Ne venez pas expliquer à ZB que l’arabe classique est la langue officielle du Maroc !
Nom : Boualem
Prénom : Zakaria
Né en 1976 à Guercif
Signe particulier : Marocain à tendance paranoïaque
Zakaria Boualem est atterré. Il regarde 2M et ce n'est pas une erreur ou un choix dicté par une nouvelle opération anti-piratage. Non, il regarde 2M parce qu'il y a une émission consacrée à Nass El Ghiwane. Juste avant que le programme ne commence, il a un peu ricané : “Oua ala slaaaamtkoum... Vous faites des émissions sur Nass El Ghiwane aujourd'hui alors que pendant qu'ils étaient en pleine forme, vous passiez des clones égyptiens que tout le monde a oublié...” Mais bon, c'est pas grave, mieux vaut tard que jamais, comme dit le matal français. Il y a un autre matal qui me semble important de citer, même s'il ne veut rien dire du tout, c'est “mieux vaut prévenir que Benguerir”. Et merci. L'émission commence, et Zakaria Boualem prend un grand coup sur la tête. Ils parlent tous en arabe classique. C'est d'une lourdeur abominable. Les uns après les autres, les intervenants interviennent en faisant des phrases compliquées, pleines de règles grammaticales mal maîtrisées. Tout le monde souffre. L'interviewé souffre, le spectateur aussi. Seul l'animateur ne souffre pas. Il a dû être vacciné, puisqu'il a même l'air de s'éclater. Dans la tête de Zakaria Boualem, une seule question : POURQUOI ? Pourquoi rendre hommage en arabe classique à un groupe populaire qui chante en darija ? Pourquoi cet air sérieux, pompeux ? Qu'on parle de politique en arabe classique, soit. Tout le monde s'en fout et personne ne veut qu'on y comprenne quelque chose. Donc c'est logique. Mais de Nass El Ghiwane ?!! La deuxième question qui vient à l'esprit de Zakaria Boualem, c'est : JUSQU'à QUAND ??? Jusqu'à quand va-t-on pouvoir se payer le luxe
de ne pas avoir de langue ? Et surtout, ne venez pas expliquer à Zakaria Boualem que la langue officielle du Maroc, c'est l'arabe classique. C'est complètement faux. La langue des Marocains, c'est la darija. Oui, oui, Zakaria Boualem est au courant, ce n'est pas une langue, juste un dialecte. ça manque de précision, de concept. D'où la troisième question : POURQUOI NE PAS L'AMéLIORER ?
Une fois par an, la grand-mère de Zakaria Boualem regarde la télé, vers la fin du ramadan. Elle veut savoir si c'est demain l'aïd ou non. Une information simple, utile, précise. Le type en costume parle de hilal, de ouizarat al aouqaf, de oulamas, etc... Mais elle ne comprend rien. La grand-mère de Zakaria Boualem est une Marocaine, bien sûr.
Elle ne parle pas français. Et elle ne comprend rien aux infos de son pays. Question : est-ce que vous ne trouvez pas que c'est grave ? En plus, on lui ment. On lui explique que si elle s'inscrit dans un cours de mouharabat al oummia, elle va savoir lire et écrire et donc elle pourra lire le journal, écouter les infos, préparer l'aïd le bon jour. C'est bien évidemment faux. Il lui faut non seulement apprendre à lire et à écrire, mais il lui faut aussi apprendre une nouvelle langue, l'arabe classique. Et là, ça devient plus compliqué, surtout à son âge. Oui, oui, vous pouvez répondre : tant pis pour elle, pensons à la nouvelle génération. Héhéhé... Parlons- en, de la nouvelle génération. Vous la trouvez à l'aise en arabe classique ? En libanais, peut-être. En égyptien, oui... Mais en arabe classique ? Question : pourquoi, lorsqu'il y a un débat entre un Marocain et un Egyptien, c'est le Marocain qui parle égyptien et non l'inverse ? Parce que nous sommes profondémment complexés. On nous a complexés. On nous a fait détester notre culture, on nous a expliqué que les chikhate, le chaâbi, la darija, les noukate, n'étaient pas classe. Que pour passer à la télé, il fallait parler arabe classique, même pour parler de football. ça, c'est de la culture, c'est digne... C'est surtout très utile pour limiter l'accès à l'information, à l'expression. Zakaria Boualem regarde l'émission en dormant à moitié. C'est l'effet que lui procure l'arabe classique. Puis il zappe sur TPS et il a l'impression d'être plus à l'aise. Il est pourtant un pur produit de l'Education nationale. Comment expliquer ce phénomène ?
