères et des centaines d’effectifs policiers pour accomplir les perquisitions dans les communautés indigènes dont les habitants sont en nombre restreint. Dans les territoires en conflit, la présence des policiers et des forces spéciales est permanente et excessive. Ils contrôlent ainsi systématiquement la population et harcèlent constamment les habitants et visiteurs des zones rurales.
Le zèle de l’Etat contre le mouvement mapuche s’est intensifié avec les années. Le Président Frei (1994-2000) a mis en accusation des Comuneros mapuche en appliquant la Loi de Sécurité de l’Etat (une loi de 1958 destinée à combattre la “subversion, la rébellion et la violence politique”). D’un autre côté, la répression s’est renforcée contre le peuple Mapuche lors de l’adoption de la Loi Antiterroriste, appliquée afin de faire condamner les Comuneros mapuche. C’est sous le régime de cette loi que les Prisonniers politiques mapuche en grève de la faim ont été condamnés.
Il est important de rappeler que la Loi Antiterroriste a été introduite par le dictateur Augusto Pinochet pour affronter l’opposition croissante à la dictature militaire. Paradoxalement, cette loi dictatoriale a été modifiée par le premier gouvernement démocratique afin de renforcer son application en incorporant des délits communs, tels que l’“incendie ou menace terroriste”, figurant déjà dans le Code Pénal. Cette loi est la plus dure de l’ordre juridique chilien. En usant de cette loi, les autorités chargées d’appliquer le droit privent les accusés des garanties de procédure judiciaire et violent par là le Pacte International de droits civils et politiques et la Convention Américaine des droits de l’Homme, instruments ratifiés par le Chili. Elles nient le soutien qu’ont manifesté des organismes Internationaux de défense des droits de l’homme tels que Human Right Watch, Amnesty International, la FIDH, etc., contre l’application de cette loi arbitraire. L’une des violations graves des garanties de procédure judiciaire est l’utilisation de témoins sans visage, comparaissant au tribunal derrière des paravents et parlant à travers des micros distordant la voix. Il faut signaler en plus qu’à deux occasions où des juges avaient acquitté des accusés Mapuche, la Cour suprême est intervenue pour révoquer ces jugements et pour les condamner. Pour ces raisons, voyant leurs garanties de procédure violées, certains Mapuche accusés d’actes terroristes ou d’association illicite terroriste ont décidé de ne pas comparaître et ont ainsi opté pour la voie de la clandestinité. Ils sont aujourd’hui persécutés par l’Etat chilien.
Les déclarations des PPM en grève de la faim, (Jaime Marileo Saravia, Patricia Troncoso Robles, Juan Marileo Saravia, Juan Huenulao Lienmil, Juan Colihuinca Ancaluan et Jose Cariqueo Saravia), nous sont parvenues et avec eux nous :
dénonçons la politique répressive déployée par l’Etat chilien, telle que nous l’avons décrite auparavant, et nous exigeons le respect du rapport de Rodolfo Stavenhagen, rapporteur des Nations Unies pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales des indigènes, rendu en novembre 2003, selon lequel les légitimes revendications venant des organisations et des communautés indigènes ne doivent être criminalisées ou pénalisées sous aucun prétexte. Les accusations de délits (“ menaces terroriste” ou “association illicite”) prises dans un autre contexte ne doivent pas être appliquées à la lutte pour la terre et aux légitimes demandes indigènes
exigeons la révision par un tribunal indépendant et impartial de toutes les inculpations faites à l’encontre des PPM, en particulier de l’accusation de Poluco-Pidenco. A cause de celle-ci, les grévistes sont accusés d’avoir incendié cent hectares de la Compagnie Forestière Mininco SA et ainsi condamnés à dix ans et un jour d’emprisonnement et à payer 400’000’000 pesos (environ un million de SFR) à titre d’indemnités. Tout cela en vertu de la fameuse Loi Antiterroriste.
dénonçons l’aberration que commet la justice chilienne en réalisant un procès à huis clos. L’Etat dans son désespoir d’arrêter le mouvement mapuche et d’emprisonner des innocents, effectue ce procès sans la présence des imputés en leur imposant d’office des avocats qui ne leur inspirent guère confiance. Les témoins sans visage ne suffisent-ils pas ?
rappelons à Madame la Présidente Michelle Bachelet qu’elle s’est engagée à cesser d’appliquer cette loi. Nous exigeons donc qu’elle respecte ses engagements.
à suivre ...