<table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0" width="555"><tbody><tr height="126"><td height="126" valign="top">Il contrôle la politique énergétique du Maroc, possède le groupe de presse le plus riche du pays et a tissé son réseau dans les hautes sphères du pouvoir. Portrait d’un homme aussi puissant que discret.
Samedi 16 juin. Une procession de berlines défile devant une somptueuse villa du quartier Polo à Casablanca. Si Aziz, comme l'appellent ses familiers, marie en grande pompe sa belle-sœur. “Il a toujours eu le sens de la famille. Une qualité héritée de son père, Ahmed Oulhaj”, confie une relation d'affaires. Akhennouch, maître de</td> <td height="126" valign="top" width="190">
</td> </tr> </tbody></table> <table border="0" cellpadding="0" cellspacing="0" width="555"><tbody><tr><td>cérémonie, attend sur le perron d'éminents membres du gotha financier, politique et médiatique. Côté nomenklatura rbatie, Mohamed Boussaïd, ministre et ami de longue date, ainsi que Noureddine Bensouda, le directeur des impôts et accessoirement compagnon de ski à Courchevel.
“Le casting rbati aurait pu être plus prestigieux si Fouad Ali El Himma n'était pas pris par les négociations avec le Polisario aux Etats-Unis”, explique un habitué des soirées mondaines. Mais l'absence du numéro deux du régime a été compensée par la présence du monde des affaires casablancais. Moulay Hafid Elalamy, président de la CGEM, a répondu présent au rendez-vous, accompagné par une kyrielle de businessmen. “Il y avait tellement de décideurs qu'on aurait pu constituer une mission économique en bonne et due forme”, ajoute, avec un sourire, cet invité. On pouvait notamment y croiser des figures de l'amazighité économique, à l'instar de Miriem Bensaleh, du groupe Holmarcom et Mustapha Amhal, ex-patron de Somepi. Akhennouch avait aussi, pour l'occasion, convié les deux extrémités géographiques de son réseau : Mohammed Sajid, maire de Casablanca, fortune berbère qu'il avait accueillie d'une grande accolade chaleureuse lors de la dernière édition de Caftan. Et plus au sud, Tarik Kabbaj, maire d'Agadir, un partenaire stratégique dans la région Souss-Massa-Drâa, que Aziz Akhennouch préside depuis 2003. Les médias étaient également représentés, puisque l'on pouvait reconnaître Samira Sitaïl, directrice de l'information de 2M, ainsi que des plumes et décideurs du groupe de presse Caractères, un autre bijou de famille Akhennouch.
Le casting des invités au mariage est à l'image de son empire, bâti sur trois socles : les affaires, la politique et les médias. Cependant, sa participation active dans ces centres de décision est souvent masquée par la discrétion et la timidité qu'on lui prête. “Il a horreur d'être pris en photo”, signale à ce propos un ex-associé dans les médias. Il est aussi présenté comme un patron sans goût pour l'esbroufe, comme le montre le siège du holding qu'il dirige : sis en plein quartier industriel de Aïn Sebaâ, le QG d'Akwa est aux antipodes de celui de la BMCE et son panneau d'indicateurs boursiers très Wall Street local. Il n'a pas non plus, avec ses salariés et les médias, les attitudes princières d'un Othman Benjelloun, qui fait parfumer au bois de santal l'étage de la direction de sa banque. Mais malgré, ou peut-être grâce à son côté effacé, le protégeant comme une seconde peau, Akhennouch est devenu un des hommes avec lesquels il faut compter désormais. Retour sur son ascension de l'Everest Maroc.
La mue de l’héritier
Au milieu des années 90, Aziz Akhennouch revient au Maroc après des études de marketing au Canada. Héritier désigné du holding Akwa, groupe bâti au sortir de l'indépendance par son père Ahmed Oulhaj, le jeune impétrant d'une vingtaine d'années décide de faire bondir l'entreprise familiale dans le troisième millénaire. Il pioche pour cela ses collaborateurs directs parmi ses compagnons d'études à l'université de Sherbrooke à Montréal. “Il voue un culte aux compétences et aucune à l'origine des recrues”, signale l'une de ses relations d'affaires. Sous-entendu, il ne joue pas la carte berbère quand il s'agit de gérer les ressources humaines.
