Le Maroc peut-il longtemps snober la clientèle arabe?
La région du Golfe est un formidable pourvoyeur du tourisme même si le Maroc y fait pour l’instant de la figuration. Le Royaume reçoit un peu moins de 35.000 touristes par an (25.120 à fin octobre 2005) là où la Malaisie réalise 6 millions de touristes pourtant bien plus loin que le Maroc en nombre d’heures de vol. Le potentiel émetteur de l’Arabie saoudite ou à côté de Dubaï et, plus globalement, des Emirats arabes unis est pourtant impressionnant.
Chaque année, six millions de Saoudiens vont à l’étranger et dépensent 14 milliards de dollars. Tous ne font pas partie de la jet-set, ni du cercle des cheikhs qui passent l’été à Marbella dans les luxueuses villas et résidences de cette station balnéaire. Plusieurs destinations l’ont d’ailleurs compris. «Il y a cinq ans, la Malaisie avait zéro touriste sur le marché saoudien, elle en est aujourd’hui à 3 millions», constate admiratif, Marc Thepot, directeur général d’Accor Maroc. Et pourquoi pas le Maroc?
A condition qu’il se décide de mettre les moyens, tempère Taibi Khattab, directeur de l’Office national marocain du tourisme (ONMT) pour le Moyen-Orient et l’Asie. Si l’on veut atteindre les objectifs fixés dans le plan de développement du tourisme, on ne peut pas faire l’impasse sur un marché de cette taille, analyse le délégué de Royal Air Maroc à Dubai, Youssef Maoun. Le développement des flux touristiques vers le Maroc ne peut que rejaillir sur la compagnie. Valeur aujourd’hui, le Maroc, obnubilé par l’embellie sur la France et l’Europe, ne fait pas de cette région sa priorité. Il a tort au vu du potentiel des pays du «GCC» (prononcez dji-ci-ci).
Les seules opérations de promotion dans la région ont été, jusqu’à présent, l’initiative de quelques professionnels ou des hôtels (Royal Mansour par exemple). En Arabie saoudite, où Accor a commencé sa campagne, les agents de voyage ont le sentiment que ce marché est snobé par les Marocains et que les touristes saoudiens n’étaient pas les bienvenus au Maroc. A Riyad, puis à Jeddah, les 300 voyagistes venus rencontrer la task-force du groupe hôtelier au Maroc, l’ont clairement signifié à leurs interlocuteurs. Le team Accor était composé de Marc Thepot, directeur général Accor Maroc, Réda Faceh, directeur Commercial & Marketing et Hamid Bentahar, patron du Sofitel d’Agadir.
Bien sûr que les frasques de quelques touristes friands du «life night» ont ancré des préjugés côté marocain. Mais le touriste saoudien n’est pas que cela. C’est une erreur de réduire l’analyse de ce marché à ce prisme de vie nocturne, analyse le jeune directeur Commercial & Marketing d’Accor.
A côté de ce segment, il y a des milliers de familles qui sortent tous les ans, une clientèle à pouvoir d’achat conséquent, mais très exigeante.
La demande se décline en trois segments: les familles, constituées d’une clientèle très haut de gamme, demandeuses d’unités d’hébergement de haut standing (standard). L’aménagement du Sofitel que le groupe Accor construit à Casablanca intégrera plus de suites que prévu, révèle Marc Thepot. «Une trentaine au total afin de nous adapter aux attentes de cette clientèle», justifie-t-il.
Pour les familles provenant du Golfe, la présence d’infrastructures de loisirs pour enfants et de shopping est un minimum. «Marrakech et Agadir ont des arguments pour se positionner sur ce segment», croit savoir le DG d’Accor Maroc. Dubaï à côté, et ses immenses galeries commerciales, entretient la frénésie d’achat des Saoudiens et des touristes venant d’un peu partout dans le monde. Il est vrai que cette cité, que nombre d’experts présentent comme le Las Vegas du Golfe, ne lésine pas sur les moyens. Le dernier complexe commercial inauguré il y a un mois comprend 3.000 boutiques, soit autant, voire plus que tout le quartier Maârif à Casablanca. Toutes les marques, grandes ou moyennes, se côtoient sur les rayons des magasins, avec en prime une animation exceptionnelle.
