au maroc on affiche soit disant une volonté de reconnaître la barbarie et le bafouements des droits de l'homme liés aux années noirs au maroc du 1970 en organisant des auditions des victimes ayant subi les tortures et les sevisses inhumaines. et c'est une première au maroc que la RTM en diffuse. alors de quoi s'agit t-il a vos avis?d'une manoeuvre nouvelle pour tromper l'opinion national et international surtout aprés le rapport accablant de la commision des droits de l'homme de l'ONU concernant le statut des libertés et les droits de l'homme au maroc.et est ce concevable de se reconcilier avec sans passé en niant les droits de la majorité du peuples marocain ,en l'occurence immazighen?
Analyse
Le concept de vérité
En novembre 2001 se réunissait à Rabat un symposium sur les violations graves des droits de l’Homme. La rencontre, organisée par les principales organisations droits-humanistes, est la plus importante depuis celle qui avait adopté en 1990 la Charte nationale des droits de l’Homme. Participent à la séance d’ouverture des centaines de membres des associations organisatrices mais également des officiels (dont le ministre des droits de l’Homme), des hôtes étrangers et des personnalités politiques. Bachir Ben Barka intervient et revendique la vérité sur le sort de son père disparu en 1965. Debout, la salle l’applaudit pendant plusieurs minutes. Le ministre présent ne peut que suivre le mouvement. C’est dire que la soif de vérité (associée, certes, à un désir secret de prendre une revanche morale sur le régime) est grande. D’ailleurs, quand les participants sont invités à rejoindre la salle où se réunit la commission de leur choix (il y en avait quatre en tout), la majorité d’entre eux se dirigent vers celle de la vérité. La moins bien lotie est celle qui devrait porter son effort de réflexion sur les réparations. Même celle dite de la Moussa’ala reçoit moins de candidats-membres que celle de la vérité. Les organisateurs sont obligés d’intervenir afin que toutes les commissions aient un nombre suffisant d’animateurs.
Pourquoi ce besoin de vérité ?
Il y a tout d’abord ce désir naturel de faire connaître et reconnaître ses propres souffrances, de dire aussi que les sacrifices consentis ne furent pas vains. En somme, que les victimes ont rendu service à leur société et que celle-ci se doit de les honorer. Quand quelques-uns, au sein de la commission de vérité, parlent de réhabilitation des victimes, une majorité leur rétorque que c’est l’Etat qui a besoin d’être réhabilité et non ceux qui ont résisté à sa machine de broiement des dignités et des corps. Il y a également des raisons d’ordre sociologique et culturel qui favorisent cette tendance à faire de la victime une figure centrale du weltanschauung politique dans le Maroc d’aujourd’hui : l’épanouissement de l’individualisme démocratique au sein des secteurs les plus modernes de notre société et le recul des idéologies laïques de consolation et de salut collectif promeut un habitus qui fait de la compassion pour la victime -en tant qu’individu et semblable- une valeur supérieure. Au-delà des victimes et de leurs droits, l’éclatement de la vérité, au grand jour et sans entraves aucunes (pas même ces prétendues valeurs sacrées car seule est sacrée la dignité humaine), ouvrirait la porte à une réconciliation authentique entre l’Etat et les Marocains. Il faudrait savoir que l’Etat a subi pendant plusieurs décennies un processus de déligitimation aux conséquences désastreuses : qui croit encore que l’Etat représente le bien ? Qui croit encore que sa justice est juste, que ses serviteurs sont au service de la nation et du peuple ? Quasiment personne, pas même ceux qui, profitant du système, ont mis en coupe réglée les richesses du pays.
Mais la vérité suffit-elle ?
Le risque est grand que les auditions publiques et télévisées des victimes des années de plomb ne tournent court, très court. Alarmisme, diront certains ! Non ! Plutôt prudence. Car l’enjeu est colossal pour notre société et son devenir démocratique. Malgré la bonne foi et la compétence de ceux qui travaillent à l’organisation desdites auditions, il est plus que probable que ces témoignages publics de victimes, aussi poignants les uns que les autres, auront lieu alors que certains bourreaux – de ces mêmes victimes- seront toujours au pouvoir.
Quel affront ?
Car sans la moindre implication judiciaire –pas même à la sud-africaine- ces témoignages seraient perçus par les noyaux durs du régime et par sa base sociologique comme un folklore destiné seulement à apaiser quelques âmes sensibles et –pire- à forcer certaines vannes financières. : « Je te torture aujourd’hui, tu pourras toujours aller pleurer à la télé dans 20 ou 30 ans… je m’en fiche ». De fait, ces noyaux durs restent fondamentalement les mêmes. Ils continuent à se comporter comme si de rien n’était (retour de la torture après le 11 septembre, arrestations illégales, disparitions, centre de détention secret…). Ils continuent… pire, certains indices donnent à penser qu’ils ont acquis un certain degré d’autonomie depuis quelques années. Il ne faudrait donc pas que ce déballage de vérités du passé occulte les vérités d’aujourd’hui ; sinon, à quoi servirait t-il ? En ne faisant aucune allusion aux exactions du présent et à la Moussa’ala, ne risque-t-on pas tout simplement d’aider ceux qui gouvernent aujourd’hui à se défausser sur ceux qui gouvernaient hier. N’oublions pas la réponse de Hassan II à une question sur le pourquoi de sa longue collaboration avec un personnage aussi sinistre que le général Oufkir : « je l’ai hérité de mon père », se défend- t-il. Les optimistes disent que l’éclatement public de la vérité par le moyen des médias d’Etat- peut déclencher une dynamique positive au sein du régime, une dynamique qui serait favorable au respect des droits des citoyens et qui finira par pousser vers la porte de sortie les bourreaux d’hier et d’aujourd’hui… avec excuses officielles aux victimes et à la société etc. C’est possible, mais cela dépend uniquement de l’agenda caché du Pouvoir en place.
