La guerre des mouflons : Ayt Mellal

agerzam

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Les montagnards de Beni Mellal protègent leurs territoires
La guerre des mouflons

Loubna Bernichi

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• La famille Dahbi.



C’est une piste caillouteuse et serpentée que nous empruntons pour atteindre le massif de Tassemmitt, surplombant la ville de Beni Mellal. Un paysage alpin époustouflant s’offre à nous. Jonchées au flanc de cette montagne du Moyen Atlas de 2253 mètres d’attitude, des bâtisses rudimentaires en pisé sont éparpillées au milieu des arbres. Elles donnent l’impression qu’elles sont suspendues en air. Rien ne semble les retenir. La piste Beni Mellal-Tassemmitt, ouverte durant l’été 2000 dans le cadre du Plan National de Lutte contre les effets de la sécheresse, ne dépasse pas seize Kilomètres. Avant, il fallait continuer à pied pour arriver aux trois groupements principaux Igharghar, Moudj et Bou Imoura.

Déplacements

À Bou Imoura, nous étions attendus. Mouhammad Dahbi et son épouse, Aïcha Salah, et leurs treize enfants, la famille de Said Lemfeddel et bien d’autres sont venus à notre rencontre. Dans une clairière, des tentes étaient installées en cercle autour d’un feu de camp. Après les embrassades et des mots de bienvenue, des plateaux de thé circulaient avec des amandes, du pain amazigh et de l’huile du pays. Le temps que tout le monde prenne place, le spectacle commença.
Une troupe folklorique de la région, Ahidous, donne le ton. Par la suite, le dîner était servi. Au menu : du méchoui et du couscous L’ambiance était bon enfant.
Les 5000 habitants des trois localités principales de Tassemmitt mènent une vie précaire. Non seulement la région est difficile d’accès, mais les infrastructures y sont inexistantes. Il n’y a ni eau courante ni électricité. Le seul point d’eau existant était à dix minutes de marche pour un adulte.
Malheureusement, la Wilaya de Tadla-Azilal, la délégation des Eaux et Forêt et la Commune rurale de Foum El Ancer ont mis en place un fumeux programme de reboisement et de ré-acclimatation du mouflon. Ils ont posé un grillage sans consulter la population, sans en dire la superficie, mais les habitants ne sont pas dupes. Ce n’est que la première agression de ceux qui veulent les voir disparaître pour accaparer leurs terres, casser le tissu social et les déporter vers quelque exil bidonvillois. « Nous nous en remettons à Sa Majesté le Roi. Nous implorons sa protection».
C’est que, à cause de la clôture, les villageois doivent faire tout un détour. Il leur faut cinquante minutes de marche pour arriver au point d’eau. Ils se sentent encore plus isolés. L’école la plus proche est à sept kilomètres de piste de montagne à Moudj. Du coup, personne n’est scolarisé, à Bou Imoura. Les parents craignent pour leur progéniture. Les sentiers sont dangereux et, pendant l’hiver, comme le soleil se couche tôt et rapidement en montagne, ils ont peur des mauvaises rencontres. Le manque d’infrastructure est aussi à déplorer. L’hôpital de Beni Mellal, à onze kilomètres, est le plus proche. Si l’un des habitants de Tassemmitt tombe malade. Il est soigné à base de plantes médicinales. Les hommes s’adonnent aux cultures vivrières, des oliviers et d’élevages de chèvres et de moutons ou sont des journaliers dans des chantiers sporadiques ou dans des travaux d’utilité publique. La culture des céréales est aussi très répandue, mais elle n’arrive pas à couvrir la consommation familiale. Les femmes s’occupent parfois d’un petit poulailler. Avec les enfants, elles vendent également des plantes aromatiques, des œufs et des fruits sauvages sur les bords de la piste.

Guantanamo

La fête, organisée par les habitants regroupés dans l’Association pour l’Intégration et le Développement Durable (ASIDD). Cette fête représente l’un des rares moments de joie et de bonheur que connaît cette région désenclavée. Depuis sa création en mars 2002 par un groupe de citoyens désireux de travailler pour le développement de leur région, cette association œuvre pour l’amélioration des conditions de vie et de santé des habitants des milieux ruraux à travers la création de projets sociaux et de développement.
Le projet qui est pour l’ASIDD une urgence est la construction d’un complexe socio-éducatif à Bou Imoura. Sur un terrain de 1260 m, offert par la tribu, deux salles de classe avec cour, un dispensaire, deux logements pour les instituteurs, une cantine et un château d’eau sont prévus. Les travaux de construction des deux salles de classe sont presque finis. L’association compte des partenaires prestigieux comme l’Ecole supérieure de Gestion (ESG), la Banque alimentaire, l’École française des affaires et la Ligue marocaine pour la protection de l’Enfance mais elle a encore besoin d’autres aides financières pour mener à terme son projet ambitieux.
Après la prestation d’Ahidous, quelques membres des groupes Total Eclypse, Reborn, Naked Monkeys et bien d’autres, qui ont enregistré un CD rom au profit de l’ASIDD, se sont livrés à un moment de métissage et de brassage avec la troupe folklorique. Ce qui a enchanté toute l’assistance. Le temps d’une soirée, les habitants du massif de Tassemmitt ont compris qu’ils n’étaient plus seuls au monde mais qu’il y a d’autres personnes qui les soutiennent dans leur lutte pour la citoyenneté. Mais le leitmotiv de leurs récriminations, c’est la fameuse clôture qui va faire de Tassemmitt un Guantanamo spécial.