Deuxième gros marché identifié: l’incentive et la clientèle d’hommes d’affaires. Contrairement aux idées reçues, les entreprises saoudiennes sont des gros donneurs d’ordre en matière d’incentive pour peu que le produit suive. Aujourd’hui, ce sont des destinations comme l’Egypte, la Malaisie et, dans une moindre mesure, le Royaume-Uni qui drainent les flux de ce juteux marché. Marrakech, Agadir et Casablanca ont des arguments à faire valoir car malgré la distance (plus de 6 heures), les voyagistes saoudiens se disent d’ailleurs intéressés par de telles opérations au Maroc. Ce sera probablement le gros du business à cibler sur les Emirats arabes unis, concède Marc Thepot. Les investissements provenant de ce pays ont atteint aujourd’hui une certaine taille critique de nature à générer du trafic d’affaires vers le Maroc: La zone franche de Tanger Med et la vallée du Bouregreg sont deux locomotives de la présence de l’investissement émirati dans l’économie marocaine. Il reste à sensibiliser et convaincre le réseau des voyagistes spécialisés, mais aussi à relever les standards de l’hôtellerie car il y a tout un monde entre les «5 étoiles» de Dubaï et les «5 étoiles» marocaines, reconnaît un professionnel marocain.
Le dernier segment est le tourisme individuel, constitué en majorité de personnes qui composent leur propre package de séjour. Par ses excès réels ou supposés, c’est la catégorie la moins appréciée par l’opinion marocaine. Beaucoup de professionnels -hôteliers et voyagistes- s’en méfient également. En général, ce sont des touristes qui choisissent une destination pour l’ambiance nocturne (life night comme on dit dans le Golfe). Quoi qu’il en soit, on ne peut pas rester à côté de ce marché, observe, réaliste, Youssef Maoun, délégué de Royal Air Maroc installé à Dubaï.
La Malaisie avait déployé une impressionnante artillerie pour séduire les voyagistes saoudiens (6.000 agences de niveaux de professionnalisme disparates). Ses opérateurs touristiques ont commencé par mutualiser leurs moyens de promotion. Aux voyages d’investigation et d’étude, ils ont multiplié des eductours en sens inverse et investi beaucoup dans la promotion et l’adaptation de leur offre. Avec les résultats que l’on sait.
Source: L'economiste
La région du Golfe est un formidable pourvoyeur du tourisme même si le Maroc y fait pour l’instant de la figuration. Le Royaume reçoit un peu moins de 35.000 touristes par an (25.120 à fin octobre 2005) là où la Malaisie réalise 6 millions de touristes pourtant bien plus loin que le Maroc en nombre d’heures de vol. Le potentiel émetteur de l’Arabie saoudite ou à côté de Dubaï et, plus globalement, des Emirats arabes unis est pourtant impressionnant.
Chaque année, six millions de Saoudiens vont à l’étranger et dépensent 14 milliards de dollars. Tous ne font pas partie de la jet-set, ni du cercle des cheikhs qui passent l’été à Marbella dans les luxueuses villas et résidences de cette station balnéaire. Plusieurs destinations l’ont d’ailleurs compris. «Il y a cinq ans, la Malaisie avait zéro touriste sur le marché saoudien, elle en est aujourd’hui à 3 millions», constate admiratif, Marc Thepot, directeur général d’Accor Maroc. Et pourquoi pas le Maroc?
A condition qu’il se décide de mettre les moyens, tempère Taibi Khattab, directeur de l’Office national marocain du tourisme (ONMT) pour le Moyen-Orient et l’Asie. Si l’on veut atteindre les objectifs fixés dans le plan de développement du tourisme, on ne peut pas faire l’impasse sur un marché de cette taille, analyse le délégué de Royal Air Maroc à Dubai, Youssef Maoun. Le développement des flux touristiques vers le Maroc ne peut que rejaillir sur la compagnie. Valeur aujourd’hui, le Maroc, obnubilé par l’embellie sur la France et l’Europe, ne fait pas de cette région sa priorité. Il a tort au vu du potentiel des pays du «GCC» (prononcez dji-ci-ci).
