Sahara Occidental:
Interview avec un defenseur des prisonniers et disparus des camps de Tindouf.
Lisez aussi, pour vous informer, l'interview avec Ali Atmane, soldat marocain liberé
en 2003 sur les camps de concentration, deja publié sur amazighworld.org.
Où sont-ils ceux qui defendaient les droits de l'homme
des sahariens??
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En votre qualité de Président de l’Association des disparus du Polisario, et deux semaines après l’Intifida dans les camps de Tindouf, quelles sont les nouvelles et les nouveautés en provenance des camps de séquestration ?
Dahi Aguai : Je peux vous assurer que le fait nouveau est que la tribu des Laâyaicha a rejoint la liste des tribus ayant perdu leurs enfants dans les geôles du Polisario. Ils réclament aujourd’hui, et ouvertement, le droit de se venger des leaders et responsables de cette organisation.
Une nouvelle tribu sahraouie qui affirme avoir un «contentieux de sang» à régler avec le Polisario. Lorsque cette tribu a participé à l’Intifada dans les camps, elle a été soutenue par l’ensemble des autres tribus qui réclament des informations fiables sur le sort de leurs enfants disparus. Ce qui a contraint le leader du Polisario à accueillir une délégation de Chioukhs venus s’enquérir du sort de leurs enfants. Sa réponse était, bien sûre, l’éternel refrain : «Vos enfants sont en bonne santé. Ils poursuivent leur formation à l’étranger. Certains sont à Moscou, d’autres à Cuba, d’autres à Alger». Or, tout le monde sait, à l’intérieur et en dehors des camps, que ce type de monsonges est bel et bien dépassé par les événements.
Vous avez évoqué dernièrement le fait que le Polisario entretient des lieux de détention mobiles en dehors des camps de réfugiés
Effectivement, ce type de prisons a été mis en place dans les environs des camp du 22 février. A l’intérieur d’une école militaire spécialement réservée à l’entraînement des femmes. C’est ce qu’on prétend officiellement, mais, dans la réalité, il s’agit d’un camp où la dignité sahraouie est chaque jour bafouée et violée. Ce que les femmes sahraouies subissent dans ce maudit camp de la part des chefs du Polisario, qui en ont fait leur siège principal, est tout simplement incroyable. En toute franchise, dans cette prétendue école militaire des femmes, des crimes et des viols sont exécutés chaque jour, et cela sans qu’aucune forme de justice ne puisse intervenir pour mettre fin à ces atrocités et juger leurs auteurs. Ce pénitencier est “démontable”, facilement transformable en un laps de temps très court, au cas où il y aura, par exemple, une quelconque visite extérieure. Particulièrement, lorsqu’il s’agit d’une commission onusienne d’enquête. Il a été mis en place spécialement pour interroger et torturer les citoyens sahraouis, notamment ceux impliqués dans la récente Intifada. Cela se fait par de gros moyens comme cela a été révélé sur les corps de plusieurs personnes ayant séjourné dans les camps ces dernières semaines.
Ce qui a poussé leurs familles à refuser de les accueillir aussi longtemps qu’une commission de l’ONU n’a pas été désignée pour enquêter sur leurs conditions de détention.
Pour ce qui est du rôle propre à notre association, nous avons adressé une lettre au Secrétaire général de l’ONU. Une deuxième lettre a été adressée à l’ambassadeur des Etats-Unis à Rabat et à Amnesty International. Nous avons tout particulièrement réclamé que les autorités algériennes, qui abritent ces camps, puissent être interrogées à leur tour sur cette affaire où des cas avérés d’enlèvement et de torture ont été signalés.
Le Polisario a pourtant tout nié en bloc dans un communiqué officiel. Il prétend qu’il s’agit d’allégations et a exprimé sa disposition à accueillir toute commission d’enquête.
