L'amazighité est-elle arabe?

agoram

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[color=CC0000]sommes-nous Africains ou Arabes, et l'Amazighité est-elle arabe, africaine ou européenne ? L'absence de réponse valable à cette question n'a cessé de miner la production intellectuelle et historiographique maghrébine. C'est cette question que l'ensemble des officiels maghrébins évite, ainsi qu'une bonne partie de l'intelligentsia locale.[/color]


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Abdallah Laroui : de la décolonisation de l'Histoire à la légitimation de la nation dynastique arabe



Abdallah Laroui a consacré la grande partie de son œuvre à la décolonisation de l'histoire du Maghreb. Il a, néanmoins, éprouvé quelques difficultés pour positionner ce Maghreb, l'appréhender et raconter son histoire.


L'œuvre de Abdallah Laroui est consacrée presque totalement à la décolonisation de l'histoire du Maghreb et à l'élaboration d'un double projet : celui d'une société évoluée, capable de concurrencer l'Occident, et celui d'une pensée scientifique positive et critique qui soit à même de dépasser, au plan du Monde arabe, le patrimoine culturel hérité et son cadre référentiel. Son ouvrage : L'Histoire du Maghreb, un essai de synthèse aura été l'élément prépondérant de cette démarche (larouiste).

Celle-ci repose en premier sur la remise en question de la production historiographique coloniale, ainsi que sur celle des premiers intervenants locaux dont la majorité était sans réelle formation en histoire, ou liée aux mouvements nationaux qui polémiquaient avec les premiers. D'autre par et en même temps, Laroui aura considéré de très près l'histoire maghrébine aux fins de déterminer les points de continuité et de discontinuité, qui ont construit le Maghreb comme entité politique et sociale.

Le pivot principal de l'œuvre de Laroui est l'idée d'un « Maghreb ». Dès le départ, Laroui aura rencontré et éprouvé diverses difficultés : où positionner ce Maghreb ? Par où l'entamer et comment l'appréhender ? Et de quelle partie du monde raconter l'histoire ?

En soulevant cette problématique, Laroui nous aura poussé à poser la véritable question : sommes-nous Africains ou Arabes, et l'Amazighité est-elle arabe, africaine ou européenne ? L'absence de réponse valable à cette question n'a cessé de miner la production intellectuelle et historiographique maghrébine. C'est cette question que l'ensemble des officiels maghrébins évite, ainsi qu'une bonne partie de l'intelligentsia locale.

Ne pouvant répondre –de peur de déranger l'ordre établi, soit par la critique du postcolonialisme, soit par la remise en cause des mouvements nationalistes qui ont érigé des pouvoirs basés sur une idéologie religieuse et «ethnocentriste»– les intellectuels marocains reportèrent le traitement de l'histoire contemporaine à un futur incertain. Ils étudieront de manière assidue les faits et gestes des anciens «Marocains», ceux d'avant le XIXe siècle, en donnant l'aval à une histoire arabo-musulmane à caractère civilisateur, par opposition à «la barbarie» de l'époque byzantine, romaine et berbère. Même Laroui ne dévia pas totalement de ce tracé.

Conséquence : non seulement il fera l'histoire des villes : Carthage, Kairouan, Fès, etc., ainsi que l'histoire des monarchies et des Empires (Almoravide, Almohade) …, mais il fera aussi une histoire sélective des espaces, du moment que l'histoire n'y est pas née (tout comme la civilisation) et que celle-ci serait venue d'ailleurs, selon les dires de l'auteur.

Le tracé que prendra son œuvre est une éternelle tendance vers l'Est, ponctuée par des mouvements d'unification venant de l'Ouest, mais dont le caractère «civilisationnel» demeure étranger. C'est aussi une histoire de domination et d'étapes de cette domination par des conquérants civilisateurs, européens suivants les occidentaux et indéterminés pour Laroui.

