Amale Samie
Journaliste, il est poursuivi pour racisme, tribalisme et atteinte à l’institution monarchique suite à un pamphlet paru dans un forum libre auquel il affirme être complètement étranger. Il s’explique.
Président de l’ASIDD (*), vous êtes convoqué le 11/05 par la P.J. de Béni Mellal. Pour quelle raison ?
Je suis convoqué pour la 3ème fois pour être interrogé à propos d’un écrit anonyme parvenu dans un pli anonyme au procureur du Roi de Beni Mellal, mettant en cause les institutions du Maroc. C’est quelqu’un qui a écrit, dans un forum ouvert basé en France, ses appréciations sur la monarchie marocaine qui ne relèvent, ni de nos idées, ni de notre langage ni de nos méthodes et avec lesquelles nous n’avons absolument rien à voir.
Justement, comment expliquer votre convocation si vous n’avez rien à voir avec ce pli anonyme ?
Il est normal que le procureur, recevant un pli s’en prenant aux institutions, ouvre une enquête, mais pas que je sois le seul convoqué suite à un écrit anonyme et sans qu’il n’y ait la moindre preuve matérielle contre moi. Je me pose des questions sur les buts poursuivis par ces gens qui ont à la fois écrit et posté ce pli. Je revendique tout ce qui est écrit sur le site de l’association et tout ce qui est signé de mon nom. Cela dit, un de mes écrits paru dans Maroc Hebdo et qu’on m’a présenté à la PJ, présentait 21 différences avec l’exemplaire original. Ce n’est ni fiable ni honnête. Avec l’association et la population locale, nous nous battons contre une réserve et ça dérange beaucoup de gens.
Quel est ce conflit qui oppose votre association aux élus de Béni Mellal ?
Nous réprouvons la chasse intensive qui tient parfois du massacre, ainsi que certains plans de développement qui ne servent que les loisirs des plus favorisés. Parmi ces plans que la Wilaya se targue d’avoir accompli, le fait d’avoir dépensé 8 millions de Dhs pour les habitants qui ne représentent en fait que deux maisons forestières, qui n’ont jamais fait partie d’une infrastructure sociale, surtout pour une réserve qui prive quatre familles d’eau. Lorsque leurs enfants ont eu soif, des femmes ont dû cisailler le grillage qui entoure la réserve pour accéder au puits. Je viens d’apprendre aujourd’hui qu’elles ont été condamnées à deux mois de prison ferme pour cela. Je ne peux concevoir qu’on puisse punir une mère pour avoir été chercher de l’eau pour son enfant. Cette histoire doit sortir de Béni Mellal.
En vous convoquant, est-ce le président de l’ASIDD qu’on tente de freiner dans ses actions ?
Nous sommes tombés dès le 1er jour en milieu hostile. Nous n’avons pas fait dans l’angélisme, sachant que le travail associatif était très difficile. Mais ça a été pire que tout ce à quoi on s’attendait. Ils ont conditionné l’autorisation de construire une école au fait d’étayer une berge d’un ruisseau qui est à 50 Km de l’Oued Oum Rabiaâ et qui coule deux fois l’année, une opération qui a coûté 150 000 Dhs.
Vous êtes accusé d’atteinte à l’institution monarchique, mais aussi de tribalisme et de racisme...
Je suis poursuivi pour tribalisme car j’appelle les gens comme ils se sont toujours appelés eux-mêmes, les Aït Slimane. Ensuite, dans un article paru dans Maroc Hebdo, je traitais de barbares les braconniers qui descendaient parfois avec 40 perdreaux et une dizaine de lièvres chacun. Le Conseil de la Région affirme que les fonctionnaires du conseil, qui avaient conçu la réserve et qui sont arabes, se sont sentis insultés, car je supposais qu’ils voulaient tuer les berbères de la montagne. D’où racisme.
Concernant l’atteinte aux institutions, ils sont les premiers à savoir que je ne suis pour rien dans ce texte publié sur ce forum. Maintenant, ça peut déraper et devenir kafkaïen et nous alertons les gens qui nous connaissent et savent qu’on n’est pas susceptibles d’écrire ce genre de saloperie.
A.R.
ASIDD : Association pour l’intégration et le développement durable.
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