Talalit
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(Article tiré du site de Salima Naji du 18 juin 2007)
Le patrimoine sacré rural menacé de disparition
Lundi 18 juin, à l'hôtel Tour Hassan de Rabat, le ministère des Habous organisait une vaste réflexion sur le patrimoine sacré du Maroc, elle réunissait l’Ecole Nationale d’Architecture, le Ministère de l’Habitat et le Ministère de la culture ainsi que d’éminentes personnalités devant le parterre des vénérables ulémas du Royaume. A cette occasion, j'ai pu exposer mes craintes sur la destruction du patrimoine sacré que j'observe dans le monde rural, depuis plusieurs années. Les mosquées et les zawyas multicentenaires sont parfois rasées pour être reconstruites selon des normes nouvelles. Les formes traditionnelles, les matériaux naturels (la pierre, le bois, la terre) sont discrédités ressentis comme des archaïsmes par des modernisateurs qui préfèrent des formes exogènes en béton de ciment.
Outre le fait que restaurer permet de conserver des lieux uniques, d’un grand intérêt architectural et culturel, il est également important de prendre conscience du fait que conserver les formes héritées du passé permet aussi de conserver une mémoire des lieux : rappeler que l’architecture islamique du Sud est implantée depuis des siècles, fruit d’une histoire multiséculaire. Les mosquées neuves qui sont édifiées sur des mosquées anciennes sont surtout des mosquées qui effacent l’empreinte de l’Islam sur la durée. Les petites mosquées de village ont souvent été les premières victimes du modernisme, mais désormais ce sont les Zawyas comme à Assa (Fondation : au XIIe siècle miladiya), ou à Sidi Wagag (Fondation : au XIe siècle miladiya, Aglou près de Tiznit) qui ont été rasées puis reconstruites selon un archétype urbain en béton qui retire toute historicité aux lieux. Ces rénovations et non restaurations effacent irrémédiablement les marques d’usage que les siècles ont imprimé en eux.
L’objectif de la communication était donc de présenter d’abord, à travers une première série d’exemples, l’intérêt architectural du patrimoine religieux et surtout des mosquées existant dans tout le Sud marocain (Figuig, Tinjdad, les vallées présahariennes, l’Anti-Atlas, le Sirwa, etc.). Puis, de proposer une méthode de restauration adaptée à ces territoires, méthode qui permettrait de sauver des édifices remarquables (Zawya, massajîd et darih awliya) souvent ultimes témoignages d’une riche histoire religieuse.
Partant de l’expérience récente menée à Assa pour faire renaître le Ksar immémorial mais aussi sur mes expériences de restauration des greniers de l’Anti-Atlas, où je collabore avec les maalmines, j’ai proposé ma méthode qui à Assa est plébiscitée : on vient désormais me demander de restaurer d’autres mosquées, dans le Ksar mais aussi dans la région de Tata où les gens ont entendu parler de mon expérience ! L’occasion était donc aujourd’hui aussi non de revenir à l’éternel débat entre le qâdim et le jadîd (ou la querelle des anciens et des modernes), débat stérile pour nos monuments, mais plutôt de montrer comment il est simple et peu onéreux de restaurer les mosquées du Sud marocain et de proposer des actions de réhabilitation qui associent l’identité locale, la mémoire, l’histoire et les besoins actuels des communautés.
(www.salimanaji.org)
Le patrimoine sacré rural menacé de disparition
Lundi 18 juin, à l'hôtel Tour Hassan de Rabat, le ministère des Habous organisait une vaste réflexion sur le patrimoine sacré du Maroc, elle réunissait l’Ecole Nationale d’Architecture, le Ministère de l’Habitat et le Ministère de la culture ainsi que d’éminentes personnalités devant le parterre des vénérables ulémas du Royaume. A cette occasion, j'ai pu exposer mes craintes sur la destruction du patrimoine sacré que j'observe dans le monde rural, depuis plusieurs années. Les mosquées et les zawyas multicentenaires sont parfois rasées pour être reconstruites selon des normes nouvelles. Les formes traditionnelles, les matériaux naturels (la pierre, le bois, la terre) sont discrédités ressentis comme des archaïsmes par des modernisateurs qui préfèrent des formes exogènes en béton de ciment.
Outre le fait que restaurer permet de conserver des lieux uniques, d’un grand intérêt architectural et culturel, il est également important de prendre conscience du fait que conserver les formes héritées du passé permet aussi de conserver une mémoire des lieux : rappeler que l’architecture islamique du Sud est implantée depuis des siècles, fruit d’une histoire multiséculaire. Les mosquées neuves qui sont édifiées sur des mosquées anciennes sont surtout des mosquées qui effacent l’empreinte de l’Islam sur la durée. Les petites mosquées de village ont souvent été les premières victimes du modernisme, mais désormais ce sont les Zawyas comme à Assa (Fondation : au XIIe siècle miladiya), ou à Sidi Wagag (Fondation : au XIe siècle miladiya, Aglou près de Tiznit) qui ont été rasées puis reconstruites selon un archétype urbain en béton qui retire toute historicité aux lieux. Ces rénovations et non restaurations effacent irrémédiablement les marques d’usage que les siècles ont imprimé en eux.
L’objectif de la communication était donc de présenter d’abord, à travers une première série d’exemples, l’intérêt architectural du patrimoine religieux et surtout des mosquées existant dans tout le Sud marocain (Figuig, Tinjdad, les vallées présahariennes, l’Anti-Atlas, le Sirwa, etc.). Puis, de proposer une méthode de restauration adaptée à ces territoires, méthode qui permettrait de sauver des édifices remarquables (Zawya, massajîd et darih awliya) souvent ultimes témoignages d’une riche histoire religieuse.
Partant de l’expérience récente menée à Assa pour faire renaître le Ksar immémorial mais aussi sur mes expériences de restauration des greniers de l’Anti-Atlas, où je collabore avec les maalmines, j’ai proposé ma méthode qui à Assa est plébiscitée : on vient désormais me demander de restaurer d’autres mosquées, dans le Ksar mais aussi dans la région de Tata où les gens ont entendu parler de mon expérience ! L’occasion était donc aujourd’hui aussi non de revenir à l’éternel débat entre le qâdim et le jadîd (ou la querelle des anciens et des modernes), débat stérile pour nos monuments, mais plutôt de montrer comment il est simple et peu onéreux de restaurer les mosquées du Sud marocain et de proposer des actions de réhabilitation qui associent l’identité locale, la mémoire, l’histoire et les besoins actuels des communautés.
(www.salimanaji.org)