Maroc-Hebdo.





[ Edité par agerzam le 12/8/2004 16:20 ]
 
Des mouflons et des hommes

Amale Samie




Vous connaissez le mouflon ? C’est un mouton sauvage, beau et fier, qui gambade sur les cimes quand il n’a pas été décimé. Si vous connaissez pas les Barbares non plus, dites-vous seulement que c’est des semi braconniers qui massacrent les derniers mouflons. Puis quand ils en ont fini avec les mouflons, ils passent aux lièvres puis aux perdreaux avant de passer aux Berbères. Les Barbares et les mouflons se font face et les Aït Slimane de Beni Mellal sont au milieu.
Au Maroc, on a décidé de protéger le mouflon depuis des années, et, avec un peu de chance, l’espèce ne disparaîtra pas. Mais il en va autrement des Berbères qui habitent à côté des futures réserves à mouflon.
Les montagnards, c’est de grands enfants, c’est connu, des irresponsables et de fameux comédiens mais ils sont complètement arriérés, la simple preuve c’est qu’on a besoin de savoir à leur place ce qui est bien pour eux. Ceux de Tassemmitt, à 11 Km au dessus de la ville de Beni Mellal, c’est les pires Berbères qui soient, croyez-moi, j’en sais quelque chose : je les fréquente depuis 4 ans. C’est sur ce territoire qu’ils ont eu l’impudence d’habiter, il y a 900 ans, à côté d’une réserve à mouflons qui serait aménagée 900 ans plus tard. Une provocation. Ladite réserve, d’ailleurs, ne ressemble pour l’instant à une réserve que par le grillage, mais elle a coupé ces foutus montagnards de leur famille, de l’eau, de leurs champs, de leurs voisins et de leur future école, qu’ils construisent pierre à pierre. « Grâce » au grillage, leurs chèvres n’auront plus accès à l’eau ni au pâturage, mais elles pourront boire du coca.
Enlever les bêtes aux montagnards, c’est les tuer. Les autorités et les élus ont une sainte horreur des caprices des montagnards. Voilà comment on se retrouve devant un projet de déportation massive de ces bougres vers Madinat el Qezdir. Le mouflon boira, il aura un docteur, les arbres aussi auront le leur, pendant que les Aït Slimane ne boiront plus que le jour du souk. Jusqu’à ce qu’ils sèchent puis descendent comme des Cherokees vaincus.
Ils pourront toujours sniffer de la colle pour oublier leur terre convoitée depuis toujours et graduellement usurpée conformément à un plan machiavélique établi par on ne sait qui, on ne sait où. Comme ça, à froid. Le pire, c’est que personne ne s’en cache. Les autorités locales disent : « Ils n’ont plus rien à faire là-haut, ils ont détruit la forêt, alors les 5000 habitants du massif doivent disparaître ». « Pour aller où ? ». –C’est pas mes oignons.
Je crois que le nouveau concept de l’autorité est un peu complexe pour les Primitifs. Ils croient que c’est une protection. Ils croient en l’État de droit et toutes ces fariboles, alors ils sont convaincus que la réserve ne peut pas exister parce que ce serait trop insensé. « Ils peuvent quand même nous mettre dans des camions et nettoyer la montagne ?». Si.
Les déshérités continuent de dire qu’ils ne veulent pas céder la place au mouflon parce que leurs enfants passent avant les ruminants. Les mokhaznis et autres gardes forestiers leur disent que s’ils n’émigrent pas au bidonville de leur plein gré, on les «émigrerait» bessif. En 2002, on leur a construit une piste, à ces ingrats, maintenant ils disent que cette piste ne leur a apporté que des malheurs. Pas d’eau, pas d’électricité, pas d’école, pas de dispensaire, pas de boutiques. Les mouflons, par contre, ont bénéficié de la construction de deux bureaux des Eaux et Forêts et ils boiront l’eau des habitants qui veulent que leurs enfants s’inscrivent en septembre.
Quelle insolence. Il manquerait plus ça, qu’ils deviennent Marocains, eux aussi ! Pour promouvoir la région, attirer les touristes, il faut dissoudre la population. Mais alors on veut promouvoir la région au bénéfice de qui ? C’est la première fois que j’entends qu’on va créer une réserve dans la cuisine des gens. Et d’abord, cette réserve, elle mesure combien ? On dit 74 hectares, mais aussi 400 hectares. Merci, les autorités, merci les élus. Merci du respect que vous avez pour les hommes et les femmes de ce pays.


Maroc-Hebdo.
 
Les Amazighes continuent à être traîtés bien souvent comme les Indiens du Maroc.

Déstructuration du tissu social.

Effacement de la culture et de l'identité.

Envoi vers des réserves-bidon-villes.

Arabisation.

...



:-x
 
Réintroduction de la gazelle au Maroc :

http://www.kbinirsnb.be/cb/antelopes/Publications/Annexe1_Statut%20de%20ADDAX_Roseline.pdf
 
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