Législatives et Algériens de France

Amalu

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Législatives algériennes: la campagne s'achève dans l'indifférence


La campagne pour les élections législatives de jeudi en Algérie s'achevait lundi à minuit et elle n'aura guère marqué les esprits, davantage intéressés par le récent scrutin présidentiel en France. De fait, les autorités algériennes redoutent une forte abstention.

Cette campagne de 18 jours se sera déroulée dans une quasi indifférence des citoyens, échaudés par les promesses non tenues de députés sortants, souvent réduits à un rôle de figurant en échange de substantielles indemnités.

"Ils promettent monts et merveilles pour avoir nos voix, mais une fois au Parlement, ils ne pensent qu'à l'argent, aux relations, aux voyages", résume Ahcene Mekhazni, 50 ans, professeur de mathématiques au lycée de Rouiba (est d'Alger), qui "ne croit plus au vote en Algérie".

Un grand nombre de meetings inscrits au programme des partis ont dû être annulés, faute de public. Les candidats, de crainte de se retrouver devant des sièges vides, ont opté pour des "campagnes de proximité" dans des quartiers populaires.

"Ces campagnes sont plus utiles et plus efficaces car elles donnent lieu à des échanges directes entre candidats et citoyens", estime Saïd Sadi, chef du Rassemblement pour la culture et démocratie (RCD).

Paradoxalement, les Algériens ont manifesté davantage d'intérêt pour la campagne électorale en France, grâce aux chaînes satellitaires reçues dans la plupart des foyers. A Alger, on commente encore le débat "épique" entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.

"Ce jour-là, j'ai fait l'impasse sur une invitation dans un grand restaurant sur la côte pour suivre ce débat, un grand moment de télévision, un duel de haut niveau entre les deux candidats", commente Saïd Brahim, la cinquantaine, cadre au ministère des Finances, qui se gausse au passage du "niveau politique et intellectuel calamiteux de nos candidats".

Mohamed Saidj, professeur à Sciences-Po Alger, impute "le manque de relief" de la campagne à l'état d'esprit des citoyens qui "ne croient plus aux politiques, encore moins aux promesses électorales qui frisent parfois le ridicule". "Quand on entend certains candidats promettre des allocations pour chaque chômeur, un SMIG à 25.000 dinars (270 euros), on a envie de leur dire, arrêtez!", dit-il.

Cette indifférence laisse présager un fort taux d'abstention, d'où les appels insistants des candidats à une large participation "pour faire barrage aux velléités de fraude de la part de l'administration", selon les termes de Saïd Sadi.

Ces législatives, les troisièmes depuis l'instauration du pluralisme politique en 1989, verront la participation des différentes familles politiques en Algérie.

Les partis de la coalition présidentielle seront représentés par le Front de libération national (FLN, ex-parti unique), détenteur de la majorité dans l'assemblée sortante, le Rassemblement national démocratique (RND) de l'ancien chef du gouvernement Ahmed Ouyahia, et le Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste modéré).

Les démocrates seront présents à cette élection à travers le RCD de M. Sadi, ancré surtout au centre de l'Algérie, l'Alliance nationale républicaine (ANR), qui présente des listes communes avec l'Union des démocrates républicain (UDR) de l'ancien ministre de la Santé Amar ben Younès, et une tendance du Mouvement pour la démocratie et la société (ex-communiste) de Ali Hocine.

Le Front des forces socialistes (FFS) du leader historique Hocine Ait Ahmed, principale force de la mouvance démocratique, a de son côté opté pour le boycottage de ces élections, au motif que "le Parlement ne jouit d'aucun pouvoir".

Les islamistes prendront part au scrutin via le Mouvement pour la renaissance national (MRN) d'Abdellah Djaballah, évincé du parti par ses opposants qui l'ont mis en minorité, et de Nahda (renaissance). Abassi Madani, chef exilé du Front islamique de salut (FIS, dissous), a pour sa part appelé à boycotter les élections qui "ne feront que prolonger le drame des Algériens".

Depuis samedi, les 1.167.000 Algériens de la diaspora -dont 768.000 en France- votent au niveau des consulats, tandis que, dans les zones désertiques, les opérations de vote dans des bureaux itinérants ont débuté lundi.

Au total, 12.229 candidats, regroupés dans 1.042 listes présentées par 24 partis et 102 listes indépendantes, se disputeront les 389 sièges de la chambre basse du Parlement algérien.

Source : Le Nouvel Obs
 
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