La culture amazigh à deux vitesses.

amaynu

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La culture amazigh à deux vitesses .
Indéniablement la reconnaissance de la culture amazigh s’impose de plus en plus.Mais à quelle vitesse faut -il aller pour restaurer et faire vivre et enrechir ce vaste patrimoine cuturel?

Indéniablement la reconnaissance de la culture amazigh s’impose de plus en plus. Il y a à peine quelques années ses détracteurs étaient nombreux, surtout parmi l’élite et les intellectuels.

Beaucoup d’entre eux ont changé d’avis. Est ce là, le fruit de la volonté royale ? le résultat de l’acharnement des militants amazighs ? Ou bien la conséquence logique de l’évolution des mentalités ? Quoiqu’il en soit , il est regrettable de constater parfois l’excès de zèle , pour ne pas dire l’intégrisme de certains militants de cette culture ,qui ne ratent pas une occasion pour scander : "Nous n’avons rien à voir avec les palestiniens" ; "nous n’avons rien de commun avec les arabes" ; "nous devons chasser les arabes".

Fort heureusement, un des sages parmi ces imazighen écrit : "c’est que le vieux peuple, chaque fois livré à lui-même, sans ennemi extérieur à combattre, se retrouve face à face avec ses démons intérieurs, de vieux démons coriaces qui ne laissent pas de répit".
Il est vrai que sur le" Maghreb colonisé a soufflé une idéologie chauvine et raciste à telle enseigne que des têtes brûlent de passion et des cœurs de rage". Résultat : L’amazigh apparaissait à l’arabe comme l’autre. Chaque fois qu’un amazigh parlait de sa culture, on lui sortait la chanson du séparatisme ou celle du dahir berbère. L’arabe paraissait pour l’amazigh comme l’intrus, le conquérant, le malfaiteur responsable de tous les maux de la société. Les cicatrices de cette idéologie se retrouvent chez les uns et les autres.

Conscients de ces séquelles, certains amazigh prônent la sagesse et la modération et cherchent à restaurer leur culture et sa langue amazigh par un travail de longue haleine où l’alphabet Tifinagh doit être introduit dans l’enseignement par étapes, et que cette langue peut être enseignée dès maintenant en arabe ou en français. D’autres à l’inverse veulent l’amazigh complet maintenant et tout de suite, en imposant le Tifinagh dès le début de l’apprentissage !


Beaucoup d’amazigh ont souhaité, le soir venu, réviser les leçons de tamazight ,dans une langue qu’ils connaissent déjà, avec leurs enfants .Ce choix aurait permis à ces derniers de communiquer oralement en tamazight avec leurs parents, entre eux à l’école, qu’avec leurs grands parents, famille, paysans et montagnards au Bled. Ils auraient appris également du primaire jusqu’au lycée la richesse immense de l’oralité de cette culture. Ceci n’empêche pas certains de ses enfants ,une fois murs et responsables, de choisir de s’inscrire à la faculté des lettres dans des modules ou maîtrises amazighs où le Tifinagh serait roi.

Aujourd’hui, tout le monde connaît les palabres qui ont eut lieu au sein de l’Ircam sur ce sujet ainsi que la déconfiture que connaît cette institution comme il connaît également le résultat de la grande vitesse avec laquelle voulait aller la majorité de ses membres en votant pour le Tifinagh !

Qu’on soit amzighophone ou arabophone , nous devons être fiers de nos deux cultures , dont l’une compléte l’autre comme chacune peut être utilisée pour vulgariser et enrichir l’autre . C’est cette idée pourtant simple qui échappe parfois à certains intellectuels et militants amazigh .

Les responsables de la sécurité routière ne le rappellent que trop : « la vitesse tue »,et à La fontaine de conclure "rien ne sert de courir il faut partir à point !
 
Amaynu, c'est un article que j'ai déjà lu quelque part, ce serait bien d'en citer les sources et l'auteur, ça nous aiderait à en connaître ses arrières pensées et les enjeux.

Quoi qu'il en soit, merci de l'avoir posté car il pose une bonne question, invite à la reflexion et au débat et arrive comme un constat sur l'évolution de l'amazighité au Maroc, actuellement.

