Haro sur la nation catalane en Espagne
Le projet de nouveau statut d'autonomie fait débat dans le pays.
par François MUSSEAU
QUOTIDIEN : mercredi 02 novembre 2005
Madrid de notre correspondant
L'«Estatut», le projet de nouveau statut d'autonomie pour la Catalogne, déchaîne les passions en Espagne. Alors que les députés doivent examiner aujourd'hui ce texte d'inspiration nettement fédérale, il est jugé «anticonstitutionnel» par les deux grandes formations espagnoles, le Parti socialiste (PSOE) au pouvoir et le Parti populaire (opposition de droite). Dans le pays, le sujet alimente toutes les conversations, tant la reconnaissance de la Catalogne en tant que nation fait débat. A gauche, nombre d'électeurs socialistes estiment que le principe de solidarité entre régions riches comme la Catalogne et pauvres est «sérieusement menacé» par ce texte. Dans les milieux conservateurs, on est passé à une logique d'affrontement, quitte à verser dans un anticatalanisme virulent. Dans quantité de forums Internet, d'annonces de quotidiens régionaux, sur les ondes de la radio ecclésiastique Cope, par e-mail ou SMS, apparaît ce genre de message : «70 % de l'excédent de la production catalane se vend dans le reste de l'Espagne. La chute de ces ventes enterrerait définitivement l'Estatut. Boycotte les produits catalans pendant un mois !» Les entrepreneurs catalans s'inquiètent, estimant que le climat de crispation pourrait avoir rapidement des effets négatifs. Dans une lettre publique, une dizaine de poids lourds de l'économie catalane en ont appelé au «sens de la responsabilité des consommateurs». Comme pour éteindre un feu qui promettait de se répandre, le leader de l'opposition de droite, Mariano Rajoy, s'est fait photographier, en fin de semaine, en train de siroter une coupe de cava, l'équivalent du champagne catalan, très apprécié dans toute l'Espagne.
Le Premier ministre José Luis Zapatero, qui doit s'exprimer aujourd'hui, va devoir jouer finement dans cette bataille qui fait baisser sa cote de popularité. S'il est rejeté, l'Estatut sera aussitôt enterré, ce qui provoquera une tempête politique en Catalogne, où le Parlement autonome l'a approuvé à 88 %, fin septembre, dans une ambiance d'euphorie. Si, en revanche, il reçoit comme prévu l'onction parlementaire, commencera alors un long bras de fer sur le contenu du texte.
liberation.fr
Le projet de nouveau statut d'autonomie fait débat dans le pays.
par François MUSSEAU
QUOTIDIEN : mercredi 02 novembre 2005
Madrid de notre correspondant
L'«Estatut», le projet de nouveau statut d'autonomie pour la Catalogne, déchaîne les passions en Espagne. Alors que les députés doivent examiner aujourd'hui ce texte d'inspiration nettement fédérale, il est jugé «anticonstitutionnel» par les deux grandes formations espagnoles, le Parti socialiste (PSOE) au pouvoir et le Parti populaire (opposition de droite). Dans le pays, le sujet alimente toutes les conversations, tant la reconnaissance de la Catalogne en tant que nation fait débat. A gauche, nombre d'électeurs socialistes estiment que le principe de solidarité entre régions riches comme la Catalogne et pauvres est «sérieusement menacé» par ce texte. Dans les milieux conservateurs, on est passé à une logique d'affrontement, quitte à verser dans un anticatalanisme virulent. Dans quantité de forums Internet, d'annonces de quotidiens régionaux, sur les ondes de la radio ecclésiastique Cope, par e-mail ou SMS, apparaît ce genre de message : «70 % de l'excédent de la production catalane se vend dans le reste de l'Espagne. La chute de ces ventes enterrerait définitivement l'Estatut. Boycotte les produits catalans pendant un mois !» Les entrepreneurs catalans s'inquiètent, estimant que le climat de crispation pourrait avoir rapidement des effets négatifs. Dans une lettre publique, une dizaine de poids lourds de l'économie catalane en ont appelé au «sens de la responsabilité des consommateurs». Comme pour éteindre un feu qui promettait de se répandre, le leader de l'opposition de droite, Mariano Rajoy, s'est fait photographier, en fin de semaine, en train de siroter une coupe de cava, l'équivalent du champagne catalan, très apprécié dans toute l'Espagne.
Le Premier ministre José Luis Zapatero, qui doit s'exprimer aujourd'hui, va devoir jouer finement dans cette bataille qui fait baisser sa cote de popularité. S'il est rejeté, l'Estatut sera aussitôt enterré, ce qui provoquera une tempête politique en Catalogne, où le Parlement autonome l'a approuvé à 88 %, fin septembre, dans une ambiance d'euphorie. Si, en revanche, il reçoit comme prévu l'onction parlementaire, commencera alors un long bras de fer sur le contenu du texte.
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