Laroui valsa entre une conception africaine du territoire du Maghreb, s'il s'agit de l'histoire ancienne, et une conception musulmane, sinon arabe, du reste de cette histoire. Il fera ainsi l'éloge d'une histoire monarchique liée à des villes où la civilisation s'épanouira dans un bain idéologique religieux confrérique, loin des schismes orientaux.

Laroui eut conscience de la difficulté de son entreprise. Il déterminera même la spécificité de l'histoire de ce Maghreb en ne faisant référence, ni à cette longue période antique totalement liée au Nord méditerranéen, ni à cette islamisation et arabisation venant de l'Est ; cette spécificité repose sur la période allant du VIIe au XIVe siècles, période durant laquelle la personnalité maghrébine se précisa par rapport à ses déclins et à ses apogées, et par rapport à ses contacts houleux avec l'espace ibérique ainsi qu'avec les dynasties et les monarchies Amazigh islamisées, ou ce que Laroui appelle l'Etat arabo-berbère; forme arabe, fond berbère. Il essayera tout au long de son œuvre de s'éloigner de cette vision historique en courbe scrutant ce qu'il appelle «la Mythologie de l'épanouissement et de la décadence»; mythologie qui fut, selon lui, un des piliers de l'histoire coloniale.

Avait-il réussi ? Dans sa propre réponse il affirma que son Histoire : «… au pire, elle ne serait pas plus idéologique que celle des coloniaux». En fait, il a produit une histoire idéologique arabe écrite en français, dont le souci est de déterminer la «centration» de la période des empires berbères, tout en lui surajoutant cet aspect islamique, en voulant à titre d'exemple expliquer la position des Barghwata par une berbérisation de l'islam et non un refus de ce dernier.

Laroui ira même jusqu'à expliquer l'ouverture sur le Sahara par l'Islam, par opposition à l'époque antique, pendant laquelle les romains et autres nordiques réduisirent le Sahara à une simple réserve. Cela dit, lorsqu'il s'agit de répondre aux errances de l'histoire coloniale concernant des aspects et des jugements de valeurs qui sont racistes pour la plupart, Laroui ne cessera de défendre le Berbère dans son appartenance nord-africaine.

Laroui ne s'éloigna point de son idéologie : tout ce qui est Etat après l'Antiquité est islamique; s'il n'est pas marocain comme les Almoravides, le reste (des États) et un ensemble d'Etats musulmans, mais avec des appartenances géographiques dans un contexte historique déterminé : c'est le cas des Rustumides de Sijilmassa, des Fatimides de l'Ifriqiya…

En ce sens, Laroui ne fait qu'amadouer une certaine agressivité dirigée contre ce monde arabe qui a englobé le Maghreb, sans pour autant arriver à déterminer finalement son identité, qui est multiple du fait de l'histoire et de la géographie. D'ailleurs, cette quête d'identité ne serait-elle pas incrustée dans cette multitude elle-même ? Ne serait-elle pas tout simplement ce lien reliant la diversité et les différentes identités constituant le multiple ?
Si on retourne un peu en arrière, on remarquera que Laroui est particulièrement polémique dans son œuvre L'idéologie arabe contemporaine qui soulève cette éternelle question relative au Moi. Il y critique le fait que la question ne se pose que par rapport à l'Autre.

Et lorsqu'il s'attache à vérifier la typologie sur le cas marocain, à l'époque moderne, Laroui omet de replacer le Maroc dans son étendue historique et géographique. Il se limite à faire référence aux différents impacts de l'Orient et de l'Occident sur le Maroc.

Il sera plus juste de replacer L'idéologie arabe contemporaine dans son espace historique : celui de la défaite arabe de 1967 et de la prédominance du marxisme et du matérialisme sur la pensée des intellectuels arabes en général. Il est clair que Laroui ne peut se démarquer de l'esprit et de la logique de son époque.