extrait du journal hebdomadaire
[ Edité par assif76 le 1/12/2004 14:17 ]
Analyse
Le concept de vérité
En novembre 2001 se réunissait à Rabat un symposium sur les violations graves des droits de l’Homme. La rencontre, organisée par les principales organisations droits-humanistes, est la plus importante depuis celle qui avait adopté en 1990 la Charte nationale des droits de l’Homme. Participent à la séance d’ouverture des centaines de membres des associations organisatrices mais également des officiels (dont le ministre des droits de l’Homme), des hôtes étrangers et des personnalités politiques. Bachir Ben Barka intervient et revendique la vérité sur le sort de son père disparu en 1965. Debout, la salle l’applaudit pendant plusieurs minutes. Le ministre présent ne peut que suivre le mouvement. C’est dire que la soif de vérité (associée, certes, à un désir secret de prendre une revanche morale sur le régime) est grande. D’ailleurs, quand les participants sont invités à rejoindre la salle où se réunit la commission de leur choix (il y en avait quatre en tout), la majorité d’entre eux se dirigent vers celle de la vérité. La moins bien lotie est celle qui devrait porter son effort de réflexion sur les réparations. Même celle dite de la Moussa’ala reçoit moins de candidats-membres que celle de la vérité. Les organisateurs sont obligés d’intervenir afin que toutes les commissions aient un nombre suffisant d’animateurs.
Pourquoi ce besoin de vérité ?
Il y a tout d’abord ce désir naturel de faire connaître et reconnaître ses propres souffrances, de dire aussi que les sacrifices consentis ne furent pas vains. En somme, que les victimes ont rendu service à leur société et que celle-ci se doit de les honorer. Quand quelques-uns, au sein de la commission de vérité, parlent de réhabilitation des victimes, une majorité leur rétorque que c’est l’Etat qui a besoin d’être réhabilité et non ceux qui ont résisté à sa machine de broiement des dignités et des corps. Il y a également des raisons d’ordre sociologique et culturel qui favorisent cette tendance à faire de la victime une figure centrale du weltanschauung politique dans le Maroc d’aujourd’hui : l’épanouissement de l’individualisme démocratique au sein des secteurs les plus modernes de notre société et le recul des idéologies laïques de consolation et de salut collectif promeut un habitus qui fait de la compassion pour la victime -en tant qu’individu et semblable- une valeur supérieure. Au-delà des victimes et de leurs droits, l’éclatement de la vérité, au grand jour et sans entraves aucunes (pas même ces prétendues valeurs sacrées car seule est sacrée la dignité humaine), ouvrirait la porte à une réconciliation authentique entre l’Etat et les Marocains. Il faudrait savoir que l’Etat a subi pendant plusieurs décennies un processus de déligitimation aux conséquences désastreuses : qui croit encore que l’Etat représente le bien ? Qui croit encore que sa justice est juste, que ses serviteurs sont au service de la nation et du peuple ? Quasiment personne, pas même ceux qui, profitant du système, ont mis en coupe réglée les richesses du pays.
Mais la vérité suffit-elle ?
Le risque est grand que les auditions publiques et télévisées des victimes des années de plomb ne tournent court, très court. Alarmisme, diront certains ! Non ! Plutôt prudence. Car l’enjeu est colossal pour notre société et son devenir démocratique. Malgré la bonne foi et la compétence de ceux qui travaillent à l’organisation desdites auditions, il est plus que probable que ces témoignages publics de victimes, aussi poignants les uns que les autres, auront lieu alors que certains bourreaux – de ces mêmes victimes- seront toujours au pouvoir.
Quel affront ?
Car sans la moindre implication judiciaire –pas même à la sud-africaine- ces témoignages seraient perçus par les noyaux durs du régime et par sa base sociologique comme un folklore destiné seulement à apaiser quelques âmes sensibles et –pire- à forcer certaines vannes financières. : « Je te torture aujourd’hui, tu pourras toujours aller pleurer à la télé dans 20 ou 30 ans… je m’en fiche ». De fait, ces noyaux durs restent fondamentalement les mêmes. Ils continuent à se comporter comme si de rien n’était (retour de la torture après le 11 septembre, arrestations illégales, disparitions, centre de détention secret…). Ils continuent… pire, certains indices donnent à penser qu’ils ont acquis un certain degré d’autonomie depuis quelques années. Il ne faudrait donc pas que ce déballage de vérités du passé occulte les vérités d’aujourd’hui ; sinon, à quoi servirait t-il ? En ne faisant aucune allusion aux exactions du présent et à la Moussa’ala, ne risque-t-on pas tout simplement d’aider ceux qui gouvernent aujourd’hui à se défausser sur ceux qui gouvernaient hier. N’oublions pas la réponse de Hassan II à une question sur le pourquoi de sa longue collaboration avec un personnage aussi sinistre que le général Oufkir : « je l’ai hérité de mon père », se défend- t-il. Les optimistes disent que l’éclatement public de la vérité par le moyen des médias d’Etat- peut déclencher une dynamique positive au sein du régime, une dynamique qui serait favorable au respect des droits des citoyens et qui finira par pousser vers la porte de sortie les bourreaux d’hier et d’aujourd’hui… avec excuses officielles aux victimes et à la société etc. C’est possible, mais cela dépend uniquement de l’agenda caché du Pouvoir en place.
extrait du journal hebdomadaire
[ Edité par assif76 le 1/12/2004 14:17 ]