L'appel désespéré d'un père amazigh
Idir, malgré ses petits cinq ans, est déjà une victime du racisme institutionnel de l'État marocain, et pour cause. En violation flagrante de tous les traités internationaux ratifiés pourtant par le Maroc, les services de l'état civils de sa résidence dans la région de Settat, s’entêtent à refuser de l’enregistrer . Son seul et unique crime : il porte non pas un prénom arabe, mais un prénom authentiquement amazigh. Son père s'insurge contre cette situation et n’hésite pas à le faire savoir. Lisez son message fort poignant !
Messieurs, Mesdames, Mesdmoiselles,
Si je vous écris c'est pour vous entretenir d'un problème qui me tourmente, ainsi que ma petite famille, à tel point qu'il est devenu pour nous une obsession perpétuelle. Je sens beaucoup de peine lorsque j'apprends qu'un prénom, étranger à tout point de vue à notre culture et notre civilisation, a été validé le plus normalement du monde par les services de l'état civil marocain. Alors que ce n’est pas le cas de mon fils, Idir, né le 7 mars 2001, qui est depuis cette date toujours sans prénom légal, dépourvu de ses droits les plus élémentaires et de son identité.
Vous ne pouvez pas imaginer ma frustration, mon désespoir et mon ressentiment lorsque, avec ma femme, l’on voit à la télévision, l'un de nos multiples responsables disserter de long en large sur les droits de l'Homme, les droits de l'enfant, le Parlement de l'enfant, l'Observatoire national des droits de l'enfant, sous ce que l'on a coutume d'appeler depuis quelque temps, le « nouveau règne ». Car dans la réalité, rien, absolument rien n'a changé. Tous les discours soporifiques de nos officiels ne sont que de la poudre aux yeux, des slogans ceux.
Malgré les appels pressants de sa Majesté le roi à dépasser les exactions du passé et à construire un Maroc moderne et moderniste, l'arbitraire le plus abject reste toujours le lot quotidien de nos concitoyens de la part, aussi curieux que cela puisse être, de ceux-là même qui prétendaient, à une époque encore récente, être d'authentiques démocrates et de véritables progressistes. Ils se permettaient même, comble du ridicule, de donner des leçons à ceux qui osaient les contredire.
Après la mise en place de l'Institut royal de culture amazighe (IRCAM), nous avons cru que la page est tournée et que nous entrons, définitivement, dans une nouvelle ère. Enfin, le siège imposé à l’amazighité dans toutes ses dimensions va être enfin levé. Mais peu de temps après, nous nous sommes rendu compte que nous nous sommes bercés de trop d'illusions. Nos rêves se sont avérés être des mirages, que des mirages. Car, au Maroc, -et malheureusement c’est le cas- on change tout pour que rien ne change.
Il est inadmissible, au moment où la plus haute autorité au pays a reconnu, d'une manière solennelle, l'amazighité du pays en intégrant en même temps, même si c'est fait d'une manière improvisée et aléatoire, l'enseignement de langue amazighe à l'école, que les prénoms amazighs continuent à avoir un seul et même sort : l'interdiction en vertu de la fameuse liste de la honte et du racisme dont la paternité revient à l’ex-ministre de l’Intérieure de triste mémoire, le sinistre Driss Basri. Celui-là même qui joue maintenant aux opposants depuis son appartement cossu dans le quartier le plus huppé de Paris.
Cette liste, que ce soit dit en passant, vise non pas les prénoms arabes qualifiés arbitrairement d'islamique, mais seulement et uniquement les prénoms amazighs. Car vous pouvez toujours choisir n’importe quel prénom arabe, et vous n’aurez aucune difficulté à le faire valider. Ce qui est malheureusement loin d’être le cas des prénoms amazighs.
Quoique mon moral est au plus bas, je m'engage devant ma famille et tous les vrais patriotes que je n'aurais de cesse de me battre jusqu'à ce que justice soit faite à mon fils. Si mes efforts restent vains, en dernier recours, et là je n'aurais pas d'autre choix, je n’hésiterais pas à faire des démarches pour qu’il ait le statut de réfugié sous d’autres cieux plus cléments.
Je réitère quand même mon appel à tous les démocrates et à tous les férus de la justice pour me soutenir dans cette épreuve insupportable et pour que ce flagrant déni de justice, doublé d’un acte raciste et amazighophobe indiscutable, soit levé pour permettre, enfin, à mon fils de jouir de l’un des droits les plus élémentaires : avoir un prénom légalement reconnu, comme tous les enfants de son âge.
Abdallah Bahi, Oulad Said, Settat.
e-mail : idir_bahi@yahoo.fr
source : www.tawiza.net.