Si le Maroc n'est pas l'Egypte, et l'Egypte n'est pas totalement arabe, pourquoi, alors ce besoin de Laroui, l'historien, de s'entêter à replacer le Maroc au sein du monde arabe en le coupant totalement de ses racines afro-sahariennes?
Y-a-t-il contradiction, chez Laroui, entre son projet issu de L'idéologie arabe contemporaine et son histoire décolonisée telle qu'elle est formulée dans L'histoire du Maghreb? Bien que nous y répondrions négativement, la réponse à cette question serait difficile. L'idéologie arabe est un fruit historique et L'histoire du Maghreb un fruit de l'histoire, dans le sens où Laroui, à travers son authenticité intellectuelle des années soixante, critiqua l'esprit qui entrave cette même authenticité fougueuse en quête, tout à la fois, de l'Etat moderne, de la raison, de la liberté et de l'action.

L'histoire du Maghreb replace la chronique dans son espace et son temps dédoublé : le temps politique et le temps idéologique. Tandis que dans L'Histoire du Maghreb, Laroui est un intellectuel doté d'un projet national libéral, dans L'Idéologie arabe contemporaine, l'auteur était, en revanche, porteur d'un projet pan-national arabe de construction d'un système de pensée historiciste marxiste ou, plutôt, hégélien. Ce projet de constituer une pensée panarabe devra suivre un certain déterminisme induisant le passage par le recours de la pensée libérale des XVIIe et XVIIIe siècles en Europe, afin de constituer une élite intellectuelle arabe capable de moderniser le Monde arabe.

Si Laroui était plus que courageux dans son Idéologie arabe contemporaine, c'est qu'il y critiquait tout positivisme primaire des intellectuels et politiques arabes et marocains, et y dévoile cette sorte de schizophrénie (qu'on retrouve chez Allal al-Fassi ou Mohammed Abduh) lorsqu'il s'agit d'appliquer les mêmes critiques (et modèles de critiques) à l'Occident et à l'Orient, à la chrétienté et à l'islam. Par contre, Laroui ne fut guère courageux dans l'Histoire du Maghreb, ouvrage où l'auteur replaça l'histoire dans un carcan idéologique et où l'Arabo-Musulman est devenu l'acteur civilisateur du Maghreb, et ce à la place de l'Occident, à l'instar de la place qui fut dévolu à celui-ci par les écrits colonialistes.

Le Maroc (et en général le Maghreb), ne fut jamais loin de ses véritables identités : on comprend que cette donnée soit visible du moment qu'on s'investit à lui trouver des formes d'Etat-nation de modèle monarchique à idéologie arabo-musulmane, au lieu de s'investir dans la recherche de l'esprit qui a fait naître cet état de choses, que je m'abstiendrai à qualifier d'Etat-nation.

Les Royaumes qu'a connu le Maghreb et le Maroc, en particulier, surtout du IXe au XIVe siècles, étaient, à juste titre, des monarchies musulmanes avec des spécificités africaines, et je m'aventurais à dire que l'Etat au Maroc a connu deux identités et trois modèles.

Les identités se limitent à l'appartenance amazighe ou arabe avec généralement des interférences et une inter-culturalité réelle, quant aux modèles, ils sont amazighs, romano-méditerranéen ou arabe. Et c'est ce que l'historien maghrébin s'interdit de prouver, et c'est ce que Laroui a déjà expliqué dans son Idéologie arabe contemporaine.

* Professeur à l'Institut de études
africaines - Rabat




Par Khalid Chegraoui*

lematin.ma
 
Azul

nous sommes des amazighes avant de connaitre des termes comme : Maroc , musulman , arabe , africain , chleuh... mais attention aux tribus arabes amazighisés et les tribus amazighes arabisés .
 
azul
etre arabe ? jamais , c est une insulte pour moi
je suis amazigh et je le resterais
staymate atamazighte
 
Wa matoub waxxa k neghan, nusi fellak anezgum
ur nenni akk i nettu, hat abrid nek ag ntteddu

Agdud ira tilelli Tamazight at-tili
 
ca me rappelle les slogans a la fac. on se focalise trop sur maatoub et les kabyles,certes notre combat est le meme mais il faut nuancer
 
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