Agraw_n_Bariz
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Entretien avec Belkacem Lounès, président du Congrès Mondial Amazigh.
- Le IV° congrès du CMA aura lieu les 5, 6, 7 août 2005 à Nador. Belqacem Lounes, vous en êtes le président sortant. Tout d’abord, quelles sont les raisons qui ont conduit au choix de ce lieu ?
- C’est un choix de la raison et un choix du cœur. Après la décision prise par le Maroc en juillet 2004 de supprimer l’obligation des visas pour les ressortissants algériens, dans ma tête il était clair que plus rien ne justifiait de se réunir ailleurs.
Si nous avions maintenu notre décision de tenir notre congrès à Almeria, en Espagne, nous aurions forcément été montrés du doigt.
Ajoutons à cela le fait qu’au Maroc il n’y a pas besoin d’une autorisation pour tenir une réunion publique, il suffit d’informer les autorités locales 48 heures avant la date de ladite réunion.
Il y a donc dans ce pays des espaces de liberté qui se sont offerts, dans lesquels il fallait s’engouffrer pour les consolider et les élargir.
Comme on dit, le droit et la liberté ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas. Et puis, le congrès à Nador, dans le Rif, est une façon de manifester la solidarité de tous les Amazighs avec cette région qui a subi et continue de subir depuis l’indépendance du Maroc il y a 50 ans, une cruelle politique de marginalisation et de répression. Par exemple, au mois de mai dernier, les sinistrés du tremblement de terre de 2004 du village de Tamassint, ont connu des violences sauvages avec usage d’hélicoptères de combat et de chiens et certains manifestants ont été jetés en prison pour avoir simplement voulu organiser une marche pacifique de protestation contre les promesses non tenues par les autorités.
Et enfin, pour nous, c’est aussi un honneur et un réel bonheur de rassembler imazighen sur cette terre rebelle, pays du légendaire Mohand Ait Khettab, père de la « République du Rif », seul Etat amazigh indépendant de l’histoire contemporaine. De quoi être fier et reprendre confiance et aller de l’avant sur le chemin de la reconquête de notre souveraineté.
- Depuis 3 ans que vous êtes à la tête du CMA, quel bilan faites vous de votre mandat ?
- Ramener le congrès du CMA en terre amazighe est notre principal point positif. Je peux presque dire, nous en avons rêvé et nous l’avons fait.
Pour le reste, nous sommes dans un processus de consolidation de notre organisation. Quant à nos missions, même avec beaucoup d’insuffisances, nous progressons dans l’affirmation de la présence des Amazighs sur la scène internationale.
Nous avons participé à un grand nombre de rencontres, nous produisons des rapports périodiques, nous interpellons les organes compétents des organisations internationales sur les cas les plus graves de violations des droits de l’homme et personnellement je me suis rendu souvent sur le terrain….
Reste à poursuivre ce travail avec des hommes et des femmes déterminés, pour restaurer au plus vite et durablement nos droits individuels et collectifs en tant que peuple amazigh.
- Pourriez vous nous donner un aperçu sur la participation à ce congrès ?
- Nous attendons 400 à 500 délégué-e-s qui viendront de plus de 15 pays de Tamazgha, d’Europe et d’Amérique.
Nous avons encouragé la participation féminine en décidant la prise en charge totale des déléguées au congrès.
Nous enregistrons également la confirmation de la présence de représentants de l’ONU, de l’UE et de peuples amis, comme les Catalans, les Basques, les Sardes, ainsi que des ONG d’Italie, de Hollande, d’Andalousie…etc.
- Quels seront les thèmes principaux de ce congrès ?
- Les principaux thèmes qui seront discutés lors de ce congrès sont : la charte amazighe qui doit définir les bases fondamentales de l’union des Amazighs.
C’est un des points les plus importants car les Amazighs, dans le respect de leur diversité, doivent être capables de se donner une base politique commune sur tout ce qui les concerne, dans tous les domaines.
Ensuite, la question de l’organisation institutionnelle est également un point de débat central : dans tous les Etats en Afrique du Nord, des revendications pressantes se font jour pour réclamer l’autonomie des régions amazighophones.
Et cela n’est pas vrai seulement pour la Kabylie. Des Aurès au Rif, cette question se pose avec insistance.
- Vous représenterez-vous à la présidence du congrès ?
- Je suis membre des instances du CMA (Conseil Fédéral et ensuite le Bureau du CMA) depuis 10 ans et je ne crois pas à l’homme providentiel.
Par ailleurs, je souhaite que s’instaure ce que l’on appelle la « présidence tournante », avec le principe que la présidence soit issue de la région qui accueille le congrès.
Par conséquent je ne suis pas candidat à ma propre succession mais je reste à la disposition de la nouvelle équipe pour l’aider de mon expérience.
- Que souhaitez vous pour les trois prochaines années ?
- Que chacun, à l’échelle individuelle, associative, ou d’une organisation comme le CMA, poursuive la lutte pacifiquement mais avec plus d’obstination, voire d’acharnement, jusqu’à notre libération. Mon plus grand souhait : Que le 5ème congrès ait lieu en Kabylie !
Entretien réalisé par Kabyle.com avec Belkacem LOUNES, président du CMA.