Tel Quel
Nom : Boualem
Prénom : Zakaria
Né en 1976 à Guercif
Signe particulier : Marocain à tendance paranoïaque
Zakaria Boualem est atterré. Il regarde 2M et ce n'est pas une erreur ou un choix dicté par une nouvelle opération anti-piratage. Non, il regarde 2M parce qu'il y a une émission consacrée à Nass El Ghiwane. Juste avant que le programme ne commence, il a un peu ricané : “Oua ala slaaaamtkoum... Vous faites des émissions sur Nass El Ghiwane aujourd'hui alors que pendant qu'ils étaient en pleine forme, vous passiez des clones égyptiens que tout le monde a oublié...” Mais bon, c'est pas grave, mieux vaut tard que jamais, comme dit le matal français. Il y a un autre matal qui me semble important de citer, même s'il ne veut rien dire du tout, c'est “mieux vaut prévenir que Benguerir”. Et merci. L'émission commence, et Zakaria Boualem prend un grand coup sur la tête. Ils parlent tous en arabe classique. C'est d'une lourdeur abominable. Les uns après les autres, les intervenants interviennent en faisant des phrases compliquées, pleines de règles grammaticales mal maîtrisées. Tout le monde souffre. L'interviewé souffre, le spectateur aussi. Seul l'animateur ne souffre pas. Il a dû être vacciné, puisqu'il a même l'air de s'éclater. Dans la tête de Zakaria Boualem, une seule question : POURQUOI ? Pourquoi rendre hommage en arabe classique à un groupe populaire qui chante en darija ? Pourquoi cet air sérieux, pompeux ? Qu'on parle de politique en arabe classique, soit. Tout le monde s'en fout et personne ne veut qu'on y comprenne quelque chose. Donc c'est logique. Mais de Nass El Ghiwane ?!! La deuxième question qui vient à l'esprit de Zakaria Boualem, c'est : JUSQU'à QUAND ??? Jusqu'à quand va-t-on pouvoir se payer le luxe
Une fois par an, la grand-mère de Zakaria Boualem regarde la télé, vers la fin du ramadan. Elle veut savoir si c'est demain l'aïd ou non. Une information simple, utile, précise. Le type en costume parle de hilal, de ouizarat al aouqaf, de oulamas, etc... Mais elle ne comprend rien. La grand-mère de Zakaria Boualem est une Marocaine, bien sûr.
Elle ne parle pas français. Et elle ne comprend rien aux infos de son pays. Question : est-ce que vous ne trouvez pas que c'est grave ? En plus, on lui ment. On lui explique que si elle s'inscrit dans un cours de mouharabat al oummia, elle va savoir lire et écrire et donc elle pourra lire le journal, écouter les infos, préparer l'aïd le bon jour. C'est bien évidemment faux. Il lui faut non seulement apprendre à lire et à écrire, mais il lui faut aussi apprendre une nouvelle langue, l'arabe classique. Et là, ça devient plus compliqué, surtout à son âge. Oui, oui, vous pouvez répondre : tant pis pour elle, pensons à la nouvelle génération. Héhéhé... Parlons- en, de la nouvelle génération. Vous la trouvez à l'aise en arabe classique ? En libanais, peut-être. En égyptien, oui... Mais en arabe classique ? Question : pourquoi, lorsqu'il y a un débat entre un Marocain et un Egyptien, c'est le Marocain qui parle égyptien et non l'inverse ? Parce que nous sommes profondémment complexés. On nous a complexés. On nous a fait détester notre culture, on nous a expliqué que les chikhate, le chaâbi, la darija, les noukate, n'étaient pas classe. Que pour passer à la télé, il fallait parler arabe classique, même pour parler de football. ça, c'est de la culture, c'est digne... C'est surtout très utile pour limiter l'accès à l'information, à l'expression. Zakaria Boualem regarde l'émission en dormant à moitié. C'est l'effet que lui procure l'arabe classique. Puis il zappe sur TPS et il a l'impression d'être plus à l'aise. Il est pourtant un pur produit de l'Education nationale. Comment expliquer ce phénomène ?
Tel Quel