Je répondrai à l'auteur que c'est grâce aux militants amazighs et à eux seuls que l'on doit la mise à jour et l'évolution de la " question" amazighe: ni à "la volonté royale", ni à "l'évolution des mentalités", mais seulement à la prise de conscience des intellectuels et artistes Imazighen des années 60 / 80, les fondateurs de l'AMREC, Ali Sidqi Azayko, et autres poètes, écrivains, penseurs et chanteurs de cette époque qui semblaient des marginaux, mais qui étaient des précurseurs à un moment où le régime makhzénien hassanien ne faisait pas de cadeaux à tous ceux qui élevaient la voix: rappelle- toi de l'emprisonnement de Azayko dans l'indifférence générale, de l'interdiction et la mise en clandestinté de l'AMREC, la résurgence d'Ousmane, etc... où la majorité des intellectuels Imazighens grossissaient encore les rangs de l'Istiqlal, de l'USFP, et des plus radicaux entre eux dans les cellules de Ila lamam. Personne ne se préoccupait de la spécificité de la culture amazighe et de l'apartheid que subissaient _ et que subissent encore_ Imazighen chez eux.

C'est seulement dans un souci d'apaiser les esprits, de préparer sa succession que H2 a bien voulu admettre, des bouts des lèvres, lors d'un discours fameux que l'amazighité serait remise à l'honneur dans les médias et enseignée, paroles qui étaient restées lettre morte des années encore, si ce n'est la pression et l'acharnement des militants Imazighens. Son fils M6 a ressorti des tirroirs ce voeu pieux et lui a donné juste un peu plus de consistance, lors du fameux discours d'Ajdir, en promulguant la création de l'IRCAM.

Mais tout le monde n'est pas dupe, et la problématique ( puisque pour le pouvoir c'en est une ) de l'amazighité est restée telle quelle, marginalisée, ni par le gouvernement marocain qui n'a rien fait pour constitutionnaliser vraiment l'identité et la langue amazighe, ni par les principaux partis politiques marocains qui font de l'amazighité leur fond de commerce ou leur ennemi dclaré, ni par les " mentalités" comme le dit cet article, puisque les dites mentalités marocaines ont d'autres chats à fouetter, les conditions de vie materielles qui sont leur principal souci, le délassement et l'abrutissement octrôyée par nos chaînes nationales RTM et 2M, qui sont les principaux canaux de la diffusion et propagation du savoir populaire, c'est à dire l'arabêtisation et le " c... assis entre deux poufs", la culture arabo- orientalo- andalouse et la culture occidentale de bas de gamme.

Pour ce qui est de l'amazighité, rien, walou, nada, aucune visibilité, l'ignorance totale et le mépris continuel et tranquille, comme on le constate encore de nos jours, sinon des opérations de récupération ponctuelles par des festivals folkloriques au service principalement du tourisme, quelques rares émissions en tamazighte diffusées à des heures tardives, et surtout la fameuse introduction de l'enseignement de la langue tamazighte dans le cursus scolaire, mais qui reste, si on le regarde bien, marginale et otage des bons désirs des décideurs politiques qui ne s'embarrassent pas de lui " mettre des bâtons dans les roues".

L'auteur de l'article que tu as posté, Amaynu, se veut " un sage" et un " donneur de bons conseils " puisqu'il déclare:

[ " il est regrettable de constater parfois l’excès de zèle , pour ne pas dire l’intégrisme de certains militants de cette culture ,qui ne ratent pas une occasion pour scander : "Nous n’avons rien à voir avec les palestiniens" ; "nous n’avons rien de commun avec les arabes" ; "nous devons chasser les arabes" ]

Se placerait- il, de façon insidieuse, justement du côté des opposants à l'amazighité, puisqu'il se permet de juger l'attitude de ces centaines de milliers de militants Imazighen intransigeants quant à leur culure, leur identité et leur dignité, en les qualifiant de " zélés" et de "racistes", des insensés en somme qu'il ne faudrait pas prendre au sérieux et essayer de mettre sur la touche.

Justement, ce sont ces militants, ces inconnus qui agissent continuellement pour la reconnaissance de leurs droits légitimes, qui sont les flambeaux de l'identité et de la culture amazighe, les seuls qui luttent encore et encore, dans l'indifférence générale des intellos, des politiciens véreux et des masses méfiantes ou indifférentes, pour porter l'amazighité haut et fort, que ça plaise ou non. Les militants Imazighens ( ou amazighistes ) ne sont pas des apprentis, ni des amateurs nés de la dernière pluie, ni des idiots racistes primaires, mais des gens concernés par le véritable enjeu de leur pays et de leur peuple, qui luttent avec leurs faibles moyens contre l' " apartheid" auquel sont soumis les leurs, ils luttent dans le milieu associatif pour l'amélioration des conditions de vie de leur peuple, ils dénoncent vigoureusement, courageusement, avec des moyens légaux et francs, basés sur des idées de droit et d'éthique mondialement reconnues, l'état d'injustice dans lequel se trouvent confinées leur identité et leur culture.