Les seules opérations de promotion dans la région ont été, jusqu’à présent, l’initiative de quelques professionnels ou des hôtels (Royal Mansour par exemple). En Arabie saoudite, où Accor a commencé sa campagne, les agents de voyage ont le sentiment que ce marché est snobé par les Marocains et que les touristes saoudiens n’étaient pas les bienvenus au Maroc. A Riyad, puis à Jeddah, les 300 voyagistes venus rencontrer la task-force du groupe hôtelier au Maroc, l’ont clairement signifié à leurs interlocuteurs. Le team Accor était composé de Marc Thepot, directeur général Accor Maroc, Réda Faceh, directeur Commercial & Marketing et Hamid Bentahar, patron du Sofitel d’Agadir.
Bien sûr que les frasques de quelques touristes friands du «life night» ont ancré des préjugés côté marocain. Mais le touriste saoudien n’est pas que cela. C’est une erreur de réduire l’analyse de ce marché à ce prisme de vie nocturne, analyse le jeune directeur Commercial & Marketing d’Accor.
A côté de ce segment, il y a des milliers de familles qui sortent tous les ans, une clientèle à pouvoir d’achat conséquent, mais très exigeante.
La demande se décline en trois segments: les familles, constituées d’une clientèle très haut de gamme, demandeuses d’unités d’hébergement de haut standing (standard). L’aménagement du Sofitel que le groupe Accor construit à Casablanca intégrera plus de suites que prévu, révèle Marc Thepot. «Une trentaine au total afin de nous adapter aux attentes de cette clientèle», justifie-t-il.
Pour les familles provenant du Golfe, la présence d’infrastructures de loisirs pour enfants et de shopping est un minimum. «Marrakech et Agadir ont des arguments pour se positionner sur ce segment», croit savoir le DG d’Accor Maroc. Dubaï à côté, et ses immenses galeries commerciales, entretient la frénésie d’achat des Saoudiens et des touristes venant d’un peu partout dans le monde. Il est vrai que cette cité, que nombre d’experts présentent comme le Las Vegas du Golfe, ne lésine pas sur les moyens. Le dernier complexe commercial inauguré il y a un mois comprend 3.000 boutiques, soit autant, voire plus que tout le quartier Maârif à Casablanca. Toutes les marques, grandes ou moyennes, se côtoient sur les rayons des magasins, avec en prime une animation exceptionnelle.
Deuxième gros marché identifié: l’incentive et la clientèle d’hommes d’affaires. Contrairement aux idées reçues, les entreprises saoudiennes sont des gros donneurs d’ordre en matière d’incentive pour peu que le produit suive. Aujourd’hui, ce sont des destinations comme l’Egypte, la Malaisie et, dans une moindre mesure, le Royaume-Uni qui drainent les flux de ce juteux marché. Marrakech, Agadir et Casablanca ont des arguments à faire valoir car malgré la distance (plus de 6 heures), les voyagistes saoudiens se disent d’ailleurs intéressés par de telles opérations au Maroc. Ce sera probablement le gros du business à cibler sur les Emirats arabes unis, concède Marc Thepot. Les investissements provenant de ce pays ont atteint aujourd’hui une certaine taille critique de nature à générer du trafic d’affaires vers le Maroc: La zone franche de Tanger Med et la vallée du Bouregreg sont deux locomotives de la présence de l’investissement émirati dans l’économie marocaine. Il reste à sensibiliser et convaincre le réseau des voyagistes spécialisés, mais aussi à relever les standards de l’hôtellerie car il y a tout un monde entre les «5 étoiles» de Dubaï et les «5 étoiles» marocaines, reconnaît un professionnel marocain.
Le dernier segment est le tourisme individuel, constitué en majorité de personnes qui composent leur propre package de séjour. Par ses excès réels ou supposés, c’est la catégorie la moins appréciée par l’opinion marocaine. Beaucoup de professionnels -hôteliers et voyagistes- s’en méfient également. En général, ce sont des touristes qui choisissent une destination pour l’ambiance nocturne (life night comme on dit dans le Golfe). Quoi qu’il en soit, on ne peut pas rester à côté de ce marché, observe, réaliste, Youssef Maoun, délégué de Royal Air Maroc installé à Dubaï.
La Malaisie avait déployé une impressionnante artillerie pour séduire les voyagistes saoudiens (6.000 agences de niveaux de professionnalisme disparates). Ses opérateurs touristiques ont commencé par mutualiser leurs moyens de promotion. Aux voyages d’investigation et d’étude, ils ont multiplié des eductours en sens inverse et investi beaucoup dans la promotion et l’adaptation de leur offre. Avec les résultats que l’on sait.
Source: L'economiste