Par Aboubakr Jamaï
Plutôt Taza que Gaza. La formule est courte et cinglante. C'est la façon aussi de l'hebdomadaire francophone Jeune Afrique de montrer dans sa dernière livraison en date du 2 juillet que Mohammed VI a décidé de concentrer ses efforts sur le développement économique et social du pays.
Hélas ! l'idée sous-jacente est tout aussi courte que la formule elle même. Elle suggère que l'engagement actif en faveur de la cause palestinienne nuit à la santé économique du Maroc. Elle charrie aussi cette fausse analyse très répandue au sein des milieux pro-israéliens en Occident selon laquelle les peuples arabes ne s'intéressent guère à la cause palestinienne - leurs gouvernants l'instrumentalisant comme échappatoire. Si la deuxième partie de l'analyse recèle quelque validité, la première est un mensonge. Le Maroc en est justement le meilleur exemple. C'est l'une des rares causes qui font défiler côte à côte des drapeaux jaunes frappés du sigle de Hezbollah et des portraits de Che Guevara, preuve que le soutien au peuple palestinien transcende les barrières idéologiques et religieuses.
La plus grande manifestation de l'histoire du pays a très certainement été celle organisée à Rabat au lendemain du massacre de Jenine en 2002. Lorsque la société d'études et de sondages américaine, Zogby International, demande en 2004 aux Marocains de classer par ordre de priorité les sujets politiques les plus importants pour eux, c'est la Palestine qui arrive en tête presque ex-aequo avec leurs droits civiques et loin devant les problèmes économiques, la santé, etc... En somme, à Taza, on se préoccupe beaucoup de Gaza.
D'un point de vue géostratégique aussi, s'occuper de Gaza peut être profitable. Le Maroc dispose de spécificités historiques lui permettant de contribuer valablement à la résolution du conflit israélo-palestinien. Hassan II l'avait bien compris. C'est en outre un atout pour le Royaume que la monarchie puisse jouer un rôle actif dans l'établissement de la paix au Moyen-Orient. Un positionnement aux retombées positives pour la réputation du Maroc. Pour remplir ce rôle, il faut trouver le bon équilibre entre la défense des droits des Palestiniens et la condamnation du terrorisme, en n'oubliant jamais de souligner la hiérarchie des responsabilités qui fait de l'Etat d'Israël le premier coupable. Il est regrettable que la crédibilité du Maroc dans cette affaire soit écornée par le recours par la diplomatie marocaine aux lobbies américains qui soutiennent la droite israélienne, et par une certaine mollesse dans la condamnation des agissements d'Israël. Au-delà de tout calcul utilitariste, condamner l'insupportable impunité de l'Etat d'Israël est un choix de civilisation. S'il faut refuser que la riposte à une telle injustice soit le terrorisme, une posture morale obligatoire, il faut aussi expliquer à cette partie de l'opinion publique mondiale qui persiste à soutenir Israël en toutes circonstances, que le recours au terrorisme est largement le fait du désespoir. Le désespoir de voir la communauté internationale, et à sa tête les Etats-Unis, accorder un traitement préférentiel à Israël. Le désespoir de se voir traiter en sous-hommes.
Equité
Condamner l'insupportable impunité de l'Etat d'Israël est un choix de civilisation.br>
Plutôt Taza que Gaza. La formule est courte et cinglante. C'est la façon aussi de l'hebdomadaire francophone Jeune Afrique de montrer dans sa dernière livraison en date du 2 juillet que Mohammed VI a décidé de concentrer ses efforts sur le développement économique et social du pays.
Hélas ! l'idée sous-jacente est tout aussi courte que la formule elle même. Elle suggère que l'engagement actif en faveur de la cause palestinienne nuit à la santé économique du Maroc. Elle charrie aussi cette fausse analyse très répandue au sein des milieux pro-israéliens en Occident selon laquelle les peuples arabes ne s'intéressent guère à la cause palestinienne - leurs gouvernants l'instrumentalisant comme échappatoire. Si la deuxième partie de l'analyse recèle quelque validité, la première est un mensonge. Le Maroc en est justement le meilleur exemple. C'est l'une des rares causes qui font défiler côte à côte des drapeaux jaunes frappés du sigle de Hezbollah et des portraits de Che Guevara, preuve que le soutien au peuple palestinien transcende les barrières idéologiques et religieuses.
La plus grande manifestation de l'histoire du pays a très certainement été celle organisée à Rabat au lendemain du massacre de Jenine en 2002. Lorsque la société d'études et de sondages américaine, Zogby International, demande en 2004 aux Marocains de classer par ordre de priorité les sujets politiques les plus importants pour eux, c'est la Palestine qui arrive en tête presque ex-aequo avec leurs droits civiques et loin devant les problèmes économiques, la santé, etc... En somme, à Taza, on se préoccupe beaucoup de Gaza.
D'un point de vue géostratégique aussi, s'occuper de Gaza peut être profitable. Le Maroc dispose de spécificités historiques lui permettant de contribuer valablement à la résolution du conflit israélo-palestinien. Hassan II l'avait bien compris. C'est en outre un atout pour le Royaume que la monarchie puisse jouer un rôle actif dans l'établissement de la paix au Moyen-Orient. Un positionnement aux retombées positives pour la réputation du Maroc. Pour remplir ce rôle, il faut trouver le bon équilibre entre la défense des droits des Palestiniens et la condamnation du terrorisme, en n'oubliant jamais de souligner la hiérarchie des responsabilités qui fait de l'Etat d'Israël le premier coupable. Il est regrettable que la crédibilité du Maroc dans cette affaire soit écornée par le recours par la diplomatie marocaine aux lobbies américains qui soutiennent la droite israélienne, et par une certaine mollesse dans la condamnation des agissements d'Israël. Au-delà de tout calcul utilitariste, condamner l'insupportable impunité de l'Etat d'Israël est un choix de civilisation. S'il faut refuser que la riposte à une telle injustice soit le terrorisme, une posture morale obligatoire, il faut aussi expliquer à cette partie de l'opinion publique mondiale qui persiste à soutenir Israël en toutes circonstances, que le recours au terrorisme est largement le fait du désespoir. Le désespoir de voir la communauté internationale, et à sa tête les Etats-Unis, accorder un traitement préférentiel à Israël. Le désespoir de se voir traiter en sous-hommes.
Equité
Condamner l'insupportable impunité de l'Etat d'Israël est un choix de civilisation.br>