Les Touaregs déclenchent la guerre de l’uranium

agerzam

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Rhissa Ag Boula, le chef historique de la résistance touarègue dans l’Aïr et l’Azawagh a menacé, dans un entretien paru dans l’édition du 31 janvier au 6 février du Nouvel Observateur, de lancer une offensive majeure contre les mines d’uranium, dont celles exploitées par la multinationale française Areva, ainsi que les cargaisons qui prennent la route vers la mer.
Il a rappelé que la multinationale française contrôle l’uranium du Niger, la seule richesse de ce pays, l’un des plus pauvres au monde. "Le plus grand gisement, à Imouraren, donne déjà 3 000 tonnes de minerai par an et va être agrandi pour produire 5 000 tonnes de plus, soit 8 000 tonnes au total", a-t-il expliqué. Les entreprises chinoises contrôlent de leur côté l’essentiel du pétrole. Les Touaregs n’en bénéficient pas et leur terre est exploitée. C’est pour ces causes, en plus du non respect par le régime de Niamey des accords de paix signés en 1995 avec les fronts touaregs, que la décision de s’en prendre aux mines d’uranium a été prise. Pour rappel, Niamey a bradé au total quelque 120 permis d’exploitation en une seule année, sans consulter les populations touarègues et sans parler des conséquences des exploitations sur l’environnement.
En réaction à cette"déclaration de guerre", le groupe nucléaire français Areva a affirmé jeudi 31 janvier "n’être l’ennemi de personne" au Niger, assurant qu’il était "attachée à la stabilité du pays". Pour rappel, Areva a signé début janvier un nouveau partenariat sur l’exploitation et l’achat de l’uranium avec Niamey. L’accord avait été dénoncé par la résistance touarègue.
Par ailleurs, Ghissa Ag Boula revient dans cet entretien sur les combats dans l’Aïr entre l’armée régulière du Niger et les combattants du Mouvement des nigériens pour la justice (MNJ). Il explique que l’échec de l’armée nationale nigérienne à affronter militairement les combattants du MNJ l’a amenée à cibler les civils touaregs. Cette situation a poussé au moins 3.000 habitants des oasis de l’Aïr situées autour d’Iferouâne, Timia et Tinteloust à regagner Agadez et Arlit et même Niamey pour échapper aux exactions des militaires. Ces derniers n’hésitent pas à massacrer le bétail, la seule richesse des populations locales, et à incendier les villages pour accélérer l’exode.
Sur le terrain, le chef touareg a relevé que les affrontements entre la résistance touarègue et les forces gouvernementales nigériennes "se sont déplacés de la zone nord à 1 000 kilomètres vers le sud, où des attentats touchent les grandes villes et la capitale, Niamey". Dans ces combats, le deux parties utilisent "des armes sophistiquées, mitrailleuses lourdes, lance-roquettes RPG7, orgues de Staline et canons de 23 mm". La résistance s’attaque souvent aux centres urbains, aux axes routiers et aux casernes de l’armée nigérienne "condamnée à se tenir sur la défensive", a-t-il précisé.
Concernant les connexions présumées entre le MNJ et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), affilié à la nébuleuse terroriste d’Al-Qaïda, Rhissa Ag Boula a affirmé que le groupe terroriste algérien qui écume le sud algérien, le nord du Mali et de la Mauritanie se méfie des Touaregs. "Nous ne sommes pas totalement musulmans", a tranché Ghissa ag Boula.
Le chef amajagh, a estimé que les Touaregs sont "une frontière naturelle contre l’intégrisme". "Nous avons d’ailleurs eu des affrontements avec les islamistes en 2006, et l’un des chefs du GSPC a été tué par nos frères touaregs du Nord-Mali. Du Nord-Niger au Nord-Mali, c’est le même peuple, libre, la même civilisation", a-t-il ajouté.
Revenant sur les accords avec Niamey et les promesses non tenues, Ag Boula a fait entendre que "50 ans après l’indépendance du Niger, les Touaregs n’acceptent plus que d’autres gèrent leurs affaires à leur place". "Nous en avons assez d’être dominés", a résumé Ag Boula. Pour exiger le droit de bénéficier des richesses du pays touareg, Ag Boula a prévenu que la résistance touarègue occupera une dizaine de centres urbains en pays touareg de façon permanente, notamment Agadez, Arlit, Iferouâne avant de proclamer un "gouvernement provisoire de la lutte du peuple touareg" si Niamey continue à ignorer leurs revendications.
Lhoussain Azergui
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Rhissa Ag Boula, 51 ans, est fondateur du Front de Libération de l’Aïr et de l’Azaouagh (FLAA). Principal signataire des accords de paix de 1995 entre les fronts touaregs et l’Etat nigérien. Ministre du Tourisme et de l’Artisanat de 1997 à 2004, il est le chef historique de la résistance armée touarègue de l’Aïr et de l’Azawagh. Il n’a pas hésité de reprendre les armes et de rejoindre le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) pour exiger le respect du processus de paix signé en 1995.
 
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