La stratégie d'Akhennouch s'avère vite payante. Dès 1999, le groupe jouit d'une notoriété qui lui faisait défaut à l'époque du père. Akhennouch multiplie les initiatives qui “font parler de vous” dans le monde des affaires et dans les médias à vocation économique : introduction en Bourse de filiales du groupe, participation dans Méditelecom, relooking des stations-service Afriquia et investissement dans les médias à travers la prise de contrôle du groupe Caractères. Cependant, sur le plan financier, Akwa reste modeste, comparé aux mastodontes de l'économie marocaine, puisque le cœur d'activité du holding repose sur la distribution des hydrocarbures, dont la marge bénéficiaire est réduite à 3%. Akwa subit, de plus, la concurrence d'autres opérateurs nationaux et internationaux.
Mais le gros lézard de Aïn Sebaâ va vite muer pour rejoindre la caste des Tyranosaurus Rex du capitalisme marocain. Ceci, par la grâce du hasard, en 2002, quand la raffinerie de la Samir, à Mohammedia, se retrouve KO technique suite à un incendie. Pour éviter la panne sèche en gaz et carburants, le gouvernement ouvre les vannes de l'importation, jusque-là chasse gardée de la Samir. Grâce à cette nouvelle distribution des cartes énergétiques, Akhennouch peut abattre son carré d'as : “Nous avions investi avec Total dans un centre de stockage à Jorf Lasfar. Cette unité devait fonctionner après la libéralisation du secteur en 2009, mais l'incendie de la Samir en a décidé autrement”, explique Aziz Akhennouch. L'importation d'hydrocarbures, qui permet à ce dernier de doubler ses marges bénéficiaires, sera son cheval de bataille dans la guerre qu'il entame pour contrecarrer le monopole de la Samir. Akhennouch fait du lobbying afin de poursuivre l'importation de carburants, malgré la reprise d'activité de la raffinerie de Mohammedia. “Nous ne faisions que défendre nos intérêts face à la Samir, qui voulait retarder l'échéance de la libéralisation. Nous avons tout simplement lancé le débat sur la place publique”, confie le boss d'Akwa Group. Et quelle place publique ! Chacun des combattants tirait à boulets rouges sur l'autre par médias interposés. Aziz Akhennouch déclare la guerre à la Samir, sachant bien que le débat sur la politique énergétique du Maroc a toutes les chances de tourner en sa faveur. En face, l'ennemi n'est plus vraiment en odeur de sainteté avec de l'Etat. Ça sentirait même plutôt le gaz pour la Samir, qui n'a pas respecté ses engagements d'investissement annoncés au moment de la privatisation de la raffinerie. D'autre part, les pressions des distributeurs internationaux pour se faire payer par le Maroc se font de plus en plus fortes, ces derniers allant même jusqu'à brandir la menace de couper les robinets de carburant.
</td></tr></tbody></table>
Samedi 16 juin. Une procession de berlines défile devant une somptueuse villa du quartier Polo à Casablanca. Si Aziz, comme l'appellent ses familiers, marie en grande pompe sa belle-sœur. “Il a toujours eu le sens de la famille. Une qualité héritée de son père, Ahmed Oulhaj”, confie une relation d'affaires. Akhennouch, maître de</td> <td height="126" valign="top" width="190">

“Le casting rbati aurait pu être plus prestigieux si Fouad Ali El Himma n'était pas pris par les négociations avec le Polisario aux Etats-Unis”, explique un habitué des soirées mondaines. Mais l'absence du numéro deux du régime a été compensée par la présence du monde des affaires casablancais. Moulay Hafid Elalamy, président de la CGEM, a répondu présent au rendez-vous, accompagné par une kyrielle de businessmen. “Il y avait tellement de décideurs qu'on aurait pu constituer une mission économique en bonne et due forme”, ajoute, avec un sourire, cet invité. On pouvait notamment y croiser des figures de l'amazighité économique, à l'instar de Miriem Bensaleh, du groupe Holmarcom et Mustapha Amhal, ex-patron de Somepi. Akhennouch avait aussi, pour l'occasion, convié les deux extrémités géographiques de son réseau : Mohammed Sajid, maire de Casablanca, fortune berbère qu'il avait accueillie d'une grande accolade chaleureuse lors de la dernière édition de Caftan. Et plus au sud, Tarik Kabbaj, maire d'Agadir, un partenaire stratégique dans la région Souss-Massa-Drâa, que Aziz Akhennouch préside depuis 2003. Les médias étaient également représentés, puisque l'on pouvait reconnaître Samira Sitaïl, directrice de l'information de 2M, ainsi que des plumes et décideurs du groupe de presse Caractères, un autre bijou de famille Akhennouch.