Ce communiqué m’a fait rire. Par exemple, lorsque j’étais moi-même détenu en 1974 parmi quelque 170 personnes, les chioukhs de nos tribus avaient réclamé qu’on soit libéré. La réponse du Polisario était la suivante : [colo=red]«Vos enfants vont devenir des cadres importants au sein du Front. Ils sont actuellement en période d’entraînement pour participer à la libération du Sahara du colonialisme espagnol». En réalité, nous subissions en ce moment même les formes de torture et de privation les plus abjectes, les plus impitoyables et les plus atroces. [/color]
Bien entendu, le Polisario affirme qu’il est disposé à accueillir toute commission d’enquête parce que ses responsables sont des experts en matière de fraude et de falsification. Ils sont capables d’enlever une famille entière, de la placer en lieu sûre, loin des yeux, et d’amener à sa place une autre famille et lui délivrer des cartes d’identités en bonne et due forme pour la faire passer pour celle disparue ou détenue quelque part dans le désert.
C’est la raison qui me pousse à déclarer aujourd’hui, haut et fort, que si jamais il y a une commission internationale d’enquête qui décide de se rendre dans les camps, je réclame d’en faire partie en ma qualité de Président de l’Association des disparus du Polisario. Je suis en mesure de dévoiler ces pratiques et de montrer aux organisations internationales où se trouvent les camps.
Si le Polisario est certain que ses mains sont propres, qu’il n’est pas souillé par le sang des Sahraouis, alors pourquoi refuse-t-il ? Pourquoi nous fuit-il lors des conférences et des forums internationaux consacrés à la situation dans les camps. Pourquoi se dérobe-t-il lorsqu’il s’agit d’un face-à-face avec les victimes.
Comment expliquer le fait que les médias espagnols et algériens ont exercé un embargo quasi total sur tout ce qui s’est passé ces dernières semaines dans les camps de Tindouf.
Pour ce qui est de l’Algérie, il s’agit d’un associé, d’un complice du Polisario et vous ne pouvez pas demander à un complice de porter préjudice à son partenaire. Vous ne pouvez pas demander à l’Algérie et à ses médias, qui reçoivent leurs consignes des généraux de l’Armée, d’agir contre la politique de leur pouvoir.
Interview avec un defenseur des prisonniers et disparus des camps de Tindouf.
Lisez aussi, pour vous informer, l'interview avec Ali Atmane, soldat marocain liberé
en 2003 sur les camps de concentration, deja publié sur amazighworld.org.
Où sont-ils ceux qui defendaient les droits de l'homme
des sahariens??
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En votre qualité de Président de l’Association des disparus du Polisario, et deux semaines après l’Intifida dans les camps de Tindouf, quelles sont les nouvelles et les nouveautés en provenance des camps de séquestration ?
Dahi Aguai : Je peux vous assurer que le fait nouveau est que la tribu des Laâyaicha a rejoint la liste des tribus ayant perdu leurs enfants dans les geôles du Polisario. Ils réclament aujourd’hui, et ouvertement, le droit de se venger des leaders et responsables de cette organisation.
Une nouvelle tribu sahraouie qui affirme avoir un «contentieux de sang» à régler avec le Polisario. Lorsque cette tribu a participé à l’Intifada dans les camps, elle a été soutenue par l’ensemble des autres tribus qui réclament des informations fiables sur le sort de leurs enfants disparus. Ce qui a contraint le leader du Polisario à accueillir une délégation de Chioukhs venus s’enquérir du sort de leurs enfants. Sa réponse était, bien sûre, l’éternel refrain : «Vos enfants sont en bonne santé. Ils poursuivent leur formation à l’étranger. Certains sont à Moscou, d’autres à Cuba, d’autres à Alger». Or, tout le monde sait, à l’intérieur et en dehors des camps, que ce type de monsonges est bel et bien dépassé par les événements.