Nador, 1/08/2005
Source : kabyle.com
[ Edité par Agraw_n_Bariz le 4/8/2005 0:33 ]
- Le IV° congrès du CMA aura lieu les 5, 6, 7 août 2005 à Nador. Belqacem Lounes, vous en êtes le président sortant. Tout d’abord, quelles sont les raisons qui ont conduit au choix de ce lieu ?
- C’est un choix de la raison et un choix du cœur. Après la décision prise par le Maroc en juillet 2004 de supprimer l’obligation des visas pour les ressortissants algériens, dans ma tête il était clair que plus rien ne justifiait de se réunir ailleurs.
Si nous avions maintenu notre décision de tenir notre congrès à Almeria, en Espagne, nous aurions forcément été montrés du doigt.
Ajoutons à cela le fait qu’au Maroc il n’y a pas besoin d’une autorisation pour tenir une réunion publique, il suffit d’informer les autorités locales 48 heures avant la date de ladite réunion.
Il y a donc dans ce pays des espaces de liberté qui se sont offerts, dans lesquels il fallait s’engouffrer pour les consolider et les élargir.
Comme on dit, le droit et la liberté ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas. Et puis, le congrès à Nador, dans le Rif, est une façon de manifester la solidarité de tous les Amazighs avec cette région qui a subi et continue de subir depuis l’indépendance du Maroc il y a 50 ans, une cruelle politique de marginalisation et de répression. Par exemple, au mois de mai dernier, les sinistrés du tremblement de terre de 2004 du village de Tamassint, ont connu des violences sauvages avec usage d’hélicoptères de combat et de chiens et certains manifestants ont été jetés en prison pour avoir simplement voulu organiser une marche pacifique de protestation contre les promesses non tenues par les autorités.
Et enfin, pour nous, c’est aussi un honneur et un réel bonheur de rassembler imazighen sur cette terre rebelle, pays du légendaire Mohand Ait Khettab, père de la « République du Rif », seul Etat amazigh indépendant de l’histoire contemporaine. De quoi être fier et reprendre confiance et aller de l’avant sur le chemin de la reconquête de notre souveraineté.
- Depuis 3 ans que vous êtes à la tête du CMA, quel bilan faites vous de votre mandat ?
- Ramener le congrès du CMA en terre amazighe est notre principal point positif. Je peux presque dire, nous en avons rêvé et nous l’avons fait.
Pour le reste, nous sommes dans un processus de consolidation de notre organisation. Quant à nos missions, même avec beaucoup d’insuffisances, nous progressons dans l’affirmation de la présence des Amazighs sur la scène internationale.
Nous avons participé à un grand nombre de rencontres, nous produisons des rapports périodiques, nous interpellons les organes compétents des organisations internationales sur les cas les plus graves de violations des droits de l’homme et personnellement je me suis rendu souvent sur le terrain….
Reste à poursuivre ce travail avec des hommes et des femmes déterminés, pour restaurer au plus vite et durablement nos droits individuels et collectifs en tant que peuple amazigh.
- Pourriez vous nous donner un aperçu sur la participation à ce congrès ?
- Nous attendons 400 à 500 délégué-e-s qui viendront de plus de 15 pays de Tamazgha, d’Europe et d’Amérique.
Nous avons encouragé la participation féminine en décidant la prise en charge totale des déléguées au congrès.
Nous enregistrons également la confirmation de la présence de représentants de l’ONU, de l’UE et de peuples amis, comme les Catalans, les Basques, les Sardes, ainsi que des ONG d’Italie, de Hollande, d’Andalousie…etc.
- Quels seront les thèmes principaux de ce congrès ?
- Les principaux thèmes qui seront discutés lors de ce congrès sont : la charte amazighe qui doit définir les bases fondamentales de l’union des Amazighs.
C’est un des points les plus importants car les Amazighs, dans le respect de leur diversité, doivent être capables de se donner une base politique commune sur tout ce qui les concerne, dans tous les domaines.
Ensuite, la question de l’organisation institutionnelle est également un point de débat central : dans tous les Etats en Afrique du Nord, des revendications pressantes se font jour pour réclamer l’autonomie des régions amazighophones.
Et cela n’est pas vrai seulement pour la Kabylie. Des Aurès au Rif, cette question se pose avec insistance.
- Vous représenterez-vous à la présidence du congrès ?
- Je suis membre des instances du CMA (Conseil Fédéral et ensuite le Bureau du CMA) depuis 10 ans et je ne crois pas à l’homme providentiel.
Par ailleurs, je souhaite que s’instaure ce que l’on appelle la « présidence tournante », avec le principe que la présidence soit issue de la région qui accueille le congrès.
Par conséquent je ne suis pas candidat à ma propre succession mais je reste à la disposition de la nouvelle équipe pour l’aider de mon expérience.
- Que souhaitez vous pour les trois prochaines années ?
- Que chacun, à l’échelle individuelle, associative, ou d’une organisation comme le CMA, poursuive la lutte pacifiquement mais avec plus d’obstination, voire d’acharnement, jusqu’à notre libération. Mon plus grand souhait : Que le 5ème congrès ait lieu en Kabylie !
Entretien réalisé par Kabyle.com avec Belkacem LOUNES, président du CMA.
Nador, 1/08/2005
Source : kabyle.com
[ Edité par Agraw_n_Bariz le 4/8/2005 0:33 ]