AVERRHOES ou AVERROES, l'un des plus célèbres philosophes arabes, dont le vrai nom est IBN ROSCHD. Il naquit au commencement du XIIé siècle à Cordoue, et mourut au Maroc en 1198. Son père, grand justicier de Cordoue, lui enseigna la jurisprudence et la théologie Après la mort de son père, le peuple de Cordoue l'éleva à la même fonction de grand justicier, dont il s'acquitta avec beaucoup de zèle et d'habileté Ensuite il étudie la médecine, la physique, l'astrologie, la philosophie et les mathématiques. Appelé au Maroc par le roi Mansour, il y réforma l'administration de la justice, puis retourna à Cordoue Il y professa ses principes de la philosophie, qui furent dénoncé à Mansour comme hétérodoxes. Mansour le destitua et confisquer tous ses biens. IBN ROSCH se vit forcer de s'enfuir ; caché quelques temps a Fez, il ne tarda pas a être découvert. Il fut emprisonné, puis condamné à faire amende honorable. Quelque temps après, il put retourner à Cordoue, mais il y vécut dans la pauvreté, sans même qu'on voulut lui rendre ses livres, jusqu'à ce qu'enfin son mérite ayant fini par triomphé de toutes les préventions, il fut rappeler au Maroc et rétabli dans son ancienne magistrature.
C'est surtout a ses commentaires sur Aristote qu'Averroes dut la grande et longue célébrité dont il jouit dans les écoles du Moyen Age. Il ne savait pas le grec et ne put connaître la philosophie péripatéticienne que par des traductions ; mais son esprit subtil et pénétrant s'identifia tellement avec le génie du philosophe de Stagyre, qu'il le devinait quand les traducteurs ne l avaient pas compris d'eux-mêmes. Il fut longtemps regardé presque comme l'égal de celui dont il avait commenté les œuvres ; on le nomma commentateur par excellence, l'âme d'Aristote. Ses doctrines philosophiques furent condamnées en 1240 par l'université de Paris, réfutées par saint Thomas et condamné de nouveau par Léon X en 1513. Averroés fut aussi regardé comme un des hommes les plus savants de son temps dans la médecine. Il a écrit sur cette science un ouvrage très important qui a été traduit en Latin sous le nom de Colliget.
Tout l'esprit de l'Averroïsme se résume en deux doctrines intimement liées entre elles, et constituant une interprétation complète et originale du péripatétisme ; l'éternité de la matière et la théorie de l'intellect. Le problème de l'origine des êtres est celui qui préoccupe le plus Avérrhoés ; il y revient dans tous ces écrits et toujours avec une nouvelle insistance. Il y a, dit-il, sur l'origine des êtres, deux opinions opposées : les unes expliquent le monde par le développement ; les autres par la création. Avicenne, par l'esprit de conciliation, avait émis une opinion intermédiaire, il admettait la création non pour la matière mais pour les formes et appelait l'agent : donateur des formes. Mais, dit Avérrhoés, rien ne peut sortir du néant ; rien n'est créé, ni forme ni matière. La série des phénomènes est infinie a parte ante et a parte post : tout ce qui est possible passera à l'acte ; autrement il y aurait quelque chose d'oisif dans l'univers. Le mouvement n'a pas précédé le repos, ni le repos le mouvement. Le mouvement est éternel et continu.
Quant à ce qui touche à la théorie de l'intellect, reprenant la distinction d'Aristote entre l'intellect passif et l'intellect actif, et instant sur les caractères par lesquels il se sépare de l'individu et semble objectiver et substantialiser l'intellect actif, les philosophes arabes furent naturellement conduit à concevoir cet intellect en dehors de l'homme, comme une sorte de soleil de l'intelligence ; par suite à le poser unique pour tous les hommes, et enfin à lui chercher une place dans leur cosmologie. L'intellect actif est la dernière des intelligences à qui Dieu a confié le gouvernement du monde et qui servent d'intermédiaire entre lui et les choses. Sa tâche est d'amener à l'acte ce qui n'existe encore qu'en puissance et de donner à nos idées la certitude ou la clarté qui les élève en état de science.
Toute l'originalité de l'averroïsme est dans la portée cosmologique et anthropologique qu'il a donné à la théorie de l'intellect actif. Pour Averrhoés, l'intellect actif est une sorte d'esprit de la terre et d'esprit de l'humanité, source commune où puise chaque intelligence, lumière unique et universel dont chaque individu reçoit et s'approprie les rayons, principe de toute communion intellectuelle et de toute transmission de la science. C'est par l'humanité et dans l'humanité par la philosophie, que se manifeste l'intellect actif ; de là la nécessité de l'humanité et de la philosophie dans le plan de la nature.
L'intellect passif aspire à s'unir à l'intellect actif comme la puissance appelle l'acte, comme la matière appelle la forme, comme la flamme s'élance vers le corps combustible. Or cet effort ne s'arrête pas au premier degré de possession, qui est la perception de l'intelligible et qui s'appelle l'intellect acquis : il va jusqu'à l'union directe avec les intelligibles eux-mêmes. L'homme, arrivé à cet état, comprends toutes choses par la raison, qu'il s'est approprié. Devenu semblable à Dieu il est en quelque sorte tous les êtres, et les connaît tels qu'ils sont.