Le casting des invités au mariage est à l'image de son empire, bâti sur trois socles : les affaires, la politique et les médias. Cependant, sa participation active dans ces centres de décision est souvent masquée par la discrétion et la timidité qu'on lui prête. “Il a horreur d'être pris en photo”, signale à ce propos un ex-associé dans les médias. Il est aussi présenté comme un patron sans goût pour l'esbroufe, comme le montre le siège du holding qu'il dirige : sis en plein quartier industriel de Aïn Sebaâ, le QG d'Akwa est aux antipodes de celui de la BMCE et son panneau d'indicateurs boursiers très Wall Street local. Il n'a pas non plus, avec ses salariés et les médias, les attitudes princières d'un Othman Benjelloun, qui fait parfumer au bois de santal l'étage de la direction de sa banque. Mais malgré, ou peut-être grâce à son côté effacé, le protégeant comme une seconde peau, Akhennouch est devenu un des hommes avec lesquels il faut compter désormais. Retour sur son ascension de l'Everest Maroc.
La mue de l’héritier
Au milieu des années 90, Aziz Akhennouch revient au Maroc après des études de marketing au Canada. Héritier désigné du holding Akwa, groupe bâti au sortir de l'indépendance par son père Ahmed Oulhaj, le jeune impétrant d'une vingtaine d'années décide de faire bondir l'entreprise familiale dans le troisième millénaire. Il pioche pour cela ses collaborateurs directs parmi ses compagnons d'études à l'université de Sherbrooke à Montréal. “Il voue un culte aux compétences et aucune à l'origine des recrues”, signale l'une de ses relations d'affaires. Sous-entendu, il ne joue pas la carte berbère quand il s'agit de gérer les ressources humaines.
La stratégie d'Akhennouch s'avère vite payante. Dès 1999, le groupe jouit d'une notoriété qui lui faisait défaut à l'époque du père. Akhennouch multiplie les initiatives qui “font parler de vous” dans le monde des affaires et dans les médias à vocation économique : introduction en Bourse de filiales du groupe, participation dans Méditelecom, relooking des stations-service Afriquia et investissement dans les médias à travers la prise de contrôle du groupe Caractères. Cependant, sur le plan financier, Akwa reste modeste, comparé aux mastodontes de l'économie marocaine, puisque le cœur d'activité du holding repose sur la distribution des hydrocarbures, dont la marge bénéficiaire est réduite à 3%. Akwa subit, de plus, la concurrence d'autres opérateurs nationaux et internationaux.
Mais le gros lézard de Aïn Sebaâ va vite muer pour rejoindre la caste des Tyranosaurus Rex du capitalisme marocain. Ceci, par la grâce du hasard, en 2002, quand la raffinerie de la Samir, à Mohammedia, se retrouve KO technique suite à un incendie. Pour éviter la panne sèche en gaz et carburants, le gouvernement ouvre les vannes de l'importation, jusque-là chasse gardée de la Samir. Grâce à cette nouvelle distribution des cartes énergétiques, Akhennouch peut abattre son carré d'as : “Nous avions investi avec Total dans un centre de stockage à Jorf Lasfar. Cette unité devait fonctionner après la libéralisation du secteur en 2009, mais l'incendie de la Samir en a décidé autrement”, explique Aziz Akhennouch. L'importation d'hydrocarbures, qui permet à ce dernier de doubler ses marges bénéficiaires, sera son cheval de bataille dans la guerre qu'il entame pour contrecarrer le monopole de la Samir. Akhennouch fait du lobbying afin de poursuivre l'importation de carburants, malgré la reprise d'activité de la raffinerie de Mohammedia. “Nous ne faisions que défendre nos intérêts face à la Samir, qui voulait retarder l'échéance de la libéralisation. Nous avons tout simplement lancé le débat sur la place publique”, confie le boss d'Akwa Group. Et quelle place publique ! Chacun des combattants tirait à boulets rouges sur l'autre par médias interposés. Aziz Akhennouch déclare la guerre à la Samir, sachant bien que le débat sur la politique énergétique du Maroc a toutes les chances de tourner en sa faveur. En face, l'ennemi n'est plus vraiment en odeur de sainteté avec de l'Etat. Ça sentirait même plutôt le gaz pour la Samir, qui n'a pas respecté ses engagements d'investissement annoncés au moment de la privatisation de la raffinerie. D'autre part, les pressions des distributeurs internationaux pour se faire payer par le Maroc se font de plus en plus fortes, ces derniers allant même jusqu'à brandir la menace de couper les robinets de carburant.
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