Je réagis à cette annonce de quelques associations amazighes rifaines, exprimant leur refus de participer à ces rencontres de la poésie amazighe au Nador.
J'estime que ces associations ont parfaitement raison de dénoncer cette rencontre culturelle, organisée par l'IRCAM et les autorités de la ville de Nador; cela aurait pu être une excellente initiative, mais malheureusement la situation amazighe dans le Rif est déplorable, après tant d' aggressions et manque d'ouverture et de dialogue de la part des autorités makhzéniennes: la liste noire est longue, dont la récente répression sauvage perpétrée par la gendarmerie contre une manifestation civile pacifique et légitime à Tamasint, dont on attend toujours l'ouverture d'une enquête et des poursuites judiciaires.
Le communiqué relève ainsi la "complicité", la " molesse" de l'IRCAM, surtout après le " séisme" qu'a connu cette institution culturelle après la démission de sept de ses membres. Situation ambigüe de l'IRCAM donc, qui confine de plus en plus ses membres " dialoguistes" vers la compromission, à être discédités auprès de ses bases.
Je ne sais pas si il faut rire du ridicule de l'IRCAM dans cette situation, ou admirer son courage et sa patience.
Mais le refus de participation, d'organisation de manifestations culturelles amazighes est- il la bonne réponse à cette situation de blocage?
Il nous faudrait donc boycotter toutes les autres manifestations culturelles " officielles" et populaires dédiées à l'amazighité, qui ont lieu surtout en été et qui connaissent un succès grandissant, comme Timitar, festival de la musique amazighe à Agadir, et tant d'autres festivals où les représentants du gouvernement, voire du palais, sont associés.
" On ne peut pas faire plaisir au loup et à la chèvre" et il faut savoir prendre parfois une position claire et nette. l'IRCAM se trouve ainsi dans une situation délicate, poussé à prendre des initiatives à agir en faveur de la culture amazighe mais à devenir de plus en plus otage et victime d'une situation politique détestable.
La solution juste, honnête et courageuse serait donc de trancher tous les liens avec le système makhzénien, tant qu'il n' a pas répondu favorablement à toutes les demandes reconnues et légitimes du MCA, en premier lieu l'officialisation de la langue tamazighte dans la Constitution, preuve d'un changement radical de la part du gouvernement et base de tout dialogue démocratique et sérieux.
Mais les attitudes policières du gouvernement, sa peur et son entêtement agressif et imbécile envers l'amazighité n'annoncent rien de bon pour l'avenir.
Personnelement je suis pour le boycott total de toute manifestation culturelle amazighe où les " officiels" du gouvernement seraient associés: palais, ministres, secrétaires d'Etat, préfets, gouverneurs, pachas, etc... Car c'est de l'hypocrisie et une façon de légitimer la " domestication" des Imazighens, de " folkloriser" leur culture.
Il serait donc urgent, pour ne pas se priver des ces manifestations culturelles populaires dont nous avons un besoin vital pour nous retrouver, célébrer l'esprit amazighe afin de promouvoir et propager notre culture et nos revendications sur le plan national et international, de créer des Festivals et des Rencontres " off ", parallèles, organisés par les représentants des Associations amazighes démocratiquement désignées.
Le MCA et les associations culturelles amazighes seront- ils prêts à relever ce défi? Au lieu de se contenter de dénoncer ( ce que je soutiens ), de pratiquer la politique de la " chaise vide" comme diraient certains dialoguisttes de l'IRCAM, n' y a t-il pas une autre voie pour une action concrète et constructive?
Il faut toujours avoir un pneu de secours dans son coffre, si on veut aller loin et éviter les pannes.
Atanane