Le texte a été traduit de l’arabe.
Idir, malgré ses petits cinq ans, est déjà une victime du racisme institutionnel de l'État marocain, et pour cause. En violation flagrante de tous les traités internationaux ratifiés pourtant par le Maroc, les services de l'état civils de sa résidence dans la région de Settat, s’entêtent à refuser de l’enregistrer . Son seul et unique crime : il porte non pas un prénom arabe, mais un prénom authentiquement amazigh. Son père s'insurge contre cette situation et n’hésite pas à le faire savoir. Lisez son message fort poignant !
Messieurs, Mesdames, Mesdmoiselles,
Si je vous écris c'est pour vous entretenir d'un problème qui me tourmente, ainsi que ma petite famille, à tel point qu'il est devenu pour nous une obsession perpétuelle. Je sens beaucoup de peine lorsque j'apprends qu'un prénom, étranger à tout point de vue à notre culture et notre civilisation, a été validé le plus normalement du monde par les services de l'état civil marocain. Alors que ce n’est pas le cas de mon fils, Idir, né le 7 mars 2001, qui est depuis cette date toujours sans prénom légal, dépourvu de ses droits les plus élémentaires et de son identité.
Vous ne pouvez pas imaginer ma frustration, mon désespoir et mon ressentiment lorsque, avec ma femme, l’on voit à la télévision, l'un de nos multiples responsables disserter de long en large sur les droits de l'Homme, les droits de l'enfant, le Parlement de l'enfant, l'Observatoire national des droits de l'enfant, sous ce que l'on a coutume d'appeler depuis quelque temps, le « nouveau règne ». Car dans la réalité, rien, absolument rien n'a changé. Tous les discours soporifiques de nos officiels ne sont que de la poudre aux yeux, des slogans ceux.
Malgré les appels pressants de sa Majesté le roi à dépasser les exactions du passé et à construire un Maroc moderne et moderniste, l'arbitraire le plus abject reste toujours le lot quotidien de nos concitoyens de la part, aussi curieux que cela puisse être, de ceux-là même qui prétendaient, à une époque encore récente, être d'authentiques démocrates et de véritables progressistes. Ils se permettaient même, comble du ridicule, de donner des leçons à ceux qui osaient les contredire.
Après la mise en place de l'Institut royal de culture amazighe (IRCAM), nous avons cru que la page est tournée et que nous entrons, définitivement, dans une nouvelle ère. Enfin, le siège imposé à l’amazighité dans toutes ses dimensions va être enfin levé. Mais peu de temps après, nous nous sommes rendu compte que nous nous sommes bercés de trop d'illusions. Nos rêves se sont avérés être des mirages, que des mirages. Car, au Maroc, -et malheureusement c’est le cas- on change tout pour que rien ne change.
Il est inadmissible, au moment où la plus haute autorité au pays a reconnu, d'une manière solennelle, l'amazighité du pays en intégrant en même temps, même si c'est fait d'une manière improvisée et aléatoire, l'enseignement de langue amazighe à l'école, que les prénoms amazighs continuent à avoir un seul et même sort : l'interdiction en vertu de la fameuse liste de la honte et du racisme dont la paternité revient à l’ex-ministre de l’Intérieure de triste mémoire, le sinistre Driss Basri. Celui-là même qui joue maintenant aux opposants depuis son appartement cossu dans le quartier le plus huppé de Paris.
Cette liste, que ce soit dit en passant, vise non pas les prénoms arabes qualifiés arbitrairement d'islamique, mais seulement et uniquement les prénoms amazighs. Car vous pouvez toujours choisir n’importe quel prénom arabe, et vous n’aurez aucune difficulté à le faire valider. Ce qui est malheureusement loin d’être le cas des prénoms amazighs.
Quoique mon moral est au plus bas, je m'engage devant ma famille et tous les vrais patriotes que je n'aurais de cesse de me battre jusqu'à ce que justice soit faite à mon fils. Si mes efforts restent vains, en dernier recours, et là je n'aurais pas d'autre choix, je n’hésiterais pas à faire des démarches pour qu’il ait le statut de réfugié sous d’autres cieux plus cléments.
Je réitère quand même mon appel à tous les démocrates et à tous les férus de la justice pour me soutenir dans cette épreuve insupportable et pour que ce flagrant déni de justice, doublé d’un acte raciste et amazighophobe indiscutable, soit levé pour permettre, enfin, à mon fils de jouir de l’un des droits les plus élémentaires : avoir un prénom légalement reconnu, comme tous les enfants de son âge.
Abdallah Bahi, Oulad Said, Settat.
e-mail : idir_bahi@yahoo.fr
source : www.tawiza.net.
Le texte a été traduit de l’arabe.