LA FORMATION DE LA LANGUE AMAZIGHE ET DE SES DIALECTES

Agraw_n_Bariz

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1-LANGUE BARBERE COMMUNE ET DIALECTES

Le berbère actuel constitue dans ses multiples dialectes l’héritage direct d’une langue commune dont on doit situer le foyer et l’origine lointaine en Basse Egypte et en Libye actuelle (autour de -3500, pour le protoberbère ancien). Cette langue, le protoberbère commun, est la forme que devait prendre la langue berbère avant son éclatement. Les dialectes historiques connus et ou éteints en constituent les formes divergentes ayant évolué séparément et dont les contacts se sont raréfiés au cours du temps. Les multiples déplacements historiques des premiers groupes berbérophones, à l’intérieur du Maghreb, ont amené toutefois ces groupes à rentrer de nouveau en contact. Aussi peut-on observer, sur certaines aires au moins des recouvrements, superpositions et autres enchevêtrements qui rendent le travail de classement problématique. C’est cet ensemble unitaire de “dialectes” issu d’une langue mère par différenciation progressive, dialectisation, superposition ou fusions locales que l’on désigne par “langue berbère”. Le berbère ne dispose pas d’une langue standardisée commune et aucune “langue régionale” n’a pu s’imposer aux dépens des autres. Mais ce sont historiquement formées, ici et là, des aires sociolinguistiques relativement vastes pour peu que la communication n’ait pas été rompue par la distance géographique ou par l’arabe dialectal. Il semble y avoir eu anciennement entre différentes zones des solutions de continuité ou de transition plus nombreuses qu’aujourd’hui.

Extraits d'un article de B. Zoulef.
 
2-FOYER D’ORIGINE ET CONTACTS ANCIENS.

Sises originellement dans la partie occidentale de la basse Egypte, la langue berbère était alors délimitée à l’est par le sémitique, et au sud-est par l’Egyptien ancien dont le foyer d’origine se trouvait en Moyenne Egypte.

Au Sahara, le berbère était voisin des langues tchadiques et du nilo-saharien. Le berbère était donc en contact lors de sa formation et au cours de son expansion avec au moins trois langues de la famille chamitosémitique: l’égyptien ancien, le sémitique et le tchadique.


Extrait d'un article de B. Zoulef.

[ Edité par Agraw_n_Bariz le 21/6/2005 15:02 ]
 
3-LA FAMILLE AFROASIATIQUE.

On ne discute plus aujourd’hui de savoir si la Tamazight appartient à une famille de langues, le chamito-sémitique, mais des liens qui l’unissent plus particulièrement à certaines branches de cette famille. En effet ces groupes ont du entretenir, entre eux et au lendemain de leur séparation, d’intenses et durables relations de voisinage où de forts emprunts réciproques ne sont pas exclus. On a même parlé à ce propos de caractère sémitique des langues berbères et égyptiennes. Et l’on a avancé l’hypothèse d’un fort adstrat sémitique dans deux branches “africaines”. L’afro-asiatique (de préférence à chamito-sémitique ou sémito-hamitique dont la terminologie réfère à une construction généalogique locale douteuse) regroupe selon les classements en vigueur: le sémitique, l’égyptien (ancien), le couchitique (pour lequel l’unité est parfois mise en doute) et le berbère. Il faut maintenant y rabouter le tchadique et l’omotique, qui posent des problèmes particuliers d’intégration à cette famille. DATATION Les théories les plus récentes placent au néolitique (autour de 6000 ans) la séparation des différentes branches de l'afroasiatique septentrionnal et la protolangue commune (ou protoafroasiatique commun) autour de -14 000 quelque part sur les hauts plateaux éthiopiens. Une théorie concurrente, la plus ancienne, place au contraire le foyer de départ au proche-orient.


B. Zoulef
 
4-FOYER D’ORIGINE, VOISINAGE ET EXPANSION.

En toute rigueur - l’hypothèse inverse étant également soutenable -, la langue berbère est une langue autonome et ne peut être ramenée à une quelconque des autres branches. Elle est attestée à une période assez profonde: elle dispose d'au moins 4 millénaires d’existence et d’évolution propore (protoberbère ancien). Mais le peu de différenciation interne laisse supposer soit un conservatisme étonnant, soit, et c’est l’hypothèse la plus probable, qu’une variété orientale jeune et conquérante (portée par les futurs Imazighen qui donneront son nom à la langue actuelle) ait recouvert les dialectes occidentaux non moins berbères. C’est de ce recouvrement premier (dès -2500) que serait issue la langue actuelle. Il faut, en ce qui concerne le berbère situer le foyer d’origine (et non le foyer d'expansion) autour de la Basse Egypte et de la Libye orientale. Au plan archéologique on identifiera un des centres néolithiques égyptiens, le maâdien (Basse Egypte, -4500) à un groupe de langue (pré)berbère. Et le groupe nagadien (Moyenne Egypte) au futur groupe de langue (proto)égyptienne. La parenté plus étroite entre le berbère, l’égyptien et le sémitique ainsi que les données de la distribution géographique font apparaître un groupe septentrional ancien et plus cohérent et un “ensemble” méridional plus éclaté. Peut-être que l’égyptien et le berbère n’ont-ils pas constitué qu’une seule et même langue autour de -5000. Dans tous les cas la zone occupée par la langue berbère était située bien plus au sud de Memphis à l’entrée du Delta à la hauteur du site de Tasa: la remontée vers le nord du groupe nagadien est bien confirmée par les premiers documents égyptiens (différentes palettes thinites retraçant la “conquête” ou unification des deux royaumes (-3100). Au temps de l’Ancien et du Nouvel Empire l’ensemble du Delta était berbérophone. L’égyptianisation définitive de la Basse Egypte qui a commencé dès le 4ème millénaire ne fut achevée qu’au temps des grecs par... les derniers Pharaons berbères de l’Egypte indépendante.


B. Zoulef.
 
5-CLASSEMENT DES DIALECTES.

On n’a pas réussi malgrè des efforts à classer de manière satisfaisante les différents parlers berbères et l’on opère toujours sur la base de la vieille tripartition khaldounienne (Zénata, Senhaja, Masmouda). Des tentatives récentes ont vu le jour sans emporter la conviction, et l’on éprouve des difficultés à choisir des critères de répartition et de sous-division. Il faut ajouter que le berbère reste une langue peu explorée et relativement peu enquêtée pour certaines zones géographiques. Ceci malgré des avancées remarquables et des travaux de valeur, pour l’essentiel oeuvres de berbèrophones eux-mêmes. Au plan de la différenciation historique et sans tenir compte des recouvrements et superpositions, des zones de transition et d’enchevêtrement, on distinguera trois rameaux primaires: le berbère occidental (Senhaja), le berbère méridional (Touareg), le berbère oriental (Zénète). Ces ensembles sont issus de trois vagues majeures et succéssives toutes d’origine orientale ; la dernière en date étant la vague zénète. Elle s’étend aujourd’hui depuis l’Egypte jusqu’au Rif et au Maroc central (Ayt Seghrouchen, Ayt Warayen intégrés à un bloc occidental ou Senhaja remontés du sud-est marocain et des confins algériens). Les trois grandes divisions sont encore bien représentées dans les parlers actuels et il ne semble pas qu’une variété nouvelle ait été découverte qui changerait notre manière de concevoir et d’imaginer ce que fut le berbère à ses débuts. En Algérie, il ne subsiste de l’historique bloc senhaja-kétama qui s’étendait des environs de Bône (Annaba) à Tanger que l’ensemble Kabyle (Igawawen/Zwawa).


B. Zoulef
 
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