Prisonners politieques

Tafart

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Prisonniers politiques

Un article sur les prisonniers politiques dans les camps de concentration du Polisario.
Un peu daté mais toujours actuel.



Liberation, samedi 25 octobre 2003

Des forçats marocains au pays du Front Polisario
Enquête accablante de la Fondation France-Libertés sur les soldats détenus.
Par Jose GARÇON

900 soldats marocains croupissent dans les camps, la plupart depuis vingt ans. Rarement accusation aussi grave aura été corroborée par des sources aussi antagoniques. « Ce sont les prisonniers de guerre marocains qui ont construit la Rasd (République arabe sahraouie démocratique, ndlr) », affirmait récemment à Paris une délégation de Sahraouis promarocains. Créée par Danièle Mitterrand, la fondation France-Libertés a, elle, toujours apporté un soutien sans faille au Front Polisario, soutenu par l’Algérie et qui revendique la souveraineté du Sahara Occidentale. La mission d’enquête qu’elle a menée pendant quinze jours en avril dans toutes les localités contrôlées par le Polisario ¬ Zug excepté ¬ et dans les centres de Dakhla, d’El-Ayoun et de Rabouni n’en est que plus saisissante. « Tout ce qui a été bâti dans le camp de détention de Rabouni ¬ administrations, écoles, hôpitaux, jardins, puits ¬ est le résultat du travail exclusif et forcé des prisonniers de guerre marocains (du Polisario, ndlr). La main-d’oeuvre des camps de réfugiés, des postes militaires et des zones militaires est marocaine (...). Ils ont construit toutes les infrastructures civiles, routes comprises », écrit cette ONG peu soupçonnable de partialité et qui réaffirme d’ailleurs son « soutien constant au droit à l’autodétermination » du Sahara-Occidental.

Brûlé vif. Dans ces camps, situés en territoire algérien, croupissent encore quelque 900 soldats marocains, la plupart détenus depuis plus de vingt ans. Pratiquement tous ont été torturés lors de l’interrogatoire qui a suivi leur capture. A Rabouni, la quasi-totalité a été interrogée par des officiers algériens et torturée par les militaires sahraouis. Capturé en 1982, Abderahmane a refusé de donner des renseignements militaires. Brûlé vif au kérosène. Capturé à 19 ans, Omar Finidi a refusé le travail forcé. Enfermé pendant un an dans une cantine de 1,20 mètre sur 80 centimètres d’où il est sorti une heure par jour. Exécuté en 1994.

Jusque dans les années 80, les gardes fouettaient les prisonniers de guerre à la « cadence de travail trop lente » ou pour les « terroriser ». Travaillant jusqu’au crépuscule, ils dormaient dans les tranchées qu’ils avaient eux-mêmes creusées. Assoiffés et affamés, ceux qui étaient surpris buvant à même le sol l’eau souillée qui leur servait à confectionner des briques étaient fouettés. Depuis les années 90, les gardes ne frappent plus systématiquement les prisonniers, sauf ceux qui refusent de travailler. « Si les officiers ne travaillent plus, les hommes de troupes, quel que soit leur âge ou leur état de santé, continuent à travailler jusqu’à leurs dernières limites physiques et psychologiques. » Lorsque des fonctionnaires des Nations unies risquent de s’approcher des routes devant servir aux convois de la Mission des Nations unies pour le Sahara-Occidental (Minurso), les détenus sont « éloignés du chantier pour ne pas être vus ». C’est exactement le contraire qui se passait, jusque dans les années 80, lors des visites à Tindouf et dans les camps de réfugiés des organisations de soutien au peuple sahraoui. « Nous étions montrés comme des animaux dans un zoo », racontent ces damnés, dont les haillons étaient alors remplacés par des vêtements propres. « Tous ces visiteurs, relève France-Libertés, ont vu les prisonniers et les ont parfois même photographiés. »

Détournements. « Insulte au peuple sahraoui », rétorque le Front Polisario. Traitant le rapport de l’ONG de « malhonnête », il assure que le travail des détenus vise, selon les recommandations du CICR, à les « maintenir en forme et à supporter leur détention ». France-Libertés, qui n’en croit mot, a tiré les conséquences de ces « crimes de guerre ». Fin septembre, la fondation mettait fin à son aide à deux camps de réfugiés sahraouis. Une décision qui n’est pas étrangère aux détournements de l’aide humanitaire. « Depuis que les bailleurs de fonds se sont inquiétés de retrouver une partie de l’aide alimentaire sur des marchés de Mauritanie, du sud algérien et du nord du Mali, l’aide humanitaire serait vendue ou échangée après avoir été transférée dans des sacs ne portant aucun signe distinctif. »
29 octobre 2003
 
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