Au lieu de se poser comme donneur de " bons conseils" emplis d'une sagesse à deux balles, l'auteur de ce texte ferait mieux de leur rendre hommage, de reconnître que ces grâce à ces millions de jeunes des milieux associatifs que l'amazighité renaît et qu'elle relève le front, que c'est grâce à leur pression que l'amazighité se popularise et gagne du terrain, et non grâce au gouvernement ou à l'IRCAM ou autres arrivistes opportunistes qui voudraient récupérer leur noble combat. Le racisme ce sont les Imazighens qui le subissent, c'est évident au plus ignare des marocains, il n' y a qu'à lire les premières lignes de la Constitution du Royaume et de se promener dans les bureaux de notre "chère" administration.

L'auteur du texte reproche, discrètement, mais c'est gros comme un" iziker", le choix du tifinagh, comme graphie du tamazighte. Mais c'est évident que le tifinagh est l'écriture naturelle de notre langue, personne parmi les intellectuels de l'IRCAM ou d'ailleurs ne l'a inventé, il existe, fait- il le rappeler, depuis des millénaires et il est le symbole vivant et visible de notre culture.

Nier le tifinagh ou simplement le remettre en question c'est mépriser toute l'identité et l'Histoire amazighe, c'est l'enterrer une deuxième fois alors qu'elle vient juste de revoir le jour après des siècles de mise au tombeau. Le tifinagh est notre flambeau, notre drapeau, notre marque de distinction, notre symbole visible, notre cri de liberté, la carte d'identité de notre amazighité.

C'est un symbole sacré, au même titre et au même rang que le sont l'écriture araméenne pour les Arabes ou l'écriture hébreue pour les Israëliens.

L'auteur de l'article conclue savamment, dans un jargon soporifique, maintes fois entendu :

" Qu’on soit amzighophone ou arabophone , nous devons être fiers de nos deux cultures , dont l’une compléte l’autre comme chacune peut être utilisée pour vulgariser et enrichir l’autre . C’est cette idée pourtant simple qui échappe parfois à certains intellectuels et militants amazigh. "

Mais il est évident que l'on est fiers pas seulement de nos " deux cultures", mais de toutes nos cultures. Combien sont- elles, qui sont elles, ces cultures? arabe? Lequel?Oriental, andalou ou darija? Culture africaine? culture française? Latine? culture juive? musulmane? Mais qui sommes- nous en vérité???

A force de nous dire que nous sommes fiers de ceci et de cela, c'est nous condamner à coup sûr à être éternellement assujettis à toutes les civilisations qui nous ont côtoyés, dominés, laminés, réduits à l'état d' " inculture", une masse informe ne sachant pas qui elle est en vérité, diluable et assimilable à souhait à tout apport allogène, c'est tout simplement nous culpabiliser encore et encore au sempiternel jugement de l'ingratitude du barbare, c'est remettre à l'oralité et condamner à la folklorisation et à l'extinction notre véritable culture, la seule et digne de représenter notre génie amazighe, notre vraie culture amazighe toujours méprisée, toujours reléguée au rang du fond, celui des cancres et des idiots qui feraient bien de se taire et d'écouter les premiers de la classe et le maître. Mais seulement nous ne comprenons pas la voix du maître; enfin, si, nous le comprenons, mais il ne raconte que des âneries, à force de nous dire de nous taire et d'écouter les autres, nous parlons toutes les langues du monde, nous assimilons toutes les civilisations et les cultures des autres, surpassant même souvent nos maîtres et remettons toujours notre propre langue dans notre poche.

Non, cher Amaynu: nous devons d'abord être fiers de notre propre culture et la remettre à l'honneur, mettre les bouchées doubles, triples, tizzla car il y a urgence, nous réveiller et faire dubruit, et ce monsieur expert en sécurité routière et inconscient des dangers que risque notre identité et notre culture qui nous conseille d'adopter la marche de la tortue, ferait mieux de se réveiller et de regarder la réalité en face: nous avons perdu énormément de temps, des siècles de retard et d'endormissement et le moment est venu de montrer justement que nous sommes des champions d'endurance et de course à pied. Et non pas des paresseux.
S tidukla.
 
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