Pour nuancer un peu un peu l'image de ces El Fasi voici leportrait du frère d'Allal:
Mohamed El Fassi était une personnalité de premier plan du monde politique et culturel. Il fut pendant de longues années membre du Comité Exécutif du parti de l'Istiqlal, et est donc censé en exprimer la doctrine. Il fut longtemps recteur de l'Université de Rabat, et, pendant un certain temps, ministre d'Etat des Affaires culturelle. De plus, il représenta son pays à l'UNESCO, dont il fut l'un des sous-directeurs; il y fut l'un des principaux artisans de l'introduction de la langue arabe comme langue officielle de cette organisation. Sur le plan culturel, il est parfaitement intégré dans la double culture arabe et française.
Mohamed El Fassi fut le premier ministre de l'Education nationale du Maroc indépendant. Dans cette fonction, il fut l'auteur du premier rapport sur la Réforme de l'Enseignement au Maroc. C'est à ce titre qu'il décide, dès la rentrée de 1957, l'arabisation du Cours Préparatoire. Cette mesure improvisée, qui fut considérée comme une catastrophe, lui fut beaucoup reprochée, car on estime qu'elle traumatisa pour longtemps l'opinion publique et administrative. Il est certain que cette arabisation hâtive aboutit à une véritable débacle et entraina le dépatr de Mohamed El Fassi du ministère en mars 1958.
Par contre il faut souligner que cet homme eut une attitude ouverte, ou en tout cas moins obtu que ses collègues du parti, par rapport à l'enseignement du berbère. Alors qu'il était recteur de l'Université de Rabat, il avait conçu le projet de la création d'une chaire de berbère dans le cadre d'une section d'ethnographie, où tous les "dialectes" marocains auraient été enseignés. L'avant-projet renontra une vive opposition, et le recteur estima que la réalisation en était prématurée.