Culture et amazighité en étendard (Lahsen Belhaj)

Talalit

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Une vie se réduit rarement à deux mots. Celle de Lahsen Belahsen, alias Belhaj, tourne pourtant depuis toujours autour de deux idées fixes : la culture et l’amazighité. Et pas la peine de chercher bien loin pour trouver d’où lui viennent ces deux virus : c’est dès le berceau que ces deux passions l’ont marqué à jamais. Alors qu’il naît à Tafraout en 1951, culture et amazighité sont déjà intimement liées dans sa famille. Et pour cause : « Papa est le premier entrepreneur de troupes folkloriques à l’étranger», s’enorgueillie encore le fiston. Lahsen grandit au milieu de stars de musique berbère comme d’autres côtoieraient le voisin du coin.
Omar Ouahrouch, Ahmed Amentag, les troupes d’Imintanout : la crème de la crème se succède dans la maison familiale pour parler contrats, boire un café et faire rêver le petit Lahsen. Pour le gamin aux yeux émerveillés c’est déjà une évidence : «C’était ça l’avenir pour moi, je voulais continuer à baigner dans cet univers qui me faisait tant rêver».
A18 ans, le jeune homme se lance à l’eau. Avec des amis du Maarif à Casablanca où il a grandi, il crée les “Golden Hands”. Reprises des Beatles, de Led Zeplin et des succès de l’époque, le groupe ne fait pas encore la part belle à ses racines berbères mais se fait plaisir et se crée un petit succès. De victoires en victoires à tous les concours d’orchestre du moment, le petit groupe va au bout de ses rêves et part à l’aventure vers une tournée improvisée en Europe. «On n’avait rien en poche, juste notre musique mais partout où l’on allait on trouvait des familles berbères qui nous hébergeaient», se souvient-il, nostalgique.
Cette solidarité, Lahsen ne l’oubliera jamais. Quand il reprend à son retour au Maroc une librairie à Casablanca, il se fait fervent défenseur de la culture amazighe. «Cette culture est d’une richesse incroyable. Pourtant elle est tue, cachée, méconnue. C’est incompréhensible quand on voit les trésors qu’elle pourrait apporter au Maroc où tout le monde a un peu de sang berbère et arabe», plaide-t-il sans fin. Après avoir milité pendant des années pour faire sa place à ce pan méconnu de la culture marocaine, ce passionné insatiable décide de passer au concret et se jette à l’eau au début des années 90.
Il considère que l’on ne voit pas assez de films en berbère. Qu’à cela ne tienne, il décide de réaliser les siens. Il tourne dans sa région natale et chérie de Tafraout, “Imzwag” (“Les disparus”), qu’il déclinera en trois épisodes et qui fait immédiatement mouche auprès du public assoiffé de ce genre de production en amazigh. Sa production suivante sort pour le moins de l’ordinaire : “Tagumart Issemndail” (“La jument du cimetière”), en 1993, est le premier film d’horreur berbère. Retour aux films à émotions dans la foulée avec “Aknwen” (“Les jumeaux”) en 1995 et “Mahdia”, un film en arabe en 1996.
Cette petite décennie d’aventure cinématographique aura ruiné Lahsen, piratage intempestif oblige, mais le satisfait toujours autant quand il y repense : «C’était pour moi une façon de montrer à quel point la culture amazighe pouvait être riche. Et puis je me suis rendu compte qu’il suffit de prendre n’importe quel petit berbère au milieu de ses montagnes et de lui faire jouer un rôle. Son interprétation est à chaque fois excellente parce que sa vie, celle de sa famille est toujours une histoire à part entière», explique-t-il avec enthousiasme.
Aujourd’hui, le bonhomme a lâché sa caméra, troqué sa librairie pour une galerie d’art mais n’a pas lâché son combat de toujours. Il officie désormais au sein d’une tripotée d’associations de promotion de la culture amazighe pour essayer de faire bouger cette cause qui stagne trop. «Pourquoi ne pas avoir plus d’émissions en berbère ? Pourquoi n’est-il pas possible de traduire les débats au Parlement en berbère ? Comment est-il possible que pas une seule chanson amazighe ne soit chantée à la star’ ac, au Maroc et au Maghreb ?» s’interroge-t-il sans arrêt. Faute de réponse, Lahsen se dit déterminé à se battre encore et encore. C’est dans sa culture.

(LeJournalHebdo-Amélie Amilhau )
 
Re : Culture et amazighité en étendard (Lahsen Belhaj)

au Maroc où tout le monde a un peu de sang berbère et arabe

Ouf ! le politiquement correct est sauf...

Imzwag : exilés

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