L'intellect actif est seul immortel ; or l'intellect actif est extérieur, antérieur et supérieur à l'individu ; ontologiquement, c'est une intelligence cosmique ; psychologiquement, c'est la raison commune de notre espèce ; donc, c'est à l'espèce, non à l'individu, qu'appartient l'immoralité.
Pour Averrhoés, les enseignements répandus sur la vie futurs sont des fictions dangereuses, en ce qu'il tente à ne faire envisager la vertu que comme un moyen d'arriver au bonheur.
-Bibliographie : E.Renan, Averrhoés et l'averroïsme (1852)
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C'est surtout a ses commentaires sur Aristote qu'Averroes dut la grande et longue célébrité dont il jouit dans les écoles du Moyen Age. Il ne savait pas le grec et ne put connaître la philosophie péripatéticienne que par des traductions ; mais son esprit subtil et pénétrant s'identifia tellement avec le génie du philosophe de Stagyre, qu'il le devinait quand les traducteurs ne l avaient pas compris d'eux-mêmes. Il fut longtemps regardé presque comme l'égal de celui dont il avait commenté les œuvres ; on le nomma commentateur par excellence, l'âme d'Aristote. Ses doctrines philosophiques furent condamnées en 1240 par l'université de Paris, réfutées par saint Thomas et condamné de nouveau par Léon X en 1513. Averroés fut aussi regardé comme un des hommes les plus savants de son temps dans la médecine. Il a écrit sur cette science un ouvrage très important qui a été traduit en Latin sous le nom de Colliget.
Tout l'esprit de l'Averroïsme se résume en deux doctrines intimement liées entre elles, et constituant une interprétation complète et originale du péripatétisme ; l'éternité de la matière et la théorie de l'intellect. Le problème de l'origine des êtres est celui qui préoccupe le plus Avérrhoés ; il y revient dans tous ces écrits et toujours avec une nouvelle insistance. Il y a, dit-il, sur l'origine des êtres, deux opinions opposées : les unes expliquent le monde par le développement ; les autres par la création. Avicenne, par l'esprit de conciliation, avait émis une opinion intermédiaire, il admettait la création non pour la matière mais pour les formes et appelait l'agent : donateur des formes. Mais, dit Avérrhoés, rien ne peut sortir du néant ; rien n'est créé, ni forme ni matière. La série des phénomènes est infinie a parte ante et a parte post : tout ce qui est possible passera à l'acte ; autrement il y aurait quelque chose d'oisif dans l'univers. Le mouvement n'a pas précédé le repos, ni le repos le mouvement. Le mouvement est éternel et continu.
Quant à ce qui touche à la théorie de l'intellect, reprenant la distinction d'Aristote entre l'intellect passif et l'intellect actif, et instant sur les caractères par lesquels il se sépare de l'individu et semble objectiver et substantialiser l'intellect actif, les philosophes arabes furent naturellement conduit à concevoir cet intellect en dehors de l'homme, comme une sorte de soleil de l'intelligence ; par suite à le poser unique pour tous les hommes, et enfin à lui chercher une place dans leur cosmologie. L'intellect actif est la dernière des intelligences à qui Dieu a confié le gouvernement du monde et qui servent d'intermédiaire entre lui et les choses. Sa tâche est d'amener à l'acte ce qui n'existe encore qu'en puissance et de donner à nos idées la certitude ou la clarté qui les élève en état de science.
Toute l'originalité de l'averroïsme est dans la portée cosmologique et anthropologique qu'il a donné à la théorie de l'intellect actif. Pour Averrhoés, l'intellect actif est une sorte d'esprit de la terre et d'esprit de l'humanité, source commune où puise chaque intelligence, lumière unique et universel dont chaque individu reçoit et s'approprie les rayons, principe de toute communion intellectuelle et de toute transmission de la science. C'est par l'humanité et dans l'humanité par la philosophie, que se manifeste l'intellect actif ; de là la nécessité de l'humanité et de la philosophie dans le plan de la nature.
L'intellect passif aspire à s'unir à l'intellect actif comme la puissance appelle l'acte, comme la matière appelle la forme, comme la flamme s'élance vers le corps combustible. Or cet effort ne s'arrête pas au premier degré de possession, qui est la perception de l'intelligible et qui s'appelle l'intellect acquis : il va jusqu'à l'union directe avec les intelligibles eux-mêmes. L'homme, arrivé à cet état, comprends toutes choses par la raison, qu'il s'est approprié. Devenu semblable à Dieu il est en quelque sorte tous les êtres, et les connaît tels qu'ils sont.
L'intellect actif est seul immortel ; or l'intellect actif est extérieur, antérieur et supérieur à l'individu ; ontologiquement, c'est une intelligence cosmique ; psychologiquement, c'est la raison commune de notre espèce ; donc, c'est à l'espèce, non à l'individu, qu'appartient l'immoralité.
Pour Averrhoés, les enseignements répandus sur la vie futurs sont des fictions dangereuses, en ce qu'il tente à ne faire envisager la vertu que comme un moyen d'arriver au bonheur.
-Bibliographie : E.Renan, Averrhoés et l'averroïsme (1852)
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