Jamaâ Goulahsen : Journaliste – animateur télé

agerzam

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Smyet Bak ?
Larbi ben Mohamed.

Smyet mok ?
Rkia bent Lhoucine.

Nimirou d’la carte ?
JC 108 764.

Vous êtes depuis plus d’une année l’animateur vedette d’une émission qui semble bien marcher. C’est facile, de faire débattre les Marocains en direct à la télévision ?
Non, ce n’est pas facile vu que la société marocaine n’est pas une société de débat. Beaucoup de gens et de responsables ne sont pas encore prêts à affronter le direct. Souvent, j’ai affaire à des intervenants qui me disent, appréciez la formule, “vouloir débattre seuls”. ça en dit long sur leur vision du débat et de la pluralité d’opinions.

Qui sont les plus frileux, généralement ?
Les partisans et les institutionnels. Des personnalités issues des partis de la majorité, que la présence de l’opposition dérange, et des gens appartenant à des ministères-clés.

Ils ne vous snobent pas un peu, les gens des ministères ?
Non, mais leur problème, c’est l’autocensure. Quand un responsable est délégué par son ministre, il oublie souvent le public, les intervenants et les téléspectateurs et se concentre sur une chose : satisfaire son patron, comme s’il avait un conducteur déjà établi. Je ne généralise bien sûr pas, mais c’est une tendance assez importante.

Fadwa Hassani (qui présentait Polémiques) a fini par claquer la porte parce qu’elle ne supportait pas d’être “téléguidée” à travers son oreillette par les responsables de l’information. Elle ne semble pas vous gêner outre mesure, cette fameuse oreillette…
L’oreillette est justement faite pour ça. Quand l’animateur est plongé au cœur du débat, il se peut qu’il néglige un invité, qu’il oublie de relancer un autre sur une question importante. L’oreillette permet également une meilleure gestion du temps. Je ne vois donc pas pourquoi elle me dérangerait.

Qui se cache généralement derrière ce petit gadget ?
Le réalisateur, la directrice de l’information, son adjoint aux magazines de l’information ou un journaliste de l’émission.

Vous insistez à chaque fois pour inviter plusieurs personnes pour contrer votre invité PJD de la soirée. Vous n’assumez pas vos choix d’invités, Si Goulahssen ?
Le PJD est un parti qui s’impose de lui-même dans plusieurs débats politiques du pays. Qu’on le veuille ou non, c’est la première force d’opposition. Et à part le PSU, je ne vois pas d’autres partis capables de soulever des polémiques et représenter une réelle opposition dans le débat. Quand, en face, il y a des acteurs associatifs, ou des journalistes généralement d’obédience de gauche, il y a un semblant de déséquilibre mais qui n’est pas du tout prémédité.

Vous êtes libre à quel pourcentage, dans votre émission ?
Dans la limite de mes responsabilités. Je suis journaliste dans une chaîne du service public. Et puis ça change d’un sujet à un autre. Pour certains thèmes, j’ai carte blanche. Pour d’autres, il y a un degré de vigilance pas toujours professionnel.

Vous avez démarré votre carrière en tant que journaliste francophone, aujourd’hui, vous travaillez en arabe alors que vous êtes amazighophone à la base. Schizophrénie linguistique ?
À l’image du pays qui dispose d’une réalité linguistique complexe. À la chaîne, nous planchons actuellement sur un projet de journal en tamazight, en collaboration avec l’IRCAM. On bute sur le dialecte à utiliser. C’est assez révélateur de cette complexité.

Guerbouz, c’est une insulte ?
Je ne sais pas. C’est une expression qui n’est pas bonne, et qui n’est pas forcément mauvaise. Je ne sais même pas ce que ça veut dire vraiment.

Pendant longtemps, votre devise a été : dar, l’khbar, l’bar (maison, JT, bar). Vous êtes plutôt rangé, comme garçon !
C’est faux. C’est une devise qu’on m’a injustement collée.

Pourquoi, on ne peut donc pas être bon vivant et bon musulman à la fois ?
Ce n’est pas le plus important. L’essentiel, c’est d’avoir une morale religieuse ou naturelle. Peu importe.

Si aujourd’hui, vous revenez à Oulad Taïma, vous croyez pouvoir remporter les élections ?
Je n’ai pas cette prétention pour le moment. Je ne cède pas au leurre de la notoriété. Je crois qu’il faut d’autres compétences pour se présenter aux élections.

Tel Quel


 
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