Vous avez évoqué dernièrement le fait que le Polisario entretient des lieux de détention mobiles en dehors des camps de réfugiés
Effectivement, ce type de prisons a été mis en place dans les environs des camp du 22 février. A l’intérieur d’une école militaire spécialement réservée à l’entraînement des femmes. C’est ce qu’on prétend officiellement, mais, dans la réalité, il s’agit d’un camp où la dignité sahraouie est chaque jour bafouée et violée. Ce que les femmes sahraouies subissent dans ce maudit camp de la part des chefs du Polisario, qui en ont fait leur siège principal, est tout simplement incroyable. En toute franchise, dans cette prétendue école militaire des femmes, des crimes et des viols sont exécutés chaque jour, et cela sans qu’aucune forme de justice ne puisse intervenir pour mettre fin à ces atrocités et juger leurs auteurs. Ce pénitencier est “démontable”, facilement transformable en un laps de temps très court, au cas où il y aura, par exemple, une quelconque visite extérieure. Particulièrement, lorsqu’il s’agit d’une commission onusienne d’enquête. Il a été mis en place spécialement pour interroger et torturer les citoyens sahraouis, notamment ceux impliqués dans la récente Intifada. Cela se fait par de gros moyens comme cela a été révélé sur les corps de plusieurs personnes ayant séjourné dans les camps ces dernières semaines.
Ce qui a poussé leurs familles à refuser de les accueillir aussi longtemps qu’une commission de l’ONU n’a pas été désignée pour enquêter sur leurs conditions de détention.
Pour ce qui est du rôle propre à notre association, nous avons adressé une lettre au Secrétaire général de l’ONU. Une deuxième lettre a été adressée à l’ambassadeur des Etats-Unis à Rabat et à Amnesty International. Nous avons tout particulièrement réclamé que les autorités algériennes, qui abritent ces camps, puissent être interrogées à leur tour sur cette affaire où des cas avérés d’enlèvement et de torture ont été signalés.
Le Polisario a pourtant tout nié en bloc dans un communiqué officiel. Il prétend qu’il s’agit d’allégations et a exprimé sa disposition à accueillir toute commission d’enquête.
Ce communiqué m’a fait rire. Par exemple, lorsque j’étais moi-même détenu en 1974 parmi quelque 170 personnes, les chioukhs de nos tribus avaient réclamé qu’on soit libéré. La réponse du Polisario était la suivante : [colo=red]«Vos enfants vont devenir des cadres importants au sein du Front. Ils sont actuellement en période d’entraînement pour participer à la libération du Sahara du colonialisme espagnol». En réalité, nous subissions en ce moment même les formes de torture et de privation les plus abjectes, les plus impitoyables et les plus atroces. [/color]
Bien entendu, le Polisario affirme qu’il est disposé à accueillir toute commission d’enquête parce que ses responsables sont des experts en matière de fraude et de falsification. Ils sont capables d’enlever une famille entière, de la placer en lieu sûre, loin des yeux, et d’amener à sa place une autre famille et lui délivrer des cartes d’identités en bonne et due forme pour la faire passer pour celle disparue ou détenue quelque part dans le désert.
C’est la raison qui me pousse à déclarer aujourd’hui, haut et fort, que si jamais il y a une commission internationale d’enquête qui décide de se rendre dans les camps, je réclame d’en faire partie en ma qualité de Président de l’Association des disparus du Polisario. Je suis en mesure de dévoiler ces pratiques et de montrer aux organisations internationales où se trouvent les camps.
Si le Polisario est certain que ses mains sont propres, qu’il n’est pas souillé par le sang des Sahraouis, alors pourquoi refuse-t-il ? Pourquoi nous fuit-il lors des conférences et des forums internationaux consacrés à la situation dans les camps. Pourquoi se dérobe-t-il lorsqu’il s’agit d’un face-à-face avec les victimes.
Comment expliquer le fait que les médias espagnols et algériens ont exercé un embargo quasi total sur tout ce qui s’est passé ces dernières semaines dans les camps de Tindouf.
Pour ce qui est de l’Algérie, il s’agit d’un associé, d’un complice du Polisario et vous ne pouvez pas demander à un complice de porter préjudice à son partenaire. Vous ne pouvez pas demander à l’Algérie et à ses médias, qui reçoivent leurs consignes des généraux de l’Armée, d’agir contre la politique de leur pouvoir.