Lecture obscurantiste des textes religieux, manuels scolaires truffés d’expressions religieuses, déficit culturel, les intervenants de la table ronde ont aussi mis en exergue les méfaits de l’arabisation des programmes scolaires entamée par le MEN à partir des années 70. Cette arabisation a contribué de façon notable à cette « overdose » de la religion. Passer d’une langue à l’autre dans l’enseignement d’une matière, et c’est toute la sémantique qui se transforme, soutient M. Felk, l’un des premiers professeurs à enseigner la philo en français et en arabe. « Il y a une restructuration fondamentale de l’espace, du sens, de la pensée, du corps ». Or, l’arabisation menée à la fin des années 70 a été menée d’« une façon brusque, sans références ni programme. L’un des mécanismes essentiels qui déterminent le sens quand on passe d’une langue à une autre, c’est qu’on s’inscrit dans une trajectoire de logique, d’analyse, de sens, qui est truffée de l’histoire de cette langue elle-même. Quand on s’exprime en français, on ne peut pas devenir un théologien facilement, ni se référer aisément aux paroles de Dieu et du prophète... ».
Ce n’est pas un hasard si les Européens sont passés du latin aux langues locales vernaculaires. Un passage qui a eu pour conséquence lente mais sûre une rupture avec la pensée théologique. Or, au Maroc, soutient M. El Ayadi, on a choisi le contraire : « l’arabisation effrénée a essentiellement été justifiée par le fait que c’est la langue du Coran, une langue sacrée. » Résultat : une “théologisation” de la société, et une fabrication de hadiths par qui veut... Or, il est temps de faire la part des choses : au moment où tout le monde veut devenir théologien, il faut que la théologie revienne aux spécialistes de la religion, de sorte que cette dernière n’interfère plus avec le social et les choses civiles, soutient M. El Ayadi. Toute réforme de ce type passe par l’école et par les élites. Comme quoi l’intolérance n’est pas une fatalité, « pourvu qu’il y ait une volonté politique forte au plus haut niveau de l’Etat ».
source : http://www.bladi.net/12687-religion-marocains-intolerants.html
Ce n’est pas un hasard si les Européens sont passés du latin aux langues locales vernaculaires. Un passage qui a eu pour conséquence lente mais sûre une rupture avec la pensée théologique. Or, au Maroc, soutient M. El Ayadi, on a choisi le contraire : « l’arabisation effrénée a essentiellement été justifiée par le fait que c’est la langue du Coran, une langue sacrée. » Résultat : une “théologisation” de la société, et une fabrication de hadiths par qui veut... Or, il est temps de faire la part des choses : au moment où tout le monde veut devenir théologien, il faut que la théologie revienne aux spécialistes de la religion, de sorte que cette dernière n’interfère plus avec le social et les choses civiles, soutient M. El Ayadi. Toute réforme de ce type passe par l’école et par les élites. Comme quoi l’intolérance n’est pas une fatalité, « pourvu qu’il y ait une volonté politique forte au plus haut niveau de l’Etat ».
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