Comme on pouvait le craindre, la manifestation de soutien pour la lutte berbère, qui s’est déroulée le 17 avril 2004 à Montpellier, a connue une faible participation. Cette marche, organisé en commémoration du Printemps Berbère (en référence à la violente répression de la révolte des kabyles par le régime algérien au printemps 1980), n’a en effet rassemblé qu’une cinquantaine de personnes.
L’association Identités et Partage, organisatrice de cette marche solidaire, avait pourtant tenté de sensibiliser les berbères montpelliérains en diffusant des tracts dans les quartiers où l’on retrouve une forte population amazighe, sans grand succès… Très peu de berbères se sont sentis concernés par cette cause. Rejet ? Indifférence ? Peur ? On ne saurait que trop spéculer sur les raisons de leur non-participation…
Quoiqu’il en soit, les berbères originaires du Maroc (chleuh, rifains…), majoritaires dans la communauté maghrébine de la ville, ont plus que brillé par leur absence.
Notre cortège est parti du Peyrou et, escorté par quelques voitures de polices, a traversé les grandes avenues marchandes de Montpellier sous les regards attentifs des passants faisant leur shopping du samedi.
Quelques banderoles de revendications d’existence de l’Amazighité (au nom des droits de l’hommes, au nom de la démocratie…) ont accompagné le cortège ; quelques slogans scandés (« A bas la répression » ou dénonçant « le pouvoir assassin ») ont ponctué le défilé.
Arrivés sur la place de la Comédie, nous avons pu rencontrer foule auprès des cafés affichant complets sur leur terrasse en ce samedi ensoleillé, et avons été salués au passage, par d’autres manifestants et militants du mouvement ATTAC (dénonçant la libéralisation des services…). Que de combats à mener…
Notre marche s’est terminée devant l’opéra Comédie où de nombreux passants nous ont finalement rejoint, curieux de la cause portée par notre mouvement. Ils ont ainsi participé au « clou du spectacle » marqué par deux faits remarquables, la transmission audio de l‘hymne algérien remanié en kabyle par le chanteur Matoub Lounès et une allocution prononcée par un kabyle, rappelant quelques événements historiques sanglants, rendant ainsi hommage aux combats pour l’identité amazighe, menés au Maroc et en Algérie…
C’était la première fois que j’assistais à une telle manifestation. J’en ai éprouvé une certaine émotion et fierté d’afficher mon appartenance à cette identité culturelle amazighe, alors que j’avais si longtemps occulté cette partie de moi-même.
Je me suis rendu compte que nous avions beaucoup de chemin à parcourir, d’efforts à consacrer à valoriser notre culture, rifaine plus spécifiquement. Parce que si ces luttes reposent toujours sur les mêmes, ils risquent de s’essouffler très vite…
Pour arifino.com, Nadia Z.