Les Marocains en tête d'affiche dans le terrorisme international
La présence de plusieurs suspects marocains dans l'enquête sur la tuerie de Madrid, neuf mois après les attentats-suicide de Casablanca, relance la question de l'importante présence des Marocains dans la "nébuleuse" terroriste internationale.
Des Marocains se sont retrouvés sous les projecteurs quelques heures seulement après les attentats meurtriers de Madrid, lorsque le ministre de l'Intérieur espagnol Angel Acebes a révélé la présence de trois d'entre eux parmi les cinq premiers suspects arrêtés.
L'implication effective de ces trois Marocains - comme celle des cinq autres que la police espagnole croit avoir identifiés comme étant les auteurs matériels des attentats, selon le quotidien madrilène El Pais -, restait à prouver.
Un doigt accusateur a encore visé le Maroc lors de la découverte d'une cassette revendiquant ces attentats, émanant d'un porte-parole militaire présumé d'Al-Qaïda dont l'identité n'a pas été "accréditée" mais dont la voix a trahi, selon M. Acebes, "un accent marocain".
Cette forte présence marocaine, dont les autorités du royaume se seraient volontiers passées, avait déjà été observée sur plusieurs "points chauds" du terrorisme avant de surgir sur le territoire national, de manière dramatique, avec les attentats perpétrés le 16 mai 2003, au coeur de Casablanca.
Ces attaques, qui ont fait 45 morts, y compris les douze kamikazes tués, ont été perpétrées par un groupe terroriste composé exclusivement de Marocains, tous résidents de la banlieue défavorisée de la ville.
Une vaste enquête policière, qui se poursuit, en a attribué la responsabilité à deux groupes intégristes marocains, la Salafia Jihadia (salafistes combattants) et Assirat al Moustaqim (le Droit chenmin), sans que les responsables de l'organisation des attentats aient été clairement identifiés.
Des Marocains accusés d'appartenir au réseau Al-Qaïda avaient déjà été arrêtés après les attentats terroristes de Djeddah (Arabie saoudite), perpétrés quatre jours seulement avant ceux de Casablanca, tandis que deux de leurs compatriotes étaient soupçonnés d'avoir voulu détourner un avion pour s'écraser contre un immeuble de Djeddah, sur la mer Rouge.
C'est encore un Marocain, Mounir El Motassadek, 28 ans, qui a été le premier condamné dans le cadre des attentats perpétrés le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Reconnu coupable de "complicité de meurtres", il a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle par un tribunal de Hambourg - au terme d'un procès qui vient cependant d'être remis en cause par la Cour de Cassation allemande.
Mais la "piste marocaine", revenue tristement à l'honneur dans l'enquête sur les attentats de Madrid, n'a pas à ce jour débouché sur des révélations claires sur les liens qui existeraient entre les mouvements intégristes islamistes marocains et le réseau terroriste Al-Qaïda.
Les dizaines de procès-fleuve qui ont suivi les attentats de Casablanca, mettant en cause un millier environ d'intégristes soupçonnés peu ou prou d'activités terroristes, n'ont pas apporté d'éclairage incontestable sur ce point.
Les autorités et la presse marocaine attendent avec préoccupation la suite des enquêtes menées à Madrid. "Décidément, les affaires de terrorisme semblent coller à la peau des citoyens marocains installés en Europe", a regretté mardi le journal Aujourd'hui le Maroc.